jim555 (clôturé)
il y a 12 ans
French National Front Leader Urges Recognition of French Crimes in Algeria
Wednesday, 7 March 2012
The leader of the French nationalist party, the National Front Marine Le Pen has urged the authorities to recognise the atrocities committed by the French during the Algerian war during 1954-1962 and then think about the recognition of the "Armenian genocide", CNN Turk TV channel reported.
"The French must also consider their bad attitude to the Algerians who fought on their side," Le Pen said.
The Constitutional Court of France earlier repealed a law criminalising denial of the so-called "Armenian genocide".
The Council justified it by the fact that the law contradicts Article 33 of the Constitution of France and freedom of speech.
On Jan 23, after an eight-hour debate, the Senate adopted the bill criminalising denial of the so-called "Armenian genocide". Some 127 senators voted in favour, while 86 voted against.
The bill demands a year's imprisonment and a fine of 45,000 euro for denying the so-called genocide.
Wednesday, 7 March 2012
12 août 1959
Enfumades du Dahra (18 juin 1845)
Article connexe : Dahra (Chlef).
Le 18 juin 1845, le colonel Pélissier n'hésite pas à asphyxier plus de 1 000 personnes, hommes, femmes et enfants, des Ouled Riah, qui s'étaient réfugiées dans la grotte de Ghar-el-Frechih dans le Dahra (triangle Ténès, Cherchell, Miliana).
Un soldat écrit : « Les grottes sont immenses ; on a compté 760 cadavres ; une soixantaine d'individus seulement sont sortis, aux trois quart morts ; quarante n'ont pu survivre ; dix sont à l'ambulance, dangereusement malades ; les dix derniers,
qui peuvent se traîner encore, ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus ; ils n'ont plus qu'à pleurer sur des ruines. » [réf. souhaitée]
Après ce massacre, Pélissier fait mine de consciences inquiètes : « La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. »
[modifier]
« Emmurades » des Sbehas (Ouled Sbih) de Aïn-Meran (du 8 au 12 août 1845)
Saint-Arnaud fera mieux que Cavaignac et Pélissier. Le 8 août 1845 il découvre 500 Algériens qui s'abritent dans une grotte entre Ténés et Mostaganem (Aïn-Meran). Ils refusent de se rendre. Saint-Arnaud ordonne à ses soldats de les emmurer vivants.
« Je fais boucher hermétiquement toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n'est descendu dans les cavernes. Personne que moi ne sait qu'il y a dessous 500 brigands qui
n'égorgeront plus les Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal, sans poésie terrible ni images. Frère, personne n'est bon par goût et par nature comme moi. Du 8 au 12, j'ai été malade, mais ma conscience ne me reproche rien. J'ai fait mon devoir. »
Indochine, Algérie : « du bon usage colonial » du napalm (Par Alain Ruscio historien)
lundi 12 mars 2012.
Source : http://www.humanite.fr/2007-10-09_Tribune-libre_-Indochine-Algerie-du-bon-usage-colonial-du-napalm
Être un historien de la guerre dite « française » d’Indochine est parfois un peu lassant... On a trop souvent l’impression de révéler des faits connus, certes, de la (petite) communauté des spécialistes, mais découverts avec stupéfaction par des gens pourtant par ailleurs curieux et même érudits. Il faut donc rappeler, lapalissadement mais inlassablement, qu’avant la guerre d’Algérie (1954-1962), il y eut la guerre d’Indochine (1945-1954), qu’avant le 1er novembre 1954 (Toussaint des Aurès) il y eut... le 7 mai 1954 (choc de Diên Biên Phu).C’est à cette prééminence chronologique, dont les peuples de la région se seraient bien passés, que l’Indochine doit son statut de « laboratoire » de l’Algérie.
Il y a quelques années, avec le débat sur le drame de l’usage de la torture lors de la guerre d’Algérie, nous avons été quelques-uns à rappeler que bien des officiers gégéneurs (nous avons les noms) qui s’étaient tristement illustrés, lors du conflit franco-algérien, avaient fourbi leurs armes sur les rives du Fleuve rouge ou dans la jungle indochinoise. Ce qui ne signifie évidemment pas que l’étendue de cette gangrène fut la même dans les deux conflits.
La sortie du film l’Ennemi intime, de Florent Emilio Siri, sur un scénario de Patrick Rotman, a amené bien des journalistes, bien des observateurs et, bientôt, le grand public, à découvrir avec horreur que le napalm, cette essence gélifiée qui portait la mort enflammée, fut une arme utilisée lors du conflit franco-algérien. Certains ont même ajouté : finalement, nous avions fait la même chose en Algérie que, plus tard, les Américains au Vietnam.
Mais la terre vietnamienne n’a pas attendu les sinistres B52 US pour connaître l’horreur du napalm. Il y a bien longtemps que ses fils avaient reçu cet enfer du ciel, lancé par des avions... français.Prévert, peut-être le premier, avait lancé un cri d’alarme, dès 1953 :« Cependant que très loin on allume des lampions des lampions au napalm sur de pauvres paillotes et des femmes et des hommes des enfants du Vietnam dorment les yeux grands ouverts sur la terre brûlée... »
Et c’est l’un des héros de la saga militaire française du XXe siècle, le général (fait maréchal à titre posthume) de Lattre qui a été le père de cette utilisation.
Père honteux ? Père caché ? Non pas.De Lattre est nommé commandant en chef du corps expéditionnaire français en Indochine le 6 décembre 1950, au lendemain d’un premier désastre, dit de la RC4 (route Cao Bang-Lang Son), au Nord Tonkin. Ses premières instructions, début janvier 1951, rapportées avec ferveur par Lucien ard, sont les suivantes : « Que toute la chasse y soit, que cela mitraille, que cela bombarde. Du napalm, du napalm en masse ; je veux que, tout autour,
ça grille les Viets » (on ne disait pas, alors, Vietnamiens, c’eût été trop d’honneur, pour nommer l’adversaire).
Il n’a pas à attendre longtemps. Dès la mi-janvier, un nouveau choc a lieu avec les troupes viêt-minh, près de Vinh Yen, toujours au Tonkin. S’il faut donner une date d’apparition du napalm au Vietnam, c’est donc celle-ci : 15 janvier 1951 (nous sommes donc huit années pleines avant l’intrigue de l’Ennemi intime). Le correspondant du Monde, Charles Favrel, décrit alors le spectacle :
« La bataille fait rage. Les King Cobra et les Hélicat rasent les crêtes, et le terrifiant napalm anéantit une brigade ennemie. » Terrifiant : Favrel a utilisé le mot approprié.
Il suffit de lire les Mémoires des combattants vietnamiens d’alors, lorsqu’ils découvrirent les effets du napalm, pour en être convaincu.
Là où Favrel a du mal à cacher son horreur, ard, toujours lui, ne peut masquer une certaine jubilation : « En quelques secondes, tout est embrasé, tout est léché par une langue de feu ; et puis il ne reste plus que des colonnes d’énormes fumées grasses et noires. Il n’a pas fallu une minute pour que la "chose" brûle la colline entière - et alors je comprends.
C’est le napalm. Je viens d’assister à
son premier jet, à la première mousson du liquide incandescent en Indochine (...). Maintenant le napalm règne sur tout le paysage - volutes rouges et tourbillons noirs. Là où il y avait la nature, dans sa verdoyance, il ne reste plus que des taches calcinées où plus rien ne brûle, ou même plus rien ne fume - la paix du feu.
Je redescends encore une fois du mirador. Les aviateurs, à leurs micros, clament que les flammes ont couru plus vite que
les Viets, elles en ont rattrapé et englouti des centaines, des milliers peut-être. Ils ont vu des hommes s’enfuir et être happés par-derrière - ils continuaient encore à courir quelques mètres, torches vivantes qui s’éteignaient en quelques secondes. »
Dès lors, cet usage ne cessera plus. À chaque fois que le corps expéditionnaire fut en difficulté, et il le fut de plus en plus, le napalm fut l’arme suprême. Jusque et y compris à Diên Biên Phu.
Ce qui n’arrêta évidemment pas le cours des choses. Mais il n’est pas inutile de rappeler à cette France en voie de sarkoïsation, fière de ses valeurs, fière de son passé colonial, que le feu tricolore tua souvent et marqua bien des peaux indigènes.
Dzira Le camp de Torture
voici le texte inédit de ALLA BELHADJ sur les événements de la Dzira en 1960.
« L’histoire nous inspire une aversion, une horreur pour le crime, fût-il revêtu de pourpre et placé sur le trône » -Rollin-
A partir du mois d’août 1960, pris de court par la précipitation des évènements : Audience élargie du FLN au sein des populations, succès militaires remportés par l’ALN d’une part, les négociations secrètes entres les autorités officielles de Paris et des représentants du GPRA sur des perspectives d’indépendance de l’Algérie, d’autre part, le pouvoir colonial ne trouve pas mieux que de s’acharner sur des populations civiles, sans défense, en les déportant en masse au lieu dit " la DZIRA".
Lorsque l’on étudie les structures du camp de la DZIRA, la composition humaine chargée de son fonctionnement, l’on comprend mieux que ce camp ne fut pas improvisé mais conçu dans des buts bien précis : démanteler, du moins, bouleverser l’organisation du FLN et son aile armée l’ALN.
Le secteur militaire d’Ain Sefra s’étendait d’Ain Sefra ville, à Hjerat le Meguil ; NON, ce n’était pas Buchenwald ou Auschwitz, en terre d’Allemagne ; C’était la Dzira, en terre algérienne, plus exactement Ain Sefra, ville martyre et porte flambeau du nationalisme dans le sud-ouest oranais. C’est là que fut construit un camp de concentration pour populations civiles.
Si la 2em guerre mondiale n’avait pas pris fin en mai 1945, l’on se serait cru en face d’un authentique camp de déportation hitlérien. En effet, la Dzira était une analogie frappante avec les camps de concentration hitlériens par les cruautés que subissaient les détenus, analogie, aussi, par l’isolement du lieu : 5 k d’Ain-Sefra, à hauteur du Sud-Est du Ksar Sidi Boutkhil.
La Dzira n’était qu’un « cliché » assez réduit d’un système honni qui ne se différenciait, en rien, du système Nazi ni par les conditions de détention, ni par la détermination d’exterminer le plus grand nombre de personnes dont le crime était d’avoir dit non à la colonisation de leur pays.
Beaucoup d’entre ces familles gardent, jusqu’à présent, des séquelles physiques et psychologiques. Humiliés, avilis, des hommes et des femmes étaient parqués sans la moindre considération de leur personne, dans des espaces spécialement aménagés, entourés de fils barbelés et de lignes électrifiées, chef d œuvre digne des conceptions racistes les plus basses.
Les détenus vivaient l’enfer sur place qu’aucune morale ne pouvait tolérer. On y torturait, on y assassinait au non d’un système en déclin. Déjà minés par les conditions de détention inimaginables, les détenus n’avaient, pour visiteurs, que des vautours, rapaces voraces, à l’extrême et qui attendaient, impatiemment, d’intervenir à leur tour.
La détention massive et sans ménagement de civils fait penser à celle pratiquée par le régime hitlérien d’alors, à cela auréolée, par l’extermination de millions d’êtres humains, dans des conditions horribles.
Roger Ikor déclarait « ce qui frappe dans l’extermination raciste hitlérienne, c’est la bestialité de machine »
Dans la Dzira, les détenus n’étaient pas loin de cette théorie diabolique qu’ils enduraient.
L’apogée de l’horreur, les détenus vivaient l’horreur poussée à son apogée extrême.
Entassés les uns sur les autres dans des cellules étroites et sans commodité aucune, ils ne pouvaient même pas marcher. Aussi étaient-ils obligés de se tenir debout en dépit de la fatigue et de la faim. A force de rester dans cette position pénible, les membres inférieurs s’ankylosaient. Ce n’était que le baptême prélude à une incarcération qui allait s’annoncer des plus abominables que l’humanité connut.
Le 2em bureau était chargé des interrogations « préliminaires » dites, aussi, de « sélections » et dont dépendaient la vie et la mort de toute personne. Aux yeux de l’administration, tout le monde était suspect. A la tête du 2em bureau se trouvait, généralement, un capitaine officier de Renseignements de l’armée, aidé de sous-officiers et d’éléments subalternes c’était lui qui conduisait les interrogations lesquelles duraient, parfois, jusque tard, dans la nuit.
Le détenu était placé sur une chaise métallique, les bras liés derrière le dos, une lampe de forte puissance, allumée et braquée sur son visage tiré et ruisselant de sueur.
Les internements ne s’arrêtaient pas, seulement aux interrogations, hélas, il y avait : la baignoire, les électrodes, la suspension par les pieds, l’ingurgitation d’eau mélangée à du savon, la position allongée sur le ventre, les bras et pieds écartés, avec un poids de pierre sur la nuque et j’en passe..
Une horreur inqualifiable que de simples mots ne peuvent décrire. Quel que soit le jugement de valeur que l’on porte sur les conditions de détention de la Dzira, la vérité reste bien en déca de ce que les détenus y vécurent, dans la réalité.
Seuls les survivants peuvent, en connaissance de cause, relater ce vécu infernal.
Aux abois, le pouvoir ne faisait aucune distinction entre les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes. Parlant de femme, je cite, ici Zohra Bent El Assel, une femme à la force de caractère et qui, de son temps, s&rsquoposait, aux poings aux légionnaires étrangers.
Le 2em Bureau, sorte de gestapo à la Française, faisait subir à ces femmes le même sort incarcéré que celui réservé aux hommes. Le 2em bureau était appelé ironiquement « bureau psychologique » sans doute pour ne pas effaroucher nos populations.
La liste, ci-dessus, montre, à bien des égards, que des familles entières étaient arbitrairement internées dans ce lieu :
- Gordo Laredj - Brik Miloud - Gordo Hadj Ahmed - Sebti Belkacem - Gordo Brahim - Merine Boutkhil - Alla Belhadj - Benatta Ohammed -Alla Abderrahmane - Benatta Hadj Mahi
Alla Hammani - Beghdadi Miloud - Bouchetata Abdallah - Beghdadi Abdelkader - Bouchetata Miloud -Beghdadi Mustapha - Mechraoui Mohammed - Beghdadi Hadj Cheikh
Bahtou Abdelkader - Choumane Ben Amor - Sadok Abderrahmane - Hamadouq Belkheir dit “le mukadem” - Ziane Hamida - Bouamrane Abdelkader - Zeroual Kaddour
Benmiloud Si Kada - Boudaoud Boutkhil - Benmiloud Mohamed - Bendimia Salem - Achour Abdelkader - Djmiel Brahim - Chikhaoui Mohamed - Bendimia Boudjemaa
- Boughoufala Ahmed -Fellah Boudjemaa - Lessehal Aballah - Chenguitti Boutkhil - Lessehal Tahar - Litim Boudjemaa - Belkacimi Abdelkader - Belkacimi Kaci - Radi Mohamed - Bouchareb Mohamed - Benamara Mansour - Zinai Djillali - Merine Mohamed Boubekeur - Boukhalfa Abderrahmane - Benallal Abdelkader - Fardeheb Belkacem - Gasmi Tayeb - Boukhelif Ahmed - Kassou Abderrahmane et Zineb ( sa femme) - Zeroual Boualem - Medkouk Ahmed - Tabet Kheira - Touamdia Kada - Boughrara Kheira - Abdennebi
Il faut ajouter ceux de Asla de Bousemghoun et les Mjadba. (....et beaucoup d'autres que l'auteur a oublié de mentionner...)
Malgré les sévices distillés avec raffinement et sadisme, les détenus ne dénoncèrent, à aucun moment de leur détention, leurs camarades de lutte qui étaient encore en liberté.
C’était, là, une épreuve évidente de courage et d’abnégation qui venait rehausser, plus, leur idéal patriotique. Englobant les Ksours de Sfissifa, Bousemghoun, Moghrar et Tiout.
Le camp de la Dzira se trouvait sous la responsabilité du colonel DESEZE, commandant de la 2em REI, secondé du commandant MET, chef d’état-major.
Le 2em bureau, dirigé par le capitaine Camus, était composé d’éléments spécialement formés pour les tortures et interrogations de « suspects » et de moudjahidine faits prisonniers au cours d’accrochages. Ces éléments étaient dits « délégués aux tortures", tels :
-Le lieutenant Jutiez, qui, en fait dirigeait le camp. Il avait droit de vie et de mort sur les prisonniers
-Le sergent chef CADARS, ancien collaborateurq de Vichy et intégré dans la légion étrangère en 1945.
-Le lieutenant FOUCHET, de la DST de Saida.
-Le lieutenant Djebbour Abdelkader
-Le sous-lieutenant Martin du 17em RA stationné à Tiout.
-Les gendarmes, détachés au 2em Bureau : Le Floch - Torez Attelyn - Martinez Ferrer Foukier
Il est à noter que des chiens policiers, dressés en la circonstance, prenaient part aux tortures.
les fours à chaux d'Helliopolis et de Vilars comparables à ceux d'Auschwitz ont bel et bien existé à, près de Guelma et à la sortie de Sétif.Après les massacres de Sétif et Guelma le 8 mai 1945. une thèse de doctorat soutenue par Jean-Pierre Peyroulou en France montre que le lendemain du 8 mai 1945 les corps des victimes algériens furent déterrés et à l'instar des nazis la barbarie française à brûlé les cabavres dansles fours à chaux d'Héliopolis , fours de la honte.La thèse confirme
que cadavres furent brûlés dans le four à chaud d'un colon, conseiller général de Guelma. Selon Jean-Pierre Peyroulou les français voulaient effacer toute preuve de leurs crimes de guerre.
La répression, menée par l'armée et la milice de Guelma, est d’une incroyable violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Le croiseur Duguay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif11. L'aviation bombarde et rase plus ou moins complètement plusieurs agglomérations kabyles. Une cinquantaine de « mechtas » sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition
dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux. À l’image d’une milice de 200 personnes qui se forme à Guelma sous l'impulsion du sous-préfet André Achiary qui distribue toutes les armes disponibles21, soit les 60 fusils de guerre qui équipaient les tirailleurs et se livre à une véritable chasse aux émeutiers. Pendant deux mois21, l’Est de l’Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière.
repression du 08 1945 en un mois pour 102 colons:Le consul général américain à Alger de l'époque a établi le nombre de victimes indigènes par la répression de l'armée à 40 00030. Ce chiffre sera repris par les milieux nationalistes puis par le gouvernement algérien qui, commémorant ces massacres chaque année, parle des « 45 000 morts des massacres de Sétif ».
Marcel Bigeard
Si j'avais été algérien, j'aurais été fellouze(fln).
9 mai 1945: Répression de l'insurrection de Sétif et Guelma (Algérie)
Tant à Sétif qu'à Guelma le fil des événements est le même. La nouvelle des violences policières se répand aux environs et des groupes d'Algériens se forment, s'arment de ce qu'ils trouvent et attaquent les Européens. Les évènements de Sétif sont connus dès le matin du 8 à Kherrata. L'après-midi, les Européens s'affolent et se retranchent dans le fort Dussaix avec des armes. L'appel au djihad se répand dans les villages alentour. Le lendemain des Européens sont attaqués, leurs maisons incendiées. Dix Européens sont tués et quatre blessés. Depuis le fort Dussaix les Européens tirent sur la foule. Les automitrailleuses de l'armée arrivent vers midi et tirent dans le tas. L'artillerie de marine, l'aviation, et le soir la Légion suivent. Toute la région de Sétif et de Kherrata s'enflamme ainsi. On comptera 88 à 103 morts et 150 blessés dans la population européenne. La réaction des autorités est immédiate; gendarmerie, armée, blindés, aviation, artillerie de marine et milices d'Européens interviennent. Les insurgés du 9 sont vite obligés de fuir dans les montagnes.
La répression est atroce. Kateb Yacine avait seize ans, il était à Sétif: « On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues ... La répression était aveugle; c'était un grand massacre. J'ai vu les Sénégalais qui tuaient, violaient, volaient... bien sûr, après l'état de siège, l'armée commandait. »63
Un témoin déclare à Henri Alleg : « Les légionnaires prenaient les nourrissons par les pieds, les faisaient tournoyer et les jetaient contre les parois de pierre où leurs chairs s'éparpillaient sur les rochers. »64
« Entre Sétif et le pays, on ne peut circuler, il y a des tirailleurs sénégalais qui tirent sur tout passant comme le cas s'est produit à Aït Saïr. Dans ce dernier village, on a brûlé des gens, qui avaient tué le garde forestier, et incendié plus de vingt maisons. »65
« [A Kef-El-Boumba] J'ai vu des Français faire descendre d'un camion cinq personnes les mains ligotées, les mettre sur la route, les arroser d'essence avant de les brûler vivants. Une commission d'enquête fut instituée. Mais les assassins pour masquer leur crime, en commirent de plus horribles. Ils prirent en effet les cadavres et les jetèrent dans des fours à chaux. L'opération dura une semaine complète. »66
Benhamla Saci habitait à l'époque à 500 mètres du four à chaux d'Héliopolis. Il est toujours obsédé par la « fumée bleue des cadavres, l'insupportable odeur de chair brûlée et le va-et-vient continuel des camions »67
« Le peuple fut massacré sans sommation et sans pitié..., les gorges de Kherrata s'emplissaient de cadavres. Des gens étaient balancés morts ou vifs dans des crevasses profondes... »68. La Légion Étrangère grave en face du premier tunnel dans les grottes: « Légion étrangère: 1945 » . Cette inscription rappelle l'horreur de la répression. Les prisonniers étaient égorgés et jetés dans le ravin à partir du pont qui porte le nom de Hanouz, assassiné à cet endroit avec ses trois enfants.
L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en choeur: « Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien »69. Certains, après ces cérémonies, étaient embarqués et assassinés.
Les milices, en particulier celle du sous-préfet de Guelma, Achiary, participent activement à la répression par des exécutions sommaires. « Je voyais des camions qui sortaient de la ville [Guelma] et, après les intervalles de dix à quinze minutes, j'entendais des coups de feu. Cela a duré deux mois; les miliciens ramassaient les gens partout pour les tuer. Les exécutions se faisaient surtout à Kef-El-Boumba et à la carrière de Hadj M'Barak »70
Mohamed Chouadria, député de Constantine, accuse les miliciens réunis par le sous-préfet Achiary, l'administrateur Raymond et le colon Schemoul: « Des fusillades en masse eurent lieu: je voudrais attirer l'attention sur la répression sanglante, sauvage, inhumaine à Villars (Oued Cheham). En la présence des habitants des douars environnants et devant Achiary, neuf Musulmans furent alignés devant les murs et fusillés dans le dos par des miliciens volontaires, réunis sous les ordres d'Achiary et de Raymond qui disait: « Vengez-vous, messieurs les colons! » Dans un petit centre près de Guelma, Schemoul, avec l'aide de quinze prisonniers italiens, a tué de pauvres fellahs et même une malheureuse femme. »71
Les milices sévissent à Sétif, à Annaba, à Chevreul. Ferhat Abbas accuse le préfet de Constantine, Lestrade-Carbonnel d'avoir ordonné de tirer, de tuer les Arabes72.
Il y eut enfin la répression judiciaire, 7 400 arrestations, 151 condamnations à mort.
Des commission d'enquête sur les excès de la répression - l'une dirigée par le général Tubert, l'autre par le commissaire Berge - sont constituées, mais leur travail est empêché.
En 1832, deux ans après le débarquement français en Algérie, une sombre affaire de vol commis par des membres de la tribu des Ouffas provoque la colère du gouverneur d'Alger, le duc de Rovigo, qui vient d'être nommé par la France. En représailles, il lance contre les Ouffas une attaque au cours de laquelle « tout ce qui y vivait fut voué à la mort » : « En revenant de cette funeste expédition, racontera le colonel Pélissier de Reynaud, plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances et une d'elles servit, dit-on, à un horrible festin [1] . » Simple dérapage d'un colonel français, ou massacre prémédité ? « Des têtes. Apportez des têtes, aurait demandé à l'époque le gouverneur d'Alger. Bouchez les conduites d'eau crevées avec la tête d'un Bédouin que vous rencontrerez. » Bilan, « il y eut douze mille morts chez les Ouffas. On trouva, les jours suivants, bracelets et boucles d'oreilles en abondance au marché algérois de Bab-Azoun. La devise de Rovigo était : "On m'a coupé trois têtes ; si dans 48 heures les coupables ne me sont pas livrés, j'irai chez vous et je prendrai trois cents têtes ; et il tenait parole" [2] . »
Dès lors, et jusqu'en 1848, les troupes françaises engagées dans la conquête de l'Algérie multiplient les expéditions meurtrières. En 1834, une mission parlementaire dresse à son retour d'Algérie un sévère bilan de la conquête : « En un mot, nous avons débordé en barbarie les barbares que nous venions civiliser et nous nous plaignons de ne pas réussir auprès d'eux [3] . » À partir de 1837 et l'arrivée de la Légion étrangère commandée par Achille de Saint-Arnaud sous la supervision du général Bugeaud, les massacres délibérés prennent une dimension effarante. L'objectif affiché, que l'on n'hésiterait pas aujourd'hui à qualifier de génocidaire, est de réduire les effectifs des populations algériennes, pour permettre à la colonisation de prendre ses aises. L'expression consacrée est : « Comprimer les Arabes » - elle est d'Alexis de Tocqueville, qui préférait cela à l'« extermination » des Indiens en Amérique.
Pour Bugeaud, le but « n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [.] de jouir de leurs champs ». « Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [.], ou bien exterminez-les jusqu'au dernier [4] » : cela s'appelle la razzia. Et la razzia devient bientôt routine : « Nous tombions sur une portion de la tribu des Garabas qui a été surprise, gobée, dévalisée : neuf cent quarante-trois boufs, trois mille moutons et chèvres, trois cents ânes, soixante chevaux, trois mulets, vingt chameaux, force poules, beaucoup de tapis, des tentes, de l'orge, du blé, de l'argent, etc., sept femmes et quelques hommes (ceux qui n'ont pas pu se sauver ont été tués), je crois qu'il est difficile de faire razzia plus complète. [.] Tant mieux, c'est très amusant », écrit le lieutenant-colonel de Montagnac, un de ces nombreux militaires français arrivés en Algérie avec le grade de lieutenant et repartis une quinzaine d'années plus tard avec celui de général. « Les femmes, les enfants accrochés dans les épaisses broussailles qu'ils sont obligés de traverser, se rendent à nous, continue de Montagnac. On tue, on égorge ; les cris des épouvantés, des mourants, se mêlent au bruit des bestiaux qui mugissent, bêlent de tous côtés. Chaque soldat arrive avec quelques pauvres femmes ou enfants qu'il chasse, comme des bêtes, devant lui [.]. Vous me demandez ce que nous faisons des femmes que nous prenons. On en garde quelques-unes comme otages, les autres sont échangées contre des chevaux, et le reste est vendu, à l'enchère, comme bêtes de somme. Parmi ces femmes, il y en a souvent de très jolies [5] . »
« Jamais peut-être une occupation ne s'est faite avec autant de désordre, même dans les siècles les plus barbares », écrira Pélissier de Reynaud dans ses chroniques algériennes en 1839. De retour d'un voyage d'enquête en Algérie en 1841, Alexis de Tocqueville admettra : « Nous faisons la guerre de façon beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes. [.] C'est, quant à présent, de leur côté que la civilisation se rencontre [6] . »
Février 1842, Tlemcen. Le lieutenant-colonel de Montagnac raconte l'ambiance qui règne dans un camp dressé par La Moricière, un officier polytechnicien connu pour avoir systématisé les massacres en les rebaptisant razzias, du nom de la pratique ancestrale de l'ennemi lui-même [7] : « Il y a partout un pied de neige, hommes et chevaux, tout est couvert d'un manteau de frimas ; l'aspect du bivouac a quelque chose de sinistre. On n'entend que le bêlement des moutons et les cris des quelques malheureux enfants que nous avons pris, et qui meurent de froid dans les bras de leurs mères. [.] À dix heures du matin, nous levons notre triste camp et nous nous dirigeons vers l'emplacement où, la veille, nous avions fait cette fameuse razzia et où nous avions trouvé plus de 6 000 têtes de bétail. Le terrain que nous parcourons est jonché de cadavres de chèvres, de moutons, morts de froid ; quelques hommes, femmes, enfants, gisent dans les broussailles, morts ou mourants. [.] La Moricière profita de notre séjour à Frendah pour faire rechercher, par une colonne de quatre cents hommes, les bestiaux que nous avions laissés la veille ; cette colonne rencontra dans toutes les directions des cadavres d'hommes, de femmes, d'enfants. Ces malheureux, après avoir épuisé toutes leurs facultés physiques, étaient tombés anéantis. Cette expédition, par un temps horrible, a eu des conséquences immenses pour l'accomplissement de notre ouvre : toutes les fractions de tribus, et surtout la grande portion de Hachem, se sont rendues immédiatement. Il ne nous reste plus maintenant qu'à organiser ces nombreuses populations et à polir enfin l'ouvre immense que nous venons de terminer dans l'espace de quatre mois d'hiver. » Suite à cette expédition, La Moricière recevra la Légion d'honneur. Commentaire du général de Martimprey : « Cette campagne peut être considérée comme la cause la plus efficace de la conquête ; elle comptera dans les plus belles pages des annales de l'armée française. »
« Toutes les populations qui n'acceptent pas nos conditions doivent être rasées », écrit le lieutenant-colonel de Montagnac en mars 1843. « Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d'âge ni de sexe : l'herbe ne doit plus pousser où l'armée française a mis le pied. Qui veut la fin veut les moyens, quoi qu'en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j'ai l'honneur de commander sont prévenus par moi-même que s'il leur arrive de m'amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. [.] Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu'à l'âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs ; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampe pas devant nous comme des chiens [8] . » Et les razzias redoublent de férocité.
Juillet 1845, Dahra, le long du littoral à l'ouest d'Alger, vers Ténès. Le général Bugeaud préconise d'agir sans ménagement avec les fuyards, hommes, femmes, enfants et troupeaux, qui se réfugient dans les cavernes : « Enfumez-les comme des renards ! » Le colonel Pélissier (à ne pas confondre avec Pélissier de Reynaud, cité précédemment) s'exécute. « "À bout de patience", face au "fanatisme sauvage de ces malheureux" qui exigent, pour sortir, que l'armée française s'éloigne, il fait mettre le feu à l'entrée des cavernes. Le matin, tout est consommé. Cinq cents victimes, dit le rapport officiel. Aux environs de mille, témoignera un officier espagnol présent », qui donnera une description détaillée du drame : « Rien ne pourrait donner idée de l'horrible spectacle que présentait la caverne. Tous les cadavres étaient nus, dans des positions qui indiquaient les convulsions qu'ils avaient dû éprouver avant d'expirer. Le sang leur sortait par la bouche [9] . » Une partie de la population de la grotte est morte piétinée par les animaux affolés. Telle est l'ouvre qui distinguera Pélissier, lequel dira : « La peau d'un de mes tambours avait plus de prix que la peau de tous ces misérables [10] . »
Pour Saint-Arnaud, l'essentiel est que « le colonel Pélissier et moi, nous étions chargés de soumettre le Dahra, et le Dahra est soumis ». D'ailleurs, il raconte lui-même sa propre « enfumade » des Sbéahs : « Alors je fais hermétiquement boucher toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. [.] Personne que moi ne sait qu'il y a làessous cinq cents brigands qui n'égorgeront plus les Français. » Un mois plus tard : « Je n'ai pas encore tout à fait fini avec les Sbéahs, mais cela avance. À la fin de l'expédition, j'aurai tué ou pris plus de deux mille Sbéahs. La tribu entière compte de dix à douze mille âmes. Et peut-être ne seront-ils pas corrigés [11] ? »
En 1849, c'est la prise de l'oasis de Zaâtcha ; l'assaut se termine par un massacre général, qui donne lieu à des « scènes déplorables » : « Les zouaves, dans l'enivrement de leur victoire, se précipitaient avec fureur sur les malheureuses victimes qui n'avaient pu fuir. Ici, un soldat amputait, en plaisantant, le sein d'une pauvre femme, qui demandait comme une grâce d'être achevée et expirait quelques instants après dans les souffrances ; là un autre soldat prenait par les jambes un petit enfant et lui brisait la cervelle contre la muraille ; ailleurs, c'était d'autres scènes qu'un être dégradé peut seul comprendre et qu'une bouche honnête ne peut raconter », relate un témoin, Baudricour, tandis que le colonel Dumontel, parlant du même événement, ne fait pas dans la dentelle : « L'élan de nos soldats a été admirable. [.] Le sévère châtiment infligé à cette oasis a produit un salutaire effet [12] . »
Quelques années plus tard, prise de Laghouat, racontée par Eugène Fromentin, « jeune peintre et tendre écrivain », dans Un été dans le Sahara : « Sur les deux mille et quelque cent cadavres que l'on releva les jours suivants, plus des deux tiers furent trouvés en ville. On marchait sur du sang ; les cadavres empêchaient de passer. On dit que pendant longtemps la ville sentit la mort ; et je ne suis pas sûr que l'odeur ait entièrement disparu. Quand on eut enfoui tous les morts, il ne resta plus personne dans la ville, exceptés les douze cents hommes de garnison. Les survivants avaient pris la fuite. Les chiens eux-mêmes, épouvantés, privés de leur maître, émigrèrent en masse et ne sont pas revenus [13] . »
À l'issue de ces années d'horreur, l'Algérie a perdu le quart de sa population : de 1830 à 1849, sur une population estimée à 3 millions d'habitants à l'arrivée des Français, la conquête fait 700 000 morts. Au cours du siècle qui suit, jalonné de révoltes brutalement réprimées, la mémoire de cette guerre génocidaire restera inscrite dans les esprits de plusieurs générations.
1945-1962 : la « guerre contre-insurrectionnelle »
On peut considérer que la deuxième guerre d'Algérie commence véritablement en mai 1945, à Sétif. Ce jour-là, la population « indigène » est autorisée à manifester pacifiquement pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans la foule, surgit soudain un drapeau algérien. Furieuse, la police intervient pour s'en emparer, mais elle provoque une échauffourée. Une fusillade éclate. L'émeute se déchaîne, les manifestants s'en prennent aux Européens, à Sétif et dans plusieurs localités de la région. Bilan du côté des colons : cent deux (ou cent trois) tués, cent dix blessés et dix viols [14] .
La répression, conduite par l'armée française, mais aussi par des milices européennes déchaînées, sera d'une incroyable violence et fera des milliers de victimes : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas par la Marine et l'aviation. Le bilan ne pourra jamais être établi. Selon l'historienne Annie Rey-Goldzeiguer, « la seule affirmation possible, c'est que le chiffre dépasse le centuple des pertes européennes et que reste, dans les mémoires de tous, le souvenir d'un massacre qui a marqué cette génération [15] ».
Ce n'est donc pas un hasard si l'histoire semble se répéter dans la même région, en août 1955, dix mois après le déclenchement de la guerre d'indépendance. Responsable local de l'Armée de libération nationale (ALN), Youssef Zighout incite la population du Constantinois à se révolter, comme le rapporte l'historien Gilbert Meynier, auteur d'une magistrale histoire du FLN : « Le 20 août, en fin de matinée, en une trentaine de points du Constantinois, accompagnés de femmes et d'enfants, plusieurs milliers de paysans, sommairement armés de bâtons, haches, faucilles, fourches, serpes de démasclage de liège, couteaux, soigneusement encadrés de djounoud [combattants de l'ALN] en armes, s'élancèrent contre les civils - surtout européens - et contre des objectifs militaires ou administratifs. [.] Comme dix ans plus tôt, la répression fut impitoyable. [.] Des mechtas entières furent exterminées. Des centaines de gens furent enfermés au stade de Skikda où se produisirent des assassinats de masse. Des milices européennes surexcitées se livrèrent à la chasse à l'Arabe, en particulier lors des obsèques de soixante Européens à Skikda. Le maire de Skikda, Benquet Crevaux, se vanta d'avoir tiré de son balcon sur tout passant qui n'était pas européen. [.] Un rapport militaire rapporte que soixante civils auraient été exécutés sans jugement à El-Khroub et enterrés au lieu-dit Saroui. Un autre mentionne pour le seul secteur d'El-Harrouch sept cent cinquante morts [16] . » Bilan total : quelque 5 000 civils assassinés.
Janvier 1957, Kabylie. Récit de l'écrivain Mouloud Féraoun : « Des viols systématiques sont commis aux Ouadhias. Les soldats ont eu quartier libre pour souiller, tuer, brûler. Les maquisards de leur côté ont cru bon d'accabler la population et de la terroriser pour éviter qu'elle ne se rallie [aux Français]. C'est à qui se montrera le plus cruel, du fellagha ou du soldat. L'un pour continuer à dominer les ruines, l'autre pour les libérer de cette domination. [.] Après la mort du lieutenant Jacote, [.] le douar a été ratissé. Le premier village fut carrément vidé de ses habitants. Dans les autres villages, on a cueilli tous les hommes. Les hommes ont été enfermés tous ensemble durant quinze jours. On en a tué environ quatre-vingts, fusillés par petits paquets chaque soir. On faisait préparer les tombes à l'avance. Par ailleurs, après quinze jours, on a constaté que plus de cent autres avaient disparu. On suppose qu'ils ont été enfermés dans des gourbis pleins de paille et brûlés. Aucun gourbi, aucune meule ne subsiste dans les champs. Les femmes sont restées dans les villages, chez elles. Ordre leur fut donné de laisser les portes ouvertes et de séjourner isolément dans les différentes pièces de chaque maison. Le douar fut donc transformé en un populeux BMC [bordel militaire de campagne] où furent lâchées les compagnies de chasseurs alpins ou autres légionnaires. Cent cinquante jeunes filles ont pu trouver refuge au couvent des Sours blanches et chez les Pères blancs. On ne trouve aucune trace de quelques autres [17] . »
Dans un documentaire de Patrick Rotman, diffusé sur France 3 en 2002, un ancien appelé confirme que la région des Ouadhias devint quelques jours durant un immense bordel. Pire : il révèle qu'un jour, un soldat sort un nourrisson de son berceau et lui fracasse la tête en le projetant contre un mur. Poussé à la confidence, il avouera finalement être lui-même l'auteur de ce terrible geste [18] .
Cette année 1957, Tahar Zbiri, officier de l'ALN, fait état dans l'Aurès de « civils sommairement exécutés ou jetés dans le vide à bord d'hélicoptères ou du haut d'un ravin, de tortures collectives, de femmes mises à nu puis déchiquetées par des chiens excités par de sadiques paras à bannir du rang de l'humanité ». Ces évocations, écrit Gilbert Meynier, « concordent avec le célèbre article de Robert Bonnaud, paru en avril 1957 dans la revue Esprit, et intitulé "La paix des Nementchas" [19] ». Dans le Nord-Constantinois, à Béni-Tlilane, « douar de 2 000 habitants, il y aurait eu près d'une centaine d'exécutions et l'oued aurait été teinté en rouge. Des hommes auraient été obligés de creuser leur tombe avant d'être abattus. D'autres auraient été enterrés vivants ou achevés à coups de hache [20] ».
De nombreux corps ne peuvent être enterrés ; ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata en Kabylie. Des miliciens utilisent les fours à chaux pour faire disparaître des cadavres27. Saci Benhamla, qui habitait à quelques centaines de mètres du four à chaux d’Héliopolis, décrit l’insupportable odeur de chair brûlée et l’incessant va-et-vient des camions venant décharger les cadavres, qui brûlaient ensuite en dégageant une fumée bleuâtre
Famines en Algérie (1860-1872)
Contexte : la France réquisitionne les récoltes d’Algérie pour nourrir ses soldats participant aux guerres extérieures.
Bilan : environ 600 000 Algériens morts.
"Nous en pleurons encore aujourd'hui,48 ans après, à l'évocation du massacre perpétré par l'armée française et qui s'était soldé par l'assassinat de 26 hommes, la mutilation de 60 autres personnes entre femmes et enfants, le traumatisme de centaines de villageois, marqués à vie dans l'âme et la chair, la tuerie de 3000 bêtes entre chevaux, bœufs, moutons et caprins, la démolition de toutes les maisons du village qui abritaient alors 107 familles, l'incendie des symboles identitaires, source, mausolée, mosquée" affirme Tayev Taqorabet, le dépositaire des fragments brûlants de l'histoire du village. Aït-Amar-Ouzeggane est un village d'une centaine de maisons en ruines. Il a été rayé de la carte par l'armée française lors de la sanglante bataille du 5 avril 1956 en représailles à la bataille du 21 janvier 1956 où les pertes françaises étaient très lourdes. Nous avons rencontré des moudjahidines, et de simples citoyens qui ont survécu au déluge de feu pour évoquer les douloureux souvenirs de cette année d'enfer. Pour se rendre à Aït-Amar-Ouzeggane, il faut remonter le chemin vicinal qui relie le chef-lieu de daïra d'Ighrem au village martyr blotti dans le massif du Chellata à 1500 m d'altitude. La route défoncée parsemée de-nids-de-poule, de chicanes, serpente dangereusement entre les champs d'oliviers centenaires jusqu'en contrebas de Tazaghart où l'olivier, malmené par les inhabituelles chutes de neige de cet hiver, cède le terrain aux frênes souffreteux (Aslen) et aux chênes majestueux (achekrid). A 1200 m d'altitude, la route bitumée file vers Tighilt-Makhlouf à l'ouest, alors que trois kilomètres de piste, nous séparent des ruines d'Aït-Amar-Ouzeggane."Cette piste est très étroite, c'est la population qui l'a réalisée dans les années 70, l'Etat est absent de nos montagnes" affirme l'octogénaire Lakhdar Fetiouene, l'un des moussebilines qui a participé à la glorieuse bataille du 21 janvier 1956 et qui a survécu au massacre perpétré par l'armée coloniale le 5 avril 1956. Après un virage en épingle, les ruines du village des Aït-Amar-Ouzeggane, jamais reconstruit, apparaissent : une véritable carte postale des années 60, avec comme toile de fond le manteau neigeux qui recouvre les monts du Chellata. Sur notre gauche, un homme laboure le flanc de la montagne avec une charrue traditionnelle tirée par une paire de chevaux blanc et bai. "C'est Tayeb Taqorabet, un miraculé. Il porte dans la mémoire toutes les péripéties de la grande bataille, toutes les images du massacre, il avait alors 14 ans. Il a vécu, en direct la mort de nombreux enfants de son âge. Il a plus que jamais besoin de dire, se délivrer"
"Je n'avais pour me défendre que des you-yous"Tala, la source, reconstruite par un bénévolat populaire surplombe les ruines, des dizaines de maisons sans toitures, de simple murets de pierre grise et jaunâtre qui s'enchevêtrent, traversés par des ruelles étroites. "Ces pierres peuvent parler, il faut juste savoir les écouter. Regardez-là, les impacts d'obus, là-bas, les cicatrices du massacre. Même la roche s'en souvient" affirme, ému, Tayev le laboureur, dernier dresseur de chevaux du Djurdjura méridional. Les derniers moudjahidine et les survivants au massacre perpétré par l'armée coloniale sont les figurants de l'évocation de la tragédie entre les murets de pierre dans la maison qui a servi de refuge au colonel Amirouche. "Il n'y a que chez vous que j'ose me déchausser disait le colonel Amirouche qui a formé les premiers groupes de moussebilines. Ceux-là même qui ont donné une leçon à l'armée française sur ces collines le 21 janvier 1956. Ce jour-là, la France a perdu plus de 100 soldats dont plusieurs officiers. Trois mois plus tard, l'armée coloniale est revenue se venger avec une puissance de feu que nous n'avons jamais imaginée. Avions, artillerie, fantassins par milliers, ont rayé de la carte notre village en tuant, brûlant, détruisant. Nous nous sommes défendus jusqu'à la dernière cartouche, avant de nous replier dans les montagnes", raconte Ammi Lakhdar dans cette douloureuse atmosphère d'évocation, de narration cafouilleuse où le besoin de dire, prime sur tout autre souci. Ils libèrent le souvenir dans un grand soulagement. Il y'a longtemps qu'ils veulent se délester de ce lourd fardeau. Ils trouvent enfin aujourd'hui des épaules prêtes à les relayer, des bras forts capables de hisser haut l'étendard qu'ils ont jalousement protégé de toutes les atteintes, toutes les dénaturations. "Nous pouvons partir l'âme en paix, le devoir accompli, nous sommes tranquilles maintenant que nos jeunes sont disposés à reprendre le flambeau" affirme Madani Takorabet, le vieux moussebel. Takorabet Zahoua, une septuagénaire qui a survécu aux deux batailles de cette terrifiante année 1956.
"Que nos enfants sachent de qui ils tiennent"En mal d'écoute, elle vide son cœur des lourdes brûlures, des douleurs trop longtemps contenues, trop souvent narrées à voix basse à des personnes sans intérêt : "J'ai perdu mon père Makhlouf et mon frère Mahmoud le même jour. Ils sont morts pour notre honneur, notre dignité. Nous nous sommes battus contre la horde sauvage avec nos pauvres moyens de paysans de montagne, face aux mortiers, aux avions, aux fusils modernes qui crachaient la mort par rafales, les soldats, des Français et des Noirs, affluaient comme des sauterelles, ils tuaient brûlaient, éventraient en ricanant. Nous nous sommes défendus comme des lions. On ne demande rien à personne, nous voulons juste que l'on reconnaissance nos indicibles sacrifices pour que nos enfants sachent de qui ils tiennent". Sa cousine Takorabet Fatima, elle, y a laissé son mari, le moudjahid Hidja Idir. "Mon fils avait sept mois dans mon ventre, je lui ai donné le prénom de son père, il le porte fièrement, c'était un holme de grande valeur". Et de narrer sous l'étreinte de l'émotion, les batailles de 1956 dans le menu détail, marquée par cette atmosphère de fin du monde où pour se défendre et protéger les siens, elle n'avait que des yous-yous. Comme pour confirmer la disponibilité de la jeune génération à s'occuper de la réhabilitation de la mémoire régionale, Mouloud Salhi, le dynamique bénévole du mouvement associatif constate : "On dirait que l'histoire s'est soudain arrêtée en 1956 dans notre village oublié. Je ne désespère pas qu'un jour les sacrifices de cette région soient reconnus et qu'une réhabilitation conséquente s'en suive, il y va de l'intérêt national".Après ce génocide, les rescapés, traumatisés, s'étaient dispersés sur toute la région. On retrouve leurs descendants à Tasfart, à Boumessaoud et El-Hemmam sur la rive droite de la Soummam, mais également dans le gros bourg d'Akbou et les grandes villes comme Alger, Oran, Blida… seules quelques familles vivent de nos jours, à côté des ruines du village du saint Sidi-M'hand-Saïd, notamment celle du sympathique Taqorabet Tayev. "Renaître est notre rêve, ressusciter notre village par le réveil de la mémoire et transmettre aux nôtres et à toute l'Algérie l'histoire des Aït-Amar-Ouzeggane massacrés par l'armée française le 5 avril 1956 après l'héroïque bataille du 21 janvier 1956" voilà, résumée par Saïd Salhi, l'un des membres de Tajmaât, le comité du village, l'espérance des Aït-Amar-Ouzeggane.
« Vous pouvez violer, mais faites ça discrètement... » Dans les mechtas éloignées ou à Alger, dans les centres d’interrogatoire, les sévices sexuels étaient fréquents. Mais le poids de la honte a longtemps étouffé les témoignages
« Les morts ne font pas de mal… » Voilà ce que répond la vieille dame, ce jour de septembre 1988, à celui qui lui demande pourquoi elle vit là, dans une grotte aménagée au milieu des tombes du cimetière de Sidi Yahia, à Alger. L’homme qui pose la question s’appelle Mohammed Garne, il a 25 ans alors, et c’est la première fois qu’il voit la vieille femme, Kheïra, surnommée « la Louve ». Kheïra est sa mère. Et lui, Mohammed, est né d’un viol collectif commis par des militaires français. En 1959, Kheïra a 15 ans, elle fuit le bombardement du massif de l’Ouarsenis par les troupes du général Challe. Les militaires la découvrent recroquevillée de peur dans un arbre calciné. Ils l’emmènent au camp de regroupement de Theniet-el-Haad au sud-ouest d’Alger. Kheïra est violée à plusieurs reprises. Quand elle tombe enceinte, les gardiens du camp essaient de la faire avorter en la torturant à coups de pied, à l’eau et à l’électricité. En vain, l’enfant naît le 19 avril 1960, il est confié à une nourrice et se retrouve à l’âge d’un an à l’hôpital d’Alger, rachitique et porteur d’une fracture du crâne. Il est adopté par un couple d’intellectuels algériens qui sombrent dans l’alcool. Un jour, son père adoptif lui crie qu’il est le « fils d’une pute ! ». Et Mohammed repart pour dix ans à l’orphelinat. Plus tard, de petits délits en tentatives de suicide, Mohammed dérive jusqu’au jour où il décide de retrouver sa vraie mère. D’abord Kheïra préfère nier : « Tu es le fils d’un héros de l’indépendance. » Mais le père présumé est stérile et elle finit par craquer et se confesser. Ensuite, c’est l’histoire d’une longue bataille juridique. Au terme de laquelle la caisse des pensions finit par reconnaître – oh, du bout des lèvres – les « violences fœtales » subies par Mohammed. Et imputables à l’Etat français. Mohammed Garne, qui a aujourd’hui 41 ans, ne s’est jamais remis des coups reçus par sa mère. On lui attribue une pension de… 945 francs par mois. Peu importe ! Pour la première fois, Mohammed, enfant né d’un viol commis par des militaires français pendant la guerre d’Algérie, est reconnu comme une « victime de guerre ». Et les autres ?
comme le commando de chasse dénommé P16 (partisan 16), harkis dépendant des chasseurs alpins : « Ce commando, c’était les SS en Algérie, raconte toujours Zéo, pourtant endurci. Ils ont violé des gamines de 10, de 11, de 12 ans. On voyait des pères venir nous voir en pleurant : "Ils ont cassé ma fille." » Dans certains villages, le viol n’est plus un « accident », mais une pratique quasi habituelle, la plaie et la honte d’une région. Mouloud Feraoun, instituteur et écrivain, ami de Roblès et de Camus, assassiné par l’OAS en 1962, a tenu un Journal (4) en Kabylie : « A Aït-Idir, descente des militaires pendant la nuit. Le lendemain, douze femmes seulement consentent à avouer qu’elles ont été violées. A Taourirt-M., les soldats passent trois nuits comme en un bordel gratuit. Dans un village des Béni-Ouacifs, on a compté cinquante-six bâtards. Chez nous, la plupart des jolies femmes ont subi les militaires. Fatma a vu sa fille et sa bru violées devant elle. » On viole avec le consentement des gradés. Mais quand ceui s’y opposent, les appelés obéissent. Tout dépend du chef, de son autorité, de sa morale. Contre-exemple : « Trois infirmières rebelles ont été faites prisonnières. Le colonel fait aussitôt déménager trois de ses officiers […] et aménager leurs chambres pour les trois captives, raconte un militaire, Jean-Yves Alquier. Pendant les cinq jours où ces filles d’une vingtaine d’années furent nos prisonnières, une garde spéciale fut montée devant leurs chambres pour éloigner les "importuns" éventuels (5). » Les djebels, les douars de Kabylie ou des Aurès ne sont pas les seuls endroits où les femmes risquent ce genre de torture
"PIRE QUE DES CHIENS"
"Dans mon commando, les viols étaient tout à fait courants. Avant les descentes dans les mechtas (maisons en torchis), l’officier nous disait : "Violez, mais faites cela discrètement"", raconte Benoît Rey, appelé comme infirmier dans le Nord constantinois à partir de septembre1959, et qui a relaté son expérience dans un livre, Les Egorgeurs. "Cela faisait partie de nos "avantages" et était considéré en quelque sorte comme un dû. On ne se posait aucune question morale sur ce sujet. La mentalité qui régnait, c’est que, d’abord, il s’agissait de femmes et, ensuite, de femmes arabes, alors vous imaginez..." Sur la centaine d’hommes de son commando, "parmi lesquels des harkis redoutables", précise-t-il, une vingtaine profitait régulièrement des occasions offertes par les opérations de contrôle ou de ratissage. A l’exception de deux ou trois, les autres se taisaient, même si ces violences les mettaient mal à l’aise. La peur d’être accusé de soutenir le Front de libération nationale (FLN) en s&rsquoposant à ces pratiques était si vive que le mutisme était la règle.
"Les prisonniers qu’on torturait dans ma compagnie, c’étaient presque toujours des femmes, raconte de son côté l’ancien sergent Jean Vuillez, appelé en octobre 1960 dans le secteur de Constantine. Les hommes, eux, étaient partis au maquis, ou bien avaient été envoyés dans un camp de regroupement entouré de barbelés électrifiés à El Milia. Vous n’imaginez pas les traitements qui étaient réservés aux femmes. Trois adjudants les "interrogeaient" régulièrement dans leurs chambres. En mars 1961, j’en ai vu quatre agoniser dans une cave pendant huit jours, torturées quotidiennement à l’eau salée et à coups de pioche dans les seins. Les cadavres nus de trois d’entre elles ont ensuite été balancés sur un talus, au bord de la route de Collo."
Affecté comme appelé en 1961 à la villa Sesini (nommée aussi par erreur Susini), Henri Pouillot révèle avoir assisté à une centaine de viols en l’espace de dix mois, dans ce qui était le plus célèbre des centres d’interrogatoire et de torture de l’armée française à Alger. De ses souvenirs, il vient de faire un livre douloureux mais au ton juste, La Villa Susini (Ed. Tirésias). "Les femmes étaient violées en moyenne neuf fois sur dix, en fonction de leur âge et de leur physique, raconte-t-il. On s’arrangeait, lors des rafles dans Alger, pour en capturer une ou deux uniquement pour les besoins de la troupe. Elles pouvaient rester un, deux, ou trois jours, parfois plus." Pour Henri Pouillot, il y avait deux catégories de viols : "Ceux qui étaient destinés à faire parler, et les viols "de confort", de défoulement, les plus nombreux, qui avaient lieu en général dans les chambrées, pour des raisons de commodité." Il se souvient que la quinzaine d’hommes affectés à la villa Sesini avait "une liberté totale" dans ce domaine. "Il n’y avait aucun interdit. Les viols étaient une torture comme une autre, c’était juste un complément qu’offraient les femmes, à la différence des hommes."
Le 17 octobre 1961 alors que la guerre d’Algérie touche à sa fin, le FLN appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris pour dénoncer le couvre-feu raciste imposé quelques jours plus tôt aux Algériens et par extension à tous les Maghrébins (obligation d’être sans cesse isolé, et interdiction aux travailleurs algériens de sortir de 20h30 à 5h30, les cafés tenus par des musulmans doivent fermer à 19h...). Cette manifestation rassemble environ 30.000 personnes.
Le préfet de police de Paris, Maurice Papon, qui a reçu carte blanche des plus hautes autorités, dont de Gaulle, lance, avec 7.000 policiers, une répression sanglante. Il y aura 11.730 arrestations, et peut-être beaucoup plus de 200 morts, noyés ou exécutés, parmi les Algériens.
Ce crime au coeur de l’État français n’a toujours pas été reconnu officiellement alors même que les partisans de la Nostalgérie prônent la promotion de l’oeuvre positive française durant la colonisation dans les programmes scolaires !!!
Intervention de Claude Bourdet au Conseil municipal de Paris, le 27 octobre 1961
« J’en viens d’abord aux faits. Il n’est guère besoin de s’étendre. Parlerai-je de ces Algériens couchés sur le trottoir, baignant dans le sang, morts ou mourants, auxquels la Police interdisait qu’on porte secours ? Parlerai-je de cette femme enceinte, près de la place de la République, qu’un policier frappait sur le ventre ? Parlerai-je de ces cars que l’on vidait devant un commissariat du quartier Latin, en forçant les Algériens qui en sortaient à défiler sous une véritable haie d’honneur, sous des matraques qui s’abattaient sur eux à mesure qu’ils sortaient ? J’ai des témoignages de Français et des témoignages de journalistes étrangers. Parlerai-je de cet Algérien interpellé dans le métro et qui portait un enfant dans ses bras ? Comme il ne levait pas les bras assez vite, on l’a presque jeté à terre d’une paire de gifles. Ce n’est pas très grave, c’est simplement un enfant qui est marqué à vie !
Je veux seulement mentionner les faits les plus graves et poser des questions. Il s’agit de faits qui, s’ils sont vérifiés, ne peuvent pas s’expliquer par une réaction de violence dans le feu de l’action. Ce sont des faits qui méritent une investigation sérieuse, détaillée, impartiale, contradictoire.
D’abord, est-il vrai qu’au cours de cette journée, il n’y ait pas eu de blessés par balle au sein de la Police ? Est-il vrai que les cars radio de la Police aient annoncé au début de la manifestation dix morts parmi les forces de l’ordre, message nécessairement capté par l’ensemble des brigades... et qui devait donc exciter au plus haut point l’ensemble des policiers ? C’était peut-être une erreur, c’était peut-être un sabotage, il faudrait le savoir ; et peut-être, d’autre part, n’était-ce pas vrai. C’est pour cela que je veux une enquête.
Photo d’Elie Kagan prise le 17 octobre 1961
De même, est-il vrai qu’un grand nombre des blessés ou des morts ont été atteints par des balles du même calibre que celui d’une grande manufacture qui fournit l’armement de la Police ? Qu’une grande partie de ces balles ont été tirées à bout portant ? Une enquête dans les hôpitaux peut donner ces renseignements. Il est clair que ce n’est pas n’importe quelle enquête et que ceux qui la feraient devraient être couverts par son caractère officiel et savoir qu’ils ne risqueraient rien en disant la vérité.
Et voici le plus grave : est-il vrai que dans la « cour d’isolement » de la Cité, une cinquantaine de manifestants, arrêtés apparemment dans les alentours du boulevard Saint-Michel, sont morts ? Et que sont devenus leurs corps ? Est-il vrai qu’il y a eu de nombreux corps retirés de la Seine ? Dans les milieux de presse, et pas seulement dans les milieux de la presse de gauche, dans les rédactions de la presse d’information, on parle de 150 corps retirés de la Seine entre Paris et Rouen. C’est vrai ou ce n’est pas vrai ? Cela doit pouvoir se savoir. Une enquête auprès des services compétents doit permettre de le vérifier. Cela implique, ai-je dit, non pas une enquête policière ou administrative, c’est-àire une enquête de la Police sur elle-même, mais une enquête très large, avec la participation d’élus.
96 % de la population indigene analphabete(1962):bel effort de civilisation.Pesonne n'a invité la france ou que ce soit,
si de bonne intention que pretend le "facho",faut relire depuis le debut .Si vous êtes étonnés du tiers-monde pas
tres civilisés relisez-vous de temps en temps s'il faut en Anglais.L'europe s'est construite avec l'exploitation du tiers-monde jusqu'a maintenant.
La France n'a léguer que la violence.