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C'est un texte que j'ai publié il y a quelques mois sur d'autres forums. Ce fut un grand plaisir.
L'un de ces forums d'un tout autre genre que celui-ci organisait une sorte de concours littéraire.
Moi qui ai horreur des concours, des compétions et autres défis, je me suis beaucoup amusé à participer.
Quelle agréable surprise au final. Ma démarche est allée au-delà de mon désir de remporter quoi que ce soit.
Je n'écris le plus souvent que pour moi. C'est un acte égoïste. Une sorte d'onanisme livresque et épistolier.
Il m'importe peu de savoir ce que le lecteur pense de mes récits. Je n'écris par pour lui. Son avis m'indiffère.
Je partage néanmoins pour les amoureux de la lecture
Le soldat Jason
Le soldat Jason marche en queue de la section de huit hommes dont il fait partie pour cette mission.
Il profite d'être à la traîne pour s'abriter sous un porche en ruine. Il se soulage contre les planches.
Soudain, une explosion violente et des cris. Jason se réajuste rapidement. Il ramasse son fusil au sol.
Avec prudence, il regarde par l'angle du porche. Les corps de ses sept compagnons gisent là, à terre.
Le soldat Jason a juste le temps de se précipiter dans l'ouverture étroite entre les planches du porche.
Il se glisse à toute vitesse dans le soupirail. Ouverture noire et béante. Son instinct dicte sa conduite.
Le voilà assis dans l'obscurité d'une cave. Le désordre des lieux et les gravats sont ceux d'une ruine.
Le soldat Jason reprend doucement ses esprits. Sa respiration redevient normal. Il est un survivant.
Au dehors, après des cris et des ordres lancés, il n'y a plus qu'un silence oppressant. Très inquiétant.
Il reste un peu d'eau dans sa gourde. Il reste deux barres chocolatées. De biens maigres provisions.
Le soldat Jason trouve enfin le sommeil. Son fusil à ses côtés, couché sur un vieux matelas défoncé.
La journée suivante est marquée par une chaleur étouffante. Il y a de rares bruits de voix. Moteurs.
Jason a fait le tour de sa prison souterraine. Un réduit d'environ 30 m². Il y a une porte en fer au fond.
La faim et la soif commencent à se faire sentir. Sa montre indique 18 h30. Déjà vingt quatre heures ici.
Soudain, là, un bruit de clef. Le cœur de Jason se met à battre en accélérant. Il se saisit de son arme.
Il reste dissimulé derrière l'armoire défoncée. La porte s'ouvre en grinçant. Une silhouette se dessine.
Jason, les sens aux aguets, est prêt à faire feu. << Vous êtes là ? >> fait la voix fluette d'un enfant.
C'est une fillette. Elle doit avoir 12 ans. Elle porte une petite corbeille. Jason se redresse et approche.
Sa surprise passée, le soldat Jason découvre les victuailles dans la corbeille que lui tend la jeune fille.
<< J'ai tout vu hier. J'étais cachée à l'étage. C'est la maison de ma grand- mère ! >> confie la fille.
Elle continue : << Je m'appelle Flora ! Je suis la seule à savoir que vous êtes venu vous cacher là ! >>
Jason dévore la petite miche de pain accompagnée d'un morceau de fromage et d'une bouteille d'eau.
La fillette s'est assise contre le mur. Elle regarde le soldat manger avec appétit. Elle reste silencieuse.
<< Le quartier est occupé. Les rues ne sont pas sûres. Il vous faut rester caché ici ! >> explique Flora.
<< Je viendrais vous apporter à manger chaque fois que je le pourrais ! >> fait elle encore, se levant.
Jason regarde cette étonnante enfant. Juste avant qu'elle ne sorte, il dit : << Je m'appelle Jason ! >>
La fillette referme la porte derrière elle. Le bruit d'une clef qui ferme une serrure. Puis c'est le silence.
Ce repas est tombé à point. Le soldat Jason est épuisé par cette veille dont dépend sa survie. Croit il.
Cette seconde nuit est semblable à la première. Quelques coups de feu au loin. Jason qui se réveille.
Cela se reproduit à plusieurs reprises. Un sommeil sans réelle qualité. La journée suivante est pareille.
Il est aux environs de 18 h30 lorsque le bruit de la clef résonne. Jason ramasse son fusil. Aux aguets.
La porte en fer s'ouvre en grinçant. C'est Flora. Elle s'approche et dépose sa petite corbeille au sol.
<< Bonjour. Il n'y a pas grand chose. Je prends ce que je peux et en cachette ! >> explique t-elle.
Jason, en proie à une faim de loup, découvre le contenu de la corbeille. Juste deux tranches de pain.
Une pomme. Une petite carafe d'eau. << Merci Flora ! Tu me sauves la vie ! > fait le soldat Jason.
Flora s'assoit au même endroit que hier. << Parle moi de toi. Tu viens d'où ? >> demande la fille.
Jason lui raconte un peu de sa vie. Les évènements récents. Il a 20 ans. Il s'est engagé dans l'armée.
Un peu pour fuir une existence médiocre d'apprenti garagiste, un peu pour défendre un vague idéal.
Flora pose de nombreuses questions. Elle se lève. << Il faut que je parte ! >> dit elle, agitant la clef.
Cette présence, ces échanges, cette nourriture, tout cela participe d'un retour aux réalités pour Jason.
Tous les soirs, à la même heure, Flora vient le voir avec sa petite corbeille. Tous les soirs ils parlent.
Jason se prend d'affection pour cette fillette qui s'occupe de lui et qui lui sauve la vie tous les jours.
Depuis deux semaines que cette situation perdure, une véritable amitié s'est liée entre Flora et Jason.
A peine huit ans les séparent. A cet âge de la vie, ces huit années sont un gouffre infranchissable...
Au dehors, les choses semblent se calmer. Le bruit des combats est de plus en plus lointain. Chaleur.
Déjà 18 jours que Jason est caché là, terré dans ce trou. Heureusement, qu'il y a les visites de Flora.
<< Tu vas pouvoir t'enfuir. Dehors la voie est libre ! >> lui apprend Flora, ce soir, en venant le voir.
La fillette s'assoit à côté de Jason. Il la prend contre lui. << Merci pour tout Flora ! >> chuchote t-il.
<< Tu reviendras me voir ? >> fait soudain Flora en posant sa tête sur son épaule. Jason est troublé.
Il détache la chaînette au bout de laquelle pend sa plaque de soldat. Nom, prénom et son matricule.
Jason l'attache au cou de Flora en disant : << Je te jure de revenir un jour ! Et rien que pour toi ! >>
L'émotion est intense. Flora laisse échapper la première larme de la femme qui s'éveille déjà en elle.
Le cœur de Jason bât la chamade. Il serre Flora contre lui. C'est elle qui met un terme à cette effusion.
Elle se lève. << Viens ! >> fait elle en entraînant Jason par la main le long d'un couloir étroit. Sombre.
Ils débouchent dans une cour déserte. << Tu suis la ruelle et tu arrives chez tes amis ! >> fait Flora.
Ils restent un long moment à se regarder. C'est Flora qui dévale à toute vitesse le couloir pour s'enfuir.
Jason marche rapidement le long de la ruelle. Il y a les jeeps, les camarades de son camps. La liberté.
Dans le camion qui emmène les soldats, Jason se retourne et regarde une dernière fois cette maison.
Là, à la fenêtre de l'étage, la silhouette de Flora qui secoue un mouchoir blanc pour lui faire ses adieux.
Jason, pétri d'émotion, ne peut empêcher le sanglot déchirant bruler sa gorge. Plus dur que la guerre.
De retour au pays, il n'y a pas un jour sans que Jason n'écrive à Flora. Cela en devient une habitude.
Son pays encore en plein désordre, Flora ne reçoit pas toutes les lettres. Elle répond à celles reçues.
Huit années passent ainsi. Enfin Jason annonce sa venue. Il viendra avec l'avion. Il sera là dimanche.
Jason ne reconnaît pas immédiatement cette magnifique jeune fille qui l'attend là. Avec une corbeille...
Tous droits réservés - © - 2018 -
Maître Robert
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Une belle histoire émouvante même si vous vous fichez de mon avis
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Citation de un.regard.et....plouf
Une belle histoire émouvante même si vous vous fichez de mon avis
Bonsoir Joséphine.
Un retour à la surface, ça faisait longtemps, pour ne pas dire des mois.
Modifié il y a 6 ans, le vendredi 26 octobre 2018 à 21:18
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Citation de un.regard.et....plouf
Qui êtes vous?
Moi?
J'suis un SAVIOR et j'fous les boules a tout l'monde
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Bonsoir.... faudrait déjà que je sache ce qu'est un savior ?
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Citation de un.regard.et....plouf
Bonsoir.... faudrait déjà que je sache ce qu'est un savior ?
C'est le service après vente de l'irresponsabilité organisée récurente.
Nan, j'déconnes. C'est pour jouer avec les mots.
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teddynours (clôturé)
il y a 6 ans
Citation de un.regard.et....plouf
Bonsoir.... faudrait déjà que je sache ce qu'est un savior ?
Un héros de série télévisuelle qui pense pouvoir sauver le monde en y instaurant une forme de dictature.
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Citation de mr.robert
C'est un texte que j'ai publié il y a quelques mois sur d'autres forums. Ce fut un grand plaisir.
L'un de ces forums d'un tout autre genre que celui-ci organisait une sorte de concours littéraire.
Moi qui ai horreur des concours, des compétions et autres défis, je me suis beaucoup amusé à participer.
Quelle agréable surprise au final. Ma démarche est allée au-delà de mon désir de remporter quoi que ce soit.
Je n'écris le plus souvent que pour moi. C'est un acte égoïste. Une sorte d'onanisme livresque et épistolier.
Il m'importe peu de savoir ce que le lecteur pense de mes récits. Je n'écris par pour lui. Son avis m'indiffère.
Je partage néanmoins pour les amoureux de la lecture
Le soldat Jason
Le soldat Jason marche en queue de la section de huit hommes dont il fait partie pour cette mission.
Il profite d'être à la traîne pour s'abriter sous un porche en ruine. Il se soulage contre les planches.
Soudain, une explosion violente et des cris. Jason se réajuste rapidement. Il ramasse son fusil au sol.
Avec prudence, il regarde par l'angle du porche. Les corps de ses sept compagnons gisent là, à terre.
Le soldat Jason a juste le temps de se précipiter dans l'ouverture étroite entre les planches du porche.
Il se glisse à toute vitesse dans le soupirail. Ouverture noire et béante. Son instinct dicte sa conduite.
Le voilà assis dans l'obscurité d'une cave. Le désordre des lieux et les gravats sont ceux d'une ruine.
Le soldat Jason reprend doucement ses esprits. Sa respiration redevient normal. Il est un survivant.
Au dehors, après des cris et des ordres lancés, il n'y a plus qu'un silence oppressant. Très inquiétant.
Il reste un peu d'eau dans sa gourde. Il reste deux barres chocolatées. De biens maigres provisions.
Le soldat Jason trouve enfin le sommeil. Son fusil à ses côtés, couché sur un vieux matelas défoncé.
La journée suivante est marquée par une chaleur étouffante. Il y a de rares bruits de voix. Moteurs.
Jason a fait le tour de sa prison souterraine. Un réduit d'environ 30 m². Il y a une porte en fer au fond.
La faim et la soif commencent à se faire sentir. Sa montre indique 18 h30. Déjà vingt quatre heures ici.
Soudain, là, un bruit de clef. Le cœur de Jason se met à battre en accélérant. Il se saisit de son arme.
Il reste dissimulé derrière l'armoire défoncée. La porte s'ouvre en grinçant. Une silhouette se dessine.
Jason, les sens aux aguets, est prêt à faire feu. << Vous êtes là ? >> fait la voix fluette d'un enfant.
C'est une fillette. Elle doit avoir 12 ans. Elle porte une petite corbeille. Jason se redresse et approche.
Sa surprise passée, le soldat Jason découvre les victuailles dans la corbeille que lui tend la jeune fille.
<< J'ai tout vu hier. J'étais cachée à l'étage. C'est la maison de ma grand- mère ! >> confie la fille.
Elle continue : << Je m'appelle Flora ! Je suis la seule à savoir que vous êtes venu vous cacher là ! >>
Jason dévore la petite miche de pain accompagnée d'un morceau de fromage et d'une bouteille d'eau.
La fillette s'est assise contre le mur. Elle regarde le soldat manger avec appétit. Elle reste silencieuse.
<< Le quartier est occupé. Les rues ne sont pas sûres. Il vous faut rester caché ici ! >> explique Flora.
<< Je viendrais vous apporter à manger chaque fois que je le pourrais ! >> fait elle encore, se levant.
Jason regarde cette étonnante enfant. Juste avant qu'elle ne sorte, il dit : << Je m'appelle Jason ! >>
La fillette referme la porte derrière elle. Le bruit d'une clef qui ferme une serrure. Puis c'est le silence.
Ce repas est tombé à point. Le soldat Jason est épuisé par cette veille dont dépend sa survie. Croit il.
Cette seconde nuit est semblable à la première. Quelques coups de feu au loin. Jason qui se réveille.
Cela se reproduit à plusieurs reprises. Un sommeil sans réelle qualité. La journée suivante est pareille.
Il est aux environs de 18 h30 lorsque le bruit de la clef résonne. Jason ramasse son fusil. Aux aguets.
La porte en fer s'ouvre en grinçant. C'est Flora. Elle s'approche et dépose sa petite corbeille au sol.
<< Bonjour. Il n'y a pas grand chose. Je prends ce que je peux et en cachette ! >> explique t-elle.
Jason, en proie à une faim de loup, découvre le contenu de la corbeille. Juste deux tranches de pain.
Une pomme. Une petite carafe d'eau. << Merci Flora ! Tu me sauves la vie ! > fait le soldat Jason.
Flora s'assoit au même endroit que hier. << Parle moi de toi. Tu viens d'où ? >> demande la fille.
Jason lui raconte un peu de sa vie. Les évènements récents. Il a 20 ans. Il s'est engagé dans l'armée.
Un peu pour fuir une existence médiocre d'apprenti garagiste, un peu pour défendre un vague idéal.
Flora pose de nombreuses questions. Elle se lève. << Il faut que je parte ! >> dit elle, agitant la clef.
Cette présence, ces échanges, cette nourriture, tout cela participe d'un retour aux réalités pour Jason.
Tous les soirs, à la même heure, Flora vient le voir avec sa petite corbeille. Tous les soirs ils parlent.
Jason se prend d'affection pour cette fillette qui s'occupe de lui et qui lui sauve la vie tous les jours.
Depuis deux semaines que cette situation perdure, une véritable amitié s'est liée entre Flora et Jason.
A peine huit ans les séparent. A cet âge de la vie, ces huit années sont un gouffre infranchissable...
Au dehors, les choses semblent se calmer. Le bruit des combats est de plus en plus lointain. Chaleur.
Déjà 18 jours que Jason est caché là, terré dans ce trou. Heureusement, qu'il y a les visites de Flora.
<< Tu vas pouvoir t'enfuir. Dehors la voie est libre ! >> lui apprend Flora, ce soir, en venant le voir.
La fillette s'assoit à côté de Jason. Il la prend contre lui. << Merci pour tout Flora ! >> chuchote t-il.
<< Tu reviendras me voir ? >> fait soudain Flora en posant sa tête sur son épaule. Jason est troublé.
Il détache la chaînette au bout de laquelle pend sa plaque de soldat. Nom, prénom et son matricule.
Jason l'attache au cou de Flora en disant : << Je te jure de revenir un jour ! Et rien que pour toi ! >>
L'émotion est intense. Flora laisse échapper la première larme de la femme qui s'éveille déjà en elle.
Le cœur de Jason bât la chamade. Il serre Flora contre lui. C'est elle qui met un terme à cette effusion.
Elle se lève. << Viens ! >> fait elle en entraînant Jason par la main le long d'un couloir étroit. Sombre.
Ils débouchent dans une cour déserte. << Tu suis la ruelle et tu arrives chez tes amis ! >> fait Flora.
Ils restent un long moment à se regarder. C'est Flora qui dévale à toute vitesse le couloir pour s'enfuir.
Jason marche rapidement le long de la ruelle. Il y a les jeeps, les camarades de son camps. La liberté.
Dans le camion qui emmène les soldats, Jason se retourne et regarde une dernière fois cette maison.
Là, à la fenêtre de l'étage, la silhouette de Flora qui secoue un mouchoir blanc pour lui faire ses adieux.
Jason, pétri d'émotion, ne peut empêcher le sanglot déchirant bruler sa gorge. Plus dur que la guerre.
De retour au pays, il n'y a pas un jour sans que Jason n'écrive à Flora. Cela en devient une habitude.
Son pays encore en plein désordre, Flora ne reçoit pas toutes les lettres. Elle répond à celles reçues.
Huit années passent ainsi. Enfin Jason annonce sa venue. Il viendra avec l'avion. Il sera là dimanche.
Jason ne reconnaît pas immédiatement cette magnifique jeune fille qui l'attend là. Avec une corbeille...
Tous droits réservés - © - 2018 -
Maître Robert
Bel écrit !
D'autant que la fin, avec ses points de suspension laisse au lecteur l'imaginaire de deviner ce qu'il y avait dans la corbeille, cette fois.
Il pourrait n'y avoir que la corbeille vide, ce serait d'autant plus beau, justement par la seule symbolique de cette corbeille, main tendue qui tressa au fil des jours et des jours les liens du partage qui sauva cet homme.
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johanna49 (clôturé)
il y a 5 ans
Oui ! très beau récit ! merci de nous le faire partager !
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