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Puisque la période s'y prête....
Mortel pense quel est dessous la couverture…
Mortel pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
Descharné, desnervé, où les os descouvers,
Depoulpez, desnouez, delaissent leur jointure :
Icy l’une des mains tombe de pourriture,
Les yeux d’autre costé destournez à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pasture :
Le ventre deschiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le né my-rongé difforme le visage ;
Puis connoissant l’estat de ta fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus sçavant et plus sage.
Jean-Baptiste CHASSIGNET
Recueil : "Mespris de la vie et consolation contre la mort"
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Le temps n'est qu'un instant lequel toujours se change,
Le temps n'est qu'un instant lequel dure toujours,
Il dure en se changeant sans avoir ans ny jours,
Puisque ce n'est qu'un poinct, mais un Prothée estrange.
Le passé n'est plus rien, que la Mort qui se vange,
De ne pouvoir du temps entrerompre le cours,
L'advenir n'a point d'estre, et par mille destours
Va, finet, décevant quiconque à luy se range.
Que si le temps plus long n'est autre qu'un instant,
A quoy vous sert, mortels, de vouloir vivre tant,
Sinon pour d'un instant allonger vostre vie ?
Qu'entreprenez-vous donc par vos si longs apprests ?
Nature en un instant n'a ses miracles prests,
Dieu seul pour vous sauver d'un seul instant vous prie.
Antoine Favre, Entretiens spirituels, Sonnet 64
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Lors qu'espris de ce feu l'infortuné
Leandre,
Malgré les
Aquilons fendoit le fil de l'eau :
Guidé de la clairté du nocturne flambeau,
Que pour certain signal
Hero luy souloit pendre,
Forcea tant les destins que sa jeunesse tendre,
Eut pour ne choisir pas le temps serain et beau :
Le feu pour luminaire, et la
Mer pour tombeau,
Et pour lict le rivage où on le veit estendre.
Mon flambeau c'est ton œil plain de douce fureur,
Mon tombeau sont mes pleurs tesmoings de la douleur,
Que je sens nuict et jour pour tes beautez divines.
On le veit palle et froid près de la tour
Cestienne,
On me verra transi près de l'image tienne,
Sur un lict parsemé de chardons et d'espines.
Clovis Hesteau de Nuysement
Les amours
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Citation de morganna
Lors qu'espris de ce feu l'infortuné
Leandre,
Malgré les
Aquilons fendoit le fil de l'eau :
Guidé de la clairté du nocturne flambeau,
Que pour certain signal
Hero luy souloit pendre,
Forcea tant les destins que sa jeunesse tendre,
Eut pour ne choisir pas le temps serain et beau :
Le feu pour luminaire, et la
Mer pour tombeau,
Et pour lict le rivage où on le veit estendre.
Mon flambeau c'est ton œil plain de douce fureur,
Mon tombeau sont mes pleurs tesmoings de la douleur,
Que je sens nuict et jour pour tes beautez divines.
On le veit palle et froid près de la tour
Cestienne,
On me verra transi près de l'image tienne,
Sur un lict parsemé de chardons et d'espines.
Clovis Hesteau de Nuysement
Les amours
Bisou Morganna
Leandre : Jeune homme d'Abydos, amoureux de Héro la prêtresse d'Aphrodite à Sestos, sur le rivage grec opposé. Leandre nageait chaque nuit pour rejoindre Héro, guidé par la lumière d'une tour. Une nuit d'orage, la lumière s'éteignit et Leandre se noya. Lorsque son corps fut rendu par la mer, Héro se précipita du haut de la tour.
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