poussieredecuriosite (clôturé)
il y a 15 ans
Il avait ouvert la vitre...
Dès qu'il avait commencé à le faire,
le vent s'était engouffré,
tel, un voyageur impatient de caresser son visage.
Vent, vent, vent,
glissant, tournoyant, ondulant,
comme pour se chercher un recoin,
parmi le décor en miniature,
fait de bosses et de creux,
comme des minis collines et vallées,
de son visage.
Visage, visage, visage,
qu'il avait tourmenté,
qu'il avait marqué,
par les plis, les sillons des accidents de la vie.
Visage, visage, visage,
dont le temps et cette chienne de vie,
tels un sculpteur à la sensibilité exacerbée,
avait modelé avec son burin,
cette oeuvre un peu tourmentée.
Et le vent,
le vent, le vent, le vent,
qui s'amusait de ses caresses aériennes
à le frôler ;
le frôler, le fouetter,
le frôler, le caresser, le fouetter.
La Musique était là,
elle, depuis plus longtemps que le vent.
Il l'avait mise presque au début.
Elle emplissait l'habitacle,
comme si elle venait d'un peu tous les recoins de celui-ci.
Incantatoire, mélodique, instrumentale ;
musique, musique, musique,
où très rarement, venait s'insinuer une voix.
Musique, musique, musique,
laissant la part belle aux instruments ;
aux sons subtilement égrenés d'un piano,
aux sons aériens et veloutés d'un sahone,
à la suavité d'une contrebasse,
à la luminosité cristalline d'une flûte traversière,
à la douceur et l'émotion d'un violon !
La route défilait devant, toujours.
Route, route, route,
infatigable, elle se dépliait
en longues lignes droites,
en courbes plus ou moins sinueuses.
Routes, routes, routes,
qui devenaient pluriel,
qui se multipliaient au fur et à mesure de cette chevauché mécanique sans but ;
sauf, celui de rouler, rouler, rouler !
Rouler dans la Nuit,
glissement furtif sur l'asphalte.
Parfois, il sollicitait la bête mécanique,
comme pour rompre la monotonie qui parfois l'envahissait.
Alors, la voiture, telle une amante docile,
répondait aux sollicitations de son conducteur.
Ces flancs chauds, frôlait l'asphalte,
avec des rugissements mécaniques,
des vapeurs d'huile, d'essence, mélangées ;
des odeurs de pneus, de gomme brulée.
Bruit, bruit, bruit,
Vent, vent, vent,
Crissement, crissement, crissement
Huile, huile, huile,
Chaud, chaud, chaud,
Odeur, odeur, odeur,
Brulé, brulé, brulé,
Bruit, bruit, bruit,
Vent, vent, vent !
A ce moment, la musique dans l'habitacle s'atténuait ;
le vent s'engouffrait beaucoup plus vite ;
il fouettait vraiment très fort son visage.
Le paysage défilait de façon frénétique,
comme s'il avait voulu se défier au regard.
Les arbres du bord de route,
si tranquilles tout à l'heure,
s'étaient animé en une course échevelée.
Ils défilaient par colonnes,
en une cavalcade endiablée.
Arbres, arbres, arbres ;
vite, vite, vite ;
défilent, défilent, défilent.
Vent, vent, vent !
Bruits, bruits, bruits !
Crissements, crissements, crissements !
Nuit, nuit, nuit !
Alors, au milieu de ce tumulte des airs, des sons, des bruits, du vent ;
il se souvint du glissement furtif dans la nuit !
Il ralentit sa conduite,
pour ne plus entendre que le doux glissement des roues sur la route,
le léger feulement du vent par la vitre,
les quelques sons de cette musique incantatoire qu'il venait de mettre ;
pour ne plus voir qu'un défilé majestueux et tranquille des arbres,
qui rythmaient le bord de la route .
Route, qui était devenue légèrement sinueuse,
baignée par la lumière de la lune.
Et puis, il se souvint qu'on était un soir de pleine lune ;
il se souvint qu'avec la seule lumière de celle-ci, on pouvait assez bien y voir.
Alors, il coupa les feux de sa voiture ;
et la route fut seule éclairée par la lune.
Il aimait cette sensation d'irréalité,
où au milieu de ce paysage devenu sombre,
seule la route apparaissait comme un grand serpent blanc
posé au milieu de nulle part.
Vent doux sur sa joue ;
bruits de la route à peine murmurés ;
musique à la douceur lancinante,
paysage à peine immobile,
grand serpent blanc au milieu de nulle part !
Glissement, glissement, glissement furtif !
Et puis, il se souvint qu'il adorait le violon ;
il se mit un extrait d'un de maîtres de l'Inde du Sud, Subramaniam,
avec cette si belle technique de l'archet,
qui le fait glisser avec tellement d'aisance
entre la ligne de basses et la ligne mélodique ;
parce qu'il pensait que, parfois, le violon c'était à la musique,
ce que l'émotion était aux sentiments...
Il avançait toujours,
un glissement dans la Nuit......
...
NdA : Terrible !......ces programmes-robots du "politiquement correct " qui se permettent de me mettre un curieux smiley au début du mot S a x o p h o n e !......surement, doivent-ils aller chez l'opticien, à confondre ainsi, S a x et S e x !...
...
Modifié il y a 15 ans, le vendredi 13 novembre 2009 à 14:47