maquis (clôturé)
il y a 8 ans
Quel est l'animal le plus meurtrier sur Terre ? Loupé, ce n'est pas le requin, ni le crocodile, mais bien le moustique. Facteur de maladies, le moustique est l'animal causant le plus de morts chez l'homme.
Dans une moindre mesure, c'est aussi l'ennemi de vos belles nuits d'été. Un monde sans moustique en a donc fait rêver plus d'un. Mais cela serait-il possible ? Chaque été, c'est la même rengaine : votre meilleur ami, le moustique sort de sa tanière pour venir perturber vos nuits et vous offrir plein de petits boutons qui grattent. Une manie qui fait de lui l'un des insectes les plus détestés.
Mais c'est aussi et surtout l'animal le plus meurtrier sur Terre. Certains moustiques sont en effet un vrai fléau pour l'Homme, transportant plusieurs maladies mortelles, comme le paludisme, la fièvre jaune ou encore la dengue.
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le moustique serait responsable de sept millions de morts par an.
Il est alors légitime d'en venir à se demander "à quoi sert vraiment un moustique ? Pourquoi ne pas les faire disparaitre jusqu'au dernier ?"
Slate a posé ces questions à des entomologistes, et malheureusement, l'idée d'un monde sans moustiques relève bel et bien de l'utopie. Éradiquer les moustiques : un impact écologique incertain L'importance du moustique dans la chaine alimentaire et les écosystèmes n'est pas encore bien définie. Si la plupart des femelles optent pour un régime hématophage (à base de sang) quand il s'agit de pondre, les moustiques se nourrissent généralement à partir du nectar des fleurs. Il est ainsi admis qu'ils participent au même titre que d'autres insectes, à la pollinisation des végétaux.
Côté prédateurs, on sait aujourd'hui que le moustique est assez facile à attraper et qu'il fait partie du menu de nombreux animaux, d'autres insectes, des lézards ainsi que des oiseaux notamment. Par ailleurs, les scientifiques ont démontré que les larves de moustiques jouent un rôle de filtre dans les écosystèmes aquatiques où elles se nourrissent de déchets et de micro-organismes, nettoyant ainsi les eaux.
Mais tous ces rôles sont-ils réellement capitaux pour la biodiversité ? D'autres insectes ne pourraient-ils pas remplacer le moustique s'il venait à disparaitre ? Lorsqu'on leur demande, les chercheurs eux-mêmes ne sont pas sûrs des retombées écologiques d'une disparition totale des moustiques.
Ils affirment toutefois qu'il y aurait bel et bien de sérieuses conséquences. D'autant qu'en plus de les tuer, à l'aide de pesticides, il faudrait aussi endommager leurs habitats, en vidant des étangs, lacs, ruisseaux, ce qui aurait forcément des répercussions sur d'autres espèces animales. Mais détruire leur habitat ne serait pas suffisant, il faudrait aussi tuer les larves à l'aide de larvicide, ce qui multiplierait les conséquences probables.
Tous les moustiques ne sont pas coupables Il faut savoir qu'il existe plus de 3.000 espèces différentes de moustiques à travers le monde. Mais seules quelques dizaines d'entre elles sont vectrices de maladies pour l'homme, tandis que d'autres ne piquent même pas l'humain.
Aussi, des études précédentes ont prouvé que deux espèces de moustiques distinctes pouvaient être aussi différentes qu'un colibri et un aigle. Éradiquer tous les moustiques reviendrait donc à faire payer à des centaines d'espèces, le comportement d'une poignée d'entre elles, ce qui ne serait pas justifié.
Une méthode plus sélective et n'affectant pas l'environnement serait donc à préconiser et l'idée d'un monde sans moustiques est d'ores et déjà à exclure. Une méthode sélective pour viser certaines espèces Jusqu'ici, les spécialistes luttaient contre les moustiques essentiellement en utilisant des insecticides. Néanmoins, des résistances sont apparues chez les insectes au cours des dernières années, poussant les chercheurs à trouver d'autres méthodes d'éradication plus complexes mais aussi plus efficaces. Parmi elles, figure la "naissance contrôlée du moustique". Développée par un chercheur de l'Université du Kentucky, elle consiste à employer une bactérie appelée "Wolbachia". Ce micro-organisme infecte la plupart des arthropodes à travers le monde.
Or, lorsque deux moustiques souhaitent se reproduire, si l'un des deux est infecté, l'autre doit l'être aussi et par la même souche, sans quoi leur descendance sera stérile. L'idée est donc d'introduire des mâles infectés par des souches différentes afin de bloquer la reproduction des moustiques. D'autres méthodes avec une stratégie semblable ont été mises au point et parfois testées. Au Brésil notamment, l'entreprise britannique Oxitec produit actuellement des mâles génétiquement modifiés destinés à donner naissance à une progéniture incapable de survivre.
Quoi qu'il en soit, l'ère d'un monde sans moustiques n'est pas pour demain mais réussir à réduire et contrôler les espèces de moustiques qui transmettent des maladies, pourrait représenter l'une des plus grandes victoires de la santé publique de l'histoire.
Publié par Stanislas Lechevallier, le 21 juillet 2015
En savoir plus : http://www.maxisciences.com/moustique/pourquoi-ne-pourrait-on-pas-tuer-tous-les-moustiques-sur-terre_art35414.html
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