cassenoisette25 (clôturé)
il y a 4 ans
Citation de mr.robert
Chères amies lectrices -
Chers amis lecteurs -
C'est avec plaisir que je partage ici les nouvelles de Gisèle Fronchiar. Notre amie est confinée chez elle, dans son deux pièces, cuisine, salle de bain, avec toilettes au fond du couloir à gauche. Un petit balcon. Deux placards muraux . Vide ordure sur le palier.
Depuis le 17 mars, Gisèle se retrouve comme la plupart des gens, en prison dans son propre appartement. Doucement, Gisèle s'est installée dans ses nouvelles habitudes. Bien évidemment, la première semaine fut la plus simple. C'est durant la seconde semaine que la situation devint moins facilement gérable.
Gisèle habite à proximité du Super U. Elle comprend très rapidement que pour ne pas être obligée d'attendre dans la file des clients, devant le supermarché, il est préférable de s'y rendre entre midi et midi trente. Là, l'affluence est moindre. Pas d'attente. L'accès est aisé et permet de flâner un peu.
Gisèle ne s'est pas ruée sur le papier toilette. Elle a déjà son stock. Et s'il faut applaudir les égoutiers le soir, en faisant claquer ses fesses à la fenêtre, il suffit d'agiter un mouchoir en papier. Gisèle opte pour la marque "Lotus". Car comme le précise la publicité : << Lotus, de la bouche à l'anus ! >>.
Il y a encore peu de temps, Gisèle utilisait exclusivement Kleenex. Car comme le prétend la publicité : << Kleenex, de la bouche au sexe ! >>. Mais Gisèle trouve que Lotus, pour se torcher, c'est plus résistant que Kleenex. Surtout pour la "grosse commission" qu'elle aime aller faire dans le parc désert, tout près de chez elle. Triple couches alvéolées.
En effet, Gisèle a découvert très rapidement que la transgression permettait d'évoluer dans une certaine excitation. Aussi, de sortir à la tombée de la nuit, sans attestation, de longer la grille du square, pour s'y faufiler, lui procure les plus indicibles émotions. Elle fait ses besoins derrière les bosquets à côté du bassin. Elle en tremble de plaisir.
Depuis 45 jours, Gisèle les à compté, il y a exactement 45 de ses anciens mouchoirs "Lotus" enfilés sur 45 piques de la grille. Gisèle a compté. Il reste encore 96 piques de ce côté ci de l'étroite ruelle. Gisèle, son coup fait, après avoir démoulé son cake quotidien, se dépêche de rentrer chez elle en frissonnant d'excitation. Elle vient de "tricher".
Cette simple idée la fait frémir d'aise. La transgression. Comme le dit son copain Gilbert, président de l'amicale des chauffeurs routiers aveugles, << Si on est incapable de transgresser les règles, on reste un mouton ! >>. C'est donc forte de ce concept que Gisèle fréquente tous les soirs le square du colonel Alain Bécile.
Parfois, pour s'amuser, Gisèle porte un masque de Mickey, et, sans rien d'autre que son épaisse toison pubienne sous son imperméable, elle va traîner au square. Elle reste cachée dans les fourrés. Parfois il y d'autres "évadés". Gisèle découvre qu'il y a d'autres adeptes de la transgression qui se donnent rendez vous dans quelques endroits "secrets".
Gisèle profite de cette privation des libertés pour cause d'incompétence des irresponsables politiques. Depuis huit ans qu'elle habite dans cet immeuble, elle va enfin visiter la cave. Elle découvre quantité de recoins qui stimulent sa libido. Le parking souterrain adjacent au local poubelle et à la salle séchoir. Il y a là de drôles de zèbres. Des confinés farfelus.
Même si Gisèle respecte la distanciation sociale d'environ deux mètres, elle peut tout de même rencontrer de curieux individus. Mr Jean, du 5 ème étage. Quel coquin ! Mr Pierre, du 3 ème étage. Quel engin ! Sans évoquer Mme Solange, la bourgeoise de 4 ème qui fait du naturisme juste chaussée de ses basket Nike Air dans les box vides du garage souterrain.
Oui. La vie de Gisèle Fronchiar, durant cet étrange période, est riche d'enseignements divers et variés. Chacune, chacun, trouve à cet occasion de nouvelles déclinaisons de ses fantasmes les plus secrets. Mr Freddy, le concierge, souvent dans les sous sols, aime bavarder avec les locataires qui fréquentent les caves. Il y a là un monde fou.
C'est certain, lorsque ce confinement sera levé, Gisèle risque de regretter tout ce bon temps passé dans le square à la nuit tombée, dans le labyrinthe des caves de son immeuble résidentiel. Surtout que sur les tuyaux, en hauteurs, dans les couloirs mal éclairés, Gisèle a découvert plein de mouchoirs en papier. "Lotus", "Kleenex", mais aussi "Marque U".
Sans parler des préservatifs soigneusement exposés sur le rebord du soupirail du local à vélos. Il y a là toute la gamme vendue à la pharmacie voisine. Tous bien remplis, évidemment. En les reniflant, Gisèle peut en sentir les effluves parfumées. Banane, pêche, pomme, poire, fraise. Il y a même cette délicieuse odeur de framboise sur les jaunes. XXL...
Maître Robert - (Hédoniste mondain et chroniqueur confiné)
Bonjour Mr Robert
rire
Excellente chronique comme à chaque fois.