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http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Jardin_des_caresses LE FLAMBEAU J’ai poli ton corps de tant de caresses, qu’il ressemble maintenant à la pierre sacrée d’El Djoûf, que tant de lèvres ont usée. Le soleil peut s’éteindre et la lune tomber, il m’inondera de lumière. BATAILLE Nous avions épuisé les paroles d’amour. De même que le silence s’établit dans les rangs de deux armées qui vont se livrer bataille, le silence s’était fait entre nous. J’ai livré la bataille d’amour. Le bruit des sabres était nos baisers, les soupirs des blessés étaient nos halètements, le fracas des chars était dans nos artères… Et je t’ai gardée contre moi, comme un étendard déchiré. SON SOURIRE Quand je lui demande grâce, elle se contente de sourire, les yeux baissés. Que puis-je attendre d’un amour si redoutable ? Elle sait la puissance de son sourire. Comment lui cacher que je l’aime ? Tu es mon univers, avec des collines et des jardins, avec des sources et des moissons. Je voudrais avoir mille bouches. Je voudrais n’avoir jamais besoin de sommeil. Pourtant, ne suis-je pas le voyageur qui s’endort, chaque soir, sous des ombrages parfumés? Tu es mon univers, avec des collines et des jardins, avec des sources et des moissons. Lorsque ton haleine passe sur mon visage, je pense aux brises du Hedjâz, qui ont effeuillé d’innombrables roses. Mes faucons maigrissent sur leurs perchoirs, mes chevaux perdent l’habitude du mors, l’éclat de mes armes se ternit... Qu’importe ! puisque l’éclat de tes joues est pareil au cœur sanglant des grenades, puisque ton ventre est plus souple que le dos de mes coursiers, puisque tes baisers sont des faucons toujours inassouvis! Etendu sur les douces collines de ton corps, je bois à la source de ta bouche en étreignant mes moissons
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LI-TAÏO (643-706) BUVANT SEUL SOUS LA LUNE Au milieu des fleurs, un pichet de vin, Je bois seul, sans compagnon, Levant ma coupe, je convie la lune claire Avec mon ombre, nous voilà trois La lune hélas ! Ne sait pas boire, Mon ombre en vain ne fait que suivre, Compagnes d'un moment, lune et ombre, Réjouissons-nous, profitons du printemps, Je chante, la lune musarde, Je danse, mon ombre s'égare, Sobres encore, nous nous égayons Ivres nous nous séparons Mais notre union est éternelle Par delà notre amitié Au loin nous nous retrouverons Sur le fleuve céleste. LI-TAÏO A L'HEURE OÙ LES CORBEAUX À l'heure où les corbeaux se perchaient sur la tour de Kou-sou, les danses de la belle Si-Chy enivraient déjà le roi. Le soleil a disparu derrière les collines vertes, la flèche d'argent de la clepsydre d'or a longuement annoncé que la nuit était venue, la lune s'est enfoncée dans les eaux du Kiang, le vent de l'aube a éteint les étoiles, et Si-Chy, infatigable, ne s'est pas arrêtée. Maintenant, elle dort, près du roi. L'ombre d'une fleur de pêcher danse sur sa joue. LI-TAÏO (643-706) PETITE FÊTE INTIME Je prends un flacon de vin Et je vais le boire parmi les fleurs, Nous sommes toujours trois, Comptant mon ombre et mon amie la lune Heureusement que la lune ne sait pas boire Et que mon ombre n'a jamais soif Quand je chante, la lune m'écoute en silence. Quand je danse, mon ombre danse aussi. Après tout festin les convives se séparent. Je ne connais pas cette tristesse Lorsque je regagne ma demeure, La lune m'acompagne et mon ombre me suit.
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Li Taï Po LA MONTAGNE DE LA PORTE CÉLESTE Comme un sabre, Le fleuve Ts'ou a fendu la montagne. Cette jonque d'or, là-bas, sur le fleuve... Non C'est la lune qui se lève Li-Taïo LES DEUX FLÛTES Un soir que je respirais le parfum des fleurs, Au bord de la rivière, Le vent m'apporta la chanson d'une flûte lointaine. Pour lui répondre, je coupai une branche de saule, Et la chanson de ma flûte berça la nuit charmée. Depuis ce soir-lâ, tous les jours, À l'heure où la campagne s'endort, Les oiseaux entendent répondre à leur chant, Celui d'un oiseau inconnu Dont ils comprennent cependant le langage. TI-TUN-LING (772-845) L'OMBRE D'UNE FEUILLE D'ORANGER Seule dans sa chambre, Une jeune fille brode des fleurs de soie Elle entend soudain le son d'une flûte lointaine... Elle tressaille. Elle imagine un jeune homme lui parlant d'amour À travers le papier de la fenêtre, L'ombre d'une feuille d'oranger se pose sur ses genoux... Elle ferme les yeux. Et rêve qu'une main déchire sa robe
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LA JEUNE MARIÉE Élever une fille pour lui faire épouser un soldat, Mieux vaudrait à sa naissance la jeter sur la route. Seigneur, j'ai natté mes cheveux, le jour de nos fiançailles, Mais notre lit n'a pas eu le temps de se réchauffer. Au coucher de soleil, je suis devenue votre femme, Et nous nous sommes séparés aux premières lueurs de l'aube ! Maintenant je pense à la mort qui vous menace à chaque instant. L'Angoisse m'oppresse. Mon cœur se déchire. Je m'étais promis de vous suivre partout... Mais j'ai senti que ma présence vous aurait soucié davantage. Ne prononcez pas trop souvent le nom de votre jeune épouse. Sans oublier jamais votre devoir de soldat. LI-CHUANG-KIA (1703-1758) LA JEUNE FILLE NUE Pour aller retrouver son fiancé, Sous le grand saule au bord du fleuve, Elle avait mis ses deux plus belles robes Lorsque le soleil commença de décliner, ils causaient encore tendrement. Tout à coup elle se leva, honteuse, Car elle n'avait plus sa troisième robe : L'ombre du saule. Li-Chuang-Kia TCHANG-WOU-KIEN (1879-1931) LA DERNIÈRE PROMENADE Tu as laissé tomber dans la poussière la tulipe rouge que je t'avais donnée. Elle était devenue blanche. En ce bref instant il avait neigé sur notre amour. Tchang Wou Kien ANONYME (vers 324) LA PASSANTE Quand la brise gonfle tes deux robes de soie, Tu ressembles à une déesse vêtue de nuages. Quand tu passes, les fleurs des mûriers te respirent. Quand tu emportes des lilas que tu as cueillis, ils tremblent de joie. Des cercles d'or étreignent tes chevilles. Des pierres bleues luisent à ta ceinture. Un oiseau de jade a fait son nid dans ta chevelure. Les roses de tes joues se mirent dans les perles immenses de ton collier. Quand tu me regardes, je vois couler le fleuve Yuen. Quant tu me parles, j'entends la musique du vent de mon pays. Quand un cavalier te rencontre, au crépuscule, Il croit que c'est déjà l'aurore et immobilise son cheval. Quand un mendiant t'aperçoit, il en oublie sa faim. Tchang Wou Kien
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TOU-FOU (715-774) L'IMPLACABLE DESTIN Avide de conquêtes et de gloire, L'Empereur n'entend pas les cris de son peuple. Malgré la vaillance des femmes qui ont saisi la bêche Et qui dirigent la charrue, Les ronces envahissent les champs. Partout, la guerre ! Partout le carnage ! La vie d'un homme ne compte pas plus que celle d'un chien. Devant les vieillards mêmes, Les soldats osent dire ce qu'ils pensent. « Jamais de trêve, murmurent-ils, Jamais de quiétude ! Demain les collecteurs viendront collecter l'impôt, Et nous n'avons rien ! Nous en sommes arrivés à tenir pour une calamité La naissance d'un fils, Car nous savons qu'il sera tué à la fleur de l'âge Et qu'il ira se désagréger parmi les Cent plantes. » Sur le rivage de la mer d'azur, Vous n'avez donc jamais vu, prince, Les ossements des milliers de braves sans sépulture ? Dans le vent d'Est, Vous n'avez donc jamais entendu les plaintes De leurs mânes inconsolés ? Tou-Fou LES HUIT BUVEURS IMMORTELS Ho-Tchi-Tchang, toujours à cheval, Semblait ramer sur un bateau. Un soir qu'il était plus ivre que d'habitude, Il tomba dans un puits, Où il dort encore, je crois. Yu-Yang vide toujours trois urnes Avant d'aller à ses occupations. S'il rencontre une charrette de grain, Il renonce à ses affaires et la suit, Bavardant avec son conducteur, sur la fermentation du riz. Le ministre Li-Ti-Chy Avalerait cent rivières ! Il dépense facilement dix mille tsien, Et proclame qu'il ferait volontiers décapiter Les marchands qui vendent du vin douteux ! Quand Tsoung-Tchi savoure une vieille bouteille, On ne voit plus que le blanc de ses yeux Tout à coup un grand bruit ! Voilà Tsoung-Tchi par terre, comme un arbre déraciné Le brave Sou-Tsin ne boit jamais devant la statue de Bouddha. Mais s'il commence de boire hors du monastère, Il y revient sur les épaules d'un homme charitable. Sous l'influence d'une seule mesure de vin, Li-Taïo est capable d'écrire trois cents vers. Un soir qu'il sommeillait dans une taverne de Tchang-nân, L'Empereur lui envoyait l'ordre de venir au palais. « Dites à l'Empereur, fit-il, Que je m'entretiens avec les Dieux ! » Tchang-Hio, dès qu'il a bu trois coupes, manie le pinceau avec une virtuosité inimaginable. A ce moment tous les rois de la terre pourraient entrer dans sa demeure Il ne bougerait pas. Cinq grandes mesures portent à son comble la verve de Tsiao-Sui. L'éloquence de notre ami jette, alors, les convives dans la stupeur. Bien que je leur fasse raison quelquefois, Je ne me compte point parmi ces hommes illustres. Je me grise le plus souvent… d'un rayon de lune ! Tou-Fou
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Omar Khayyam , que Toussaint a traduit : http://www.khayyam.info/french/default.htm Khayyam, qui cousait les tentes de l'intelligence, Dans une forge de souffrances tomba, subitement brûla; Des ciseaux coupèrent les attaches de la tente de sa vie; Le brocanteur de destins le mit en vente contre du vent. Omar Khayyam, Rubayat, éditions Poésie/Gallimard (Trad. Armand Robin). Chagrin et désespoir (VIII) En ce monde, contente-toi d'avoir peu d'amis. Ne cherche pas à rendre durable la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu'un. Avant de prendre la main d'un homme, demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour. (CXX) Tu peux sonder la nuit qui nous entoure. Tu peux foncer sur cette nuit... Tu n'en sortiras pas. Adam et Ève, qu'il a dû être atroce, votre premier baiser, puisque vous nous avez créés désespérés ! Lucidité et scepticisme (CXLI) Contente-toi de savoir que tout est mystère : la création du monde et la tienne, la destinée du monde et la tienne. Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais. Ne crois pas que tu sauras quelque chose quand tu auras franchi la porte de la Mort. Paix à l'homme dans le noir silence de l'Au-Delà ! Sagesse et épicurisme (XXV) Au printemps, je vais quelquefois m'asseoir à la lisière d'un champ fleuri. Lorsqu'une belle jeune fille m'apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut. Si j'avais cette précupation, je vaudrais moins qu'un chien. (CLXX) Luths, parfums et coupes, lèvres, chevelures et longs yeux, jouets que le Temps détruit, jouets ! Austérité, solitude et labeur, méditation, prière et renoncement, cendres que le Temps écrase, cendres ! C'est sur cette 170e pièce, comme en conclusion de ce qui précède, que se termine le recueil. Distance par rapport à l'islam orthodoxe (CVII) Autrefois, quand je fréquentais les mosquées, je n'y prononçais aucune prière, mais j'en revenais riche d'espoir. Je vais toujours m'asseoir dans les mosquées, où l'ombre est propice au sommeil. (CLIX) « Allah est grand ! ». Ce cri du moueddin ressemble à une immense plainte. Cinq fois par jour, est-ce la Terre qui gémit vers son créateur indifférent ? (CLIII) Puisque notre sort, ici-bas, est de souffrir puis de mourir, ne devons-nous pas souhaiter de rendre le plus tôt possible à la terre notre corps misérable ? Et notre âme, qu'Allah attend pour la juger selon ses mérites, dites-vous ? Je vous répondrai làessus quand j'aurai été renseigné par quelqu'un revenant de chez les morts.
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http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/saadi-franz-toussaint-le-jardin-des-fruits-1833809.php 'Le tumultueux torrent qui descend des montagnes va se perdre dans les ravins, mais la plus modeste goutte de rosée est aspirée par le soleil qui l'élève jusqu'aux étoiles'. 'Comme une montagne solitaire, vis dans la retraite, dans le recueillement, et ton front touchera le ciel, comme la cime de la montagne'. 'Laissons nos coeurs éclater d'amour et levons nos mains vers le ciel, car, bientôt, nos cœurs ne battront plus, et la terre, de tout son poids, pèsera sur nos mains'.
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http://www.apophtegme.com/SPICILEGE/POESIE/jade.htm POÉSIE CHINOISE La Flûte de Jade Adaptation de Franz Toussaint Le plus beau des poèmes Parler de «poésie chinoise» est un pléonasme, la Chine étant elle-même un poême, le plus beau des poêmes. La Chine c'est trois mille ans de perfection, tant dans son art de vivre que dans l'art lui-même et sa culture. Élégance, beauté, cruauté, raffinement, philosophie, subtilité, science, médecine, poésie, art des nuances, elle a tout créé, tout inventé, tout donné au monde. Sans la Chine, sans son écriture, sa peinture, son art du paysage, sa sculpture, sa cuisine, sa pensée, l'humanité ne serait qu'un brouillon de civilisation, une plate, veule et vile tentative pour l'homme de se hisser hors du néant. Le seul regret pour l'amoureux de la Chine que je suis, pour tous ceux qui l'aiment, c'est la monumentale erreur que commettent ses élites en voulant imiter l'ident, l'Amérique, notre vulgarité, la hideur du succès matériel et notre réussite apparente, qui nous conduiront tous, immanquablement à la déchéance. Reste le Tibet, le merveilleux Tibet, le mystérieux Xinjiang et bien d'autres peuples fiers qui rêvent de liberté au sein de l'Empire, qui souhaitent garder leurs langues et leurs traditions, précieux trésors de la Chine éternelle. Je sais aussi qu'un unique vers d'un poète inconnu, un seul trait du pinceau raffiné d'un calligraphe, un unique air de flûte tremblant dans la nuit sous la lune au bord du Yang-Tsé, peut racheter toutes les erreurs commises de par le monde. LAO-TSEU (Ve-VIe S. av. J.-C.) CONNAÎTRE Sans franchir le seuil Connaître l'univers. Sans regarder par la fenêtre Entrevoir la voie du ciel. Le plus loin on se rend Moins on connaît. Ainsi le sage Connaît Sans avoir besoin de bouger Comprend Sans avoir besoin de regarder Accomplit Sans avoir besoin d'agir.
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Li-Taïo SI LA VIE EST UN SONGE Si la vie est un songe A quoi bon me tourmenter Je puis m'enivrer sans remords Et si j'en viens à tituber Je m'endormirai sous le porche de ma demeure A mon réveil un oiseau chante parmi les fleurs. Je lui demande quel jour nous sommes. Il me répond : au printemps, la saison où l'oiseau chante ! Je me sens étrangement ému Et prêt à m'épancher. Mais je me reverse à boire Et je chante tout le jour Jusqu'à ce qu'apparaisse la lune du soir. Et quand mes chants se taisent Je n'ai plus conscience de ce qui m'entoure. LI TAïO (643-706) L'ADIEU L'oiseau youên et l'oiseau yang nagent côte à côte sur le fleuve Kin dont les eaux coulent paisiblement vers le nord. Quand l'oiseau youên s'arrête à l'ombre d'un arbre de la rive, sa compagne s'arrête parmi les roseaux en fleurs. Tous deux préféreraient la mort ou la captivité plutôt que la fuite, si, pour fuir, ils devaient se séparer. Adieu, seigneur de ma vie! Aucune fleuve ne peut revenir à sa source, aucune rose ne peut revenir sur le rosier qui l'a laissé tomber. Malgré la croyance générale, les plantes ne sont pas insensibles. Qu'advient-il à celles dont la nature est de s'attacher ? L'une vit et meurt à l'endroit même où le vent laissa tomber la graine qui lui donna le jour ; l'autre périt dès qu'on l'arrache de l'abri qu'elle avait choisi. La nature est clémente pour la fleur, et l'homme est cruel pour la femme qui l'aime. Adieu, seigneur de ma vie ! Aucun fleuve ne peut revenir à sa source, aucune rose ne peut revenir sur le rosier qui l'a laissé tomber. En souvenir de moi, gardez ces trois hirondelles de jade. Elles brillaient dans ma chevelure, le jour de notre mariage. Essuyez-les, chaque soir, avec votre manche de soie. Et ne roulez jamais la natte sur laquelle vous m'avez caressée... Laissez les araignées y tendre leurs fils. Permettez-moi de vous demander de conserver toujours le bloc d'ambre sur lequel je posais ma tête, pour dormir. Les rêves qu'il vous donnera vous rappelleront notre passé. Adieu, seigneur de ma vie ! Aucun fleuve ne peut revenir à sa source, aucune rose ne peut revenir sur le rosier qui l'a laissé tomber. J'ai oublié, dans votre coffre sculpté, mon petit manteau de plumes. Ne le mettez jamais sur d'autres épaules que les vôtres. Quant à mon miroir, mon miroir d'argent où mon cœur se réfléchissait comme un visage au fond d'un puits, tendez-le souvent à votre nouvelle épouse, et qu'il vous aide à connaître son cœur. Adieu, seigneur de ma vie ! Aucun fleuve ne peut revenir à sa source, aucune rose ne peut revenir sur le rosier qui l'a laissé tomber.
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LI-TAÏO (643-706) CROYEZ-MOI Impatient de devenir un pur esprit, le bouddhiste Song-Tsè a édifié un bûcher sur le mont Kin-hoa et s'est brûlé vif. De son vivant, Ngan-Ki a pu atteindre le Pong-laï. Ces personnages connaissent une félicité parfaite. Soit ! Mais quel mal ils se sont donné ! Vous pouvez arriver au même résultat en allant chercher dans votre cave une bouteille de bon vin. Li-Taïo LA CHANSON DES TÊTES BLANCHES Vous me répétiez : « Nous vieillirons ensemble. En même temps que les miens, tes cheveux deviendront blancs comme la neige des montagnes, comme la lune d'été.. .» Aujourd'hui, Seigneur, j'ai appris que vous aimiez une autre femme, et je viens, désespérée, vous dire adieu. Une dernière fois, versons le même vin dans nos deux tasses. Une dernière fois, chantez la chanson qui parle d'un oiseau mort sous la neige. Puis j'irai m'embarquer sur le fleuve Yu-keou dont les eaux se divisent pour couler vers l'est et vers l'ouest. Pourquoi pleurez-vous, jeunes filles qui vous mariez ? Vous épousez peut-être un homme au cœur fidèle, un homme qui vous répètera sincèrement : « Nous vieillirons ensemble... » Li-Taïo LA ROSE ROUGE L'épouse d'un guerrier est assise près de sa fenêtre. Le cœur lourd, elle brode une rose blanche sur un coussin de soie. Elle s'est piqué le doigt ! Son sang coule sur la rose blanche, qui devient une rose rouge. Sa pensée va retrouver son bien-aimé qui est à la guerre et dont le sang rougit peut-être la neige. Elle entend le galop d'un cheval... Son bien aimé arrive-t-il enfin ? Ce n'est que son cœur qui bat à grands coups dans sa poitrine... Elle se penche davantage sur le coussin, et elle brode d'argent ses larmes qui entourent la rose rouge.
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OUANG-TSI (723-757) A UN AMI Pour vous remercier de m'avoir fait connaître cette poésie Tsu-Kia-Liang, Je vous envoie ces quelques feuilles de thé Elles proviennent du monastère de la montagne Ou-ï C'est le plus illustre thé de l'Empire, comme vous en êtes le plus illustre lettré Prenez délicatement un vase bleu de Ni-hing. Remplissez-le d'eau de neige recueillie au lever du soleil sur le versant oriental de la montagne Sou-chan, Placez ce vase sur un feu de brindilles d'érable ramassées sur de la mousse très ancienne, et laissez-l'y jusqu'à ce que l'eau commence à rire. Alors, versez-la dans une tasse de Huen-tcha où vous aurez mis quelques feuilles de ce thé, Recouvrez la tasse d'un morceau de soie blanche tissée à Houa-chan, Et attendez que se répande dans votre chambre un parfum comparable à celui d'un jardin de Foun-lo. Portez la tasse à vos lèvres, puis fermez les yeux. Vous serez dans le Paradis Ouang-Tsi CHANG-WOU-KIEN (1879-1931) NOTRE BATEAU GLISSE Notre bateau glisse sur le fleuve calme. Au-delà du verger qui borde la rive, Je regarde les montagnes bleues et les nuages blancs. Mon amie sommeille, la main dans l'eau. Un papillon s'est glissé sur son épaule, A battu des ailes et puis s'est envolé Longuement je l'ai suivi des yeux. Il se dirigeait vers les montagnes de Tchang-nân Était-ce un papillon, ou le rêve que venait de faire mon amie ? Chang Wou Kien
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quelqu'un à un doliprane! merci.
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leuco (clôturé)
il y a 10 ans
Sibelius, merci pour tout ça ! Pas envie de commenter; les textes parlent d'eux-mêmes A plus tard !
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bravo, ma chère Sibelius, j'aime cette philosophie !
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