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Une sortie à bicyclette
Ce mois de juillet est chaud. Une chaleur agréable constante et douce. Je prépare mes affaires dès le matin. Je viens de terminer mon entraînement. Je sors de la douche. Je suis en pleine forme. Je vérifie la pression des pneus de ma bicyclette. Je ne laisse rien au hasard. Dans un tout petit sac à dos, j'ai une pomme, des barres de céréales et deux gros sandwichs. Je glisse une grande bouteille d'eau dans l'arceau fixé au cadre du vélo.
Me voilà prêt. Il est neuf heures trente. La matinée est ensoleillée. C'est un de mes circuits d'une centaine de kilomètres qui m'attend. Je pars pour la journée. J'alterne. Un jour sur mon vélo "tous chemins", l'autre sur mon vélo de course. La sensation de liberté que cette activité me procure est à nulle autre pareille. Bien sûr, c'est l'assurance d'une excellente condition physique, mais c'est aussi la découverte de paysages de toute beauté.
Je garde un rythme régulier. Sans forcer. Je contrôle l'écran du tachymètre fixé au guidon. Ma vitesse oscille entre 18 et 22 km/h. Je viens déjà de parcourir une trentaine de kilomètres. Je suis aux pieds des montagnes. J'attaque la première côte de cette route sinueuse qui monte au col. Une route étroite que je connais bien. Bordée d'arbres, de pins, elle monte rapidement de 300 mètres à 960 mètres sur une distance de 5 km.
Des trouées dans la végétation, sur ma gauche, me permettent une vue magnifique sur la vallée. Je suis dans un état d'euphorie. Tout cela est tellement beau. Grand pignon et petit plateau, je pédale avec un rythme régulier. Voilà une situation d'effort qui offre au système cardio-vasculaire quelques beaux moments de travail. Je croise parfois un collègue cycliste qui descend à toute vitesse. Nous nous saluons d'un signe bref. Je suis en sueur.
Je regarde l'écran fixé au guidon. J'appui sur un des deux boutons. Il est 11 h45. C'est parfait. J'arrive au col pour midi. Ma bouteille d'eau d'un litre et demi est vide. Je bois beaucoup. Il y a une auberge au col. Je vais pouvoir la remplir. La bande éponge qui m'enserre le front est trempée. Pour éviter que la sueur ne me coule dans les yeux, c'est elle qui en absorbe les reliquats. Je sens la faim. Je vais pouvoir m'accorder une pause.
Je pédale sur la route en épingles à cheveux depuis une vingtaine de minutes. J'ai parcouru le tiers de la distance. J'ai le nez dans le guidon. L'idée de la pause récréative qui m'attend là-haut décuple mon énergie. Un bonus de courage supplémentaire. La récompense sera proportionnelle aux efforts. Je me prépare à négocier un des trois derniers grands virages. Virage à gauche. Je serre ma droite afin de le prendre dans sa plus grande largeur.
C'est plus facile dans la grimpée. Derrière moi, j'entends le bruit d'un moteur. Je maudis cet instant. Il faut que cette voiture arrive juste dans la partie ardue de la montée. C'est d'ailleurs la première voiture sur la petite route. Dans ces moments d'efforts, le cycliste a toujours une appréhension. L'automobiliste me verra t-il bien ? La petite voiture rouge roule doucement. Elle me dépasse avec précaution. Me voilà rassuré.
Je regarde sur ma gauche. Je fais un signe pour remercier le conducteur pour son attention. Dans le véhicule c'est une jeune femme blonde qui me fait un grand sourire. De sa main elle répond à mon signe. La voiture me dépasse pour se rabattre et accélère. Je n'y pense déjà plus. Je suis dans l'effort. J'ai mal aux fesses. Sous mon petit sac mon dos est trempé. J'ai faim. J'ai soif. La pente se fait plus douce. Le dernier kilomètre et demi.
Je sors de ce long virage très serré. La vue sur la vallée est superbe. La route devant moi est droite sur une centaine de mètres. L'avant dernier virage à droite. Je serre à gauche. il est toujours plus agréable de négocier un virage dans sa plus grande largeur. En montagne et à bicyclette. Aucun bruit. Pas d'automobile cette fois. Je regarde derrière moi. Je peux y aller franco.
Sur la droite, garée au bord de la route, il y a la petite voiture rouge. Je suis dans l'effort. Je n'y apporte que peu d'intérêt. J'arrive à la hauteur du véhicule. Je le dépasse. Je tourne la tête machinalement. Un rapide coup d'œil mécanique. Même pas vraiment pour regarder. Je pense à mes sandwichs qui doivent être cuits à point avec cette chaleur. Je pense à ce litre d'eau fraîche que je vais engloutir d'une traite. Je pense à ma pause.
La jeune femme blonde est là. Accroupie devant sa voiture. Jupe relevée. Les cuisses écartées . Sa main gauche en appuie sur le capot. Elle me voit arriver. Son sourire est déconcertant. Le regard terriblement troublant, elle reste parfaitement immobile. Je suis dans mon effort. L'effet soudain que la vision provoque évoque une crevaison. Subitement, plus rien dans les mollets le cycliste ! Il est tout mou notre sportif ! J'ai un sourire stupide.
Je suis animé de ce désir fou de vaincre. Je surmonte. Je continue ma route en serrant la mâchoire. J'arrive enfin au dernier virage. Le plus dur. Le plus difficile. Le plus pénible. Je recherche tout au fond de moi la force et l'énergie nécessaires. J'entends le bruit d'un moteur. J'enrage. C'est la petite voiture rouge qui me dépasse à nouveau. Lentement. La jeune femme blonde me fait un grand sourire et un nouveau signe de la main.
Je pédale avec énergie. Mes dernières forces. Je suis attaché à mon vélo comme un naufragé à son radeau. Je regarde machinalement en me disant : << Mais pourquoi me fait-elle "ça" ? Et maintenant ? La bougresse ! >>. La jeune femme a sa jupe complètement relevée sur ses cuisses nues. La voiture se rabat sur sa droite et accélère. J'ai les yeux fixés sur l'auto. Comme en hypnose je garde mon rythme. Je respire fortement.
Tout en pédalant, dans un effort immense, je lève la main pour lui faire un signe. Dans son rétroviseur la jeune femme me regarde certainement. Son bras sort par la fenêtre de la voiture. Elle me fait un dernier coucou avant de disparaître au sommet de la pente. J'arrive enfin au col. Il y a quelques voitures garées sur le parking devant l'auberge. Je regarde bien. J'observe les alentours avec attention. La dernière centaine de mètres est parfaitement plane.
Pas de voiture rouge garée là. Je suis un peu dépité. Rapidement toutefois je reprends tous mes esprits. L'effort est terminé. Je pose ma bicyclette contre le mur. J'entre dans l'auberge. Je connais bien le couple de propriétaires. Je remplis ma bouteille d'eau. Je réserve une coupe glacée pour mon dessert de tout à l'heure. Je l'ai bien mérité. Je sors. Je m'installe sur un des bancs. Je suis seul assis à la table. Je sors mes sandwichs.
Tout en mangeant je pense à mon aventure. Je suis abonné aux coquines. A présent que je suis au calme je me raisonne. Pourquoi ne me suis-je pas arrêté ? Je me reproche ma trop grande rigueur dans l'entraînement physique. Je me dis, avec un sourire amusé : < Tu as peut-être raté un "super coup" ! >. Je saisis mon second sandwich. Je le déguste. Tout cela achève très vite d'appartenir au passé. Je vais déguster ma glace...
Maître Robert - (Hédoniste mondain)
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Ce mois de juillet est chaud. Une chaleur agréable constante et douce. Je prépare mes affaires dès le matin. Je viens de terminer mon entraînement. Je sors de la douche. Je suis en pleine forme. Je vérifie la pression des pneus de ma bicyclette. Je ne laisse rien au hasard. Dans un tout petit sac à dos, j'ai une pomme, des barres de céréales et deux gros sandwichs. Je glisse une grande bouteille d'eau dans l'arceau fixé au cadre du vélo.
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Modifié il y a 3 ans, le mercredi 24 février 2021 à 10:01
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