Chères amies lectrices. Chers amis lecteurs.
Tenant compte du fait que vous adorez la littérature, c'est avec mon altruisme naturel que je partage ici ce texte. Ce récit qui met en scène nos deux nouveaux héros. Le commissaire Deburnes et son fidèle collaborateur l'inspecteur Aussy. Je vous en souhaite bonne découverte.
Jules Deburnes est un homme plutôt grand, solidement bâti et chaussant du 43. Il a été nommé commissaire divisionnaire de la petite ville de Ridelles-les-Ecrous. Nommé là après avoir exercé durant dix huit ans dans la capitale en tant que commissaire dilettante. Toujours vêtu de son éternelle veste de gros velours, de son jeans Levi's 501 à braguette boutons. Chaussé de ses mocassins, Jules Deburnes est jovial et bonhomme. Toujours d’humeur égale, le commissaire Deburnes mène ses enquêtes avec joie et bonheur. Jules aime son métier.
Ce jour-là le commissaire Deburnes a été prévenu par un coup de téléphone de la découverte d’un cadavre dans une cabane à outils, au fond d’un jardin de banlieue. Madame Monique Tamaire, qui a donné ce coup de téléphone anonyme, a précisé qu’elle habite dans la maison voisine et qu’elle a une vue parfaite sur le cabanon.
C’est elle qui, ce matin, vers sept heures, comme tous les jours, surveille à l’aide d’une paire de jumelles les agissements de monsieur Emile Morceau. Mais, ce jour là, vers dix neuf heures, elle a vu le corps gisant au sol. En effet, hiver comme été, Emile Morceau a pour habitude de venir prendre son petit déjeuner dans la cabane à outils.
Souvent tout nu, simplement vêtu de son smoking de Colonel des Indes, Emile Morceau chante alors à haute voix, en érection, des chansons d'Alain Delon. Les jumelles, Solange et Sophie, permettent de bien voir ce que monsieur Emile met sur les tranches de son pain aux noix. Du pain complet et "bio" acheté dans la boulangerie de Madame Marthe.
Le commissaire se rend donc sur les lieux. Malgré les bourrasques, mêlées de pluie et de vent, Jules Deburnes arrive dans le lotissement "Les Belles-Choses" sans encombre. Ce qui est tout à fait normal car il ne l’a pas emmené avec lui. Malgré l’heure matinale, le soleil est déjà chaud et haut dans un ciel gris et pluvieux.
Monique Tamaire attend le commissaire sur le trottoir, devant sa maison. Vêtue d’un simple boa à plumes qui recouvre son soutien-gorge en cuir noir, son string en cuir noir. Monique est chaussée de ses cuissardes noires à talons hauts, Monique fait un signe à Jules Deburnes. Ce dernier gare son scooter le long du trottoir en demandant : << C’est combien ? >>.
Très rapidement Monique Tamaire emmène le commissaire Deburnes dans le cabanon, au fond du jardin de monsieur Emile Morceau. Là , au sol, gît le malheureux. Devant ce spectacle morbide, Jules Deburnes, pourtant habitué aux scènes macabres, a un haut le coeur qui le fait vomir dans une bassine en plastique bleue de marque indéterminée. Sans doute fabriquée en Chine. C'est une cuvette d'environ dix centimètres de haut sur un diamètres de 30 centimètres.
Immédiatement le commissaire Deburnes, sortant son téléphone cellulaire de la poche, compose le numéro de l’inspecteur Aussy. L’inspecteur Aussy est le partenaire du commissaire depuis près de 18 ans. Pas une enquête sans la participation efficace de l’inspecteur. Le commissaire Deburnes et l’inspecteur Aussy travaillent de concert. Ce n'est pas seulement une solide amitié qui les unit. C'est surtout la passion d'une complicité d'un travail bien fait.
L’inspecteur Aussy arrive avec les renforts d’une garnison de C.R.S. Environ quatre vingt hommes lourdement armés. Il y a une équipe de médecins légistes, un photographe de mode du service d'anthropométrie judiciaire. L'inspecteur ne se déplace jamais sans son éternel sandwich au pâté de campagne Olida. Un sandwich qui dépasse de son bermuda hawaïen. C'est un bermuda acheté à l'hypermarché Auchan de Barge-les-Écluses. Une promotion à 24 euros.
L’inspecteur Marcel Aussy exerce depuis plus de vingt ans comme policier à temps plein. Spécialisé dans les prises d’empreintes digitales, les prises d’empreintes génétiques ou encore dans les prises triphasées 220 volts, Marcel Aussy est un homme petit de grande taille. Mince et plutôt enveloppé, portant des tongs bleus, l’inspecteur Aussy doit chausser du 44. À vue de nez.
Très rapidement, un cordon de sécurité est mis en place, empêchant toute circulation de camions dans la propriété de monsieur Morceau. Couchant le cadavre de ce dernier à plat ventre sur le dos, le commissaire Deburnes sort son stéthoscope. L’inspecteur Aussy demande le silence. Aussitôt l’orchestre de rock de l’amicale des C.R.S. cesse de jouer.
Il règne là un silence de mort…
Au bout d’une demi heure, se frayant un passage entre les tables de camping déployées par la compagnie de C.R.S qui pique-nique tranquillement au soleil , le commissaire Deburnes se dirige vers la caravane du Cirque Pinder. Le Cirque Pinder fait partie de toutes les festivités de la petite commune de Ridelles-Les-Écrous. Amédée Connepas, Maire du village, en est d'ailleurs le président par intérim. Les parties de ping-pong sont suspendues.
Se saisissant d’un costume de clown, Jules, déguisé en Achile Zavata, fait un numéro de claquettes devant les C.R.S. qui applaudissent à tout rompre, en braillant << Une autre ! Une autre ! >>. Ce qui finit par rompre le pont chevauchant le fleuve qui passe derrière la cabane à outils de monsieur Emile Morceau. Dans un véritable fracas de fin du monde.
Lorsque tout redevient calme, le commissaire Deburnes propose une hypothèse. D’après les premiers résultats de l’autopsie réalisée sur la table de la cuisine de Monique Tamaire, la cause de la mort d'Émile Morceau est évidente. Émile s’est suicidé par pendaison à l’aide d’un fusil de chasse par noyade ayant provoqué un empoisonnement par strangulation. Cela ne fait aucun doute. Le tournevis qui transperce le pied d'Émile en est la preuve évidente.
En se servant un Pastis, le commissaire Deburnes s'adresse à l’inspecteur Aussy et à Monique Tamaire. Jules est toujours facétieux sur le lieu d'un crime. Il ne peut s'empêcher de lancer ce bon mot : << Alors Emile, toujours à déconner à poil dans ton cabanon le matin de bonne heure devant la Monique ! Avec la bite à l'air ? >>. La foule reste consternée. Tout le monde retient son souffle, estomaqué. Il y a une dame qui se mouche après avoir éternué.
Emile, couché sur la table, tourne la tête vers les convives, précisant, avec ce trait d’humour qui caractérise les Toulousains du Pas-de-Calais : << Put-Hein ! Un verre de gnôle ou je tue la vieille ! >>.
Il y a soudain comme une odeur de saucisse fumée…
Maître Robert - (Auteur pour Dames)
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