Le Monsieur s'en est allé. Il fut un compagnon de route télévisuelle. Pour moi quelque chose résonne au fond de ma mémoire comme le souffle d'une glissade sur un toboggan luisant ou les cris de joie des enfants des bacs à sable. On glissait. On construisait des châteaux. On creusait des souterrains. L'enfance. On lisait aussi. On écoutait parfois. Il avait ouvert les guillemets. Lui seul pouvait les refermer à sa guise. Au moment qu'il jugera utile. Il avait ouvert les guillemets comme on ouvre une bouteille de beaujolais. Il a attendu le joli mois de mai pour refermer le bouchon et jeter la bouteille vide désormais cadavre. Il a refermé les guillemets en ce joli mois de mai pas si joli que cela. On meurt en septembre ou en décembre. Mois propices à la mort. Le muguet à peine fleuri, le Monsieur tire sa révérence en prenant soin de prendre avec lui toutes les bibliothèques du monde. On part nu comme un ver dit-on. Lui est parti le verre plein d'un vieux beaujolais qu'il a pris soin de garder pour le cas où, pour l'ultime instant. Le Monsieur est loin maintenant, parti rejoindre les Charles de la littérature comme ceux de la politique. Il adorait les Charles. Même ceux qui vomissaient en direct. Il pouvait se le permettre car la littérature, comme l'argent, permet tout , donne tout. Le Monsieur pouvait se le permettre avant que les nuages de la médiocrité ne s’amoncellent. Il en avait l'envergure et la dimension.
Même les Mozart finissent un jour par être apostrophés .
"La musique est un puissant excitant du rêve.
La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant
soit l’adagio du Concerto no 23 en la majeur de Mozart,
soit, du même, l’andante de son Concerto no 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révèleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps. "
Modifié il y a 6 mois, le samedi 11 mai 2024 à 18:28