apocope (clôturé)
il y a 8 ans
Ce n'est pas un canular, cette publicité idiote qui se voulait racoleuse a réellement été lancée par l'organisme promotionnel Canada Oil Sands Community, lequel, comme son appellation l'indique, a pour objet la promotion de l'exploitation des sables bitumineux.
Puisque l'extraction, le raffinement et l'acheminement de ce pétrole extrait du sable est très polluant et risqué, l'industrie pétrolière canadienne tente d'enjôler l'opinion publique (laquelle est malheureusement peu éclairée).
En Amérique du Nord, ces dernières années l'extraction du pétrole a littéralement explosé et elle constitue un véritable tableau d’horreurs.
C’est que l’on ne s'y contente plus d'exploiter les nappes pétrolifères.
Aujourd'hui, on extrait aussi le pétrole tant de la roche (i.e. le pétrole de schiste) que le pétrole brut semi-solide qui est mélangé au sol (i.e. le sable bitumineux).
L’extraction de ces deux dernières formes de pétrole est éminemment polluant et son transport jusqu’aux raffineries est risqué.
À ce sujet, les déversements accidentels s’additionnent à un rythme effarent.
Ce pétrole est à la fois acheminé par pipeline, par bateau sur le fleuve Saint-Laurent et par train.
Le pétrole des sables bitumineux est extrait dans le Nord de l'Alberta et est ensuite acheminé vers les raffineries du Sud-est américain. C'est donc un périple de milliers de kilomètres en pipeline, en train et finalement en bateau qu'effectue ce pétrole. Ces pétroliers empruntent le fleuve Saint-Laurent, puis longe la côte Est américaine.
Par exemple, entre 2008 et 2013 le transport ferroviaire du pétrole au Canada avait augmenté de 28 000 %...
Parmi les accidents les plus notables en ce qui concerne ce transport pétrolier, on relève :
En 2012, en raison de la négligence de la pétrolière albertaine Enbridge, plus de cinq millions de litres de pétrole lourd a coulé d’un pipeline au fond de la rivière Kalamazoo au Michigan.
(Le pétrole des sables bitumineux est plus dense, il ne flotte pas, il coule au fond de l’eau. Il est donc impossible de décontaminer entièrement les plans d’eau affectés par un déversement).
La rivière Kalamazoo était la source d’approvisionnement en eau potable de plusieurs municipalités américaines. Huit cents millions de dollars plus tard, le site n'est toujours pas dépollué...
En 2013, durant la nuit un convoi ferroviaire de soixante et douze citernes de pétrole a déraillé dans le centre-ville de la municipalité Lac-Mégantic au Québec. L’explosion a rasé la ville dans une zone de deux kilomètres carrés et a tué quarante-sept personnes.
En 2015, cinq millions de litres de pétrole ont fui d’un pipeline dans le Nord de l’Alberta.
Depuis quelques jours, un pipeline laisse fuir d’importante quantité de pétrole dans la rivière Saskatchewan Nord, contaminant ainsi la source d’eau potable de plusieurs villes importantes de cette province.
En ce qui touche l’extraction par fracturation du pétrole de schiste, le procédé consiste à forer la roche au-delà de la nappe phréatique et à injecter sous haute pression des substances délétères.
Ce faisant, le risque de contamination de la nappe phréatique est double : d’une part, les substances délétères risquent de se délayer dans l’eau de la nappe, d’autre part le forage au travers la roche imperméable qui isole le gaz naturel de la nappe risque de migrer dans celle-ci, rendant ainsi l’eau impropre à la consommation.
Par ailleurs, ce procédé nécessite le déploiement de milliers de sites de fracturation, lesquels ne peuvent extraire que 10% du pétrole contenu dans la roche (i.e. jusqu’à l’équilibre de la pression), tandis que le gaz naturel concomitant avec le pétrole est simplement brûlé par des torchères en raison de sa faible valeur marchande, ce qui augmente d’autant la diffusion de gaz à effet de serre.
Sous l'administration complaisante de Bush junior, les États-Unis se sont littéralement couverts de sites de fracturation hydraulique. Pour ce faire, le gouvernement de Georges Bush a amendé les lois environnementales.
Ainsi, dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, il faudrait couvrir les 7900 kilomètres carrés de l’île Anticosti avec 6500 forages pour en extraire par fracturation l’hypothétique pétrole que recèlerait cette réserve naturelle (laquelle fut à la fin du XIXe siècle la propriété du chocolatier français Henri Menier).
L’ancien gouvernement provincial du Parti québécois a engagé la province dans un contrat d’affaires aux bénéfices de l’entreprise pétrolière qui souhaite exploiter l’île : tous les travaux exploratoires sont à la charge du gouvernement…
De même, lorsqu’un puits est tari, pour éviter que le gaz méthane que recèle le sol ne s’échappe dans l’atmosphère et ne contribue à l’accroissement des gaz à effet de serre, l’industrie doit boucher le puits…
... Mais, rien ne prédit qu’un puits bouché ne viendra pas à fuir avec le temps.
Tutoriel sur la géologie et l'exploitation hydraulique:
Modifié il y a 8 ans, le vendredi 29 juillet 2016 à 17:29