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Qui sont les Rohingyas, peuple le plus persécuté au monde se

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En Birmanie, Aung San Suu Kyi et le drame des Rohingyas
Jean Dauffray (en Birmanie), le 06/07/2016 à 9h21

Arrivé aux affaires il y a cent jours, le nouveau gouvernement birman n’a pas dit comment il mettrait fin aux persécutions dont sont victimes les Rohingyas.

Dans un rapport récent, l’ONU évoque de possibles crimes contre l’humanité à l’encontre de cette minorité musulmane.

Anis, 18 ans, a été retenu pendant 32 jours par des trafiquants d’êtres humains alors qu’il cherchait à fuir la Birmanie.

Yanghee Lee, envoyée spéciale de l’ONU pour les droits de l’homme en Birmanie, revient d’une visite dans l’État de l’Arakan (également appelé Rakhine), à l’ouest du pays, théâtre depuis 2012 d’affrontements religieux entre Arakanais bouddhistes et Rohingyas musulmans. Elle a rendu visite aux deux communautés et s’est entretenue avec des déplacés.

« Les conditions de vie dans les camps de déplacés sont mauvaises, notamment en ce qui concerne la surpopulation, la détérioration des abris temporaires et le manque d’installations sanitaires », a-t-elle réagi.

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Pour l’heure, la représentante des Nations unies ne note pas de progrès sous le nouveau gouvernement pro démocratique qui dirige la Birmanie depuis cent jours. « Le personnel du ministère de l’Intérieur est le même que sous le précédent gouvernement. C’est pourquoi les choses n’ont pas changé. Les vieilles habitudes ont la peau dure. », explique Yanghee Lee.

Un rapport très critique

Deux jours avant ce déplacement, les Nations unies avaient publié un rapport très critique en inventoriant les persécutions dont souffrent les Rohingyas : « exécutions sommaires », « arrestations arbitraires », « travail forcé », « tortures », notamment « brûlures, humiliations sexuelles et refus de soins médicaux ». L’institution, qui estime qu’il peut s’agir de « crimes contre l’humanité », préconise une enquête indépendante.

Depuis 2012, plus de 100 000 Rohingyas vivent cloîtrés dans ces camps situés pour la plupart sur une fine bande de territoire le long de la mer, près de Sittwe, capitale de l’Arakan. Apatrides, ils n’ont pas le droit de sortir, sauf s’ils sont munis d’autorisations spéciales. Ces restrictions, relève le rapport, ont empêché certains malades de consulter à l’hôpital de Sittwe et « des nourrissons et des femmes enceintes sont décédés ».

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Arrivée au pouvoir le 1er avril, devenue conseillère d’État et ministre, Aung San Suu Kyi dirige de fait l’exécutif en Birmanie, et n’a pas expliqué comment elle tenterait de régler cette crise, pas plus qu’elle n’a réagi à la publication du rapport de l’ONU.

« Elle a essayé de faire passer un message : il faudra du temps », expliquait le ministre français des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault qui a rencontré la prix Nobel de la Paix à la mi-juin à Naypyidaw, la capitale birmane.

Des papiers provisoires pour les Rohingyas

Il est vrai que la situation est complexe. Majoritairement bouddhistes, la plupart des Birmans considèrent les Rohingyas comme des immigrés illégaux venus du Bangladesh voisin.

La promotion de leurs droits n’est pas vue comme une priorité. Le premier ministre de l’Arakan, également membre du parti d’Aung San Suu Kyi, a déjà indiqué qu’un rapprochement entre les musulmans et les bouddhistes de la région serait impossible lors des cinq ans de son mandat.

Le nouveau gouvernement a commencé à distribuer aux Rohingyas des papiers provisoires. Mais nul ne sait pour l’heure s’ils permettront aux détenteurs de demander, plus tard, la nationalité. En réalité, seule la pression internationale oblige Aung San Suu Kyi à agir sur ce dossier épineux.

Depuis quelques semaines, elle préside un nouveau comité pour la paix, la stabilité et le développement dans l’Arakan, censé faciliter le retour des déplacés et la coordination de l’aide humanitaire.

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Mais ses seules déclarations sur le sujet pour l’heure concernent un débat sémantique. La communauté internationale employait en effet communément le terme rohingya, respectant la liberté des peuples à s’identifier librement. Yanghee Lee l’utilise encore. Les extrémistes bouddhistes, eux, réfutent cette appellation, considérant que ces musulmans sont des immigrés illégaux venus du Bangladesh et que leur ethnie n’existe pas. L’Union européenne vient de l’abandonner pour ne pas froisser. Aung San Suu Kyi a tenté une voie médiane. Mais son expression « communauté musulmane de l’Arakan » n’a satisfait pour l’heure ni les Rohingyas ni les Arakanais.

Les tensions communautaires entre bouddhistes radicaux et musulmans sont montées d’un cran en Birmanie. Le 1er juillet, ce sont des habitants de Hpakant, ville minière de l’État Kachin (au nord) qui ont mis à sac une mosquée avant de mettre le feu à la salle de prières, selon le journal Global New Light of Myanmar, qui évoque une foule « entièrement incontrôlable » et souligne que « le bâtiment a été rasé par les émeutiers ».

Huit jours plus tôt, des dizaines de villageois bouddhistes avaient déjà dévasté une mosquée et une école musulmane dans un village du centre du pays.

Jean Dauffray (en Birmanie)


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