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poussieredecuriosite (clôturé)
il y a 13 ans
Il y a dans le paysage musical des interprétations qui vous ont ému, parfois, parce qu'elles explosent, elle sortent tellement de l'ordinaire. Il y a une sublime chanson à laquelle je pense qui en fait partie : " La mémoire et la mer "de Léo FERRE ...avec bien sur, l'interprétation de son auteur originel : http://www.youtube.com/watch?v=Tedh6qktYfE ...mais aussi, l'interprétation de Manu LANN HUEL ; avec une belle émotion dans la voix juste soutenue par les quelques notes d'un piano : http://www.deezer.com/listen-2921532 ...et puis, il y a aussi l'interprétation de Philippe LEOTARD ; étonnante, émouvante ; il a même inversé quelques mots, en a rajouté parfois d'autres (l'était fou ce Léo mais c'était pour la bonne cause celle du talent d'un écorché de la vie), mais quelle est belle cette voix qui les parle, qui les crie, qui les pleure les mots plus qu'elle ne les chante ; avec cette très belle mélodie et les trilles de cet accordéon incantatoire qui vient et revient comme un ressac de la mer : http://www.deezer.com/listen-901789 Des mots...une mélodie...de l'émotion...et toujours des mots...si beaux ! " La marée je l'ai dans le coeur Qui me remonte comme un signe Je meurs de ma petite soeur De mon enfant et de mon cygne Un bateau ça dépend comment On l'arrime au port de justesse Il pleure de mon firmament Des années-lumière et j'en laisse Je suis le fantôme Jersey Celui qui vient les soirs de frime Te lancer la brume en baisers Et te ramasser dans ses rimes Comme le trémail de juillet Où luisait le loup solitaire Celui que je voyais briller Aux doigts du sable de la terre Rappelle-toi ce chien de mer Que nous libérions sur parole Et qui gueule dans le désert Des goémons de nécropole Je suis sûr que la vie est là Avec ses poumons de flanelle Quand il pleure de ces temps-là Le froid tout gris qui nous appelle Je me souviens des soirs là-bas Et des sprints gagnés sur l'écume Cette bave des chevaux ras Au ras des rocs qui se consument Ô l'ange des plaisirs perdus Ô rumeurs d'une autre habitude Mes désirs dès lors ne sont plus Qu'un chagrin de ma solitude Et le diable des soirs conquis Avec ses pâleurs de rescousse Et le squale des paradis Dans le milieu mouillé de mousse Reviens fille verte des fjords Reviens violon des violonades Dans le port fanfarent les cors Pour le retour des camarades Ô parfum rare des salants Dans le poivre feu des gerçures Quand j'allais géométrisant Mon âme au creux de ta blessure Dans le désordre de ton cul Poissé dans les draps d'aube fine Je voyais un vitrail de plus Et toi fille verte mon spleen Les coquillages figurants Sous les sunlights cassés liquides Jouent de la castagnette tant Qu'on dirait l'Espagne livide Dieu des granits ayez pitié De leur vocation de parure Quand le couteau vient s'immiscer Dans leur castagnette figure Et je voyais ce qu'on pressent Quand on pressent l'entrevoyure Entre les persiennes du sang Et que les globules figurent Une mathématique bleue Dans cette mer jamais étale D'où nous remonte peu à peu Cette mémoire des étoiles Cette rumeur qui vient de là Sous l'arc copain où je m'aveugle Ces mains qui me font du flafla Ces mains ruminantes qui meuglent Cette rumeur me suit longtemps Comme un mendiant sous l'anathème Comme l'ombre qui perd son temps À dessiner mon théorème Et sur mon maquillage roux S'en vient battre comme une porte Cette rumeur qui va debout Dans la rue aux musiques mortes C'est fini la mer c'est fini Sur la plage le sable bêle Comme des moutons d'infini Quand la mer bergère m'appelle " (La mémoire et la mer - Léo FERRE) Ce texte si merveilleusement poétique et si incompréhensible pour certains, un peu compréhensible pour d'autres ; seul son auteur, Léo FERRE, savait vraiment de quoi il retournait. Ce texte il parle de tellement de choses, de toutes ces choses qui croisent le chemin d'un humain et dont il prend les effets de plein fouet pour peu qu'il se soit fait accompagner de la sensibilité et de l'émotion. Les mots dans leur si grande intensité, ils ne sont pas toujours assemblés de façon classique ; parfois, ils ne forment pas les phrases habituelles, sujet-verbe-complément d'objet ; ils sont chantés, pleurés, criés dans un apparent désordre quand à un sens immédiat ; et pourtant ils ont tellement à dire...beaucoup comme la vie qui nous chante, qui nous pleure, qui nous crie la joie, l'amour, la passion, la douleur, le regret, l'oubli, le souvenir. Ce texte, tous les mots qui le compose, il est comme une auberge espagnole...il vous invite à la table de son message, mais il ne vous raconte de grandes choses que pour peu que vous vouliez bien lui offrir en retour, en partage, une humilité, une sensibilité dans son écoute ; et aussi pour peu que vous ayez apporté dans votre " panier de victuailles " beaucoup des émotions de la vie. Je ne sais pas quoi dire de plus par rapport à ce texte...oh et puis si !...mais finalement non !...parce que tout ce que je ne pourrai jamais en dire n'égalera l'émotion que j'ai à chaque fois que je l'écoute.
Modifié il y a 13 ans, le mardi 17 mai 2011 à 05:22
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C était très beau, merci...
A mon tour, voici une proposition d interprétatio par Richard Desjardins. La chanson Nataq, un texte poétique, univers un peu étrange, très beau. J ai noté les paroles.
Bonne écoute.
http://youtu.be/V1NQD-drIqI
Parole de chanson Nataq
Toi, tu es ce soleil aveuglant les étoiles ;
Quand tu parles au mourant sa douleur est si douce.
Pour trouver le racage et tuer l'animal,
Pour trouver le refuge tu es mieux que nous tous,
Nataq.
Je dis que je ne peux rêver la vie sans toi.
J'ai la mémoire des eaux où je me suis baignée.
Maintenant que tu vis, que je rêve à la fois,
Tout mon être voudrait que tu sois le dernier,
Nataq.
Mais je ne veux pas mourir sur ce rocher accore
A la vue des autres, abusée par les dieux.
Il n'y a pas de fleurs pour jeter sur mon corps,
Et qui donc frappera le tambour de l'adieu ?
Je te le redis, je te suivrai dans la fosse,
Mais je veux de la terre, ô Nataq, tu m'entends !
Si cela te convient, si la vie nous exauce,
Nous serons ensemble jusqu'à la fin des temps.
Mais je suis si inquiète, la lumlère retarde
Un peu plus chaque jour, ton silence m'opprime.
Ouvre les yeux et vois que les loups nous regardent,
Ils ont déjà choisi le moment, la victime.
Et voilà que s'échappe dans ce ciel obscurci
Le souffle du chaman étranglé de remords.
Vois ! il tremble de peur et ses doigts sont noircis,
Et pendant que je t'aime, il appelle la mort.
Si la mort se hasarde où s'achève le monde
Sois certain qu'elle ne viendra pas que pour lui ;
Cachons bien nos blessures, elle s'en vient pour le nombre.
Ô Nataq bien-aîmé, moi, mon cœur a conclu,
Moi, je meurs de mourir dans ce funeste camp.
Oui, nous sommes perdus comme nul ne le fut,
Oui, nous sommes perdus mains encore vivants.
Ouvre les yeux et vois cette nuée d'oiseaux
A l'assaut de la mer inconnue, où vont-ils ?
Moi je dis que là-bas il y a des roseaux ;
Allons voir, allons voir ; je devine des îles
Où le jour se lève, me nourrit et se couche,
Sur des plumes divines et des cavernes sûres.
Il y aura de l'eau chaude comme ta bouche
Pour accoucher la fille et fermer sa blessure.
A ton signe, à ta voix, recueillis sous tes lances,
Des troupeaux de bisons réclamant sacrifices,
Et quand éclatera la lune d'abondance,
Des orages de fruits pour que vive ton fils.
Ton destin est le mien, nous ne mangerons plus ;
Nous irons frayer aux savanes intérieures,
Et tu t'enflammeras mon désir pur et nu ;
Que je hurle ta joie, que tu craches mon cœur.
Et si par miracle nos prières parviennent
A calmer ces dieux fous que ta douleur fascine,
Je n'accepterai pas que l'un d'eux me ramène
Où j'ai pleuré du sable et mangé des racines.
Je ne retourne pas sur les lieux anciens,
Sous les lois de guerriers débouchant aux clairières,
La mémoire brûlée, le flambeau à la main ;
S'il me faut retourner, je retourne à la mer.
Je suis jeune, Nataq, comme un faon dans l'aurore,
Et la vie veut de moi et voudrait que tu viennes ;
Réveillons la horde, je l'entends qui l'implore ;
Attachons les épaves aux vessies des baleines.
Nous serons les premiers à goûter aux amandes ;
Traversons, traversons, amenons qui le evut.
Aime-moi ! >>Aide-moi ! Mon ventre veut fendre.
Je suis pleine, Nataq, il me faudra du feu.
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poussieredecuriosite (clôturé)
il y a 13 ans
Merci ...... (alias Josephine BAKER) pour le partage de beaux textes. Je ne connaissais pas ce Richard DESJARDINS...un gars d'part chez vous. Une autre grande interprétation...mais cette fois d'un musicien pour une oeuvre...enfin, une musicienne, une violoniste. Je ne suis pas du tout musicien, mais j'écoute énormément de musique...beaucoup d'oeuvres pour violons en particulier. Peut-être parce que le violon se rapproche de la voix humaine par sa sonorité et son vibrato. De toutes les oeuvres pour violon et parmi celles interprétées, il y en a une qui m'a vraiment encore plus étonné, c'est la version de la Chaconne de Jean Sebastien BACH par Hillary HAHN Des versions de la Chaconne, j'en ai écouté, par de grands interprètes ; mais, celle d'Hillary HAHN je lui trouve une autre dimension...la juste économie d'une virtuosité que d'autres mettraient trop en avant...un si judicieux mélange entre la justesse de la ligne mélodique continue et les envolées où les notes cristallines aussi bien que les graves profonds viennent accentuer avec juste ce qu'il faut pour conférer au tout, une très grande fluidité (par exemple, un passage très flagrant dans cette alternance de virtuosité technique et de fluidité...vers les 8,oo Mn). C'est peut être ça...une grande fluidité ajoutée à un son unique (elle joue, non sur un Stradivarius, mais sur un violon de Jean Batiste VIULLAUME, un "Del Gesu" de 1864, à la sonorité différente,plus ronde,plus chaude ) qui me fait tant aimer cette œuvre : http://www.youtube.com/watch?v=5uCdKH_zHVs (Partie 1/2) http://www.youtube.com/watch?v=CdtU0T4Ukd8 ( Partie 2/2)
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Nina SIMONE ou... tout l art de donner ou putôt prêter vie à une chanson. elle est passée à montréal dans les 90, bien intentionnée mais la voix -et la Grâce - n y étaient pas ... ce qui mute un alignement de mots en une grande interprétation. reste ses enregistrements: I put a spell on you [youtube][/youtube]
Modifié il y a 13 ans, le samedi 18 juin 2011 à 16:25
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poussieredecuriosite (clôturé)
il y a 13 ans
Citation de "josephine.baker"Nina SIMONE ou... tout l art de donner ou plutôt prêter vie à une chanson. Elle est passée à Montréal dans les 90, bien intentionnée mais la voix et la Grâce n'y étaient pas ... ce qui mute un alignement de mots en une grande interprétation...reste ses enregistrements: I put a spell on you : http://youtu.be/8Y99tXNxV5s Pas toujours évident, sur la longueur d'une carrière, pour un artiste de se renouveler ; surtout lors qu’à certains moment donnés, il s'est produit comme une sorte d’état de grâce. Une autre chanteuse de Jazz, Ella FITZGERALD, laquelle pour une déjà très belle interprétation de "Sommertime" à ses débuts : http://www.youtube.com/watch?v=MIDOEsQL7lA ...a trouvé la manière d'y mettre encore plus d'émotion, en 1962 à Berlin : http://www.youtube.com/watch?v=1j6avX7ebkM
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Lisa Gerrard - une vraie solonnelle. elle a été du groupe Dead can dance avec son complice Brendan Perry - lui aussi - une voix d exception. un extrait The carnaval is over de leur disque (mon préféré) Toward the within. http://youtu.be/LtNFQ7RJbaQ
Modifié il y a 13 ans, le lundi 1 août 2011 à 19:12
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jean-guihen queyras. ici il interprète bach. mais c est surtout son cd vivaldi cello concertos qui m a suivi et servi en auto tout cet automne. de quoi magnifier toutes les routes, toutes les natures. merci. http://youtu.be/WWQ9i_MlG-0
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looserman31 (clôturé)
il y a 9 ans
Up.
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