loreen78

le rock... dans tous ses états... (1/3)

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LE MAGASIN


PITTORESQUE

RÉDIGÉ, DEPUIS SA FONDATION. SOUS LA DIRECTION DE

M. ÉDOUARD CHARTON

MFMlîltE DE l’institut


CINQUANTE-QUATRIÈME ANNÉE


SÉRIE II — TOME quatrième


PARIS

AUX BUREAUX D’ABONNEMENT ET DE VENTE

‘29, QUAI ÜES GKANUS- AUGUSTINS, 29


M UCCC LXXXVl



LE MAGASIN

PITTORESQUE


1886




LES l'IiOI’RIETAlHES I>F, CET OUVRACE SE RESERVENT LE DROIT DE REI'KODUCTION ET DE 'IRADUCTION
DANS TOUS LES l'AYS QUI ONT TRAITÉ AVEC LA FRANCE.


■ryiingrapliie (iu Magasin fittorf.soue (.1. Cliarton), nie de rAbW-(;régüire, 15


THF (ÎFTTV îrFMTÎTÎ



LE SOUVENIR.









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l,c Soiiveiiii'. — Marbre ijoiir le liiiiibeaii de M'"' {]. K., par .\iiloiiiii Mercié. — ri i\ du Salon de 1880.


Si r.ii II ïiiMi' l\


.iwvii it IXSC, I




MAGASIN PITTORESUUE


L.)


La mort ne détruit pas; elle rend invisible.

La mort a fait son œuvre. Il a fallu que la tombe
s’ouvrît et se refermât sur l’être aimé. Mais la
pierre qui la scelle n’esl pas restée déserte; le
souvenir est venu s’y asseoir, et rien n’a pu l’en
chasser. Le temps s’écoule, les saisons se succè-
dent, toutes choses se renouvellent: lui demeure.
Le spectacle du monde e.Ktérieur le laisse indiffé-
rent. Les arbres étalent autour de lui leur fraîche
verdure, et il ne les voit [)as. Les oiseaux du ciel
gazouillent leurs chansons printanières, et il ne
les entend pas; ils lui a[)porleraient des ll(3urs,
comme de la part de Dieu, il ne les prendrait pas,
il les laisserait tomber et se faner à te re sans
leur accorder un regard. Il est là. affaissé, rési-
gné, doux, immuable dans son regret. Et les té-
moins de cette pure et inviolable douleur s'ari-è-
leiitavec émotion et sentenl pleurer de nouveau
1311 eux leurs deuils passés.

E. L.

- -o.îOlc

PLUS RÉEL QUE VRAISEIVIBLABLE.

NOUVELLE.

ils étaient réunis une demi-douzaine, artistes,
poètes, [ibilosophes, dans l’atelier du compositeur
ljuthcl. Comme ils ne faisaieni rien, ils avaient
i-envoyé à l’autre bout de la vaste pièce la lampe
coilTée de son grand abat-jour, qui jetait une
faible lueur sur les vases remplis de plantes vertes,
sur les trophées d’instruments de musique pendus
au mur, sur la bibliothèque où brillaient dans
leur reliure rouge les œuvres des maîtres; et le
groupe des causeurs se contentait pour tout éclai-
rage de l’élincelle des cigarcites et des llammes
livides d'un bol de punch. Etait-ce l’influence de
ces llammes sépulcrales qui avait fait dériver la
conversation vers le fantastique? entendre les
histoires qui se racontaient l.i , ou se serait cru
dans le salon de quelque vieux ciiàteau, aux ap-
proches de minuit, quand les belles dames, fris-
sonnant au récit des légendes les plus effra 3 'antes,
se demandent si tout à l’heure elles auront bien le
courage de parcourir les longs corridors sombres
pour gagner leurs chambres.

— Si cela continue, dit le sculpteur .laquier ,
nous allons arriver aux coules do revenants, ce qui
serait un peu bête, à notre âge.

— Eh! dit Mauclay, le peintre, les contes de
revenants avaient du bon, et un peu de fantastique
dans la vie ne ferait pas mal. Elle esl parfois trop
plate, la vie !

— La vie de qui? répliqua LuLhel. La vùti’C,
la mienne, je ne dis pas; mais il se rencontre
des gens qui ont des têtes de personnages de lé-
gendes; et je parierais qu’en fouillant dans leur
vie, on y trouverait, sinon des revenants, au moins
des aventures extraordinaires...


— A propos! interrompit le professeur Daraius,
([u'esl donc devenu un de vos élèves, un singulier
garçon , laid comme un singe, qui ne parlait ja-
mais, et qui tombait en extase dès que vous frap-
piez un accord? .le ne peux plus me rappeler son
nom ; mais je vois d'ici ses grands yeux qui re-
gardaient dans le vide, ses grandes dents blanches
et ses longs cheveux noirs qui retombaient sur sa
main quand il s’accoudait au piano, sa tête ap-
puyée sur cette grande main osseuse. En voilà un
qui semblait échappé d’un conte d’Hoffmann !

— .fustement, mon cher, c’est à lui que je pen-
sais. Pauvre garçon!...

— Luthel, mon ami, passez-moi votre verre,
que je le remplisse, et contez-nous l’histoire du
pauvre garçon. Aussi bien vous ne demandez que
cela, n’est-ce pas?

— L'histoire! répéta le chœur; l’histoire du
})auvre garçon !

Luthel haussa les épaules et passa son verre à
Mauclay. Le courant d’air éteignit la dernière pe-
tite llamme bleue qui dansait comme un feu follet
à la surface du punch.

— Gomme l’a fort bien dit Darains, commença

Luthel, Roland n’élait pas beau

— Roland! c'est bien cela. Non, il n’était pas
beau.

— Roland n’était pas beau; c’est quelquefois un
malheur de n’ètre pas beau du tout. Il parait que
sa famille avait eu rinjustice de lui en vouloir!

Sa mère, — il y a des mères vaniteuses, — pré-
férait ses autres enfants à ce pauvre avorton ché-
tif, que Darains a pu comparer à un singe. L’en-
fant grandit, triste et silencieux; il alla à l’école,
il alla au collège, médiocre partout et ne se plai-
sant à, rien; il avait quatorze ans la première fois
que je le vis et que je remarquai sa bizarre figure,
.l’arrivais dans sa ville nalale où j’étais nommé
organiste de la principale église, et je venais de
faire la connaissance de sa famille. Naturellement,
ce soir-lâ, on parla musique, et musique nou-
velle, et on me pria rie jouer, pour donner idée
des œuvTes que je vantais.

.le me mis au piano. J'e n'\' étais pas depuis une
minute, que le singe, — c'est Roland que je veux
dire, — quitta le coin où il se tenait tout seul, et
vint se glisser auprès de moi. Je n’ai jamais vu
un changement pareil se faire sur une figure! je
fus sur le point de m'écrier : Mais il est beau !
Tant que je jouai, il ne bougea pas; et moi, te
prenant pour champ d’expériences, je m’amusai
à exécuter des morceaux de style et de sentiment
complètement différents. 11 comprenait bien, l’en-
fant ! ses grands yeux étaient comme un miroir
où se reÜétait ma pensée. Quand j'eus fini, il
poussa un gro» soiqiir et s’en retourna dans son
coin.

— Votre fils est musicien? demandai-je a la
mère.

— Lui? me répondit -elle d’un air étonné; pas
du toutl Ses sœurs jouent du piano, son petit frère


MAGASIN PITTORESQUE.


8


a commencé le violon; mais Roland n'apprend
pas la musique : c’ést tout juste s’il trouve le
temps de faire ses devoirs.

— C'est dommage, pensai-je ; et je me promis
de jouer encore devant Roland.

Je me liai bientôt avec sa famille; on me faisait
entendre les jeunes filles, qui ne jouaient ni mieux
ni plus mal que tant d'autres, et je leur donnais
quelques conseils. Puis, je me mettais au piano,
et Roland arrivait comme attiré par la musique,
et restait là, ravi, transfiguré, tout le temps que je
jouais. Je finis par demander comme une faveur
la permission de lui apprendre la musique : le
pauvre garçon n’aurait jamais ose demander cela
lui-même. La faveur fut accordée, à condition que
le piano ne nuirait pas à ses études.

— Oh! non, au contraire! s’écria-t-il.

C’était la première fois que je l’entendais parler
avec vivacité.

— PoLinjuoi au contraire? lui demandai-je,
pendant qu’il s’installait sur le tabouret de piano.

— C’est que je comprends mieux tout, quand je
viens de vous entendre, me répondit-il en rou-
gissant.

Il disait vrai. A partir du jour où il apprit la
musique, il eut de meilleures places dans sa
classe : c'était comme une lumière qui se faisait
dans son esprit. 11 fit de bonnes études, et re-
monta dans l’estime de sa famille; et comme il
avait réellement des dispositions merveilleuses
pour la musique, ses parents lui permirent de me
suivre quand je vins demeurer à Paris, pour y étu-
dier mieux qu'il ne pouvait le faire dans sa petite
ville. C’est dans ce temps -là que Darains l’a
connu.

— Et je me rappelle que vous fondiez de grandes
espérances sur son avenir, reprit Darains.

— Pour moi, mon cher, Roland était destiné à

devenir un compositeur de premier ordre, une
gloire comme celle des plus grands maîtres alle-
mands; mais il y a des fatalités Au moment

où il commençait à se sentir maître de la langue
musicale, à saisir la forme à donner à ses inspira-
tions, le malheureux devint sourd !

— Pauvre diable! dit Jaquier avec compassion.

— Beethoven aussi est devenu sourd, reprit

Luthel; mais il avait atteint le complet dévelop-
pement de son génie, il n’a pas été arrêté court
dans son vol au moment où il ouvrait ses ailes...
Et pourtant, combien il a été malheureux ! quoi-
qu'il ait eu le temps de s'accoutumer à son mal-
heur, puisque son inlirmilé n'est venue que peu .1

l-ieu. Mais le pauvre Roland Tenez, je vais

vous lire, — je les ai gardes précieusement, — des
feuillets où il écrivait scs impressions, 11 avail
commencé cela' dès l’enfance, à douze ou treize
ans, y nolantses tristesses de paria dédaigné pour
sa timidité et sa laideur Plus tard cela chan-

gea, et sa famille devint fière de lui; il s'en ré-
jouit dans ces espèces de Mémoires, mais sans
s étendre là;-dessus; au lieu qu’il est intarissable


pour parler de la joie que lui a causée telle ou
telle œuvre musicale.

Luthel alla ouvrir un chiffonnier et y prit une
liasse de papiers jaunis couverts d'une écriture
pâlie par le temps. Il les feuilleta un moment;
puis il apporta la lampe sur la table.

— Voici, dit-il, la première page où je retrouve
l’indice de sa maladie;

«Je me sens tout bizarre ce soir; j'arrive de
l’Opéra où l’on jouait les Hwjuenots , et il me
semble que je sors d'un rêve ; les sons m'arri-
vaient comme au travers d’une couche d'ouate.
Est-ce que l’orchestre av^ait été pris de la fantaisie
étrange de jouer pianissimo? Personne pourtant
n’avait l'air étonné dans la salle. Je continue à
me sentir la tête lourde : l'horloge vient de sonner,
et le son m'a paru si lointain! est-ce que le vent
l’emporte d’un autre côté ? Je suis fâché qu’il soit
minuit : je voudrais me mettre au piano et jouer
une marche bien bruyante, pour m'entendre,
enfin ! »


«Je ne peux plus me le dissimuler; dcqtuis le
soir de l'Opéra, — il y a de cela huit jours, — j’en-
tends beaucoup moins clair que par le passé.
J’espère que ce n’est qu’un malaise passager;
j’aurai trop travaillé!... Je vais aller me reposer
au bord de la mer. »


« Plus de doute, je deviens sourd! Tous les sons
m’arrivent comme étoufi'és; pour suivre une con-
versation, je suis forcé de prêter l’oreille; et tout
à l’heure, dans la rue, j’ai failli être renversé par
une voiture que je n’entendais pas venir. A vingt-
deux ans, sourd! un musicien sourd! Ce n’est pas
possible; on ne devient pas sourd, comme cela, en
quelques semaines; il doit y avoir un moyen d’ar-
rêter cela... j’irai demain consulterun spécialiste. »


« Oh! les médecins ! Tous, ils me disent la même
chose : je deviens sourd... est-ce que je ne le sais
pas? Ils craignent que je perde tout à fait l'ouïe;
mais le remède? Ils secouent la tête; chacun in-
dique un traitement différent, mais aucun n’a Tair
d’y croire... iMnn espérance s’en va! »


« De plus en plus, je m’enfonce dans le silence...
dans la trislesse aussi! .te n'ose plus aller nulle
part ni voir personne; je n'entends plus rien de

ce qui se dit Il y a des gens compatissants qui

s’approchent tout près de moi pour me parler, cl
qui crient; je me sens rougir, et c’esi à peine si

je peux leur être reconnaissant de leur pilié -le

fuis les endroits où l’on fait de la musique : c'est
lâche ! On donne encore les Huguenols ce soir à
l’Opéra ; j irai. Je veux connaitre toute l'étendue
de mon malheur... »

Luthel posa les feuillets sur la table.

A suivre. M'"'‘ J. Colomb.




M A G A s I N P I T T Ü II E S U U E.


J'AI RÉUSSI.

Un dil d’un lioinine qui a gagné quelque répu-
tation ou quelque l'ortune : « 11 a réussi» ; d’un
autre, dont la situation est plus modeste : « Il n’a
pas réussi. » Je n’entends jamais répéter une de
ces deux phrases sans que le souvenir d’un fait
personnel me revienne à l’esprit.

11 y a bien des années de cela. Je traversais une
de ces crises morales que les plus forts eux-
mémes n’évitent pas toujours : comment nous
autres, de moyeu courage, aurions-nous la pré-
tention d’y écliapper? Des projets auxquels j’a-
vais dû renoncer, un certain découragement qui
s'était emparé de moi, une maladie dont j’avais
peine à me remettre, tout s’était réuni pour m’at-
trister. Je me sentais faible de corps et d’esprit ;
les lectures, les études, qui jusque-là avaient été
ma distractiun, me fatiguaient ; je fermais le livre
à peine commencé, et je me disais : A quoi bon?

J’étais dans ces dispositions, quand la porte de
ma chambre s’ouvrit, et je vis entrer un ami poui'
qui j’avais une profonde alfection et une singu-
lière estime : j’avais vu chez lui, en plus d’une oc-
casion, la bonté, la sincérité, la droiture, un rare
oubli de soi-même. J’étais sûr de sa sympathie,
sans savoir si son alfection égalait la mienne : il
était réservé, ne se livrait pas volontiers ; il n'y
avait pas encore entre nous cette confiance, cet
abandon, qui sont le charme et la force de Ta-
rnitié.

11 s’assit auprès de moi, et se mit à m’interro-
ger doucement : «Tu souffres moralement, me
dit-il, plus que physiquement. » Alors je lui par-
lai comme je me parlais à moi-même un instant
auparavant, je me laissai aller à penser tout haut
devant lui , et je finis par le mot de tous les mé-
contcids : « Je n’ai pas réussi. »

Mon ami me dit, d’une voix ferme : « Tu te
trompes ; tu as réussi, et tu n’as pas le droit de
te plaindre. Des échecs qui peuvent être réparés,
des déceptions qui seront oubliées demain, est-ce
que cela compte dans l’existence d’un bomme? Tu
as réussi dans quelque chose qui importe davan-
tage : tu as des amis qui ont vu tes efforts, qui ont
compris tes intentions, qui t’aiment et qui t’esti-
ment. Une veux- tu de plus, et quel succès atten- |
dais-tu donc de la vie? »

En parlaid, il avait pris une de mes mains et
la tenait serrée dans les siennes. L’expression de
sa ligure me sembla plus grave encore que de
coutume : mais ses yeux étaient fixés sur moi ,
bons, humides, et j’y lus une tcndi'esëe virile. Je
n oublierai jamais son regard en ce moment. Ge ;
fui la une des émotions les meilleures, les plus for-
tiliantes de ma vie; et aujourd’hui même, maigri’
le temps écoulé, je me défends avec quelque peine
d’être ému en évoquant ce vieux souvenir.

Il y eut un moment de silence; puis des indif-
férents entrèrent dans la chambre, et ce fut tout.

Quand je me retrouvai seul, je me sentis un


autre homme. J’avais mérité l’affection, l’estime
de l’ami que je plaçais au-dessus de tous les
autres; il avait raison, mille fois raison : j’avais
réussi! Les ennuis, les chagrins qui tout à l’heure
m’enveloppaient se dissipèrent comme le brouil-
lard que perce un rayon de soleil. Je vis clair.
Depuis, j’ai eu, comme nous Tavons tous, ma part
de biens et de maux ; je me suis toujours rappelé
cette parole , ce regard , qui m’avaient pénétré
jusqu’au fond de l’ànie, et j’ai pensé que celui qui
sent autour de soi quelques affections sincères
n’a pas le droit de se dire malheureux.

L’avouerai-je? Je ne remerciai pas, comme je
l'aurais dû, l’ami, le conseiller qui m’avait sou-
tenu dans un moment peut-être décisif de ma vie.
Fut-ce ingratitude? Non certes ; car la reconnais-
sance, toujours vivace, est dans mon cœur. J’au-
rais dû lui dire : « Tu m’a sauvé de moi-même » ;
je n’osai pas. Je craignais qu’il ne prit le visage
sévère qu'il avait quelquefois, et qu’il ne me ré-
pondit : « Tu exagères les choses » ; et je sentais
que s’il m’eût parlé ainsi, c’eût été un vif chagrin
pour moi.

Cependant la leçon ne fut pas perdue : depuis
lors je me suis fait une règle de morale à mon
usage, et, choisissant dans ma famille, dans mes
amis, les personnes les plus élevées par le carac-
tère, je me suis habitué, dans toutes les occasions
importantes, à me demander : « Quel parti te con-
seilleraient-ils? Que feraient- ils s'ils étaient à ta
place? Efforce-toi de régler tes pensées, les ac-
tions, de manière à mériter leur approbation. »

Dans des circonstances difficiles ou doulou-
reuses, j’ai eu ce bonheur que des mains amies
ont pressé la mienne. Chaque fois que cela m'est
arrivé, j’ai pensé à l’ami d’autrefois, et je me suis
dit : « J’ai réussi. » J’ai cru et je crois encore que
l’affection, l’estime de ceux que nous aimons sont
les biens les plus précieux de ce monde : ce sont,
du moins, les derniers que je voudrais perdre.

Paul Laffittu.

oatSiEc

SCÈNES DE LA VIE ALGÉRIENNE.

L’un de nos meilleurs peintres, M. Gustave
Guillaumet, ayant visité, il y a peu d’années, entre
autres localités de l’Algérie, Bou-Sàda(Q, a péné-
tré dans l’intérieur des habitations et a peint avec
un art charmant diverses scènes de la vie domes-
tique des Arabes; depuis, il les a aussi décrites :
sa plume n’intéresse cl n’instruit pas moins que
son pinceau. Voici quelques passages de son récit
qui se rapjjortent au sujet du tableau reproduit
par notre gravure :

« Dans les rues, quand je passe, les Arabes se de-
mandent quel est ce « lîoumi » et ce qu'il vient faire.

» Me voyant tantôt à pied, tantôt à cheval, avec

P) fille située à 305 kilomètres S.-O. de Coiistantiiic. On y compte
im millier de mai.snn.s on lirif|nes ernes.


MAGASIN PITTORESQUE


le commandant supérieur, ils me croient son pa-
rent ou quelque officier en tournée. Ceux à qui je
m’adresse dans mes coins de prédilection me
répondent parfois en faisant le salut miiiiaire.


» Mais comme en même temps l'outillage du
peintre m’y suit presque toujours, la profession
dénonce les projets; des gens à qui je deviens
loul à coup suspect s'(‘loignen( : j'éveille des dé-



Pilfiises dp. laine à Bon-Sàda (Algérie). — Pi'iiitnre par M. (liiUave Onillaiiiiiid.


fiances, je provoque des terreurs qui ne font
qu’augmenter lorsque je fiénètre dans rinlérieur
des maisons.

» Par suite d’une naïve crédulité aux sortilèges,
de préjugés répandus sur nos images, et surtout
du commandement sacré f(ui, restreignant à 1 or-
nement seul l’art des Orientaux, supprime la re-


présentation de l’èlre liumain, ma, pré'sencc in-
quiète visildement mes bûtes dès que je veux faire
usage de mon crayon. Aussi, je ne m’expose à le
tirer de ma poche que lorsque mon introductrice,
la femme du commandant, ayant ras:=uré l'Aralie
au sujet de mon inolfensif Ira vail, a fait tli'cbir le-;
résistances.




.MAI’.ASIN l>ITTOHESOUK.


') Il s’en faut cependant que ce résultat soit
obtenu partout. En des maisons hospitalières où
tout nous est otïert de bon cœur, café, dattes,
couscoussoLi, on ne cède point sur cet article.
Inutile d’insister.

» Chez les besogneux, l’argent réussit quelque-
rnis à lever les derniers scrupules. Mais chez de
eertains dévots qui maudissent les chrétiens du
matin au soir, c’est d’assez mauvaise grâce qu’on
nous reçoit el d’humeur non moins gracieuse
(pi'on referme sur nous la porte.

» .\u resle. les logements présentent tous le j
même caractère. Les mêmes piliers de bois noueux j
et enfumés soutiennent des lambris où les dépôts '
do la suie flottent en suspens dans les toiles d'a-
raignées ; le même Jour de caverne glisse d'en bas
pai' une porte ouverte ou tombe du toit, entre deux
sidives, par le trou qui découvre un coin du ciel.
Cliaque foyer loge quebiues bestiaux qui vont et
viennent de la cour aux chambres. On se ligure
parfois entrer dans une étable. Des ménagères, |
accroupies derrière un métier à tisser, travaillent
sous une lumière douteuse. D'autres filent près de
l’àtre, dont la fumée séjourne et vous prend à la
gorge, au milieu des courants d’un air nauséabond
que dégagent les immondices mal dissimulées. j

» Le temps, qui pour l’Arabe compte si peu., est |
chez lui bien employé. Toute la journée marchent S
les quenouilles, les fuseaux. Dans tous les coin.s
pendent des écheveaux de laine. Les toisons sor-
ties du lavage passent des peignes de fer entre les
cardes, puis se dévident sous les doigts des lîleuses
pour former, en provision nécessaire, les fils de
trame et les fils de chaîne qui doivent servir au
tissage des burnous. Alors, pendant vingt jours,
les tisseuses s’accroupissent derrière le voilu trans-
parent du métier primitif ofi elles entassent fil sur
fil, enroulant leur travail à mesure qu’il s'achève
sur la barre qui affleure le sol.

» Si l’on considère le genre de vie qui limite for-
cément les besoins des Arabes, il faut convenir
que le savoir-faire de leurs ménagères atteint en
quelque sorte h la perfection. Elles apportent dans
leurs flifierents emplois une méthode sûre et une
grâce telle qu’elies ne paraissent pas en éprouver
de fatigue. Leurs mains mignonnes et générale-
ment bien proportionnées n’y perdent rien de leur
linesse. Et c’est chose curieuse de les voir, en di-
verses poses accroupies , s’aider de leurs pieds
souples et cambrés, dont les orteils agiles s’écar-
tent librement, comme chez les quadrumanes, pour
saisir ou retenir quelque objet menu, lorsque leurs
extrémités antérieures sont occupées.

«Parfois, au cours du travail, Tune d’elles est
prise d’un caprice : elle rapproclie de son visage
la petite glace circulaire toujours suspendue
comme une médaille sur sa poitrine, et s’y mire
avec d’adorables inclinaisons de télé. Puis, ren-
dant quelques soins à sa beauté, elle se plaque du
bleu autour de l’œil, du carmin sur les lèvres, sur
les jou?s; elle se parfume de benjoin, égoutte sur


ses vêtements un flacon d’essence de roses, ou dé-
roule les foulards de son turban pour en arranger
d’autre façon les fausses tresses en laine, après
avoir givaissé d'huile de noix de coco rancie sa
chevelure véritable.

» Certes, la présence d’un homme qui ne fait
pas partie de la famille, et à plus forte raison
celle d’un étranger, est contraire à toute bien-
séance. L’étonnement de ces femmes de me voir
n’est pas moindre que le mien d’être au milieu
d’elles, les observant du regard qu’on donne à de
jolis animaux en cage, étudiant leurs allures
comme si elles appartenaient en réalité à quelque
race humaine distante de la nôtre.

«Ces jeunes sauvagesses, qui par de certains
côtés font penser à Phidias, et par d’autres à M. de
huffon, s’accoutument à me voir.

>) Si elles s’approchent de moi, pour voir si je
les fais ressemblantes, celle-ci se plaint que j’aie
omis quelques-uns de ses tatouages, celle-là ré-
clame plus de rouge sur ses pommettes. L'une,
qui n’est vue que de dos, me demande pourquoi
je ne montre pas sa figure; l’autre, se reconnais-
sant à son costume, s’écrie : « Machi-meleh ! >> (mau-
vais), parce que je me refuse à représenter tous ses
bracelets sur son bras nu. Toutes enfin voudraient
que j’enlevasse les ombres qui modèlent leurs
traits, les lignes et les teintes plates frappant
davantage leur entendement ; ce qui leur est
commun avec les enfants. »

Mais Ben-Sliman , le maître du logis, parle de
partir, lui et tonie sa famille, pour aller camper
sur les rives de l’oued Chair, près des champs
d’orge et du troupeau qu’il y possède. C’est d’ail-
leurs l’époque où la population demi -nomade
quitte la ville, n’y rentrant qu’après les moissons.

« Effectivement, les préparatifs s’organisent.
Les moulins de granit broient une abondante pro-
vision de farine, dont la poudre blanche voltige
sur ma peinture fraîche. Les fileuses, passant à
un autre genre d’occupation, pétrissent une pâte
d’argile, puis en façonnent diverses poteries. Au
milieu du continuel mouvement qui ébranle les
portes et soulève un nuage de poussière , il me
devient impossible de continuer. 11 faut quitter
Bou-Sâda. »

o«®(!c

ÉTUDES MILITAIRES.

TRAVAUX DE CAMI'AGXE.

Vuy. les Etudes du même auteur pul)lices dans notre précédent vo-
lume : Campements, cantonnements et liivouacs, p. 4'2, Tfi ; — Fours
et cuisines de campagne, p. 178, 1 95; — Ponts militaires, 266, 302.

Les travaux de campagne ont eu, de tout temps,
une importance considérable. «11 faut, disait Vé-
gèce, apprendre aux jeunes soldais l’art de la
fortification passagère. Rien de plus utile aux
combattants, rien de plus indispensable. »


MAGASIN PITTORESUGE.


7


Tout ouvrage de campagne se désigne sous la
dénomination générique de retranchement. Tout
retranchement se compose essentiellement d’une
masse concranfe derrière laquelle des gens de
guerre puissent s’abriter eG en même temps, faim
usage de leurs armes. Une masse couvrante peut
l'dre formée de toute espèce de matériaux ; terres
apportées sur place dans certains récipients; ma-
çonneries de pierres de taille ou de moellons ;
piles de bois; chariots emplis de corps d’arbres; :
alignements de troncs d'arbres jointifs ; corps
d’animaux de haute taille ; rangées d’hommes ; i
cadavres d'animaux; cadavres humains, etc. Le
plus souvent, la masse couvrante est formée de
terres prises sur place.

Aucun de ces éléments constitutifs n’était in-
connu des anciens. Les ingénieurs militaires de
Philippe de Macédoine faisaient usage de la cor- '
heille dite aujourd’hui gahion; et les Perses de ce
temps se servaient du sac à quand ils avaient
à asseoir des ouvrages sur un sol difficilement re-
fouillable. Les Gaulois contemporains de César
emplo3'aient de grosses pierres, brutes ou taillées,
et en formaient ce qu’ils appelaient une maceric
(maç(mnerie). .Jules César se servait, le plus sou-
vent, de bois, c’est-à;-dire de troncs d’arbres em-
pilés par lits recroisés. La colonne Trajane nous
offre un curieux spécimen de ces bûchers de forti-
fication. Tous les peuples que les Romains confon-
daient sous le nom de Barbares, — • notamment les
Espagnols, les Cimbres, les Scythes, — avaient cou-
tume d’enfermer leurs camps sous des enceintes
de chariots emplis de bois ou d’autres matériaux, j
Ultérieurement, l’empereur Léon préconise l’em-
ploi des retranchements en corps d’arbres debout
et jointifs, dits aujourd’hui palanques. Les Syriens
d’Y\.ntiochus s’abritaient, pour combattre, derrière
leurs éléphants; les Africains du temps de Yé-
gèce, derrière leurs chameaux ou leurs bœufs.
Aujourd’hui encore, les Cosaques se font un rem-
part du corps de leurs chevaux. Les Grecs se ser-
vaient parfois de leur épaisse phalange comme
d’un ouvrage de campagne. (Juant aux Romains,
dit Végèce, leur infanterie de ligne [gravis urma-
tura) formait, pour ainsi dire, un mur derrière
lequel se défilaient les tirailleurs [rorarii, funâi-
tores) chargés du soin d’engager l’action. Enfin,
Jules César faisait souvent tenir à des monceaux
de cadavres le hideux rôle de masse couvi’ante.
Telle était aussi, il faut le dire, la coutume des
Gaulois.

Ordinairement, avons-nous dit, les anciens se
servaient de terres prises sur place. Le retranche-
ment romain [mimitio, munimentum) se composait
réglementairement d’un épaulement pré-

cédé du fossé [fossa] (jui en avait fourni les terres.

Il comportait toujours un fossé formant obstacle,
alors même que la masse couvrante était en bois,
en gazons, en maçonnerie ou à pierres sèches. De
là l’expression si fréquente de muras fossaque. Les
légionnaires, dit Végèce, distinguaient trois profils


de retranchements. Suivant les circonstances, ils
ouvraient, pour masser leurs parapets, soit des fos-
sés aux dimensions réglementaires [légitima fossa),
soit des excavations analogues à celles de nos re-
tranchements rapides ou improvisés [lumulhiaria
fossa).

La palissade qui couronnait Vagger n’était pas
pour les Romains, comme pour nous, une simple
défense accessoire, mais un élément constitutif de
leurs retranchements. Cette palissade [valhim.) se
composait de valli ; et le vallus était un pieu tiré
d’un tronc de jeune arbre, d’environ onze centi-
mètres de diamètre. Chaque légionnaire se char-
geait de plusieurs de ces troncs d’arbres qui, lé-
gers et fourchus, n’étaient pas complèlement
ébranchés. On leur laissait trois ou quatre ra-
meaux afin de pouvoir les relier les uns aux au-
tres. Ces rameaux appointis s’entrelacaient , se
cla^'oimaienl sur les ««//«’ jointifs et formaicid, avec
eux un obstacle impénétrable. (Jiiand le bois leur
faisait défaut, les légionnaires couronnaient leurs
épaulements de javelots ou de lances. Polyhe
vante, à plusieurs reprises, l’excellence de ces ]ia-
lissadements.

Au-dessus de leur masse couvrante, les Romains
se ménageaient des masques et des créneaux
[pi)inæ et propugnacula) ] ils y organisaient sou-
vent aussi une galerie continue sous le toit de la-
quelle leurs tireurs trouvaient un abri contre les
coups plongeants de l’adversaire.

Les retranchements modernes sont, comme
ceux des Romains et des Grecs, appelés à consti-
tuer des «couverts défensifs. » Ils ne diffèrent de
leurs aînés qu’en ce qu’ils doivent être établis
dans des conditions qui leur permettent de résis-
ter à l’action des armes à feu, armes que ne con-
naissaient point les anciens. Tous comportent
donc un fossé formant obstacle et fourni ssani la
terre qui doit servir à élever le massif du para-
pet (*)• Celui-ci est profilé de telle sorte que le
combattant puisse facilement faire usage de ses
armes, tout en s’j' trouvant protégé jusqu’à hau-
teur de poitrine (^).

Les retranchements en terre peuvent se classer
en trois catégories, suivant le pouvoir de résis-
tance dont on se propose de les doter, le temps
qu’on peut consacrer à leur construction , et leur
durée probable (^). Les retranchements ordinaires
sont ceux qui s’exécutent méthodiquement, sans
précipitation, et affectent, en tous sens, des di-
mensions notables. Leur fossé, qui doit former un
obstacle sérieux, présente au moins quatre mètres
de largeur et deux de profondeur. Dans ces con-

(') L'excavation destinée à fournir les terres s’ouvre parfois en
arrière de la masse couvrante. Eu ce cas, ou n’a plus de fossé
mais une « ti ancliée «

(- Un écrivait aulrefois parupecl , mot (pii impliipie la racine
« per tus. :i

("J Tous les ouvrages de campagne dont nous allons exposer les
lypes s’exécüteni, cliarpie année, sur les polygones- de

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wow!

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fin!

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