Grand Corps Malade, Etat des lieux 2007
J'étais arrêté au feu rouge pour laisser les gens passer,
Y'avait une femme sur le trottoir qui ne pouvait pas traverser.
Elle était là immobile, les yeux à moitié clos,
Elle dormait debout Rue Belleville, à la sortie du métro.
Elle portait un vieux matelas de camping et un sac un peu déchiré
Le corps usé par la fatigue et par le froid, les traits tirés,
Au milieu d'une foule mobile qui ne la calculait pas trop
Elle dormait debout, Rue Belleville, à la sortie du métro
Difficile d'imaginer comment elle a passé la journée
A quoi elle a vraiment pensé et dans quel coin elle a traîné
Ce qu'est sûr c'est que là, elle avait les crocs
Et elle dormait debout Rue Belleville, à là sortie du métro
Je me suis demandé où elle allait passer la nuit, il était déjà tard
Il fallait qu'elle trouve un endroit tranquille à l'abri du vent et des regards
Mon feu est passé au vert j'ai jeté un dernier œil dans le rétro
Elle dormait debout Rue Belleville, à la sortie du métro
Le thème est triste, il est classique mais toujours d'actualité.
Quelques reportages aux infos et toujours la même réalité
Le drame reprend son règne quand la température descend.
Les hommes et les femmes dorment dehors au mois de décembre c'est indécent.
Les petites associations s'activent mais ce sera jamais suffisant.
Les foyers d'accueil sont pleins et toujours aussi peu sécurisants.
Et pendant les grandes fêtes de Noël pendant qu'on graille à en vomir,
Les êtres humais risquent leurs peaux quand il est l'heure d'aller dormir
Pas de grandes mesures de l'Etat, pas de propositions qui décapent.
Pas beaucoup de progrès en France depuis l'hiver 54.
Les chaînes de solidarité ne sont pas à la bonne échelle
Si ça ne devient pas une priorité on se prépare tous à un bon échec
Quand le thermomètre fait la gueule et qu'on rentre au chaud dans nos maisons,
N'oublions pas les gens dehors pour qui le froid est une prison.
Ceux qui dorment le ventre vide, ceux qui ne rêvent même plus trop
Ceux qui dorment debout Rue Belleville, à la sortie du métro.