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il y a 7 ans
Les huîtres triploïdes
A l’origine, « beaucoup ont trouvé ça intéressant », commente Joël Labbé, et ce pour deux raisons principales. Non seulement, elles sont « consommables toutes l’année », mais sont commercialisables en seulement « deux ans », au lieu de trois pour les huîtres naturelles. « Tout le monde a cru que c’était une aubaine » à quelques ostréiculteurs près qui sont restés fidèles aux modes de production traditionnels, raconte Joël Labbé. De son côté l’élu écologiste admet que dès l’origine, il avait « beaucoup de doutes ».
En fait, dès le départ, on a pu observer de façon « précupante » des taux de mortalité très élevés chez les ‘naissains’ – les larves des huîtres toutes confondues, triploïdes ou naturelles. En cause, la présence d’un herpèsvirus (appelé OsHV-1). Quatre ans plus tard, dès 2012, c’est au tour des huîtres ‘adultes’ d’être frappées par une forte mortalité, cette fois du fait de la présence d’une bactérie. Prétendues plus ‘résistantes’ –les huîtres triploïdes sont finalement les plus touchées. En fait, la bactérie existait déjà dans le milieu avant l’arrivée de la triploïde, explique Joël Labbé. Mais, l’arrivée en masse d’une huître plus fragile dans le milieu naturel a exacerbé la prolifération de cette bactérie.
Actuellement, le « paradoxe » signale l’élu écologiste, c’est qu’on est quasiment en situation de « surproduction ». En anticipant des taux de mortalité élevés sur leur production, les ostréiculteurs ont fortement augmenté leur nombre de naissains. Non seulement cela a entraîné « une plus grande pression sur le milieu », mais il s’en est suivi une chute importante des cours en cette fin de printemps. Sur les étales des marchés, les ostréiculteurs ont dû vendre leurs huîtres triploïdes à prix bradé pour écouler leurs stocks. Or, l’histoire ne s’arrête pas là car « il y a très peu de temps » on a découvert que « 13,5% des huîtres triploïdes sont laiteuses » informe le sénateur écologiste.
Huître naturelle, huître triploïde, quelle différence ?
Mise au point en 2000 par l’Ifremer, l’huître triploïde a été produite et commercialisée massivement à partir de 2008. Les huîtres triploïdes sont des « organismes vivants modifiés ». Au lieu des 10 paires de chromosomes qui composent l’appareil génétique d’une huître naturelle, les huîtres triploïdes possèdent des triplets. Concrètement, cela signifie que les larves triploïdes ne peuvent être produites qu’en écloserie alors que traditionnellement, les naissains se récoltent en mer. Comme elles sont stériles, les huîtres triploïdes sont consommables toute l’année, y compris l’été, c’est pourquoi on les appelle aussi « huîtres des quatre saisons ». En fait, elles ne sont jamais laiteuses comme le deviennent les huîtres naturelles au moment de la reproduction. L’énergie qu’elles n’utilisent pas en période de reproduction, elles la mettent à profit pour grossir plus vite. Il suffit donc de deux ans au lieu de trois pour les commercialiser. Par Natacha Gorwitz
Modifié il y a 7 ans, le mercredi 21 décembre 2016 à 18:01