Ma prestation "Chippendale" chez Bénédicte
Samedi, en fin d'après-midi, j'arrive chez Clémentine à 19 h30. C'est l'heure prévue. Et je suis à l'heure. Précis.
Bénédicte fête ce soir ses 19 ans. Elle est étudiante à la Fuck de Sciences de l'Université voisine. Anniversaire.
A cet effet, Bénédicte invite trente copines à elle, toutes étudiantes. Pour voir ma prestation "Chippendale".
Je suis invité à descendre ma mobylette à la cave afin de ménager l'effet de surprise et pour rester très discret.
Comme pour toutes mes prestations chez Clémentine, c'est les cabinets de toilettes qui feront office de loges.
Bénédicte, Clémentine et moi, nous nous y enfermons car les deux jeunes filles veulent m'aider à me préparer.
Les premières invitées arrivent. Bénédicte nous laisse pour aller les accueillir et aussi pour distribuer les places.
Clémentine ne tarde pas à me laisser également. Elle officie en tant que "Disc-Jockey". Elle assure la musique.
J'entends "Paint in Black" des Rolling Stones. C'est le signal. Je monte sur ma mobylette pour faire mon entrée.
J'arrive sous un tonnerre d'applaudissements. Je grimpe sur scène. Je suis chaussé de mes palmes de plongée.
Je suis déguisé en Charlo Kolms. Je parcours la scène en imitant le fameux "Moon-Walk" de Michael Jackson.
Bénédicte monte me rejoindre, saisit un micro, me tient par les poils pubiens et s'avance pour me présenter.
< Bonsoir les filles ! Je vous présente Maître Robert ! C'est le monsieur des saucisses ! > annonce Bénédicte.
< La saucisse ! La saucisse ! > s'écrient trente filles déjà passablement agitées et excitées. J'ai un peu peur.
Je commence avec "Alexandrie" de Claude François que j'interprète en dialecte Auvergnat du XIX ème siècle.
C'est un succès. Les filles connaissent le refrain de cette vieille chanson de grand-mère et chantent avec moi.
Autour de la taille, au bout d'une chaînette en argent, j'ai suspendu une belle et grosse saucisse de Morteau.
Aussi, lorsque je fais mon Frensch Cancan, la saucisse de Morteau s'agite dans tous les sens. C'est magnifique.
Je continue avec "La Bohême" de Charles Aznavour que j'interprète en écriture Gothique du XIII ème siècle.
Le triomphe est tel que deux filles montent sur scène et tente de m'arracher la saucisse de Morteau qui bouge.
Heureusement, comme la saucisse, à cause de la chaleur des projecteurs leur glisse des mains, je peux fuir.
Bénédicte, Clémentine et moi, nous nous enfermons à double tour dans les WC. Dehors, des coups sont frappés.
Des filles cognent et hurlent : < La saucisse ! La saucisse ! >. Je me déshabille pour mettre mon string doré.
Je le porte à l'envers avec la ficelle devant. Bénédicte à de la peine à ajuster la ficelle car je dois faire pipi.
Tout s'est calmé. Nous y retournons. Je suis chaussé de mes palmes de plongée, vêtu de mon string à l'envers.
J'ai suspendu ma saucisse de Morteau à une cordelette de coton blanc que j'ai noué autour de la taille. Beau.
Je grimpe sur scène. Je chante "Le Gorille" de Georges Brassens en patois Thibétain du XIII ème siècle. Succès.
Une fille monte sur scène, arrache mon string. Elle l'agite comme un trophée. < La saucisse ! > hurlent les filles.
Me voilà nu devant trente filles déchaînées. Heureusement la saucisse de Morteau cache mes attributs virils.
L'honneur est sauf. La morale est sauve. Je peux continuer avec "Tata Yoyo" que je chante en Tyrolien ancien.
Une fille monte sur scène et tente de m'arracher la saucisse de Morteau en tirant dessus comme une vraie furie.
Je dois m'enfuir. Bénédicte, Clémentine et moi, nous nous enfermons à double tour dans le cabinet de toilettes.
Nous attendons le retour du calme. Je me déguise à nouveau en Charlo Kolms. Il est bien temps d'y retourner.
C'est l'obligatoire séance de photographies. Je pose au milieu des trente filles qui me tiennent un peu partout.
Par les épaules, par les hanches, par les poils pubiens. J'agite jésuitiquement ma saucisse de Morteau en riant.
Puis, c'est l'obligatoire séance d'autographes. Je signe les petites culottes que me tendent les filles souriantes.
Nous nous retrouvons enfin seuls, Bénédicte, Clémentine et moi. Bénédicte a pris des précautions préventives.
Sur un panneau, à l'entrée, était écrit : "TENUE CORRECTE EXIGEE". Tout est donc resté propre et sec. Super !
Bénédicte, posant son balai, s'avance discrètement vers moi. Elle approche ses lèvres de mon oreille droite...
< La saucisse de Morteau ? Je peux y goûter ? J'ai un tonton qui m'en faisait goûter en vacances ! > fait-elle.
Je suis un peu surpris, Clémentine est occupée avec le contrat, le chèque. Je déballe la saucisse de Morteau.
< Wouahhh ! Géniale ! C'est quoi ce qui colle au bout ? On dirait un vieux Morbier ! > me demande Bénédicte.
Je lui révèle la véritable nature artisanale et "biologique" de ce qu'elle prend à tort pour un vulgaire Morbier.
< Vieux sale ! > me fait-elle avant de rajouter : < Toutes les senteurs du Jura et parfums de Franche-Comté !>
Nous rigolons comme des bossus. Bénédicte savoure sa saucisse de Morteau en poussant de petit cris, ravie.
Pendant ce temps Clémentine agite un contrat et un chèque sous mon nez. Tout en me faisant un clin d'œil.
< Samedi prochain, tu assures chez Sylvette ! Et il n'y aura pas Sylvain ! > nous rigolons comme des bossus.
Bénédicte, les yeux plein de reconnaissance, déglutissant avec peine, me fait : < Un régal cette spécialité ! >.
Je lui tends un mouchoir en papier afin qu'elle puisse s'essuyer le jus de la saucisse de Morteau qui dégouline.
< Tu es un amour ! > me fait Bénédicte avant de rajouter: < Mon tonton habite la région de Morteau ! > .
Nous rions de bon cœur. Bénédicte me fait un clin d'œil avant de me préciser : < Il habite à Saint-Claude ! >...
Tous droits réservés - © - 2017 - Depuis mon Blog -
Maître Robert - (Eleveur de saucisses) -