En fin de droits, Josiane se présente à des castings
Voilà que Josiane arrive en FAIM de droit. Les allocations chômage s'arrêtent à la FAIM du mois.
Josiane a tout de même sa fierté, son enthousiasme naturel et une soif de vivre. De survivre.
Elle a tout fait pour retrouver du boulot. Des dizaines de rendez-vous au Pôle Emploi. Recruteurs.
Elle a écrit plus de 150 lettres de motivations qu'elle a apporté dans toutes les boîtes de la région.
Elle a démarché. Usée ses chaussures. Elle s'est déplacée elle-même. Demandant à voir des D.R.H.
Quand elle rentre fourbue et épuisé le soir, c'est pire qu'une journée de boulot traditionnelle. Crevée.
Son enfoiré de cousin, qui prétend qu'il n'y a que les fainéants qui ne trouvent pas de boulot, est admiratif.
Il faut dire que cette attitude lui cloue le bec à ce vrai con. Josiane toutefois ne perd pas espoir. Pugnace.
C'est qu'elle veut maintenir son train de vie. Continuer à pouvoir manger au restau du cœur tranquillement.
Pouvoir s'acheter parfois une boîte de pâté pour chien afin d'avoir de quoi faire une sauce avec son riz Eco+
Josiane va sur son site de cul préféré. Elle mâte un peu les superbes gonzesses qui font des trucs sympathiques.
Josiane sait bien que tout ça ce n'est que du cinéma. Que les filles sont de simples "actrices" très bien payées.
Soudain, en regardant l'héroïne du film "Seau d'eau pour une blonde", Josiane a une révélation. La révélation.
Elle est divorcée. Sa famille est fâchée. Son ex est un con fini, alcolo, violent et grande gueule. Que reste t-il ?
Là, à la fin du mois, Josiane se voit déjà faire la sortie du métro pour mendier un euro par ci, un euro par là !
Josiane sait que c'est évidemment pire que tout ce qu'elle peut imaginer. Se faire virer de son appartement.
Josiane contacte donc la boîte de production des beaux films qui l'émeuvent tant. Elle envoie même des photos.
Tout va alors très vite. Il y a un contact. Elle est invité à se présenter au prochain casting. Il y aura une sélection.
C'est pour le film "Sur la table comme une brute" que Josiane postule. Elle se fait belle. Sans excès. Manucure.
Ses toutes dernières économies passent dans les préparatifs. Il lui faut respirer un grand coup devant le miroir.
Enfin, le jour fatidique arrive. La jeune femme de l'accueil fait entrer Josiane dans la salle d'attente. Pleine.
Il y a là plein de jeunes filles. Majeures évidemment. Et toutes plus belles les unes que les autres. Compétition.
Toutes ces gonzesses qui n'ont pas envie de terminer caissières, ou mariées à un connard, attendent la gloire.
Une gloire éphémère certes, mais gratifiante et pouvant combler tous leurs fantasmes les plus inavouables.
Josiane s'est bien renseignée. Elle s'est bien documentée. Aucune fille ne fait "ça" avec un pistolet sur la tempe.
C'est un choix. Leur choix le plus légitime et le plus intime. Il en faut du courage. Josiane en a beaucoup. Plein !
Quelle bonheur ! Quel plaisir. Josiane a été retenue pour un rôle. Un rôle secondaire. La gloire par la petite porte.
Après tout, la plupart des grandes stars on débuté dans des seconds rôles. Josiane va interpréter la dame pipi.
Le cachet est alléchant et graduel en fonction des "spécialités" que pratique "l'actrice". Parfois des milliers d'euros.
Le tournage commence le mois prochain ! Josiane retourne chez elle en chantant. Heureuse depuis si longtemps.
Finies les fins de moelle difficiles. Il y a déjà l'odeur du caviar des restaurants chics de la capitale. Le champagne.
Le grand jour arrive enfin. Josiane arrive sur les lieux. Dans un studio ont été aménagées des toilettes sordides.
Les décorateurs ont fait du bon boulot. Il y des projecteurs partout. Trois caméras fixes. Une caméra mobile.
Il y a les techniciens. Les maquilleuses et la directrice des prises de vue. Toutes ces présences sont rassurantes.
Pas de chambre d'hôtel minable ou deux mecs douteux se refilent la caméra pendant que l'autre fait le "truc" !
Non, c'est de la grosse artillerie façon Marc Dorcel ! On n'est pas chez des bricoleurs des pays de l'Est. Non, non !
Les deux actrices principales arrivent sur le plateau. La réalisatrice explique la scène. On répète les dialogues.
Oh ! Les dialogues se résument à quelques cris de joie, de gémissements et de hululements susurrés en douce.
L'acteur principal est un athlète. Un culturiste. Il est beau. Grand et doté par dame nature d'un superbe attribut.
< Ouah la vache ! > se dit Josiane, impressionnée par le "calibre". Le silence est demandé. Il n'y a plus un bruit.
Josiane doit interpréter le rôle de la dame des cabinets. Assise devant une petite table ou se trouve une tirelire.
Durant toute la scène, Josiane devra rester stoïque en tricotant une chaussette. Premier rôle de composition !
< Moteur ! > fait la réalisatrice. Les deux sublimes jeunes filles, hyper sexy, talons hauts, jupes courtes, arrivent.
Elles ouvrent une des portes. Le bel apollon est là, debout, de dos, dans un des cabinets. Les "choses" commencent.
Josiane aimerait bien tourner la tête pour regarder mais elle doit interpréter son rôle à la perfection. Difficile.
Josiane entend bien des murmures, des gloussements, des gémissements et des petits cris. Elle doit rester droite.
C'est frustrant. Un dur métier que celui "d'actrice". C'es souvent au prix d'une "Dure Lutte" que cela se réalise.
La scène dure une bonne dizaine de minutes. Un des techniciens, caméra à l'épaule, tourne les plans rapprochés.
< Coupez ! > fait la réalisatrice. Dans ce genre de cinéma, c'est toujours la première prise qui est la bonne. Toujours.
Enfin Josiane, qui ne sait pas tricoter, peut se lever. Les deux filles s'essuient le visages avec des serviettes. Rires.
Josiane touche son premier chèque. < Put-Hein ! C'est mieux qu'une semaine de boulot ! > fait elle consternée.
Josiane est invitée à venir demain pour la suite du tournage. La scène où elle passe la serpillère après les "festivités".
Quelques mois plus tard, son cousin, toujours aussi con, et qui a vu le film, vient voir Josiane. Moqueur et goguenard.
< J't'ai vu dans le film de cul ! T'as pas honte ? >. Josiane lui met son poing dans la gueule. Elle toujours si pondérée...
Son cousin se ramasse également un coup de pied dans les couilles. Josiane se penche pour lui cracher à la tronche.
< Des films de ce genre, c'est pour des connards de ton espèce ! >. Son cousin, toujours aussi con, ne comprend pas.
Josiane entame une carrière dans un genre cinématographique où elle excelle dans les seconds rôles. Concierges.
Comme elle aime à le préciser Josiane nous confie : < Dans les films de cul, t'es pas obligé de coucher pour réussir ! >.
Maître Robert - (Qui connaît parfaitement le "milieu")
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