Pierre était irrémédiablement polygame.
Rupture. Plus douloureuse qu'elle ne l'aurait cru.
Dans un premier temps, elle s'était sentie soulagée.
Sa fierté retrouvée, elle se sentait en paix avec elle-même.
Mais à la longue, le corps de Pierre lui manquait.
Leurs étreintes...
Sa tournure d'esprit... Son entrain...
Les nuits solitaires, durant lesquelles son visiteur italien, squatter assidu et attentionné, la trahissait lui aussi et s'abstenait d'apparaître, lui pesaient.
Le désir cruel troublait sa couche.
Le besoin de tendresse finissait par l'obséder.
Mais elle avait beau regarder les hommes, ils ne l'inspiraient plus.
En proie aux contradictions du corps et l'esprit, elle dormait de plus en plus mal.
La dépression guettait.
Aussi profita-t-elle d'une semaine de vacances pour partir à Florence et oublier ses soucis.
Elle y avait admiré les fresques de Bennozzo Gozzoli, Le Cortège des Mages, où défilent les jouvenceaux florentins des meilleures familles, en armes et court vêtus, sous l’œil fier et pourtant presque mutin du jeune Laurent de Médicis, le David marmoréen de Michel-Ange sur la Piazza della Signora, l'aimable Narcisse de Benvenuto Cellini au Palazzo del Bargello.
Mais, que ce soit au musée, à la terrasse des cafés, à l'hôtel, pas un échange de regards, pas la moindre amorce de conversation, pas l'ombre d'une ébauche d'idylle florentine ou de rencontre avec un Piémontais ou un Napolitain de passage !
Rien de rien.
Elle était revenue, les yeux emplis des beautés de Florence, comme si elle avait feuilleté un magazine de voyages.
Ses autres sens n'avaient pas vibré. Et ne lui restaient que des images sur papier glacé.
Dimanche.
Sur son bureau, les copies se sont amoncelées.
La passion et la mort dans "Le Rouge et le Noir", Madame de Rénal... Mathilde de la Môle...
Qu'avait-elle posé un tel sujet ?
Elle pressentait que les résultats seraient mauvais et pressentait un désastre pédagogique.
Elle vieillissait, dépositaire d'un savoir de siècles passés, d'une sensibilité qu'il était de plus en plus difficile de transmettre.
Comment expliquer des sentiments en un milieu scolaire, prônant le zapping comme mode de pensée ?
Des adolescents passionnés, révoltés, en marge ?
Oui, chez les exclus du système, ceux qui avaient la rage.
Une rage de classe, pour cause de choc des cultures et des générations, de ghettoïsation, de non avenir.
Beaucoup d'autres étaient très satisfaits d'être des clients avertis, peu enclins à exiger grand-chose d'eux-mêmes, et prêts à consommer l'école du vite ingurgité, du savoir préoupé, pré-mâché, emballé, regardant d'un air distrait des manuels qui ressemblaient à des catalogues de vente par correspondance, se gavant du prêt à porter estampillé « BAC », comme on porte des « NIKE » ou un blouson « Chevignon » !
Enfin, NIKE ! C'est quand même plus classe !
Uniformisés, normalisés, rouleau-compressés par la pub, sur-nourris de corn flakes au Nutella et de pop-corn au ketchup, nantis, avant d'avoir rien entrepris.
Rois d'une société qui les leurrait et leur proposait un mode de vie-pensée unique présenté par des bateleurs-vedettes, aussi creux que brillaient leurs paillettes, pour mieux les exploiter et leur faire croire qu'ils étaient, en tant que jeunes, acteurs du système.
Alors la littérature, la culture ?
Ce ne pouvait être, en aucun cas, à part pour quelques uns, une véritable motivation, ni une référence !
Lapie pensa aux jeunes bourgeois pleins de morgue et sûrs de la continuité de leurs privilèges, bourrés d'argent de poche par des parents jamais là pour cause de carrière et seuls ; à Paul, capable du pire comme du meilleur, à Claire, musicienne, et si fine, à Arezki, le jeune kabyle volontaire, soutenu par une foi sans faille et œuvrant comme moniteur pour les plus jeunes ainsi que pour payer ses études, à Césaire l'antillais, décontracté et toujours prêt à répondre, à
Camille, qui surmontait de lourdes opérations pour retrouver l'usage d'une jambe. Elle travaillait sans se plaindre et progressait à chaque devoir.
II y avait Alima, en butte à l'autorité paternelle, énergique, folle de théâtre et toujours enjouée, malgré ses responsabilités d'aînée de la famille.
C'était devenu un drôle de métier.
Lapie soupira.
Le soleil rieur, qui inondait d'une gaieté crue les rues de Paris, lui avait donné envie de pleurer.
Morose, elle avait pris ses copies, à tout hasard, et les Versets Sataniques de Salman Rushdie, pour changer de genre et de civilisation, afin de se rendre au Luxembourg.
Non loin du bassin, où les maquettes de voiliers tanguaient au gré des vaguelettes soulevées par la légère brise de mai, elle avait réussi à trouver deux chaises et s'était installée commodément, près d'un grenadier qu'on venait de sortir de l'orangerie, de façon à s'exposer entièrement au soleil.
Les massifs de fleurs, dégradés impressionnistes de rose et de mauve, étaient somptueux.
Et, tous d'offrir, comme elle, bras, visages et décolletés à l'astre vénéré, tandis que le pic de pollution semblait vouloir grimper au firmament.
Les promeneurs dominicaux déambulaient en famille.
Sans doute avait-elle un peu somnolé ?
Les cris perçants d'une fillette qui hurlait et menaçait de se rouler par terre, l'avait tirée de sa bienheureuse torpeur.
Elle avait alors flâné sous les feuillages d'un vert tout neuf, avant de s'installer dans un endroit plus retiré et, délaissant les copies, avait entamé le roman.
"Pour renaître, chantait Gibreel Farisha en tombant des cieux, il faut d'abord mourir..."
Elle pensa à Bertrand...
Mourir pour renaître.
Ces temps ci, elle avait beaucoup de difficultés à entrer dans un texte.
Son esprit revenait toujours à lui.
Une véritable obsession.
Impossible de me concentrer, constata-t-elle, exaspérée.
Bertrand ! Je n'en aurai donc jamais fini avec lui ?
Lis, mais lis donc, au lieu de penser à ce pervers !
Elle s'obligea à parcourir quelques paragraphes, mais éprouvait un malaise croissant.
Il lui sembla qu'on l'observait.
Effectivement, adossé au socle d'une statue, un homme de petite taille la regardait, inhalant avec délectation la fumée de sa cigarette.
Une tignasse rousse et frisée entourait son crâne chauve, disproportionné, trop volumineux pour son corps.
Il avait des membres courts.
Le costume qu'il portait était d'une coûteuse facture mais d'une discrète élégance, ce qui surprenait chez un être aussi disgracié par la nature.
Il ne manquait plus que ça !
Te voilà punie de tes pensées libidineuses ! ironisa-t-elle.
Lapie se plongea dans son livre, un œil aux aguets.
L'homme se rapprocha et s'installa dans le fauteuil de fer placé à son côté.
Une discrète odeur d'eau de toilette lui parvint.
Raffinée.
Les yeux fixés sur la page qu'elle avait déjà lue deux fois, elle tourna celle ci avec impatience.
L'homme lui adressa la parole dans un anglais pittoresque qui lui fit lever la tête.
Une peau, très blanche, constellée de taches de rousseur, un nez de boxeur, des sourcils broussailleux que la taille des ciseaux n'arrivait pas à contenir, des lèvres trop sensuelles, tout concourait à rendre le visage de l'homme d'une extrême laideur, des yeux magnifiques, d'un bleu intense et profond, tranchant avec l'ensemble tout en l'accentuant.
Cette bizarrerie désorienta Lapie qui faillit prendre la fuite.
Mais elle se retint, se trouvant stupide et peu sympathique de céder à l'effroi que lui causait cette étrange cohabitation du beau et du laid.
A ce moment, un ballon, lancé par une bande de gamins hilares, vint lui percuter la joue, lui laissant une trace cuisante.
"Envoyez, envoyez !" crièrent ils sans même s'excuser.
Furieuse, elle porta la main à l'endroit de la blessure.
Son voisin, dont les connaissances en anglais ne devaient guère dépasser les siennes, s'exclama en des mots qui semblaient être de sa langue maternelle :
"Sono stronzi !"
Italien. Il était Italien!
Italien. Il était Italien!
Comme La Pie restait sans voix, il lui proposa, à nouveau en anglais, d'accepter de prendre un café avec lui, pour que la signora puisse se remettre de ses émotions.
Et voilà !
Première rencontre tant attendue avec Volonte, Mastroianni, Fellini et Visconti réunis !
Après avoir décliné l'invitation, La Pie décida de rentrer.
Dans sa hâte, quelques copies lui échappèrent des mains.
Cette journée était maudite.
L'Italien, qu'elle aurait voulu envoyer au diable, l'aida à récupérer les feuilles éparpillées sur le sol.
Elle remarqua ses mains, petites et grassouillettes, des doigts épais, couverts, eux aussi, de taches de rousseur.
Le sourire par lequel elle le remercia, aurait du conclure la rencontre.
Que pouvait il à son aspect physique ?
La Pie était censée enseigner la tolérance.
Les aveugles sont-ils mieux intégrés parce qu'on les rebaptise non voyants ?
Elle reconnaissait qu'elle excluait d'emblée cette "personne esthétiquement défavorisée".
Il avait beau être très soigné, son élégance soulignait davantage ses défauts corporels.
Non, vraiment, non, même pas par curiosité !
La Pie lui tourna le dos, se dirigea d'un pas rapide vers la sortie, pour regagner à pied la rue de la Roquette.
Marcher lui ferait du bien.
En haut du boulevard Saint Michel, l'homme était toujours là.
Il la suivait à quelques mètres.
Bien sûr, si Bertrand avait été là, ça ne se serait pas produit.
Cet avorton, cette cravate en soie et ces mocassins italiens, ces yeux de merlan frit et cette hideur ne se seraient pas incrustés.
Quel culot !
Quant à Bertrand, c'était un salaud, il n'y avait rien à attendre de lui.
Excédée, elle fit volte face et d'un signe énergique, invita l'Italien à cesser de la suivre.
Il sourit et continua dans son sillage.
Elle avait beau marcher vite, elle n'arrivait pas à le semer.
Fichue aussi ma balade ! Quel emmerdeur !
Un instant, elle pensa entrer au musée du Moyen Age, récemment rénové.
Elle n'y avait pas mis les pieds depuis son enfance. Ce serait une bonne occasion.
La Dame à la Licorne...
Mais toute cette statuaire gothique...
Non, il faisait trop beau.
Elle constata que le crampon était toujours derrière elle.
Après tout, si ça l'amusait. Le monde est mal fait, décidément.
Et ce pauvre homme aussi.
Peut être a-t-il le caractère le plus charmant du monde ?
En tous cas, il n'a pas de complexes.
Pourrait-on imaginer l'inverse ?
Une femme laide qui se mettrait à suivre un bel homme ?
Une femme, belle ou non d'ailleurs, peut elle suivre ostensiblement un homme dans la rue ?
La Pie en repéra un qui déambulait devant elle.
Sa démarche et la silhouette, vues de dos, lui plaisaient.
Elle mit ses pas dans les siens, tandis que l'Italien continuait sa filature.
Voilà qui était amusant.
Bertrand…
Ça suffit, avec Bertrand ! C'est terminé !
Si je l'appelais ?
Il y a justement une cabine téléphonique et personne dedans.
Peut être que ? Zut ! Où est passé celui que je suis censée suivre ?
Un groupe de jeunes touristes remontait le boulevard.
Il était passé au milieu d'eux.
Quelques secondes d'inattention, elle l'avait perdu.
Il avait dû tourner vers la place Saint André des Arts.
Peut être que lui aussi avait une vilaine figure.
Non, Bertrand, c'est bien fini !
Que ce dimanche était triste dans les rues animées de Paris, avec les terrasses de café bondées, et ce soleil insolent.
La gorge serrée, La Pie traversa le quai et s'attarda à regarder la Seine.
L'Italien vint s'accouder près d'elle.
Elle l'avait oublié celui là. Impossible de s'en défaire.
Une véritable arapède !
Arapède, mot méridional désignant un mollusque gastéropode, avec une coquille de forme conique, et qui adhère si fortement à la paroi des rochers qu'il est difficile, sauf si l'on est habile et équipé d'un couteau à lame fine et tranchante, de l'en détacher.
Dans son enfance, elle avait passé des heures sur les plages de Bretagne à en pêcher.
Arapède, c'était ce mot qu'employait Bertrand, quand il la trouvait collante.
Ce souvenir lui noua l'estomac.
En voilà assez ! explosa t elle. C'est ridicule.
Cessez de me suivre comme ça ! lança t elle en français à l'Italien qui, souriant aimablement, ne la quittait pas de son regard splendide, troublant même si l'on se laissait capter.
Il débordait de bons sentiments.
Elle reprit sa course, toujours suivie de son admirateur.
Tout lui échappait, il n' y avait rien à faire.
Arapède… disait Bertrand.
Au bord des larmes, elle accéléra encore, longeant le quai du Marché Neuf, et se retrouva sur le parvis de Notre Dame, grouillant de touristes débonnaires.
Un vieux monsieur nourrissait des moineaux qui venaient lui manger dans la main, sous l’œil fasciné de petits enfants.
L'Italien ne s'était pas laissé distancer.
Ne sachant plus quoi faire, elle se retourna et faillit se mettre à hurler.
Il restait là, gentil, têtu.
Alors, au lieu de faire un scandale, La Pie s'approcha du petit homme au visage de boxeur et aux yeux langoureux, posa sa tête sur son épaule secourable.
Les sanglots affluèrent.
Ils semblaient ne jamais devoir prendre fin.
Les gens s'attardaient devant l'étrange couple.
L'Italien, tout raide, se risqua à quelques paroles de consolation :
Poverina ! Nô piangere !
Il était tout ému et se disait qu'il était arrivé à ses fins, de façon certes inattendue, mais enfin sa ténacité avait fini par payer.
Elle ne le voyait plus derrière ses larmes.
Elle écoutait sa voix chaude et agréable, cette musique italienne et réconfortante.
Après de longues minutes, dans les hoquets, elle essuya comme elle put les traces noires de son maquillage, refusant le grand mouchoir de fine toile blanche qu'il déplia avec soin avant de lui tendre, et réussit enfin à articuler :
"Grazie mille, signore, grazie !"
Les nœuds qui lui enserraient la gorge et l'estomac avaient disparu.
Que l'air était soudain léger !
"Ma, lei parla italiano, Signorina ! Aspifi per favore, aspeti"
Soulagée de son chagrin, La Pie se mit à rire, embrassa son consolateur sur les deux joues et s'enfuit à toutes jambes, plantant là, sur le parvis de Notre Dame, Quasimodo, abasourdi et dépité.
Les personnages ont la chance d'être "virtuels", donc adaptables à chaque époque de ce forum...
Un jar et un phacochère traversaient un pré en devisant sur les bienfaits de l’herbe grasse du printemps lorsque leur attention fut détournée par les cris d’une grenouille.
Cette dernière tentait de les rejoindre à grands bonds…
« Attendez-moi… !!! J’ai tant de choses à vous dire… Je connais bien l’herbe… ! »
Le phacochère, sans cesser de mâchonner, se tournant vers son compagnon :
_ Ne te retourne pas, on ne va pas s’embarrasser d’une grenouille…
_ Bah… écoutons-là, elle a peut-être quelque chose à dire et… Je suis pour la liberté d’expression moi !
_ Tu crois ?! Bon… Je veux bien, pour te faire plaisir mon bel ami mais, tu sais comment elle sont, elles veulent toujours avoir raison !
Ils ralentirent donc le pas, jusqu’à ce que la grenouille, une grassouillette grenouille commune, les rejoigne, essoufflée et si pressée de dire ce qu’elle avait à dire qu’elle en bafouillait.
_ Merci les gars, c’est sympa de m’attendre. Vous ne le regretterez pas, je suis d’une compagnie très agréable, et d’un humour à vous rouler dans l’herbe.
_ Qu’est-ce que je te disais… Murmura le phacochère au jar.
_ Demeurez avec nous ma Belle susurra le jar à la grenouille. D’autant que l’on risque, dit-on, de rencontrer un nez de bœuf qui agresse les gens du voyage comme nous. Nous ne serons pas trop de trois pour l’affronter.
_ Une grenouille ! Tu parles pesta le phacochère.
C’est un phacochère angora, à la crinière et la laine longue et claire, d’un certain âge mais paraissant encore bien si ce n'est une pelure sur le crâne, séquelle d’une obstination à se taper la tête contre les murs.
Il prétend que c’est parce qu’il a trop joué au football mais, personne ne le croit !
Il dirait qu’il se fait tondre au centre et en long par réaction au mouvement punk, ce serait pareil !
On le dit d’un bon tempérament dans la région, bien qu’un peu grossier, sanguin, susceptible, acariâtre, rancunier et…
Mais ça, il ne faut pas le répéter, amateur de mamelles généreuses.
Orphelin dès la naissance, il a des circonstances atténuantes.
Peut-être la raison de son peu d’enthousiasme à l’idée de voyager en la compagnie de cette nouvelle arrivante dépourvue d'appendice mammaire !
On a tendance à lui prêter toutes sortes de sobriquets, plus ou moins désagréables.
Broutard par exemple… Parce qu’il a été sevré trop tôt.
Doidorteil
Le jar, quand à lui, est un jar au passé aussi irréprochable que les plumes de son jabot blanc.
Une "oie blanche", au port de tête digne malgré une démarche un peu chaloupée.
Le jar, aussi prude et pur est-il, ferme les yeux sur les agissements condamnables de son ami le phacochère, et, au nom d’une tendre amitié, en arrive à prendre sa défense, faisant preuve d’une foi incommensurable.
_ Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit le phacochère ! haleta la grenouille.
_ Je disais que si mon ami le jar pince, je donne des coups de tête mais vous ?
Que ferez-vous face à cet ignoble nez de bœuf ?
_ Mais je combattrai, comme une elfe mon Beau ! Je le darderai de mots piquants et cinglants !
_ HA HA HA
_ Ne ris pas mon vif phacochère reprit le jar d’une voix calme et douce. Tu connais le crapaud, ce chroniqueur de talent ?
Il me racontait dernièrement l’histoire d’une grenouille qui se bâtit toute une nuit contre un groupe de perroquets qui voulaient lui en conter…
Mais ne serait-ce pas vous ma Belle, cette grenouille que l’ont dit téméraire et vaillante ?
_ Heu… ben… OUI ! Bien sûr que c’est moi ! Vous m’auriez vue…
_ Bon. Vous nous raconterez ça plus tard !
Se hâta le phacochère, froissé de ne plus être le centre d’intérêt de son compagnon.
_ Bon, Bon, si on parlait de la façon dont nous allons accommoder cette belle herbe pour le dîner… S’empressa de lancer le jar.
_ Oui, oui, je connais une recette... s’écrie la grenouille.
_ Moi aussi réplique le phacochère !
_ Vous allez d’abord écouter la mienne mes amis. imposa le jar.
Et notre jar de narrer sa recette avec des airs gourmands tout en entraînant ses compagnons vers la fin du pré.
Nous sommes en fin d’après-midi lorsqu’ils atteignent une épaisse forêt, que les derniers rayons d’un soleil fatigué d’avoir écouté le badinage de notre trio ne pénètrent plus.
_ Si nous nous arrêtions ici pour passer la nuit propose le jar…
_ Ah non, je préférerais ailleurs, dans ces taillis proteste la grenouille
_ Celle-là ! Toujours à pinailler grommelle le phacochère.
_ Dans les taillis, vous n’y pensez pas ma belle. Avec ce nez de bœuf qui rôde ! Demeurons à découvert ! Nous pourrions faire un petit feu autour duquel nous passerions la soirée à parler…
_ D’accord concède la grenouille d’un air pincé.
_ Ramasses-nous donc quelques brindilles mon Beau, susurre le jar au phacochère
Maugréant le phacochère s’exécute. Cette grenouille à peine arrivée qu’elle s’installe comme si elle était chez elle. Et cette façon de piailler en bondissant sur place ! MOI, moi je, moi ! Elle sait tout, elle a tout vu et les autres sont des linottes ! Je savais qu’il ne fallait pas qu’elle nous accompagne. Et ce benêt de jar qui se laisse marcher sur les palmes et qui la privilégie en plus !
Le feu allumé, le repas préparé comme le voulait la grenouille, nos trois voyageurs s’installent confortablement, les flammes se reflétant sur leurs ventres arrondis par la gourmandise, la grenouille juchée sur une pierre, gorge haute, semblant présider une assemblée.
_Ah… S’émeut le jar, alors qu’il pose un regard étonné et déçu sur son verre vide. C’est toujours lorsque j’ai le gésier débordant que je me dis qu’il y a tant de malheureux qui ont faim. Ayons une pensée pour eux.
_ Oui mon Doux coasse avec empressement la grenouille. Pauvres d’eux. Ce monde est mal fait.
_ Si mal fait… Il n’y a plus de vin ? J’en reprendrais bien un peu…
_ Le monde… Qu’est-ce qu’on en a à faire du monde ?! Le désir d’Elle… Je n’aurai de cesse que lorsque que celui qui parcourt ma soie se sera entièrement consumé ! Et ce n’est pas pour demain lance le phacochère d’un air épris.
Vous n’avez pas d’amour grenouille ? Moi, je l’aime et je m’aime, d’un amour inconditionnel. Je, nous sommes poésie….S’extasie le phacochère.
_ Poésie ! S’il y a un poète, une poétesse ici, c’est moi !
_ Votre poésie Grenouille ! N’écrivez que pour vous attendrir et larmoyer sur votre personne les mauvais jours ! Vous valoriser les bons jours ! J’aimerais la lire !
_ Et alors ? Elle est belle ma poésie, tout le monde me le dit !
_ Il ne suffit pas qu’elle soit belle grenouille, il faut qu’elle émane de votre cœur, de vos entrailles, de vos sentiments. La mienne parle sans mot, elle est animée de mille filaments sensuels et mutins, épris et avides de notes de sexe. Notre voyage est un pèlerinage. Une déesse nous attend en ces bois.
_ Vous n’allez pas vous quereller mes amis, regardez plutôt le ciel… Toutes ces étoiles… Parmi elles se cache ma préférée… Mon étoile belge aux couleurs de la France. Je crois que je vais m’allonger et dormir en attendant demain baille le jar.
Pauvre jar ! S’exclame la grenouille. Parce qu’une étoile est au Nord, elle est belge. Si elle était au Sud, elle serait espagnole ? Je coasse…
Le soleil était encore rouge de sommeil lorsque le phacochère s’est réveillé. Il a tendrement regardé dormir son vieil ami le jar, a envoyé quelques mots désagréables à la forme endormie de la grenouille et s’en est allé faire sa toilette au bord du ruisseau qui longe le pré.
Le jar émerge à son tour, quelques coups d’œil à droite et à gauche en regrettant la dernier verre bu la veille.
La silhouette du phacochère se dessine au bord du ruisseau. La grenouille dort encore.
Un oiseau passe en le saluant, le sortant de ses songes.
Tiens ? Un goéland se dit-il après lui avoir rendu sa politesse. Que peut-il faire aussi loin dans les terres ! Bah… Je vais rejoindre le phacochère. Nos ablutions ensemble est un rituel.
A leur retour au campement, ils trouvent la grenouille toujours endormie.
_ Cette paresseuse dort encore râle le phacochère. Elle attend le café ?
_ Calme-toi mon Beau. Elle doit être fatiguée, si petite à nous suivre…
_ Pas fatiguée de parler en tout cas ! Ni de ne pas avoir ramassé du bois ! Une paresseuse je te dis !
_ Il est peut-être temps de la réveiller…..
« Grenouille……. Ma Mie…….. Il est l’heure…………… Réveillez-vous……. »
_ Elle est sourde ou quoi cette crécelle ? hurle le phacochère.
_ Je ne sais pas. Elle ne semblait pas l’être hier… Hésite le jar.
_ Je vais te la secouer moi !
Le phacochère s’approche de la grenouille et lui balance un sabot dans le fondement.
_ Hein ? Quoi ? Que !
_ Il est l’heure grenouille !
_ Pardon ?
_ IL EST L’HEURE !
La grenouille retire un genre de bouchon, réalisé d’herbe séchée, de chacune de ses oreilles.
_ Vous disiez ?
_ Qu’il est l’heure de se réveiller !
_ Veuillez m’excuser mes amis mais je ne peux pas dormir s’il y a du bruit et vous ronfliez abominablement le jar. Quelle heure est-il ? Il est tôt ? Vous n’allez pas me réveiller à l’aube tous les jours ! J’ai besoin de beaucoup de sommeil moi !
_ Tous les jours…! Non mais ! Qu’est-ce qu’elle croit celle-là ? ! Qui vous a dit que vous restez avec nous la grenouille ! Nous avons une quête ! Nous Madame ! éructa le phacochère. Et nous n’avons que faire…
_ Là… ! LÀ…! Un NEZ ! hurle la grenouille avant de se précipiter entre les pattes du phacochère.
Un énorme nez s’avance effectivement vers le groupe.
_C’est lui ? chuchote la grenouille au phacochère.
_ C’est lui.
_ GARE A VOUS GROSNEZ menace la grenouille avant de faire un bond en arrière sous le phacochère. Nous allons vous pourfendre !
_ Le pourfendre ? Allez-y la grenouille !
_ Non, vous le premier phacochère, je vous suis…
_ Calmez-vous conseille le jar. Ce n’est pas en l’affrontant de face que nous nous en débarrasserons. J’ai une idée…
_ Que voulez-vous dire le jar. Une grenouille ne s’incline pas devant l’adversité.
_ C’est ça ! Parle toujours ricane le phacochère.
_ Il n’est pas question de déclarer forfait. Il est plus fort que nous, alors utilisons nos méninges, rusons… Ce n’est pas non plus dans mes habitudes d’agir par derrière mais nécessité fait loi. Attirons-le dans un piège ! Foie de jar !
_ Et si on le contournait, sans faire attention à lui… propose la grenouille. Ne dit-on pas que l’indifférence est le plus profond mépris ?
_ Oui! Combattons-le comme l’a dit le jar ! Je n’aime pas la lâcheté mais une fois n’est pas coutume !
_ Alors voilà mon plan…. Leur glisse dans l’oreille le jar.
Le nez de bœuf est toujours là, assis à quelques dizaines de mètres, ricanant de ce qu’il lui semblait être de l’hésitation.
Comment se fait-il qu’ils ne foncent pas ? Et c’est quoi cette petite chose blottie derrière les défenses élimées de ce phacochère et qui crie le plus ? La plus énervée des trois on dirait….. Méfiance.
Et le jar… Rires… Quelle gourde celle-là… Regardez-le parler à voix basse…
Pfffffffffffffffff… Sauvez-vous péronnelles…
Allez ! je me casse ! J’ai mieux à faire auprès de mon petit zeste de cœur de lionne.
Le nez de bœuf leur tourne le dos et se dirige vers le centre de la forêt.
Bizarre quand même la chose qui s’égosillait entre les pattes du phacochère se dit-il. On aurait dit une grenouille. Qu’est-ce qu’une grenouille fait avec les deux autres ? Elle a l’air aussi fanfaronne que peu franche en plus ! Méfiance…
Il pénètre les bois et arrive dans une clairière ceinte de hauts arbres au port majestueux. Il y règne une atmosphère agréable, je dirais romantique si je n’étais pas l’oiseau maladroit que je suis !
Allez ! Je le dis quand même !
L’amour règne dans cette clairière. Une lionne y est assise, adossée à un chêne.
Elle semble rivaliser en beauté et en éclat avec les quelques rais de soleil qui traversent l’écran des arbres et se posent sur elle, tant sa présence est lumineuse.
Elle écrit sur une grande feuille, d’une plume légère, les mots que lui dicte un grand duc posé sur son épaule.
Je te remercie lionne de transcrire pour moi ces mots à mA mie. Je ne suis allé que peu à l’école mais mon cœur n’en est pas moins tendre et sincère…
_ Transmettre des mots d’amour… Telle me semble être ma tâche en ce monde Maximilien. Lui répond-t-elle en un large sourire. Mais, je tiens à te dire que si tu continues à être acerbe avec certains, je ne pourrai plus t’aider !
L’arrivée du nez de bœuf les interrompt.
_ Bonjour mon nez… Sourit la lionne.
_ Je suis heureux de vous trouver ici ma lionne. Figurez-vous que je viens de rencontrer un étrange trio. Il y avait le jar et le phacochère que nous connaissons tous deux mais, ils étaient accompagnés d’une étrange grenouille, verte et rose…
_ Mais c’est mon amie la grenouille… Verte et rose ? Elle a de nouveaux tatouages ou une poussée d’urticaire ?
_ Votre amie dites-vous ? Je souhaite qu’il en soit ainsi ma mie.
_ Pourquoi dites-vous cela mon nez ?
_ Une désagréable impression. Cette grenouille ne me paraît pas fiable. J’ai l’impression qu’il faut ou l’aimer d’un amour servile ou s’en méfier ! Soyez prudente ma lionne.
_ Tu connais la grenouille toi le grand duc ?
_ Oui, bien sûr répond-il.
_ Qu’est-ce que tu en penses ?
_ Rien belle lionne, rien.
_ Laissez-la mon nez… Que voulez-vous qu’une petite grenouille vous fasse ?
_ Ce que me font les deux autres pardi !
_ Oubliez-les. Il est vrai que mon amie la grenouille n’est pas toujours agréable depuis qu'elle se sent guettée par la ménopause, mais ça ne va jamais très loin. Vrai aussi que le jar aurait tendance à suivre qui sait le diriger…
Venez vous asseoir près de moi et profitons de cette belle journée mon tendre nez. Tu nous laisses Maximilien ?
Le petit déjeuner pris, nos trois aventuriers ont rangé leur campement et s’apprêtent à poursuivre leur périple.
_ Bon… Ben… Je crois que nos routes se séparent ici grenouille dit le phacochère sur un ton détaché. Nous sommes heureux, le jar et moi, d’avoir passé cette soirée avec vous.
_ Mais… ? Interloquée, la grenouille tente de répondre… Mais… ? Ne pourrions-nous pas faire route ensemble ?
_ Cela ne me pose pas problème intervient le jar. Où allez-vous douce grenouille ?
_ Vous d’abord ! Où allez-vous tous deux ?
_ Cela ne vous regarde pas grenouille, le ton du phacochère devient inquiet à l’idée que la grenouille puisse les accompagner. Nous avons une quête. C’est notre quête. Vous ne pourriez comprendre grenouille. Nous… Nous ne pouvons en parler.
_ J’ai également une quête mais je veux bien en parler. Je n’ai pas toujours été une grenouille. J’étais une jolie princesse il y a fort longtemps. J’ai commis l’erreur de m’éprendre d’un beau chevalier qui, malheureusement, devait convoler en justes noces avec l’une de mes amies…
Et… J’ai tenté de le séduire, je le regrette aujourd’hui.
Un matin, je me suis réveillée, minuscule au milieu de mes draps et avec ses affreux doigts palmés qui ne me permettent plus de m’adonner à mes plaisirs intimes. J’ai voulu l’attirer comme un Lancelot avec mes chants mélodieux, je suis aujourd’hui condamnée à n’émettre que de vils coassements.
Je ne sais pas si vous avez déjà vu une larme de grenouille ? C’est petit mais, aussi surprenant que cela paraisse, c’est émouvant. La grenouille le sait !
_ Mon amie la lionne m’a dit que seule une personne en ce monde peut me faire redevenir ce que j’étais… A une condition, que je sois bonne et indulgente, que je fasse preuve d’humilité mais je n’y arrive pas.
Et la grenouille de pleurer de plus belle.
_Quelle est donc cette personne qui emplit votre cœur d'espoir ? demande doucement le jar.
_ Le goéland. Lâche-t-elle en s'écroulant en pleurs sur le cou farci du jar.
_ Le goéland ? Qui habite parait-il cette forêt, celle-ci, toute proche de nous… ? Ce paresseux qui ne veut plus vivre sur l&rsquoéan parce qu’il ne peut pas se poser ?! Protégé par le gros nez ? S'inquiète le jar.
_ Hummmm laisse échapper le phacochère. Nous connaissons ce goéland. De Pinder à Gruss, il a fait tous les cirques.
_ Disons-lui propose le jar d’une voix émue
_ Me dire quoi ? ! s’exclame la grenouille
_ Nous venons consulter l’être suprême, afin qu’il nous débarrasse de ce vilain gros nez ! poursuit le jar. Si on a le gros nez, on a le goéland ! Trouvons-le ensemble ma belle.
Nous saurons lui dire que vous n’êtes pas si mauvaise que ça !
Ma pauvre amie… Transformée en grenouille… Comment pourriez-vous nous satisfaire avec ces doigts palmés ?!
Nous ne serons pas trop de trois face aux attaques de ce nez que nous nous devons de moucher.
_ Avez-vous entendu parler d’une louve qui réside en ces bois ? Questionne la grenouille
_ Oh oui ! peste le jar. Plutôt deux fois qu’une !
_ Elle est amie de la lionne.
_ Pas la notre, tout comme ce nez !
_ Nous y allons ? propose le jar.
Ils disparaissent dans l’ombre des arbres.
Un oiseau aux grandes ailes, un goéland, frôle en planant la lisière de la forêt, semblant vouloir la refermer sur nos trois compères.
_ Que ces bois sont sombres se plaint le phacochère
_ Est-ce encore la lune que j’aperçois là-bas ? s’exclame la grenouille
_ La lune… S’extasie le jar. Je la porte en mon cœur. L’une des mes meilleures amies y réside et il semblerait qu’elle ai oublié d’éteindre le lampion de son perron ce matin.
_ Votre amie de la lune ! Parlez-m’en le jar !
Le phacochère semble réellement de mauvaise humeur.
_ Je ne l’aime pas celle-la !
_ Ne soyez pas intolérant doux phacochère… Elle est mon amie et très certainement celle de la grenouille. Et c’est une personne très agréable, d’un humour charmant et qui aime rire.
_ Bien sûr… Tente la grenouille
_ Qui aime rire… ! On dit qu’elle a des grattins plein les…… M’étonne qu’elle rie !
_ PHACOCHÈRE ! Vous êtes méchant !
_ Pas sympa en effet le phacochère parvient enfin à dire la grenouille.
_ C’est ce qu’on dit vous savez… Je ne fait que répéter bêtement s’excuse le phacochère. Vous avez raison le jar.
N'empêche que je la sens d'extrême gauche bobotisante, lorsque je l'entends dire des choses de ce genre :
"Paris ! puant la pisse humaine ? Grouillante de gens éclectiques, ses pickpocket non plus du métro mais de partout ! Nous les gens du Nord , on est obligé de passer par un trou à rats (gare du Nord)"
Pensez-vous que nous allons rencontrer la lionne en ces lieux ?
_ La lionne ! Je ne le souhaite pas s’empresse la grenouille.
_ Mon non plus surenchérit le jar. Je l'aime beaucoup mais j'ai honte de ce que nous avons raconté sur elle.
_ Et pourquoi donc ? s’inquiète le phacochère. Elle le méritait !
_ Parce que nous ne sommes plus amis Phacochère. Nous le fûmes.
_ Je ne la supporte pas non plus ! ajoute la grenouille. C’est une sauvage ! Il est impossible d’avoir un dialogue avec elle !
_ J’apprécie pourtant beaucoup sa poésie. Elle est si douce, tendre, vraie.
_ De plus, elle est amie avec le nez de bœuf maintenant ! Foie de jar !
Que j’ai du mal à suivre ces variations d’amitié. Moi qui suis si fidèle…
Qu’allez-vous nous préparer pour le dîner phacochère ?
_ Une poêlée de champignons.
_ Que je me sens loin de mon dernier séjour à Paris. Minaude le jar
_ Pourquoi ? demande la grenouille
_ J'y ai eu bonne table chez Guy Savoy...
_ Ah ? Pourquoi aller à Paris pour manger Savoyard ? S'interroge la grenouille
_ Moi, j'aime bien Chez Denise ! Affirme le phacochère.
_ Je n'en suis pas étonné. Ironise le jar. Tu préfère la quantité à la qualité. Mais ? Dis-moi ? Ils t'accueillent Chez Denise ? C'est tout petit. On a les coudes au corps et tu prends au moins deux places...
_ D'accord… je vous fait une poêlée forestière ! Mais vous ramassez les champignons ! Je ne m'abaisse pas à ça !
_ Toujours aussi aimable grenouille ! Lâche le phacochère.
_ Allons phacochère, je suis certain que la grenouille va nous régaler.
Un martèlement de sabots, d'abord lointain, semble se diriger vers notre trio… Des branches, bafouées, fracassées, piétinées… Un buisson s'ouvre, en un long cri d'agonie…
Et… ?
_ Rhinocéros… !!! Hurle le jar. Rhinocéros… Toi !!!
Un rhinocéros ! Qui l'eut cru en ces lieux magiques allais-je dire. Il faut effectivement de la magie pour qu'un rhinocéros apparaisse en cette forêt. Mais, ceci est une fiction.
_ Ben oui mon jar. J'ai fini de labourer les terres de l'Est avec ma corne. Mon séjour s'est un peu terminé en eau de boudin ! J'y ai rencontré celles que je voulais aimer mais, elles ont refusé tous les cadeaux avec lesquels je voulais les acheter !
Je me retrouve avec un parc de Mercedes, des tiroirs emplis de tours Eiffel, de pierres de pacotille, de promesses et, le pire, j'ai du vendre ma moissonneuse-batteuse pour payer tout ça !
Résultat : je n'ai pas pu récolter les céréales, je suis sur la paille !
_ Ben oui mon jar. J'ai fini de labourer les terres de l'Est avec ma corne. Mon séjour s'est un peu terminé en eau de boudin ! J'y ai rencontré celles que je voulais aimer mais, elles ont refusé tous les cadeaux avec lesquels je voulais les acheter !
Je me retrouve avec un parc de Mercedes, des tiroirs emplis de tours Eiffel, de pierres de pacotille, de promesses et, le pire, j'ai du vendre ma moissonneuse-batteuse pour payer tout ça !
Résultat : je n'ai pas pu récolter les céréales, je suis sur la paille !
_ Les femmes te perdront ! larmoie le jar
_ Elles m'ont coûté toutes mes économies ! Mais bon ! N'en parlons plus ! Tu fais quoi dans cette tenue le jar ? Tu es en vacances ?
Le jar est vêtu d'un bermuda rose, d'un polo bleu ciel, d'un double menton bien grassouillet, d'un grain de beauté, oui, de beauté, à droite, à mi-chemin entre la mâchoire et la bouche, de lunettes noires et d'une casquette bombée grise...
Puisque nous avons un invité, nous allons nous arrêter et festoyer lance le jar.
Ce qui ne semble pas être du goût du phacochère.
Tu le connais, c'est un fermier, ennuyeux au possible se plaint le phacochère.
Le jar, à l'oreille du rhynocéros :
_ J'ai mon jeu de scrabble dans mon sac tu sais…
_ Non ? !
_ Si… hihihi
_ Hé… ? Mais la grenouille est là ! lance le rhinocéros. Ça va mieux toi Grenouille ? Quelle idée tu as eu de faire battre ton cœur pour le Goéland !
_ Chacun se trompe… minaude la grenouille. Et le ragondin m’a consolée. Heureusement qu’il a été là ! Je m’y étais attachée à cet oiseau ! Mais, avec du recul, il ne me méritait pas.
_ T’as raison Grenouille éructe le rhinocéros. C’est comme toutes les enfoirées que j'ai voulu baiser en pensant les acheter avec du clinquant ! Mais vrai que ça met un petit coup au cœur. Je l’ai trouvé sympa ton oiseau parce que c’était le tien mais faut toujours se fier à la première impression et elle était pas bonne !
_ Moi non plus je n’avais pas confiance ajoute le jar.
_ Il m’a eue ! Je lui ai dit après que nous ayons fait l’amour pour la première fois pleurniche la grenouille.
« Finalement goéland, vous m’avez eue ! »
_ Et qu’est-ce qu’il vous a répondu ? demande le phacochère.
_ Je ne me souviens plus. Il a du bredouiller une banalité comme d’habitude.
_ Et ce ragondin ? C’est qui ? s’inquiète encore le phacochère.
_ Le Ragondin… Se pâme la grenouille. C’est le poète de la pizza… Je l’adore. Se pâme-t-elle en un soupir.
_ C’est c’est de quel ragondin que vous parlez ? Celui la ? Bof ! Je ne le trouve pas génial ! laisse tomber le phacochère.
_ Oh siiiiiiiiiii. Moi je l’adore….. Je me liquéfie en lisant celle qui est aux cuisses de grenouille ! glousse le jar. Oups ! Pardon grenouille.
- Pas grave le jar. Ne sommes-nous, tous quatre, omnivores ?
_ Pas moi ! Souligne le rhinocéros. Sauf, peut-être les cuisses de bergères. Ha Ha Ha.
_ La poésie et moi ! grogne le phacochère.
_ Vous ne l’appréciez pas parce que vous ne savez pas le lire ! reproche la grenouille au phacochère. Il est vrai qu’il devrait oublier plus souvent son dictionnaire de rîmes. Elles se ressemblent toutes ses pizzas !
_ Je vous en prie Grenouille ! proteste le phacochère. Je suis sensible à la poésie. Mais lui ! Je le trouve frustre et grossier dans son comportement d’abord ! Et pas très sensuel dans ses mots. Vous savez que c’est ce qui compte le plus pour moi… La sensualité. Que le fromage coule !
_ La grenouille et le ragondin… Ah la la……………… quel beau couple ce ferait….. Glousse encore le jar.
_ Au fait…! J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer ! s’exclame le rhinocéros. Le gros nez est tombé en désuétude !
_ Vrai ? Foie gras de jar ! Notre plan a marché ! Réjouissons-nous !
_ Il en reste un à éliminer ! Peste le phacochère.
_ Qui ça ? Demande innocemment la grenouille.
_ Plus tard Phacochère ! Nous le dirons plus tard ! S’insurge le jar.
_ Nous vous le dirons plus tard ! En attendant, venez m'aider à ramasser des champignons ! Ou plutôt, non ! Vous me barbez Phacochère ! Tu m'accompagnes Rhinocéros ? Tu vas me raconter les derniers potins.
La grenouille paresseuse comme pas deux saute sur le dos du rhinocéros, qui a le dos solide, et ce curieux équipage disparaît entre les arbres.
_ Là ! Ramasse celui-là Rhino !
_ Hé ! dis donc Grenouille, tu crois pas que tu pousses un peu ?!
_ Fais-moi plaisir mon doux, tu ne le regretteras pas... Ne me contraries pas s'il te plaît, ça me donne des pustules !
_ Une vraie sorcière ! Rigole le rhinocéros devenu conciliant en imaginant les gâteries de la grenouille.
_ Oui sourit la grenouille. Alors ? Que se passe-t-il sur le forum ?
_ Des changements, beaucoup de changements… Nez de bœuf a perdu des points, comme je te l'ai dit, la lionne s'est isolée, elle en avait assez de toutes ces histoires, je la comprends un peu.
Une pintade est arrivée de Suède. Une qui se la pète en se faisant appeler comme l'héroïne de cette histoire, bien ficelée, Millénium. Sauf, qu'elle a perdu le Nord et n'est plus capable de rentrer chez elle ! Elle est tellement barrée qu'elle se prend maintenant pour une lapine.
_ Une lapine ?
_ Oui. Sallander est une race de lapins hollandais.
_ Ce gros nez ! Si tu savais ce que je m'en veux d'avoir cédé à ses avances ! Non pas qu'il soit un mauvais amant, au contraire... Je n'ai pas fait fort, je l'avoue et je n'arrive pas à en sortir ! Je ne l'aime plus pourtant et, lui, ça fait belle lurette qu'il est passé à autre chose mais, c'est plus fort que moi ! Tu me connais Rhino, je dois me sentir Reine !
Malgré tout, j'en suis la première surprise, je ne supporte pas qu'il s'intéresse à une autre femme que moi, surtout si c'est une pimbêche !
Remarque, il n'y en a pas beaucoup qui ne le soient pas ! Mais je sais les manipuler ces pauvres filles tandis que la lionne me résiste !
_ Je suis avec toi ma belle, le jar aussi, tu le sais. La hyène, pôvre d'elle, avec son dos pelé par le mal-être, t'aime aussi. On t'aime tous, le corbeau avec sa tête blanche aussi, la ragondin tant qu'il pensera qu'il a une ouverture. Plus tu es autoritaire avec lui et plus il t'aime !
_ Ne mêles pas le ragondin à ça ! C'est le seul qui émerge de la masse ! Le corbeau est bien, vous aussi, le jar et toi. Le phacochère ? Un ringard ! Qui tente de mettre les petites idées dans des grandes ! Affirmer une culture qu'il n'a pas ! Mais j'en fais ce que je veux…. Tandis que Ragondin… J'en fais ce que je veux aussi mais il me surprend parfois.
_ Tu devrais peut-être mettre un peu d'eau dans ton vin ? Tu n'es pas si exceptionnelle que ça tu sais ?
_ On en est où avec ces champignons ?
_ C'est ça ! répond le rhinocéros avec un sourire entendu. Changes de sujet petite…
_ Je ne sais être autrement. Ou on s'adapte ou on se tait ! Le panier est plein, on rejoint les autres ?
Exitus
_ Hé….. Vous en avez pris du temps ? Lance le phacochère à leur retour.
_ Ça va Phacochère ! Vous commencez à nous courir avec vos sous-entendu graveleux ! Rétorque le batracien.
_ Je disais ça… S'excuse la phacochère.
_ Épluchez plutôt les champignons et faites ça bien !
Le phacochère prend le panier en ronchonnant. Je la materai cette grosse ! Elle me mangera dans le boxer !
_ Hé ? Grenouille, vous avez lu tous ces articles sur l'obésité ?
_ Pas de risque avec les champignons Phacochère !
_ Moi… Ce sont mes maîtresses qui me permettent de garder la ligne… Ironise le phacochère. Rien de tel que faire l'amour pour ne pas grossir ajoute-t-il avec un large sourire. Regardez le jar et le rhinocéros, regardez-vous… Vous manquez d'amour… Vous avez vu la lionne ? Ou ce goéland qui nous survole depuis quelques jours ? Ils sont sveltes… Débordant de joie. Et le gros nez ? Ils aiment la vie. Ils ont su choisir entre être et paraître !
_ Mais qu'est-ce qu'il fait avec nous celui-là ? ! grogne le rhinocéros.
_ C'est moi qui l'ai amené… Je craignais de ne pas avoir de partenaire pour le scrabble… Bredouille le jar.
Hé ? Le jar ? Cours Mirabeau ? En 6 lettres ?
_ Faites un scrabble ! Bonne idée ! coasse la grenouille.
_ En effet ! Allez ! On vous jette Phacochère ! Vous n'avez rien à faire avec nous ! Pas le niveau Phacochère !
_ Comment pouvez-vous me parler ainsi Rhino ? ! S'indigne le Phacochère. Et puis zut ! J'en ai assez de votre inertie et de votre négativité ! Moi je vis avec mes sens ! La vie pénètre chacun de mes pores ! Parce qu'ils sont ouverts et non obstrués par la fatuité !
Le Phacochère éclate d'un rire hystérique….
_ Fatuité…… hahahaha…… il y a "fat" en fatuité…….. hahahaha…………..
Il remplit son sac et leur tourne le dos, précédé et suivi de son hilarité.
_ Qu’est-ce qu’il fait ? ! s’inquiète le jar. Revenez Phacochère ! Il se précipite à la suite du Phacochère.
_ Laissez-le partir ! Le Jar ! Revenez ! Ordonne la grenouille. Et à son tour de courir derrière le jar.
_ Oh la la … Sont nerveux aujourd’hui ! Si ils se figurent que je vais me mettre à courir aussi ! Ils se mettent la palme dans l’œil ! Rigole le rhinocéros.
Le Phacochères a pris le premier sentier venu d’un pas alerte, le jar et la grenouille soufflant sur ses talons.
Il arrive alors dans une clairière, à la fois vaste et intime. Une étrange atmosphère y règne.
Un énorme dolmen s’érige fièrement en son centre, baigné des rayons du firmament et…
Il stoppe net !
La lionne, la louve et le Gros nez se prélassent sur la grande pierre.
Un goéland décrit de larges cercles autour d’eux.
Le pelage de la lionne, d’un brun luisant, s’harmonise avec celui de la louve, d’un blond paille.
Le Gros nez, de grande taille, le nez aussi, est lui d’un noir de jais, lustré au soleil.
Son regard, d’un vert étonné, se fixe sur ce qui semble être une intrusion.
Le jar et la grenouille s’empilent derrière lui.
La lionne allongée, s’assoit et contemple cet étrange trio. Un sourire amusé s’installe entre ses moustaches…
_ Tiens… Tiens… Dit-elle. Soyez les bienvenus…
A ces mots, la louve, après s’être étirée…
_ Mais ce sont nos connaissances du forum… Il en manque une on dirait… Elle marche moins vite que les autres ? Vous seriez-vous égarés mes chers ?
Le gros nez ne pipe mot, jouissant de l’apparente gène du quatuor boiteux.
_ Le salop ! chuchote la grenouille au jar. Il nous a intentionnellement amenés ici !
_ Tu crois ? répond le jar.
_ Ben voyons ! Je n’ai aucune confiance en lui !
La lionne et la louve, d’un bond accordé, atteignent le sol de la clairière et se dirigent vers les trois égarés. Le gros nez rit sous cape, tel le chat botté, en gardant un œil sur la scène.
_ Que nous vaut le plaisir de votre visite ? La lionne termine sa phrase d’un large sourire.
_ Vous pourriez pas dire à votre mouetteux de se poser ? ! Il me donne le tournis ! grince la grenouille.
_ Pose toi Goéland… Tu incommodes Madame… Lance la louve.
Le goéland resserre ses cercles et termine son vol sur le dos du Phacochère…
_ Oups ! lâche celui-ci. Je veux bien mais soyez doux Goéland.
_ Alors Grenouille ? Vous me cherchiez ? ironise le goéland.
_ Certainement pas ! s’étrangle la grenouille. Les mouetteux ados ne m’intéressent pas ! Surtout s’ils sont incultes et sans talent !
_ Vous avez bien raison ! Ce n’est plus de votre âge…
_ Laissez donc ma douce. Chuchote le jar. C’est un hargneux, un méchant alcoolique qui ne sait que voler en ronds !
Un silence pesant s’installe dans la clairière.
Le rhinocéros, lassé d’attendre ses amis, arrive enfin, s’approche sur la pointe des pieds.
Que se passe-t-il ici ?! Lance-t-il d’une voix tonitruante.
Le goéland quitte le dos du phacochère pour se percher sur la corne du rhinocéros qui se met à loucher.
C’est vraiment aphrodisiaque cette appendice tout sec ? Lui demande-t-il.
Il croient en n’importe quoi ces asiatiques !
On vous a proposé de la vendre Rhino ? Vous en seriez capable. J’en suis certain !
Laisse l’attribut de mon ami tranquille !
Descend de là ! Avant que je m’en mêle oiseau de malheur !
Chut Grenouille ! Tu vas aggraver. Laisse-moi faire. Je vais négocier. Lui conseille le jar.
Ben quoi ? À lui seul, Rhino écrase cette bande de crapules !
La phacochère qui n’apprécie pas plus que ça le rhinocéros mais lui reconnaît une supériorité physique, l’encourage à foncer dans le tas.
Écrase-moi cette bandes de traîne-savate Rhino !
Le rhinocéros ne réagit pas. Comme hypnotisé par la présence du goéland sur son nez.
Je ne peux pas bouger ! Cet emplumé me tient en son pouvoir !
Il louche tant qu’il a l’impression que ces yeux ne vont en faire qu’un.
Tout le monde sourit, sauf les quatre bien sûr.
Le goéland lui cogne le front du bec.
Toc Toc ? Il y a des méninges làedans Rhino ?
Heyyyyyyyyyyyyyy ?
Que vois-je ? C’est toi Iffis ? S’exclame la grenouille.
Iffis ? S’étonne le jar.
Oui ! La hyène rayée ! Un sage érudit.
C’est bien moi grenouille. Que se passe-t-il ici ? Y aurait-il matière à discorde ? Ne pouvez-vous pas faire la paix, si guerre il y a ?
Confucius a dit : « Quand vous voyez un homme sage, pensez à l'égaler en vertu. Quand vous voyez un homme dépourvu de sagesse, examinez-vous vous même. »
Nous avons effectivement quelques sujets de mésentente. Soupire le jar en regardant le gros nez.
« Oublie les injures, n'oublie jamais les bienfaits. »
Des bienfaits ? De ce ver solitaire qui sent la brise d'anus ?! Éructe le phacochère en pointant le sabot vers le gros nez.
« Quand la haine ou la faveur de la multitude s'attache à un homme, il faut examiner pourquoi. »
Il va nous barber longtemps avec ses citations celui-là ?! Plaisante le gros nez.
Une pour toi phacochère. Je vais m’y mettre aussi.
« L'honnête homme exige de lui-même, l'homme vulgaire des autres. »
Mais ? Que vois-je ?
J’aurais été étonné que la hyène soit venue seule.
La blonde d’Aquitaine…
Meuhhhhhhhhhhhhh
Bonjour tout le monde !
Une vache bien charpentée s’avance.
Que se passe-t-il Iffis ?
Le ragondin n’est pourtant pas là !
Que vient-elle faire ? S’étonne la lionne.
À choisir entre lui ou elle, je ne sais pas. Chuchote la louve. Je m’en méfie d’elle !
Je me méfie du ragondin. Lui répond la lionne.
« Trois sortes d’amis sont utiles, trois sortes d’amis sont néfastes. Les utiles : un ami droit, un ami fidèle, un ami cultivé. Les néfastes : un ami faux, un ami mou, un ami bavard. »
La hyène est intarissable dès qu’elle pense avoir un public.
Bon, ce n’est pas tout ! Que voulez-vous ? Lance la lionne.
Votre petite bande semble être au complet ?
Ah non. Il manque le ragondin. Il est où celui-la ? Quelqu’un a de ses nouvelles ?
Apparemment non.
Voulez quoi ?
On vous a jetés de votre forum ?
Mais ? Dis-moi phacochère ?
Tu es seul ?
Tu n’es pas venu avec la chèvre ?
Ça ne va plus entre vous ?
Si Si. Bredouille le phacochère, intimidé par la lionne.
Il pensait bénéficier de l’imposante stature du rhinocéros mais celui-ci est toujours sous l’emprise du goéland qui lui tapote toujours le crâne du bec, cherchant un endroit où ça ne sonne pas creux.
T’es pas gêné d’avoir la grosse tête rhino, il n’y a que de l’air làedans. Pas étonnant que tu te la pètes autant. C’est le palais des courants d’air. Ha Ha Ha
Arrête le goéland. Ce n’est pas de sa faute si Dame Nature ne l’a pas appris à traverser les millénaires. Il est à moitié préhistorique mais il n’a pas un mauvais fond.
La lionne prend un air grave.
Elle est où ta chèvre phacochère .
Moi je sais !
La hyène fait quelques pas vers la lionne.
Elle m’attend. Je lui ai donné rendez-vous parce qu’elle m’a demandé de lui lire quelques textes de mon cru. Je me dirigeais vers elle lorsque je suis arrivé dans cette clairière.
Co…. Hurle le phacochère. Tu n’as pas compris qu’elle t’utilise ?!
Elle n’en a rien à faire de ta prose de m… !
C’est MOI son Homme !!!
C’est pour que tu l’encenses !
Pourquoi ferait-elle ça ?
Pour faire bisquer le nez rond !
Lui dire que c’est toi le meilleur pour qu’il soit vexé !
Encore une qui est amoureuse du nez rond… Rit le goéland.
Si elle se figure que lui l’est d’elle, elle se met le doigt où je pense.
La hyène baisse la tête.
Me ferais-je avoir par cette chèvre qui prétend être savante ?
Le jar est aux anges. Il n’apprécie pas la hyène. La grenouille est trop couarde pour prendre position.
Quand ?
Un corbeau à tête blanche croasse avant de se poser un peu à l’écart.
Il y a de la nana ici, mais pas pour moi. Se dit-il.
Mais bon.
On fait ce qu’on pneu, on est pas des chambres à air.
Je te sens fourbe la hyène.
Non lionne.
Si !
Je te vois insulter des gens avec lesquels tu plaisantais hier.
Comme la pie par exemple. Ou la gazelle ?
Tu les méprises soudainement pour te faire accepter par le clan des mammouths et de la chèvre !
Tu es prêt à tout pour te faire valoir.
Mais ? Écoute ce gros jaloux à tort de phacochère. La chèvre se joue de toi !
Et ? Cette vache dont s’est épris le ragondin à une époque ? Que fais-tu avec elle ?
Je réitère ma question :
Que venez-vous faire ici ?
Pas de réponse. Ils prennent tous un air penaud sauf la grenouille qui aimerait réagir mais n&rsquoe pas.
Vous n’êtes pas les bienvenus, je suppose que vous le savez.
Vous insultez vulgairement et grossièrement lorsque l’on va pas dans votre sens !
Ce, en meute !
Vous êtes des lâches.
Mais lionne ? Intervient le jar en levant le doigt. Il hésite puis :
Tout est de la faute du gros nez. C’est lui qui a commencé.
Non. Vous étiez comme ça avant de le connaître.
Il n’a fait que réagir à votre comportement.
Le gros nez n’est pas grossier comme vous. Je ne prends pas sa défense. Il m’est arrivé de lui demander de vous laisser un peu tranquilles mais, lorsque je constate que vous êtes indécrottables, ne savez argumenter qu’à coups d’insultes, la hyène s’y est mise avec vous, je cautionne le comportement du gros nez.
Quant à la chèvre, aussi bête que ses sabots, elle va très bien avec vous.
Vous devenez ridicules les mammouths.
Vous pouvez aller !
La petite troupe fait demi-tour. Le goéland a quitté la corne du rhinocéros, le libérant ainsi de influence.
Ce dernier semble se réveiller.
Que s’est-il passé ?
Il voit les autres s’éloigner.
Eh ! Attendez-moi !
Retournons au forum ! Lance le phacochère à la cantonade.
Retrouvons la chèvre et demandons-lui de faire un bon sujet, comme elle sait le faire !
Nous allons les massacrer ces gueux !!!
Oui. Je suis partant ! S’enorgueillit la hyène. J’ai eu le temps d’y penser.
Oui ! Oui ! Dardons-les de la pertinence de nos mots ! Conclue la grenouille.
La clairière s’est vidée.
Seuls la lionne, la louve, le gros nez, le goéland en occupent le large rocher.
Et ?
Le corbeau à tête blanche qui observe, lançant un petit croaaaa de temps en temps.
Eh ? Corbeau ? Tu n’es pas parti avec tes amis ? La lionne le considère en souriant.
Non lionne. Ce ne sont pas mes amis. De vieilles connaissances. Comme vous. Toujours aussi bandante lionne. Toi aussi la louve.
Merci pour le compliment. Lui adresse la louve. Tu ne perds pas le Nord hein corbeau ? Toujours seul pourtant. Qu’est-ce qui ne va pas en toi ?
On fait ce qu’on pneu, on est pas des chambres à air… Entonne alors ce dernier.
Puis.
Ne t’inquiète pas pour moi louve. upe-toi plutôt du mouetteux ou de gros nez.
Ok corbeau. Abrège la lionne.
Je suis heureuse qu’ils soient partis.
Quel association malsaine !
Le pire est la hyène. Je ne suis pas étonné qu’il soit avec la vache et qu’il tente de séduite la chèvre pour se faire valoir. Je ne l’aimais pas dans un ailleurs et je ne l’aime toujours pas.
Oui, tu as vu comment il est avec la pie et la gazelle ?! Approuve la louve.
Il est arrivé en faisant un post solo, tentant d’y amener du monde en flattant qui voulait se faire frotter la manche. Il n’a pas eu beaucoup de succès. Pas celui qu’il escomptait.
Voilà pourquoi il a pris le parti de la chèvre, utilisant l’un de ses sujets, d’abord en minaudant puis en devenant dédaigneux envers les autres, qu’il avait sollicités. Une hyène ! Affirme la lionne.
C’est qui cette chèvre ? Demande le mouetteux.
Une copine du phacochère. Lui répond le gros nez. Ils vont bien ensemble, si bien qu’il se tait le phacochère, parce qu’elle s’exprime mieux que lui tout en étant aussi méprisante et grossière. Je me demande si ce ne serait pas la vache, la blonde d’Aquitaine. Elle a l’art du déguisement celle-là !
Comment veux-tu qu’une vache se déguise en chèvre gros nez ?
Je ne le sais pas mais une chèvre peut devenir une peau de vache ! Nous en avons la preuve.
Modifié il y a 5 ans, le dimanche 9 juin 2019 à 23:13
Cette histoire prend une direction qui ne me plaît pas.
Elle devient triste.
Il est dommage de constater que des humains demeurent calqués sur le comportement de certains animaux.
Je vais donc reprendre.
Un jar et un phacochère traversaient un pré en devisant sur les bienfaits de l’herbe grasse du printemps lorsque leur attention fut détournée par les cris d’une grenouille.
Cette dernière tentait de les rejoindre à grands bonds…
« Attendez-moi… !!! J’ai tant de choses à vous dire… Je connais bien l’herbe… ! »
Le phacochère, cessant de mâchonner, se tourne vers son compagnon :
_ Une grenouille ? Une gentille grenouille… Bienvenue à elle.
_ écoutons-là, elle a très certainement quelque chose à dire et… Je suis pour la liberté d’expression moi !
_ Bien sûr ! J’en suis ravi.
Ils ralentirent donc le pas, jusqu’à ce que la grenouille, une grassouillette grenouille commune, les rejoigne, essoufflée et si pressée de dire ce qu’elle avait à dire qu’elle en bafouillait.
_ Merci les gars, c’est sympa de m’attendre. Vous ne le regretterez pas, je suis d’une compagnie très agréable, et d’un humour à vous rouler dans l’herbe.
_ Oui. Venez… Murmura tendrement le phacochère.
_ Demeurez avec nous ma Belle susurra le jar à la grenouille. D’autant que l’on risque, dit-on, de rencontrer ce mythique nez de bœuf qui accueille chaleureusement les gens du voyage comme nous. Nous ne serons pas trop de trois pour festoyer avec lui.
Par contre…
Je ne comprends pas que la pie continue à s’offrir en pâture à la chèvre et à Iffis, la hyène rayée, qui ne demandent qu’à soigner leurs aigreurs avec les siennes.
Mais ?
Je ne peux pas demeurer silencieux face au comportement de la hyène.
Je ne désire pas prendre la défense de la pie.
On sème ce que l’on récolte.
Mais ?
Je trouve la hyène méchante et lâche.
Chacun sait qu’elle n’attaquent que par derrière, lorsqu’elle sentent que leur proie est fragilisée.
Non pas que la pie soit fragile.
Quoique, derrière son plumage, il y a un être, très certainement sensible, ce qu’a compris Iffis, qui la fatigue, pensant qu’elle va lui céder.
Comme la chèvre de Monsieur Séguin.
Sauf que Iffis est une hyène, pas un loup.
Que la pie n’est pas une chèvre.
La paix règne sur la clairière en ce dimanche d’avril.
La lionne et la louve se sont faites belles pour célébrer le soleil qui est enfin de retour.
Le goéland et gros nez, dit nez de bœuf, se sont revêtus de leur plus belle redingote.
Fêtons ce jour de printemps mes Amis !
Il nous est offert, honorons-le.
Oui lionne. Gros nez lui prend la main, son regard se rive au sien quelques secondes qui sont une éternité.
Le goéland s’est rapproché de la louve qui peint, un soleil dans un ciel azuré, deux oiseaux blancs qui dansent, semblant ne faire qu’un, parfois.
Le rouge-gorge, la mésange, un couple de palombes, le grand duc, un faon suivi de sa Maman, l’écureuil, la marmotte et sa famille, les merles, un paon du jour…
Le peuple de la forêt les rejoint, virevolte, piaille, discute, s’aime au cœur de cette clairière qui devient aussi animée que la place du village voisin, le dimanche matin, jour du marché.
Les rires fusent, des amours naissent, un tonneau d’hydromel est percé, un buffet s’est dressé à l’ombre des arbres, venant de nulle part.
Une elfe, non-voyante, s’invite, accompagnée d’un rossignol qui la guide.
Suivis de la pie et de la gazelle, d’une chatte violette, d’une souris jaune, en robe des champs.
Chacun s’est habillé, peint, orné pour rendre hommage à ce beau jour, de paix.
Le conseil du Ruisseau a voté un budget pour subventionner des cours du soir destinés à notre garde-champêtre afin qu'il puisse passer son certificat d'études.
Modifié il y a 5 ans, le dimanche 9 juin 2019 à 23:22
Citation de na0-le-vrai
Le conseil du Ruisseau a voté un budget pour subventionner des cours du soir destinés à notre garde-champêtre afin qu'il puisse passer son certificat d'études.