Il tente le boudin avant la piscine
Notre ami, fin gourmet et toujours désireux de tenter de nouvelles découvertes, arrive au Super U, lundi soir.
Quelle n'est pas son agréable surprise d'y découvrir les promotions charcutières de la semaine. Bien étalées.
Ce jour, ce sont de beaux boudins qui sont proposés par lot de deux pour une somme défiant la concurrence.
Chacun sait que le boudin, c'est comme le gendarme, ils arrivent par deux. Toujours. C'est la loi du boudin.
Notre héros qui sait apprécier les belles choses observe longuement les boudins qui lui sont présentés là.
Il y a du boudin de toutes les régions de France. En effet, on trouve du boudin partout. Dans tous les coins.
Il y a le boudin gras. Le boudin qui suinte l'humidité en été. Le boudin rigolo. Le boudin enveloppé. Epais.
Le plus souvent, le boudin macère dans un jus visqueux, parfois gluant et filamenteux. Froid, il s'étale.
Il peut arriver que le connaisseur tombe sur un boudin chaud. Le jus est alors plus liquide. Translucide.
Notre ami s'offre donc deux paires de boudins. Quatre beaux spécimens bien de chez nous. Du boudin épais.
Arrivé chez lui, notre héros se prépare les boudins. Il les caresse d'abord longuement. Il y a rapidement du jus.
C'est liquide et ça dégouline de partout. Il s'apprête à savourer ses boudins avec un bon vin rouge. Bordeaux.
Il savoure, il déguste, il se pourlèche, il suce ses doigts mouillés du jus de boudin. Notre salopiot se régale.
Il vient de se siffler les 75 cl de vin, et de s'envoyer les quatre boudins. Notre drôle est à la limite du comas.
Péniblement il se traîne lamentablement jusqu'à son lit qu'il ne défait même pas pour s'y affaler. S'y vautrer.
Le lendemain matin, le ventre douloureux, notre ami se dépêche de s'habiller. Le mardi matin il a piscine.
Au fond de son slip, il peut sentir l'humidité fluidique des prémices de cette diarrhée qui le tourmente.
Il se dépêche de se déshabiller dans la cabine. Son slip n'est pas récupérable. Il le met dans un sachet...
Lâchement, il l'abandonne sur le haut du placard fermé de sa cabine avant de sortir à toute vitesse en courant.
Vêtu de son mignon maillot de bain mauve qui lui moule joliment les burnes, notre ami descend aux douches.
Il se savonne. Puis il file dans le grand bassin. Il y plonge. Ses viscères sont à deux doigts d'exploser. Urgence.
Là, sous le plongeoir, discrètement, il descend son maillot de bain à mi-cuisses. Il se libère dans un flot continu.
C'est un véritable écoulement d'égout qui se déverse dans le chlore de cette belle eau bleutée. Notre ami chie.
Certes, si fumer tue, il faut admettre que chier pue. Une auréole brunâtre va en s'agrandissant dans l'onde pure.
Rapidement, en poussant pour expulser les derniers remugles gras et visqueux, notre salopiot s'éloigne de là.
Se tenant au montant chromé de l'échelle, notre ami découvre, non sans un émerveillement, son Chef-d'œuvre.
Un cercle, parfaitement concentrique et brunâtre se dessine nettement au milieu des flots calmes et limpides.
Il y a des petits morceaux non identifiables qui flottent, romantiques et bucoliques à la surface de l'eau brune.
Une belle nageuse arrive dans la grâce d'une brasse lente, nonchalante et parfaitement rythmée. C'est beau.
Soudain, il y a l'odeur. La puanteur. La sensation curieuse de petites bêtes qui s'agglutinent dans la nuque.
La belle se met à beugler comme si un satyre lui pelotait les miches : < Put-Hein, mais c'est de la chiure ! >.
Sa copine arrive. Trop tard. Elle aussi, de ses bras gracieux qui balaient l'eau, agite à présent l'épais caca.
Le maître nageur, alerté par les cris, croyant qu'on égorge quelques truies, arrive en courant, tout consterné.
Rapidement le haut parleur résonne. Une voix demande aux baigneurs de quitter le bassin. Il y a urgence.
Le maître nageur répand un sac de sciure mélangée à une poudre désinfectante sur la surface de l'eau. Javel.
Avec une épuisette il peut, avec les gestes adroits de l'officiant zélé, récupérer l'immonde reliquat puant.
Notre ami, depuis la douche où il admire les résultats évidents de son expérience concluante, observe en silence.
Il vient de soulager ses intestins douloureux. Il est animé d'une certitude. Le boudin, à la piscine, ça flotte bien.
Rien ne lui laissera de meilleurs souvenirs que ces boudins bien gras qui l'ont accompagné, ce matin, à la piscine.
Au moment de quitter l'étage, la dame des cabines l'interpelle : < Hé ! Vous oubliez le petit sachet en plastoc ! >
La jeune femme tient à la main le sachet contenant le slip irrécupérable maculé de crotte puante. C'est gerbeux.
Sur le sachet elle a écrit : "Boudin du soir, au lit très tard - Boudin du matin, chiure dans le bassin". La dame rigole...
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Maître Robert - (Chroniqueur mondain) -