jim555 (clôturé)
il y a 12 ans
Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923-1957) est un combattant et responsable du FLN durant la guerre d'Algérie (1954-1962). Il est arrêté, torturé, puis exécuté sans jugement par l'armée française durant la bataille d’Alger en février 19571,2. Considéré comme un héros national en Algérie, plusieurs lieux et édifices institutionnels se sont vu attribuer son nom.
La maison de Larbi Ben M'hidi à Biskra.
Cadet d'une famille de trois filles et deux garçons, il naquit au village El Kouahi près de Aïn M'lila3 dans la Wilaya de Oum el Bouaghi dans les Aurès en Algérie dans une famille chaouie rurale aisée. il débuta ses études à l'école primaire française de son village natal. À l’issue de la première année scolaire, il se rendit à Batna pour poursuivre ses études primaires où il obtint son certificat d’études primaires4, puis entreprit des études secondaires à Biskra. En 1939, il s'engage dans les rangs des Scouts musulmans algériens, après quelques mois il devient chef de groupe des scouts.
Engagement politique
Il travailla ensuite comme comptable au service du Génie civil de Biskra, puis s'installa à Constantine où il fut proche de l'Association des Oulémas et en particulier de Mebarek el Mili. Ben M'hidi adhéra au mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML) fondé par Ferhat Abbas et participa au congrès de mars 1945.
Les massacres du 8 mai 1945 marquèrent sa volonté de poursuivre ses activités clandestines. Il adhéra au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et à l'Organisation Spéciale (OS) à laquelle participèrent également Ben Bella, Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf (dont il fut l'assistant).
En 1950, vainement recherché par les services de police, il est condamné par défaut à dix ans de prison pour « menée subversive et activité illégale ».
En avril 1954, Ben M'hidi fut l'un des neuf fondateurs du Comité révolutionnaire d'unité et d'action qui le 10 octobre 1954 transformèrent le CRUA en FLN et décidèrent de la date du 1er novembre 1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance algérienne. On lui confia la Wilaya 5 (l'Oranie) qu'il organisa efficacement malgré un démarrage difficile par manque de moyens et d'hommes.
En 1956, laissant le commandement de la Wilaya 5 à son lieutenant Abdelhafid Boussouf il devint membre du Conseil national de la révolution algérienne ; il était proche des idées de Abane Ramdane et Krim Belkacem. Le premier fut assassiné au Maroc à la fin de décembre 1957, le second à Francfort le 18 octobre 1970. Il participa à l'organisation des premiers attentats de la bataille d'Alger.
Arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes, il refusa de parler sous la torture avant d'être pendu sans procès, ni jugement, ni condamnation, par le général Aussaresses dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Le général Bigeard, qui avait rendu hommage auparavant à Ben M'hidi avant de le confier aux Services Spéciaux, regretta trente ans plus tard, cette exécution[réf. nécessaire].
Il aurait dit avant de mourir :
"Vous parlez de la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l'Algérie française et moi je vous annonce la France algérienne."5.
Dans une conférence de presse donnée le 6 mars, le porte-parole du gouvernement général déclara : Ben M'hidi s'est suicidé dans sa cellule en se pendant à l'aide de lambeaux de sa chemise. En 2001, dans son livre Services spéciaux, Algérie 1955-1957, paru aux éditions Perrin, le général Aussaresses reconnaît avoir procédé à l'exécution sommaire, par pendaison maquillée en suicide, de Larbi Ben M'Hidi, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, les faits étant commis avec l'assentiment tacite, selon lui, de sa hiérarchie militaire et d'un juge qui aurait lu le rapport sur le prétendu suicide avant que celui-ci ait eu lieu1.
Le 5 mars 2007, le général Aussaresses, dans un entretien au Monde2, retrace les dernières heures de Larbi Ben M'hidi :
Larbi Ben M'Hidi est conduit dans la ferme désaffectée de la Mitidja d'un colon extrémiste. Six hommes dont Aussaresses préparent l'exécution en passant une corde à travers un conduit de chauffage. L'un des hommes a joué le rôle du supplicié pour vérifier que tout était au point. Il est monté sur un tabouret, a passé sa tête dans le nœud et regarde les autres provoquant un fou rire général. Un parachutiste veut bander les yeux de Ben M'hidi. Celui-ci refuse. Le soldat répond qu'il exécute un ordre. Ben M'hidi réplique qu'il est colonel de l'ALN et qu'il sait ce que sont les ordres. Sa demande sera refusée ; il sera pendu les yeux bandés et se taira jusqu'à la fin. Pour le pendre, les bourreaux vont s'y prendre à deux fois. La première fois, la corde se casse.
Citations