jim555

ON S'AIMAIT BIEN

il y a 12 ans
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jim555 (clôturé) il y a 12 ans

Je t’écris cette lettre pour notre anniversaire, et comme je n’ai jamais été seul comme aujourd’hui depuis que j’ai cessé de venir te voir à cause du visa à obtenir. Depuis je voyage par internet grâce à « arpanet ».Voila, j’ai appris dernièrement que tu viendrais passer tes « colonies » de vacances au Mali avec ton "Emir" bien-aimé, et qu’on sera plus proche l’un de l’autre. L’année dernière tu étais en Lybie avec quelques amis et je n’ai pas voulu te déranger. Mais comme tu as préférer me prendre par les pieds (par la tête en 1830), nous veillerons alors avec un bon camembert du désert.
Salut bien les enfants de ma part, et dis-leurs d’être sage. Qu’ils arrêtent de faire des bêtises pour tonton Lepen. Il faut le comprendre, lui, qui n’a pas eu de garçon.
Pour cette année j’ai entendu dire que les prières dans la rue seront bannies et que pour calmer tout le monde la « coke » sera « délepenisée » (dépénalisée, je crois) .M6 sera trés content.Fais donc attention à la « soupe » servie l’hiver et à la « salade » durant l’été pour manger hala[l] et à ne pas grossir pendant la crise.
J'ai aussi appris que le "copier-coller" sera bientôt interdit sur "fr",alors je t'ai envoyer mes sources au cas ou un "Papon" passerait.Dis-lui de m'envoyer le PV "contrôle-gueule".
Sur ce, je te laisse à nos bons souvenirs.



-13 janvier 1672 : Prime de 13 livres pour chaque tête de negres
importees (Colonies)

En 1669, Colbert, nomme secretaire d'Etat a la Marine, supprime le monopole de la Compagnie des
Indes identales sur le commerce avec l'Amerique et la taxe qu'elle percevait sur les bateaux.
Il instaure le systeme de l'Exclusif : les colonies ne produisent que pour la metropole, ne consomment
que ses produits et ne commercent qu'avec elle.
Par un arrêt du 26 aout 1670, le Conseil d'Etat exonere de l'imp^ot de 5 % la traite des Negres de
Guinee. La traite des Noirs, encouragee par ces mesures se developpe considerablement : en cette annee
1670, trois mille < pieces d'Inde > seront transportees aux Antilles.
Une ordonnance du 13 janvier 1672 accorde une prime de 13 livres pour chaque tête de Negre importee
aux colonies. Des lettres patentes de 1696 et 1704 confirment ces privileges, et Voltaire ecrit qu'en prenant
un intereêt dans ce trafic, < il a fait une bonne action et une bonne affaire >. Le 26 octobre 1784, le roi
Louis XVI accorde de nouvelles immunites aux negriers. Le 21 octobre 1787, une depeche ministerielle
recommande de payer dans les colonies la prime de 13 francs qui avait ete portee a 60. Ces faveurs
se perpetuent sans interruption jusqu'a la Revolution, et l'Assemblee constituante elle-meme, y met le
sceau par un decret qui declare la traite < commerce national >. Il faut atteindre le 25 juillet 1793 pour
voir supprimer ces primes, suppression bientot suivie a la verite de l'abolition de la traite et de celle de
l'esclavage. (Decret de la Convention du 16 pluviose an II, 4 fevrier 1794).
Commentaire : Schoelcher montre que la responsabilite du gouvernement francais est directe dans la
traite des Noirs. Ce n'est pas une invention des colons ou des armateurs mais de l'Etat.
Sources : Robert et Marianne Cornevin, La France et les Francais outre-mer, Tallandier, 1990, p.
91, 102, 106, 128 ; Victor Schoelcher, Des colonies francaises, abolition immediate de l'esclavage, 1842,
reedition C.T.H.S., 1998, page 175.

-5 avril 1803 : Rochambeau : < Vous devez leur donner des negres
a manger > (Haiti)
L'arrestation de Toussaint Louverture et le ralliement de ses generaux ne mettent pas le point final
a la resistance des Noirs de la partie francaise de Saint Domingue. A la nouvelle du retablissement de
l'esclavage, le pays s'embrase. La repression est atroce.
Le general Rochambeau, successeur de Leclerc a la tete des troupes francaises chargees par Napoleon
Ier de reconquerir Haiti ecrit au general Ramel le 15 germinal 1803 (5 avril 1803) :
< Je vous envoie, mon cher commandant, un detachement de cent cinquante hommes de la garde
nationale du Cap, commandes par M. Bari, il est suivi de vingt-huit chiens bouledogues. Ces renforts
vous mettront a meme de terminer entierement vos operations. Je ne dois pas vous laisser ignorer qu'il
ne vous sera passe en compte aucune ration, ni depense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur
donner des negres a manger. Je vous salue afectueusement. >
Ces chiens provenaient de La Havane ou ils avaient ete specialement dresses par les colons espagnols
pour s'attaquer aux Noirs. Le general Ramel ajoute :
< Le capitaine general trouvait tres deplacee ma repugnance a me servir des chiens, je ne pus jamais
lui faire entendre raison. >
Sources : Victor Schoelcher, Vie de Toussaint Louverture, Ollendorf, 1889, Karthala, page 373.

-16 avril 1917 : Mangin broie du Noir au Chemin des Dames
(France)
En 1914, la France aligne quelques bataillons de tirailleurs senegalais qui sont aneantis a la bataille
de l'Yser. Ils ne reparaissent sur le front qu'en 1916. Recrutes par le general Mangin, le < broyeur de
Noirs > , pour < permettre d'epargner dans la mesure du possible du sang francais >, 51.000 hommes
en 1915, 120.000 en 1916, sont incorpores de force au Soudan, en Haute Volta, en C^ote d'Ivoire sous
27Mandouze, Memoires d'outre-siecle - D'une resistance a l'autre, p.183
28 Ageron, Que Sais-je n 400, p. 97
29 Alger Republicain, cf Mandouze ibidem p. 184
30Droz et Lever, Histoire de la guerre d'Algerie, p. 35
31Ageron, ibidem, p. 97
32Droz et Lever, ibidem, p. 36

-Avril 35
le nom de tirailleurs senegalais. En avril 1917, le general Nivelle lance une oensive dans l'Aisne au
Chemin des Dames ou sont engagees des troupes noires. Forts des succes remportes par les troupes noires
de Mangin au fort de Douaumont pres de Verdun, le 24 octobre 1916 (< Une fois de plus les zouaves,
les tirailleurs, les Senegalais avaient oert leur vie pour la victoire >, Pierre Miquel, p. 35), Nivelle
et Mangin font attaquer les tirailleurs au Chemin des Dames pour le < premier choc >, sous la neige,
les obus et la mitraille. Les Allemands, informes de l'attaque, disposant de la maitrise du ciel et bien
proteges de la preparation d'artillerie dans leurs abris betonnes et les cavernes naturelles du plateau de
Craonne, accueillent les fantassins au fusil mitrailleur. Loin de reconnaitre son erreur, Nivelle continue sa
vaine offensive. 45% des eectifs ne se relevent pas de cette catastrophe dont la presse dissimule l'ampleur.
Nivelle est destitue en mai 1917. L'opinion ne concoit pas un seul instant que ces hommes soient arrives au
front sous la contrainte. Le depute des quatre communes du Senegal, Blaise Diagne proteste a l'assemblee
contre le < massacre > de ses compatriotes. Mais nomme commissaire de la Republique pour l'AOF le
14 janvier 1918 par Clemenceau, Diagne fait une tournee de fevrier a ao^ut 1918 de Dakar a Bamako
pour convaincre ses compatriotes d'aller se battre en France, promettant l'attribution automatique de la
citoyennete francaise a tout titulaire de la medaille militaire et de la croix de guerre.
Sources : Gilbert Comte, L'empire triomphant, Denoel, page 254, 260-270 ; Pierre Miquel,Le Chemin
des Dames, Enquete sur la plus effroyable hecatombe de la Grande Guerre, Perrin Pocket, 1997.

-1er mai 1898 : Sac de Sikasso par le colonel Audeoud (Soudan)
En avril 1898, le colonel Audeoud qui cherche un coup d'eclat pour sa promotion, envoie le capitaine
Morisson exiger de Ba Bemba, successeur de Tieba, le < fama > de Sikasso (Mali actuel), et allie {
imprudent{ des Francais dans leur guerre contre Samory, l'etablissement d'une garnison francaise dans
sa capitale. Ba Bemba refuse. C'est la guerre et le siege de Sikasso ou les violentes contre-attaques des
assieges mettent a plusieurs reprises en danger les troupes francaises. Mais avec trois enceintes qui ont
resiste pendant quinze mois a Samory, < la forteresse ne tient pas deux jours devant les obus modernes >
ecrit Gilbert Comte.
Sikasso resiste rue par rue. Un officier francais, participant a la prise de Sikasso, decrit ainsi le sac de
la ville :
< Apres le siege, l'assaut. Ba Bemba se tue. On donne l'ordre du pillage. Tout est pris ou tue. Tous
les captifs, 4 000 environ, rassembles en troupeau.
Le colonel [Audeoud] commence la distribution. Il ecrivait lui-meme sur un calepin, puis y a renonce
en disant : < Partagez-vous cela > . Le partage a eu lieu avec disputes et coups. Puis en route ! Chaque
Europeen a recu une femme a son choix... On a fait au retour des etapes de quarante kilometres avec ces
captifs. Les enfants et tous ceux qui sont fatigues sont tues a coups de crosse et de baionnette...
Les cadavres etaient laisses au bord des routes. Une femme est trouvee accroupie. Elle est enceinte. On
la pousse a coup de crosse. Elle accouche debout en marchant. A coupe le cordon et abandonne l'enfant
sans se retourner pour voir si c'est garcon ou fille.
Dans ces memes etapes, les hommes requisitionnes en route pour porter le mil restent cinq jours sans
rations ; recoivent cinquante coups de corde s'ils prennent une poignee du mil qu'ils portent.
Les tirailleurs ont eu tellement de captifs qu'il leur etait impossible de les loger et de les nourrir. >
Sources : P. Vigne d'Octon, La Gloire du sabre, Paris, Flammarion, 1900 ; cite par Jean Suret-Canale,
Afrique Noire, identale et Centrale, Editions sociales, 1968, page 274-275 ; Gilbert Comte, L'empire
triomphant, Denoel, 1988, page 85-86.

-6 mai 1687 : Promulgation du Code Noir a Saint-Domingue.
Louis XIV, par la gr^ace de Dieu roi de France et de Navarre, promulgue, a Versailles en mars 1685, le
Code Noir < pour y [dans nos iles d'Amerique] maintenir la discipline de l'Eglise catholique, apostolique et
romaine, pour y regler ce qui concerne l'etat et la qualite des esclaves dans nos dites iles [d'Amerique] >.
Il sera applique aussi aux Antilles, a Saint-Domingue (le 6 mai 1687), en Guyane, a l'ile Bourbon (ile de
la Reunion). La mouture de 1724, faite pour la Louisiane, sera encore plus atroce.
Le Code Noir codifie l'esclavage. La these officielle, toujours en cours, est que le Code Noir a ete la
< premiere protection des esclaves > : il < limite l'emploi de la torture et tend a restreindre l'arbitraire des
maitres. >55. Pour Sala-Molins (LSM), le Code Noir est < le texte juridique le plus monstrueux qu'aient
produit les Temps Modernes >56, il < regle le genocide utilitariste le plus glace de la modernite >57, il
55page 82-83. La pagination renvoie a la reedition de Louis Sala-Molins
56Sala-Molins, ibidem, page 9
57Sala-Molins, ibidem, p. VIII

-24 mai 1960 : Les forces de l'ordre egorgent les prisonniers
(Algerie)
Benoist Rey, soldat appele, infirmier a Texenna a 30 km au Sud de Djidjelli (Nord Constantinois),
apres que son commando de chasse ait ete pris dans une embuscade, rapporte : < Nous faisons, quelques
jours apres notre embuscade, une operation punitive. Nous emmenons trois prisonniers, dont un que
j'ai soigne. Je n'ose les regarder, car je sais qu'ils sont condamnes. Nous restons en embuscade toute
une longue matinee et, au plus chaud de l'apres-midi, le lieutenant R... commandant en second, fait un
signe au caporal-chef B..., un Corse militaire de carriere, un veritable tueur, sadique, < specialiste >
de l'egorgement. Les prisonniers ont les mains liees dans le dos. Le caporal-chef B... prend le premier,
l'assomme d'un coup de b^aton et l'egorge. Il en fait de meme avec le deuxieme. Le troisieme, qui doit
avoir dix-huit ans a peine, a compris. Au lieu d'essayer de se defendre, il tend la gorge au bourreau, lequel
n'hesite pas et l'egorge avec la meme sauvagerie. On met ensuite sur chaque corps a la gorge beante, ou
deja sont les mouches, un ecriteau : < Tel est le sort reserve aux rebelles. >
Le lendemain, le lieutenant R... assistera a la messe. Il a un crucifix au-dessus de son lit. >
Commentaires : La date du 24 mai est arbitraire. Les faits sont de mai 1960 avant le 29.
72Liberte n 143, 7 mars 1946 cite par Mekhaled, ibidem, p. 193
73Mekhaled, ibidem, p. 195
74B. Deslozieres, Les egarements du negrophilisme, Paris, 1802

-14 juillet 1904 : La cartouche sanglante du 14 juillet a Fort-
Crampel (Oubangui-Chari)
A
Fort-Crampel (Oubangui-Chari maintenant Republique Centrafricaine), le commis aux aaires
indigenes de premiere classe, Leopold Gaud et son collegue Georges Toque, administrateur de 3eme
classe, sont des tortionnaires de la pire espece. Dans les registres ou Toque note ses decisions, les mots
< a fusiller > reviennent frequemment. Gaud ordonne de cuire une femme vivante dans un four.
Un certain Papka leur est amene, suspect d'avoir attire une expedition dans un guet-apens qui a fait
plusieurs victimes. En mai 1903, Toque prescrit son execution, mais il ne sera pas fusille. Pour celebrer
dignement la fete nationale, Gaud decide d'offrir, le 14 juillet, son supplice en spectacle a la population,
et lui attache au cou une cartouche de dynamite.< Ca a l'air idiot, explique Gaud, mais ca medusera les
indigenes. Si apres ca ils ne se tiennent pas tranquilles !... > L'explosion a dechiquete la victime sous les
yeux d'une foule stupefaite.
Cette nouvelle provoque de l'emoi en metropole, Loubet, president de la Republique demande une
enquete qui sera confiee a Brazza. Gaud et Toque sont traduits devant la cour d'assises de Brazzaville.
Durant ce proces, Toque decrit d'une facon eroyable les dispositions prises pour proceder de force au
recrutement des porteurs dans des villages refractaires a toute servitude : < Ca ete le massacre general
pour faire marcher le service. > Obeissant a une circulaire, ils organisent des camps d'otages destines aux
femmes indigenes et a leurs enfants pour convaincre les hommes de fournir gratuitement leur travail. Elles
sont nombreuses a y mourir de faim ou a etre attribuees aux tirailleurs. La cour accorde a Gaud et Toque
les circonstances attenuantes et les condamne a cinq ans de prison, assortis d'une demande immediate de
reduction de peine.
Sources :
Gilbert Comte, L'empire triomphant, Denoel page 209 ; Felicien Challaye, Souvenirs sur la colonisation,
1935, reedite par Les nuits rouges, 1998, pages 59-69.

-15 juillet 1099 : Sac de Jerusalem par les Croises (Palestine)
A
la suite de l'invasion de l'Asie Mineure par les Turcs seldjoukides aux depends de l'Empire byzantin
et de la prise de Jerusalem (1077), le pape Urbain II appelle a la Croisade au concile de Clermont en 1095.
La Croisade en Terre Sainte assurait a celui qui partait le pardon de ses peches, donc le salut eternel.
Plusieurs expeditions se succederont. En 1097 part la croisade des < Chevaliers >, formee de chevaliers
francs venant principalement de la France actuelle et dirigee par le legat du Pape, Adhemar de
Monteil, eveque du Puy. Elle recupere les restes de la premiere vague appelee < Croisade populaire > ou
< Croisade des pauvres gens >. Elle est tres modestement aidee par Alexis Comnene, l'empereur grec de
Constantinople. Apres la victoire de Dorylee sur les Turcs, les Croises assiegent Antioche durant plus de
six mois. Ils ont beaucoup de pertes. Ils sourent de la faim et de la soif. Ils se livrent a des exactions : < A
Maara, les notres faisaient bouillir les parens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des
broches et les devoraient grilles. > ecrit Raoul de Caen. Et l'Anonyme : < D'autres decoupaient la chair
des cadavres en morceaux et les faisaient cuire pour les manger. > Pour les Turcs, les Francs resteront
des anthropophages.
Quand ils assiegent Jerusalem, les Croises ne sont plus que douze mille alors qu'ils etaient de cent a
cent cinquante mille au depart. Quand ils penetrent dans la ville, ils sont saisis d'une < divine > fureur
contre les Infideles. Dans les Gesta Francorum, l'Anonyme ecrit : < Certains de nos hommes (et c'etait
misericorde) coupaient la tete de leurs ennemis ; d'autres leur decochaient des
fleches, les faisant tomber
des tours ; d'autres encore prolongeaient leurs tortures en les livrant a la
flamme. On pouvait voir dans
les rues de la ville des monceaux de tetes, de mains et de pieds. Il fallait se faire un chemin a travers les
cadavres d'hommes et de chevaux. Mais c'etait la peu de choses compare a ce qui arriva pres du temple
de Salomon ... Si je dis la verite [sur ce qui s'y passa], elle depassera ce qu'il vous est possible de croire.
Qu'il me suffise donc de dire ... que les hommes chevauchaient dans le sang, qui leur montait aux genoux
et a la bride. >
Quarante mille personnes soit la quasi-totalite de la population, femmes et enfants compris, sont
extermines en deux jours les 15 et 16 juillet90. Les Juifs de Jerusalem sont autant victimes des exactions
des Croises que les Musulmans : toute la communaute juive de Jerusalem perit dans les
flammes .
De nombreuses autres expeditions militaires declenchees par les papes suivront.

-29 juillet 1949 : Un officier francais : < On tourne et le prisonnier
crache. > (Vietnam)
Pierre Vidal-Naquet rapporte que la torture fut employee pendant la guerre d'Indochine, non peut-
etre systematiquement, mais tres largement quand meme. Il cite le reportage en Indochine de Jacques
Chegaray paru dans Temoignage chretien, le 29 juillet 1949 :
Dans un petit poste a Cholon, il voit quelque chose comme un crane humain sur le bureau d'un
adjudant < jovial et sympathique >. < - Ce n'est pas un vrai ..., demandais-je.
- Quoi ? ce crane ! Mais si bien sur. Un sale Viet, vous savez, c'est moi qui lui ai coupe la tete. Il
criait... il fallait l'entendre ! Vous voyez, ca me sert de presse-papier. Mais quelle affaire pour enlever la
chair. Je l'ai fait bouillir quatre heures ; apres j'ai gratte avec mon couteau ... >
Quinze jours plus tard a Phul-Cong au Tonkin,
Un jeune officier francais lui fait visiter le PC de la compagnie :
< Ici, [...], c'est mon bureau. Table, machine a ecrire, lavabo et la, dans le coin, la machine a faire
parler.
Comme j'ai l'air de mal comprendre, il ajoute :
- Oui, la dynamo, quoi ! C'est bien commode pour l'interrogatoire des prisonniers. Le contact, le pole
positif et le negatif ; on tourne et le prisonnier crache. >
Chegaray ajoute :
< On pourrait multiplier a plaisir les faits de cet ordre. [...] Ce qui m'a frappe dans cette torture,
c'est qu'elle est admise, reconnue, et que nul ne s'en formalise. Dans les trois cas cites plus tot, je me
suis presente comme "journaliste de France". [...] Mais, chaque fois, on m'a presente la chose comme
normale, si normale, qu'on ne songeait jamais a la cacher. >
Un colonel qu'il interroge au sujet de la torture, la justifie.
et formule le raisonnement qui permettra a notre pays < civilise >
de commettre toutes les horreurs :
< Et puis vous savez, dans les combats de guerilla, l'importance des renseignements. Un prisonnier
qui avoue l'endroit precis ou il a cache une mine piegée.
Il faut y songer. [...] La vie de dix jeunes francais ne vaut-elle pas une heure d'interrogatoire ? >
Sources :
Pierre Vidal-Naquet, La torture dans la republique, Maspero, Paris, 1983, page 17 ; Pierre Vidal-
Naquet, Les crimes de l'armee francaise, La Decouverte, 2001, p. 15-20.

-13 octobre 1671 : Repression du marronnage (Martinique)
Le conseil de la Martinique pris un arrete en date du 13 octobre 1671, qui permettait aux habitants
de faire couper le jarret a ceux de leurs negres pris en recidive d'evasion. Cette disposition sera reprise
dans le Code Noir.
Sources : Annales de la Martinique ; V. Schoelcher, Des colonies françaises, abolition immediate de
l'esclavage, 1842, reedition C.T.H.S., 1998, page 102


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