apocope (clôturé)
il y a 8 ans
Citation de "morganna"
pourquoi pas imaginer que la relation sexuelle ( râles voluptueux) amène à la création de filles ( muguet ) et de garçons ( petits raisins ), tant qu'on y est ?
tant qu'à mal lire, autant le faire entièrement
Ce n'est pas tant que je lise mal, que votre prose qui est hasardeuse.
Ainsi, au-delà de la sonorité, les mots évoquent un sens. À mon avis, l'oxymore râle-volupté m'apparaît douteux, parce que l'antithèse est tordue : l'évocation y est drastique.
Quant aux brins (sic) du raisin, cet énoncé fantaisiste n'évoque rien sinon qu'il révèle une certaine faute de goût de l'auteur, d'où ma référence au style pompier : un brin de muguet, un brin d'herbe, un brin de la vigne naissante, ça va. Mais un brin (!) de raisin, l'image est grotesque.
Ceci dit, ma critique est constructive; il est préférable que vous écriviez, c'est mieux que écouter la télévision.
À votre style ampoulé où les associations malheureuses sont légion, je préfère le vers libre de la poésie dépouillée, comme par exemple celle tirée du recueil intitulé Lecture en vélocipède de cette pauvre Huguette Gaulin (J'y accole l'épithète pauvre, parce qu'elle s'est immolée par le feu) ou encore le poésie évocatrice d'un Paul-Marie Lapointe :
Nous reprenons notre territoire de
fourrures neigeuses
haches ironiques
et peaux crevées
continent à rebours
où elles se creusent
lavé à la potasse du rêve
les cortèges de tortues s'estompent
aux coins saignant de la main
soutenez de l'oeil du talon
l'arc accomplit ses glaçons d'endroit
Huguette Gaulin, Lecture en vélocipède, poèmes 1970-71,
Éditions Les Herbes Rouges, Montréal, 1983, 175 pages.
L'écriture rupturée et elliptique de Lecture en vélocipède
met en évidence la pratique de tout un groupe d'écrivains
qui, au cours des années 70, remettait en cause l'efficacité du
langage comme moyen d'expression poétique ainsi que les
fondements de la logique syntaxique de la langue française.
-Christian Bouchard, Lettres québécoises : la revue de l'actualité littéraire, n° 34, 1984, p. 36-38.
Paul-Marie Lapointe
Soyez tristes (Circa 1948)
soyez tristes
pleurez dans la hutte et le vison
dans le chevreuil et le cierge
pleurez dans les chaînes et le château
soyez tristes
pleurez sur la ville et la toundra
pleurez sur la mine et le maïs
pleurez ce peuple est inutile
nous sommes à l’écoute des sanglots
nous sommes à la charge des larmes
entre la mer et le trombone
entre la bouche et l’oreille
un navire fendant l’âme jusqu’à l’île
une île feuillue une île apaisée
une île offerte
une terre accueillante aux eaux glauques
le soleil y pousse beau corps
soyez tristes
depuis toujours ils dorment
dans les stèles de leurs vies
ils poussent leurs fleurs dans les tertres
des regards inoffensifs
qui ne pardonnent pas
pleurez
malgré les consolatrices
chevelures de la tendresse
scaphandrières de l’amertume
tentatrices ravagées par leurs jambes
coutelas frénétiques
billets doux
planètes baobabs
soyez tristes ils sont froids arides torrides et secs
malgré le brasier calme des lèvres
malgré l’oiseau le poisson la caresse
malgré la floraison des nerfs et la source
agile du sang
malgré l’éclatement des rocs
perpétuellement
remués par les mots d’amour
ce continent me trahissait
j’étais prisonnier de ses pores
prisonnier de ses blessures
plaie quotidienne
d’un espoir
ce continent me trahissait ce pays
ce cercueil
par le clocher la sentinelle
par la matraque et la plume
et la hanche portant sa fillette scalpée
les amours fleurissaient dans le fumier
pivoines de la folie
hivers ô hivers ô gratte-ciel ô sténos
soyez tristes
la bouche sur l’épée le frimas d’un baiser
soyez tristes
nageoires effacées du sommeil
sucrerie volupté
nuit des riches
Dieu l’éternité le radar
pleurez
pleurez dans la hutte et le vison
pleurez dans le cierge et le chevreuil
la fosse et l’auto
riches
soyez tristes
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Déclamé par l'auteur :
Modifié il y a 8 ans, le mercredi 30 mars 2016 à 13:11