Oh mer, toi qui caresse les sables banchis de soleil,
regarde les murs assombris de ce monde en éveil,
il n'est point pire que de se retrouver sans sommeil,
loin de l'empire qui tient en son sein ses merveilles,
Vois dans ton corps abyssal vêtu d'encre noire,
le visage miroitant des étoiles et de leurs espoirs,
ils se déforment sous ta houle épaisse comme la moire,
prenant ton ventre comme ultime échappatoire,
Oh mer, toi si vive sous le regard azuréen du jour,
n'es-tu point chantre, pourtant, des sons d'amour,
berçant de tes rires les soupirs des troubadours,
rabattant sans vergogne le bec des mornes vautours ?
Etrangle de tes mousses hardies les saintes rumeurs,
qui, dans la nuit, éveillent les futiles humeurs,
elles ne sont de l'être qui t'habite , accusateur,
que l'expression de ton âme en ces illustres heures.
L'écume nourrissant les imaginations si fertiles,
n'est que le fruit des chimères écrites sur un sable d'argile,
baigné dans le flot incessant de pensées versatiles,
que l'océan avale dans le ballet de ses marées agiles.