A cette heure-là, déjà bien avancée dans la soirée, le feu crépite dans les chaumières des bourgades. Les femmes filent leur fil au fuseau ou font quelques broderies, les hommes jouent du violon, du pipeau pour le plus grand ravissement des enfants. Pour autant, voilà que dans les ruelles nombres d’hommes sonnent du Clairon. L’on en dénombre quatre en tout. Des hommes allant de la vingtaine à un âge bien mûre. Tranquillement, ils se font la voix, puis, font sauter un sceau de cire rouge pour dérouler à ce qui semblerait être une ordonnance d’un des Seigneurs de la Région. Point du tout mes Amis ! Ne vous méprenez pas si vite. Ils ne sont pas là pour clamer l’augmentation du Sel, ou pour arrêter certains badauds. Le souffle fait, le plus jeune commence à articuler le plus clairement possible pour la foule qui vient à peine de se rassembler.
« Oyez, Oyez brave gens !
A ceux qui veulent profiter de la vie, vivre leurs plaisirs et en faire profiter les autres.
A ceux qui ne désirent que passer le temps d'une soirée dans une salle chaude et accueillante, à ceux qui ne veulent que dépenser leurs maigres sous en jeux et distractions.
A ceux qui veulent s'évader au pas d'une danse, se permettre quelques folies à la faveur de la nuit.
Enfin, à tous ceux qui ne trouvent pas de raison de venir, mais viendrons tout de même, vous êtes gracieusement invités dans le Manoir d'Io aux alentours des fêtes chrétiennes sera donné un bal, en l'honneur de n'importe quoi. »
Des femmes, dont les mains étouffées un gloussement de surprise tinrent à peu ce langage à d’autres, qui curieuses sifflaient des qui, des quoi ou des comment. La surprise était-elle que bien des personnes crurent à une mauvaise plaisanterie d’un de ces gais lurons du coin. Du tout mes Amis, à l’instant même où le discours fut terminé, qu’un des hommes au col piqué d’une épingle s’empressa de clouer la dite feuille.
Et l’on pouvait lire par la suite…
« Sont donc conviés qui veulent bien se présenter aux portes lorsque l'heure sera venue. Et seront chassés ceux qui veulent s'attarder une fois les portes closes.
Nous, hommes, n'avons d'autre prétention que de passer un agréable moment en votre compagnie, c'est pourquoi il n'est besoin d'aucun titre, d'aucune richesse pour entrer.
Riches et gueux, manants et seigneurs sont invités à la même enseigne, pour une soirée et une nuit de plaisir et d'échanges, de conversations au coin du feu et d'oubli de la vie courante.
Il sera fourni de plus amples informations dans le courant des jours prochains. »
Ci fait, les quatre hommes disparurent au détour d’une ruelle. La populace restante demeura un bref moment perplexe pour la seconde d’après s'hâter de saluer pareille invitation.
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