onenri

Machin's Station Saison 2

il y a 5 ans
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onenri (clôturé) il y a 4 ans

L'avantage du "net" est que l'on peu laisser libre cours à sa mégalomanie.

Prenons un exemple parmi d'autres :

"Si j'étais réellement " l'ambitieux " que tu penses que je suis,il y a longtemps ( au moins un an ! ) que je me serais approché des relayeurs d'infos des G-J fortement médiatisés dans le but de me construire une place au soleil " digne " de celle d'un dictateur,d'un président,ou d'un roi."

Pourquoi l'auteur de ces quelques lignes ne l'a-t-il pas fait ?

Est-ce parce qu'il sait qu'il serait rapidement rejeté parce qu'il n'en a pas l'étoffe ?
Ni la diplomatie ?
Que l'on arrive pas en un mouvement dit "populaire" avec des "moi je", " je suis le seul à" pouvoir prétendre...
Qu'il préfère donc demeurer en un monologue aidé par un clavier et youtube ?

En versant une petite larme, destinée à attendrir :

"Comme j'ai une nette préférence envers les différents infinis que j'ai appris à côtoyer,je préfère demeurer à ma place: celle d'un obscur forumeur sur un minuscule forum."

Pour terminer en maintenant et "affirmant" l'ambition d'un "chef" :

"Du reste,ces infinis me barrent la route énergiquement.
L'Inexprimable: mon authentique condition,mon refuge accueillant.Il me montre le seul chemin praticable. "

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

PS :

Je n'en veux pas particulièrement à cette personne.

Mais, tout comme elle se permet de critiquer, je le fais.

Serait-ce un crime de lèse-majesté ? :)

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

On apprend même qu'il va "à la soupe" à 12.07.

C'est Versailles...
L'Élysée ? :)

Ou nombrilisme ?
Voici Voilà ? :)

Modifié il y a 4 ans, le vendredi 6 décembre 2019 à 14:01

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Que la vie de cette personne doit-être douloureuse !

Pointer l'index sur des évidences sans obtenir le retour qu'il attend ?

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Confronté à une incompréhension certaine, il puise dans la mythologie...

Comme ceux qu'il critique, il cherche à se justifier, abusant de sinistrose, rappelant un naufrage datant du siècle dernier...

Y aurait-il des anarchistes au Vatican ? :)

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

C'était jour de marché, rue Ordener.

On déambulait sans se presser, en ce début de printemps.

L'air parisien était empreint de senteurs de terre qui s'éveille, de parfums de jacinthes aux étalages des fleuristes, un air agile qui faisait la nique aux émanations des pots d'échappement, un air en émoi qui vous grisait.
Paniers et cabas se côtoyaient, concurrencés par les caddies qui engendrent souvent réflexions exaspérées et chicanes entre propriétaires et adversaires de cet objet pratique, dont les angles saillants et les roues sont sans pitié pour les chevilles ou les doigts de pied sensibles des passants.

Du côté du volailler, célèbre pour sa voix de trompette, qui couvrait presque tout les marché, un mouvement inhabituel s'était amorcé parmi la foule encore peu dense des clients.
Comme attirées par un sixième sens, les femmes convergeaient vers l'étal d'un marchand de lingerie qu'on n'avait jamais vu jusqu'alors, qui venait voir s'il pouvait, dans ce quartier où cohabitent toutes les classes sociales, écouler un lot des sous‑vêtements de luxe exceptionnellement bon marché. II avait eu le nez creux. La rumeur s'était répandue, allez savoir comment.

Telle une nuée de mouettes suivant le sillage d'un bateau, les femmes s'agglutinaient autour de son stand et il était déjà devenu presque impossible d'y accéder.
Les mains se faufilaient parmi les boîtes de carton aux pastels tendres, que le marchand, dans un souci de bonne présentation, avait empilées avec soin, les culbutaient, fouillaient, semaient le désordre, ouvraient un écrin, froissaient le papier de soie au creux duquel, enfin, elles dénichaient, plié dans les règles, un soutien‑gorge avec le slip assorti.

On palpait ces petits riens ravissants avec une fièvre secrète, un émoi contenu.

"Doucement ! Doucement, mesdames !" criait le vendeur.
"Respectez la marchandise ! Remettez‑la comme vous l'avez trouvée !"

Toutes à la joie de déflorer ces dentelles et ces soies exquises, les clientes éventraient de plus belle les pyramides de cartons.
Leurs mains papillonnantes s'agitaient de plus belle, virevoltaient, se posaient, plongeaient et replongeaient dans l'électrisant froufrou des étoffes et le crissement des fins papiers rose, jaune ou bleu pâle, qui agaçaient délicieusement le bout des doigts.

Une fade et mince bourgeoise, à l'élégance chère et sportive, en talons plats, s'était arrêtée.
Une autre, le maquillage appuyé, le cheveu trop laqué et trop blond, arborant boucles d'oreille, colliers et bagues dont la quantité aurait pu donner à penser qu'il s'agissait de pacotille, foulard Hermès, reniflait, comme un chien de chasse à l'arrêt, la bonne affaire.

Songeuse, une jeune maman balançait son bébé sur sa hanche, tandis qu'une mère et sa fille, affligées du même embonpoint, se donnaient le bras, telles des siamoises disproportionnées, embrassaient d'un regard connaisseur cette accumulation d'étoffes inertes, baudruches dégonflées qu'elles s'imaginaient déjà tendre sur leurs importants attributs mammaires et fessiers.
Elles passaient d'ailleurs une commande en rapport avec leur volume.

Le vendeur, à qui elles énuméraient d'une voix forte le nombre des articles dont elles faisaient l'acquisition, leur taille et leur couleur, se gonflait d'importance.
Il était la coqueluche de ces dames et la recette du jour s'annonçait bonne.

"Allez, mes chéries, faites‑vous plaisir ! A vos maris, à vos amants aussi ! Faut bien qu'tout l'monde en profite ! C'est du beau, c'est du fin, vous pouvez l'dire ! Aujourd'hui, on pète dans la soie !"

Les deux grosses se tordirent, d'autres esquissèrent un sourire ou firent semblant de n'avoir rien entendu, sans lâcher pour autant leurs proies satinées.

Un vrai succès !
Toutes se décidaient en même temps et tendaient l'objet de leurs désirs au marchand qui ne savait pas dans quel ordre servir les clientes, ne voulant pas froisser les susceptibilités en privilégiant l'une plutôt que l'autre.

"Chacune son tour, prenez la queue, par ici, à gauche ! Y en aura pour tout le monde !

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

A côté, résonnait la voix nasillarde et haut perchée du marchand de volailles qui lançait à tue‑tête :

" Avec les abats ou sans ?
Avec les abats ou sans ?" qu'il réitérait en boucle, avec un plaisir évident.
Il s'adressait à une dame qui, en grande conversation avec sa voisine, ne se souciait plus ni de sa commande, ni du monde extérieur.

Le poissonnier lui faisait écho.

«  Deux mulets pour dix balles, c'est cadeau ! Deux mulets pour dix balles, comme qui dirait, c'est donné ! »

Une peintre de la cité des arts voisine, plus toute jeune malgré un corps d'adolescente, ses beaux traits entamés par les années, posait sur la scène un regard ironique, tout en tirant sur sa cigarette plantée au coin de ses lèvres dédaigneuses, dont la fumée lui faisait clore à demi les yeux.

"Avec ou sans abats, avecousansaba, avecousansaba?" tonitruait toujours le volailler amateur de comique de répétition, tandis que le poissonnier lançait une nouvelle offre en écho.

«  Mangez du crabe ! La promotion du jour ! Du crabe ! Mâle ou femelle ? »

La cliente répondit enfin au débiteur de gallinacés hilare.

"Alors jeune fille, on rêve à son amoureux ? Vous m'invitez à midi, j'ai justement une petite faim ?"

L'essaim bourdonnait sans répit autour des emballages.
Le marchand suppliait qu'on ne mît pas tant de bazar et se frottait les mains.
II faisait des affaires, assurément.

A cette rage d'achats frivoles allait‑il succéder quelque strip‑tease ?

Pourquoi ces ménagères avisées, aux antipodes de l'érotisme et dont les corps déformés ou contraints n'annonçaient rien de coquin, s'offraient-elles avec tant d'enthousiasme ces bouts de soies à trous trous, brandissaient‑elles ces dessous de luxe comme des trophées ?
Quel désirs inavoués fouettaient‑elles ?
Quel fantasmes ?
Qui voulaient‑elles séduire, ces femmes sans âge, sans goût, sans fantaisie ?

Le vent gaillard qui soufflait faisait circuler dans leurs veines soudainement affolées un printemps précoce et invisible.

Secrètes alcôves.
Secrètes amours.

Qu'allait‑il se passer derrière les murs austères et bien élevés des immeubles de la rue Ordener et alentours auxquels, il est vrai, les architectes ont imprimé quelques sinuosités érotiques, quelques courbes lascives, cousines d'un style nouille aux lignes de sylphides évanescentes ?

Personne ne l'avait remarquée.

Cramponnée au montant de métal qui soutenait l'auvent au‑dessus du stand, elle avait une respiration sifflante et maugréait, le menton dans la poitrine.
Ses grosses jambes déformées par les rhumatismes, bandées et maintenues par d'épais bas gris, décrivaient chacune un arc de cercle, ce qui lui donnait une silhouette de cane gavée.
Son manteau trop étroit et râpé, auquel manquaient deux boutons, laissait voir une blouse à fleurs défraîchie sur une robe de laine sans âge ni couleur.

Arrimée au poteau, la vieille dame serrait contre elle son antique cabas en toile cirée noire toute craquelée et une canne.
Elle contemplait intensément les fanfreluches comme une enfant découvrant les cadeaux au pied de l'arbre de Noël. Ses yeux avaient gardé l'azur de leur jeunesse.
Portant sa main libre à sa tête, elle entortilla une mèche de cheveux blancs et raides autour de son doigt, observant les oiseaux de proie piller leur butin.
Une détresse intense se peignit sur son visage, avant de se muer en une haine froide.
La vieille dame fixa le marchand qui ne lui prêtait aucune attention et attrapait les billets au vol, tandis que les femmes se disputaient tailles et coloris, quand elle ne tirait pas, chacune, une bretelle du même soutien‑gorge. Déjà, le champagne venait à manquer.
Et le noir, rehaussé de gris.
Le marron glacé avait moins de succès.
Quant au rouge, il était un peu osé, non ?

Billets et lingerie changeaient de mains.

C'est alors que le vent facétieux, pris d’une guillerette folie, subtilisa un billet qui dépassait d'une liasse brandie par une main dont chaque doigt portait une bague.
Personne, pas même la propriétaire ne parut s'en rendre compte. Toutes palpaient, examinaient, riaient, tergiversaient, hésitaient, avant de faire leur choix.
Le vendeur grommelait, souriait, conseillait, commentait, empochait.

"Prenez les trois, à c'prix‑là ! Moi, j's'rais vous, j'hésit'rais pas, j'en prendrais un pour tous les jours d'la s'maine !"

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Le billet vint se poser en douceur aux pieds de la vielle dame qui avait suivi son vol nonchalant des yeux.

Elle réprima un geste, un mot...
Regarda autour d'elle...
Aucune réaction.

Sans trembler, elle pointa d'un geste précis le bout caoutchouté de sa canne dessus.
Elle scruta les visages si impitoyablement lisses, tellement plus lisses que le sien.

Elle revit les innombrables pots de crème sur la coiffeuse ou dans la salle de bains, comme ses patronnes en avaient, lorsqu'elle faisait des ménages.
Elle les revit se maquiller longuement, se vaporiser un nuage de parfum, mettre leurs bijoux, toutes à la joie de sortir et de se montrer.

Et maintenant, là, cette animation joyeuse, cette frivolité, ce plaisir de faire une affaire, une affaire de femme, ce plaisir d'un rien qui les refaisait femmes.
Riant à l'avance du plaisir d'un autre plaisir, le plaisir d'une séduction nouvelle ou retrouvée, grâce à un adorable chiffon, une illusion de soie.

Toujours elle avait été honnête, d'une honnêteté scrupuleuse.

Ses mains crevassées avaient travaillé pour les autres dès l'âge de douze ans.
Sa mère avait dû la placer dans une famille de bourgeois aisés.

Elle se souvenait du patron qui la pourchassait à l'heure de la sieste, le longs des couloirs obscurcis par les volets clos, pour empêcher la chaleur d'entrer.

Viens mon petit pigeon, tu as une gorge de colombe !

Combien de fois n'avait‑elle pas été réveillée par le même cauchemar, des années durant, cet homme qui l'avait pénétrée, maintenant son corps frêle contre le mur et lui bâillonnant la bouche.
Ce souffle rauque et gluant de bête abjecte sur son visage...
Cette bouche visqueuse, comme une ventouse, sur ses lèvres soudées de dégoût.

Elle hurlait. II y avait si longtemps de cela.

Et elle, elle n'avait même pas volé cet ignoble porc, pas même soustrait un morceau de viande à la cuisine.
Par bonheur, elle n'avait pas été enceinte.

Oh, ces jambes !
Comme elles la faisaient souffrir, bien qu'elle se tînt au poteau.
Elle maintenait le billet cloué sous sa canne qui lui brûlait la paume de la main.
Sans ce stand, il ne lui serait jamais venu à l'idée de s'acheter ce genre d'articles.
Ses sous‑vêtement étaient cependant si gris et élimés.
Des loques...
Pas comme ces frivolités, ces pétales de rose.

Une fois, son mari, un carrier et tailleur de pierre qui était mort prématurément de silicose, un bel homme, ma foi, lui avait offert une rose.

Mon dieu !
Qu'ils étaient jeunes et pauvres, alors !

Cette rose avait la couleur de cette soie peau de pêche, là, avec un liséré à peine plus soutenu, comme les bords charnus et carminés des pétales de la fleur.

Soudain, elle en respira le parfum.
Elle sentit jouer les muscles de Pedro sous sa main, sa peau onctueuse de jeune homme.
Avec une acuité incroyable, après tant d'années.
Sans savoir comment, elle pour qui c'était un calvaire de se baisser, car des poignards lui lacéraient les articulations, elle cueillit d'un geste prompt le billet de cent francs pour la parure, le soutien‑gorge et la culotte.
Elle le plia posément dans son porte‑monnaie noir, vieux de vingt ans et vide, dont on voyait apparaître la trame du simili‑cuir.

"Quelle taille je fais ?" demanda‑t‑elle d'un ton brusque.

Modifié il y a 4 ans, le vendredi 6 décembre 2019 à 15:17

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Le vendeur ne l'entendit pas, trop occupé avec une jeunesse qui n'avait pas de seins.

Mes seins, pensa‑t‑elle.
C'est ce que j'avais de plus beau.

"Gorge de colombe !"

Ce salaud de patron, ce porc qui l'avait souillée, avait raison.
Une peau de lait et des auréoles larges si roses, des boutons de fleur.

Elle s'étonna d'avoir gardé une image si précise.
C'était pourtant défendu de regarder son corps.
On ne devait jamais penser à ces choses‑là.

Et puis, il y avait eu Pedro.
Son cousin. Ils avaient grandi ensemble.
Ses mains calleuses, ses ongles abîmés, souvent noirâtres, quand il avait pris un mauvais coup, bien qu'il ait été très habile.
II avait honte de ses mains.

Elle reposa sa question, en haussant le ton.

"Quelle taille je fais ?"

Le vendeur tourna la tête et la regarda stupidement.

"Comment voulez‑vous que je le sache? répondit‑il avec grossièreté.
II se tourna aussitôt vers la jeune et jolie jeune fille sans poitrine.

La vieille dame lâcha le poteau, se fraya une place entre les femmes qui cédèrent aux mouvements résolus de ce vieux corps, posa sa canne contre l'étalage et s'empara d'une élégante boîte gris clair imprimée de dentelle ton sur ton, en retira l'adorable soutien‑gorge couleur pêche qu'elle avait repéré.
II ne pesait rien, emprisonné dans sa main rougeaude et enflée par l'arthrose, un soupçon d'étoffe, un duvet de cygne frissonnant, un bouillonné voluptueux de dentelles et ajusta l'objet précieux par dessus son manteau, à la hauteur de la poitrine.
Trop juste.

"Vous avez plus grand ?"

Le vendeur n'en avait que pour la jeunesse.

"Vous avez plus grand ?
Vous avez plus grand ?!" répéta‑t‑elle, têtue.

La jeune fille la regarda d'un air effaré.

"Tenez, v'là tout c'qui m'reste, mademoiselle ! " dit le vendeur goguenard.

Ignorant le sarcasme, elle constata cette fois que c'était la bonne taille, bien que l'épaisseur du manteau, n'ait pas rendu la chose aisée.

"J'suis encore là samedi. Vous pourrez changer, jeune fille !
Vous m'invitez ce soir? " insista le marchand, en adressant un clin d’œil complice à la jeune cliente, qui, gênée, détourna les yeux.

La vieille dame haussa les épaules, rangea dans leurs plis les précieux bouts d'étoffe.

"T'nez, v'là un sac !"

Elle fourra le tout dans son cabas, rouvrit avec peine le grand porte-monnaie de ses doigts maladroits et brandit le billet de cent francs.

"Avec le slip, c'est cent cinquante !", s'entendit‑ elle dire.

Elle n'avait pas compris...
Elle avait cru...
D'humiliation, elle faillit s'effondrer.

"Merci, mademoiselle, le compte est rond, le compte est bon.
Allez, allez ! Yen aura pas pour tout l'monde !
Allez mesdames ! on profite.
D'la marchandise comme ça, y en a pas tous les jours.
On profite, on profite !
Alors, mémé, cent cinquante j'ai dit !

Muette, elle fixa le vendeur avec désespoir, le billet de cent francs dans la main.

« Faut choisir, mémé ! »

Toutes les douleurs de son corps s'étaient réveillées en même temps et la crucifiaient.
Un sanglot lui resta dans la gorge.
Que n'avait‑elle la voix du volailler, que n'avait‑elle sa morgue ?
"Avecousansaba ?" Avecousansaba ?"
Crier, crier cette rage inconnue qui l'étouffait ?
Mais aucun son ne sortit.

D'on ne sut où, une main avait tiré la manche du vendeur et une voix, qu'on ne pouvait pas ne pas entendre, avait compté une à une cinq pièces de 10.

"Vous l'avez, votre compte, n'est‑ce pas ?: 150 !"

La peintre rajusta crânement son béret basque sur ses cheveux indisciplinés, et lâcha encore :

"Pauvre type !"

Puis disparut.

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Le vendeur avait presque arraché le billet de 100 des doigts crispés de la vieille dame qui, après avoir récupéré sa canne, avait serré contre elle le sac plastique imprimé DIOR dans lequel le marchand lui avait remis son achat.

Elle aurait voulu remercier sa bienfaitrice, mais...

Plus question de faire des courses.
Elle avait réussi à extorquer un bout de gruyère à cette sans cœur de fromagère.
Ça lui ferait son déjeuner, avec l’œuf qui restait et un bout de pain rassis qu'elle réchaufferait au four.

De toute façon, pour une fois, elle n'avait pas faim.
Elle n'avait qu'une hâte : essayer ses trésors.

Volés ?
Non, elle n'avait pas le sentiment d'avoir volé.

Cahin-caha, elle se hâtait, aussi vite que possible vers l'immeuble de l'impasse où elle occupait une pièce au premier étage, avec sa chatte et son canari.
La douleur la torturait à nouveau.

Tout se ralentit en vieillissant.
Pourquoi la mort est‑elle si rapide pour les uns, et si lente pour les autres ?

Un pied en avant, la torture au genou, dans la cheville, des petits poignards, avancer la canne et tirer sur le bras qui la faisait souffrir, l'autre pied à présent et tout était à recommencer.
Que c'est long !

Était‑il possible qu'elle ait marché, couru, autrefois, sans même s'en rendre compte, le corps souple et obéissant ?

Voilà à quoi la maudite vieillesse vous réduit !

Mais le sac dans la main, ce plastique qui adhérait à sa peau, car elle transpirait d'énervement et d'impatience, lui fit oublier le calvaire des marches grinçantes à gravir, oublier les murs écaillés et grisâtres, oublier les cris des voisins qui se disputaient, les publicités hurlantes de la télé, quand ce n'était pas le jeune du sixième qui écoutait de la musique moderne, toutes fenêtres ouvertes en faisant de la musculation.

Des enfants la bousculèrent en dévalant l'escalier, sans lui prêter la moindre attention.
Elle dut se plaquer contre le mur pour ne pas être renversée.
Après une pause, car son cœur s'était mis à battre la chamade, tant elle avait eu peur qu'ils la fissent tomber et dévaler les marches, elle termina son ascension.
Elle reprit sa respiration, sortit sa clé, ouvrit et referma aussitôt la porte dont elle poussa le verrou, puis posa le cabas sur la table.

Dehors, le canari sifflait dans un rayon de soleil.
La chatte vint se frotter contre ses jambes et regagna le lit, où elle s'allongea, royale.
Après s'être débarrassée de son manteau, elle tira une chaise, s'assit avec peine et réfléchit, tout en couvant des yeux la pochette sur laquelle se détachaient les quatre lettres dorées de D I 0 R.

Elle soupira de satisfaction.
Puis, elle leva la tête et s'examina dans la glace de la lourde armoire en chêne massif qu'elle avait réussi à acheter avec Pedro au début de leur mariage.
Les traites leur avaient causé bien des angoisses.

Ah, son Pedro !
Sur la cheminée trônaient leurs photos : Pedro taillant un bloc de pierre, Pedro endimanché, le regard chaud et direct, leur photo de mariage, même que le curé s'était honteusement fait graisser la patte, sous prétexte qu'ils étaient cousins et que l'église ne pouvait être d'accord avec une telle union.

L'argent avait tout arrangé.
Depuis ce temps‑là, elle ne portait plus la religion dans son cœur.

La guerre civile l'avait définitivement détournée de la foi.
II lui arrivait bien encore de prier la Sainte Vierge, ça l'aidait, mais sinon.
Pas facile d'être seule, seule, vieille et pauvre.
Il était pas très causant, Pedro, mais elle n'avait jamais regretté de l'avoir épousé.

Elle jeta un regard attendri à son bouquet de fleurs d'oranger sous la cloche de verre.
Tout desséché.
A peine l'aurait-elle effleuré qu'il tomberait sans doute en poussière.

Quoi de plus gracieux, de plus odorant qu'un bouton juste éclos de fleur d'oranger ?

Quand elle était petite, le verger derrière la maison embaumait au printemps.
Elle s'asseyait sur le banc, dans la cour, avec sa mère et humait les effluves qui montaient dans la nuit.
Une vie intense semblait animer la terre dont l'haleine tiède et humide la faisait frissonner de sensations agréables et inconnues.
Elle reconnaissait aussi le parfum plus vert, plus incisif des soucis sauvages qui couvraient à profusion les champs de larges taches orange vif.
Elle soupira en regardant, sous le verre, les pétales de papier jaunâtre, momifiées, et les vieux rubans semés de rouille.

Par un chemin s'en va la mort, couronnée de fleurs d'oranger fanées.

Elle chante et chante une chanson sur sa viole blanche, elle chante, chante, chante.

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Des bouts de poèmes qu'elle ne croyait pas savoir affleurèrent soudain.

Federico Garcia Lorca, elle ne connaissait pas d'autre auteur, car c'était le poète favori de Pedro.
Ça lui venait comme ça, tout d'un coup !
Elle l'entendait réciter, lui qui n'était pas très causant, avec ferveur, avec piété.
Les quelques livres qu'il possédait étaient toujours là sur l'étagère.
Elle les regarda avec respect. Jamais elle n'avait osé les ouvrir.

Les enfants lui passaient de temps en temps un coup de fil, lui envoyaient parfois un chèque, lui demandaient de venir s'occuper de leurs propres enfants.
Mais elle en avait assez fait comme ça.

Elle crut entendre le téléphone, justement.
Mais non, l'appareil resta silencieux, posé sur la table de nuit, à la tête de son lit, recouvert d'une couverture de coton blanc au crochet qu'elle avait mis une année à terminer, carré après carré.
Elle en était fière.
On ne fait plus ces sortes de choses aujourd'hui.
Ils courent tous après le temps.

Elle soupira et jeta un œil dans la glace.
A quoi bon ?
Elle savait bien que sa figure était prisonnière d'un réseau de rides, qu'elle ne pouvait même pas aller chez le coiffeur, passer une heure ou deux, dans un endroit clair et qui sent bon, avec des mains bienveillantes pour s'occuper de votre crâne.
Il y en a tellement des petites mémés au porte‑monnaie assez garni, dont c'est la seule sortie, la seule occasion de parler à quelqu'un.
Mais elle, avec ses maigres ressources.
A quoi bon remuer ces pensées qui ne mènent à rien ?

Elle se remit sur ses pieds en s'appuyant sur la table, ouvrit la porte du buffet dont elle sortit une bouteille de porto entamée ainsi que deux verres en cristal.
Elle les posa sur la table avec la photo de mariage, alla jusqu'au phono, choisit un disque d'Amalia Rodriguez dont la voix profonde et douloureuse retentit parmi les crachotement du vieux Teppaz.

"Canta, Canta.."

Elle chante, chante, chante.

Ah, les fêtes, certains dimanches, quand son frère, le blond Quintiliano apportait sa guitare et Jorge, son beau‑frère, son bandonéon.
Victoria chantait, tous chantaient et dansaient parfois.

Mais aujourd'hui, la mélancolie du fado lui convenait.
Elle avait découvert la chanteuse au Portugal, le seul voyage à l'étranger qu'elle eût jamais fait.
Elle y avait accompagné ses patrons en vacances.
Ceux‑là, ils étaient généreux.
Puis, ils étaient morts dans un accident de voiture.
Après, elle avait trouvé une place de concierge où elle était restée jusqu'à ce qu'on démolisse l'immeuble.
Encore heureux qu'elle ait trouvé cette chambre qu'elle payait un prix exorbitant, mais au moins, elle était chez elle. Elle avait entendu parler avec terreur de cet asile pour vieux où ils faisaient la queue, nus, pour aller sous la douche.
A la fin du XXème siècle !
Plutôt mourir.

Les sabres fendent les brises que les lourds sabots renversent.
Par des chemins de pénombre s'enfuient les gitanes vieilles avec leurs chevaux dormants et leurs jarres de piécettes...

Ah, comme Pedro aurait aimé apprendre, faire des études !

Elle versa le porto à ras bord, dans les deux verres, regarda Pedro sur la photo de mariage, puis prit avec précaution le premier verre, le lui tendit avant d'y tremper les lèvres.

Non, le vin n'était pas éventé.

A toi, Pedro !

Il avait été un bon mari.
La mort le lui avait enlevé trop tôt.

Elle but à petites gorgées le premier verre.
Une chaleur bienfaisante sembla lui accélérer le sang dans les veines.

Avançant la main, elle sortit la boîte en carton du sachet marqué des quatre lettres dorées de DIOR et étala religieusement les dessous sur la table.
Elle ne se lassa pas de les toucher, d'en éprouver le soyeux, la finesse de l'étoffe, de suivre le dessin raffiné de la dentelle.
Amalia Rodriguez se tut, laissant place à un silence nostalgique, rythmé par les battements réguliers de la pendule à balancier.

La vieille dame entama le second verre, plongée dans ses pensées.
Enfin, elle poussa la table pour se planter devant l'armoire. Elle déboutonna sa robe et considéra sa combinaison reprisée maintes fois.
Coudre lui était devenu impossible, elle qui avait brodé nappes, draps et taies d'oreiller avec une dextérité et une rapidité qui faisaient l'admiration des locataires.
Elle avait ainsi pu améliorer l'ordinaire.
Mais ses doigts ne lui obéissaient plus, alors que la bretelle gauche de la combinaison menaçait de céder et qu'elle aurait nécessité un ou deux points, mais même ça.

Elle considéra les taches brunes qui couvraient sa peau.

Fleurs de cimetière.
C'est leur nom.
La chair des bras pendait, livide et flasque.
Et ce visage, caricaturé par le temps indifférent qui feint de passer lentement, comme pour mieux vous attraper, vous prendre au piège de ses filets qui scient, meurtrissent, affaissent muscles et tissus, tailladent sans pitié la peau pour vous prouver que vous n'êtes rien, rien que son jouet.

Ce n'est qu'une question de temps !
II se complaît à vous tirer vers le bas, vers la terre, dont on se rapproche, à chaque insensible seconde un peu plus, le menton, la poitrine, le ventre, à vous déformer de l'intérieur en vous triturant les os, à faire saillir vos vieilles veines verdâtres et variqueuses de sorte que lorsqu'on se tient là, devant l'armoire à glace, on ne peut être que saisi d'horreur à sa propre vue.

Elle détourna les yeux des poches vides et tombantes de ses seins et de ses hanches qui avaient absorbé la taille.
Et cette graisse qui l'avait envahie.
Avec le peu qu'elle mangeait !
C'est à dire ce qu'elle pouvait manger, quand on dépend du bon vouloir et de la charité d'autrui.

Charité.
Drôle de mot à une époque sans pitié pour les vieilles dames.
Elle entendit son père, l'irréductible anarchiste, trahi par les rouges et qui aspirait à des lendemains meilleurs.
Elle ressentit comme un écho de révolte.

Ils montent de noirs chevaux dont les ferrures sont noires.
Des taches d'encre et de cire luisent le long de leurs capes. S'ils ne pleurent, c'est qu'ils ont du plomb au lieu de cervelle et une âme de cuir vernis.

GUARDIA CIVIL

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

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onenri (clôturé) il y a 4 ans

Elle choisit cette fois un disque de flamenco et se resservit un porto qui la rendit euphorique.

Allegria !

Elle suivit en imagination le ballet des corps nerveux et cambrés, les talons agiles qui frappaient le sol d'une rapidité diabolique, le port de tête des danseurs, leurs gestes dégagés, précis au millimètre.
Les nuques des femmes ployant sous de lourds chignons, jaillissaient des épaules rondes et fermes, tandis qu'ondulaient les bras, les poignets, les mains, le bout des doigts, en de souples arabesques, que les corps se figeaient soudain en une pose indomptable, avant de se rejeter dans la danse et que les robes flamboyaient, tourbillonnaient autour des costumes sombres et ajustés à la minceur sèche des hommes.

Ah !
Le temps où elle grimpait comme les garçons tout en haut du figuier et qu'elle sautait, légère, sur le sol pour répondre à l'appel de sa mère.
Comme elle courait !
Ce temps‑là était si proche, mais la jeunesse, n'était‑ce pas qu'une hallucination, un songe disparu en un éclair ?

Elle pouvait bien finir la bouteille.
A qui aurait‑elle l'occasion d'offrir l'apéritif ?

Elle rit, levant son verre en direction de la chatte.

"N'est‑ce pas ma belle, ma gatita !"

La chatte leva la tête, l'air inquiet, condescendit à quitter son coussin et vint se frotter contre les jambes de sa maîtresse, avant de se réfugier sous le lit, car il se passait quelque chose d'anormal.
Elle entendait bien montrer sa réprobation.

La vieille dame sourit.

"N'aie pas peur, gatita !
N'aie pas peur !

Elle sourit et assise dans le fauteuil face au miroir, elle fit glisser péniblement la combinaison à ses pieds.

Tas de chair informe et pourtant si douce, étrangement douce, si elle touchait sa peau.

Il manquait du parfum.

Mais au fait, elle en avait acheté un flacon dans une solderie de Barbès.
Elle l'avait remisé au fond de la table de nuit et elle ne savait même pas ce qu'il contenait.
Elle le gardait pour une occasion qui n'était jamais venue, pour faire un cadeau peut‑être.
Puis elle l'avait oublié.

C'était son nom qui l'avait attirée: "Nuit d'Espagne", dans une fiole bleu nuit, ornée d'un liséré d'or.
Elle but une autre gorgée de porto.
Elle aurait dû en boire plus souvent, elle se sentait mieux.

Elle ôta le bouchon en forme d'éventail, huma.
C'était un peu entêtant, mais pas désagréable du tout, pour un parfum bon marché.

Nue, au milieu des vêtements épars, elle se parfuma.
Derrière les oreilles...
Sous les aisselles...
Et à l'aine aussi.

Disparue l'odeur de vieux et de misère !
Ça sentait si bon chez elle autrefois !
Le propre et la cire.
Le parquet, les meubles brillaient sous les napperons empesés.

Les guitares s'envolaient...

La guitare fait pleurer les songes…
Le sanglot des âmes perdues s'échappe par sa bouche ronde

Une voix masculine, nasale et comme voilée de fumée s'enroulait à celle d'une femme, âpre, chaude, violente.
C'était comme si tout son corps était parcouru de sons, comme s'ils l'avaient habitée et ranimée.
Lentement, le corps bien cambré, elle enfila le slip.

Elle avait toujours eu les fesses dures et pleines, à cause des travaux pénibles, mais aussi parce qu'elle aimait marcher vite, pendant des heures, et qu'elles dansait le samedi parfois le paso doble et même, s'il se trouvait un bon partenaire et que Pedro le lui permettait, un tango.

Elle esquissa l'amorce d'un pas de danse.
La culotte retombait en godets gracieux à la naissance des cuisses.
Cette soie sur la soie de la peau, elle qui n'avait jamais porté que du coton ou parfois même du satin, car elle ne supportait pas le nylon.
II n'y avait plus de flétrissures, plus de graisse boursouflée, plus d'articulations enflées.

Sein rouge du soleil et sein bleu de la lune.
Torse moitié corail moitié argent obscur...

Elle leva son verre à Pedro.
II avait posé les mains sur ses hanches, sous la chemise de linon.

"Je voudrais te voir nue" avait‑il dit et cela l'avait épouvantée.

Était‑ce ça le mariage ?

Le souvenir du viol lui avait coupé la respiration.
Elle s'était raidie à en avoir des crampes.

"Je t'ai observée.
J'ai vu comme ta poitrine palpite lorsque tu es émue ou qu'il fait chaud, comme ce soir.
Estrellita, Margarita, laisse-moi voir ces jolies colombes.

Elle s'était cramponnée à sa chemise, affolée de colère, au bord des larmes.
Que lui voulait‑il donc ?
II avait relevé la chemise, très doucement, mais elle l'avait repoussé de toutes ses forces, ne sachant où trouver refuge.
II s'était immobilisé et lui avait parlé de sa voix douce, si chaude.
Elle se cachait de ses mains malhabiles, mais écoutait cette voix bouleversante qui s'insinua en elle comme une fièvre, comme la musique dans son corps d'à présent qu'elle avait cru impotent.

"Comme tu es blanche, tu as la blancheur des marbres d'Italie", avait dit Pedro qui avait voyagé.
"J'aurais tant aimé être sculpteur..
N'aie pas peur, Palomita."

Photo de onenri
onenri (clôturé) il y a 4 ans

Il savait parler, Pedro, Pedro le silencieux.

"Je n'ai pas peur !" répondit la vieille dame, en regardant sur la cheminée les statuettes aux formes féminines qu'il avait fait naître de la pierre.

Elle agrafa le soutien‑gorge, plaça ses pauvres outres fanées dans les élégants balconnets.

Fierté de ses seins dressés que Pedro, pourtant fort et tout en muscles, avait recueillis avec une infinie délicatesse, dont il avait retenu les pointes, les boutons de rose à peine éclos aux creux de ses mains calleuses.

Il avait honte d'elles, de la rudesse de leur peau, dans ces moments‑là.

Une sensation inconnue l'avait saisie.
Des ondes d'une intensité insoupçonnée avaient déferlé depuis le bout de ses seins, depuis les mains de Pedro et avaient ouvert en elle d'autres sensations qui la firent tressaillir, trembler, au point qu'il dut la porter défaillante jusqu'au lit.

La soie la brûlait.
Elle qui ne s'était jamais libérée complètement de la honte du corps, et n'osait se regarder qu'à la dérobée.

Mais maintenant, elle arborait avec orgueil ses dessous de pétales de rose.

Jouez donc, mes guitares.

Ma peau est blanche. comme le marbre de Carare, douce et parfumée comme le gardénia.

Il avait embrassé les boutons de roses, il n'aurait pas dû s'arrêter tant ils lui brûlaient, tant...

Elle ne savait comment dire.
Soudain, elle s'était ouverte dans l'épanouissement incontrôlé de son corps qu'elle découvrait et qui avait chaviré.

Pedro, à en perdre connaissance.
Avec Pedro, elle avait connu le plaisir.
Ce n'était pas si courant pour leur génération, pensa‑t‑elle avec une certaine fierté.

Et sur les seins de Lolita meurent d'amour les bouquets.

Elle constata dans la glace le naufrage de son corps affublé de ravissants oripeaux.

Une douleur fulgurante lui transperça le bras gauche et la força à s'asseoir...

Photo de onenri
onenri (clôturé) il y a 4 ans

Depuis deux jours, une chatte miaulait à fendre l'âme derrière la porte.

On ne pouvait pas laisser cette pauvre bête comme ça !

Elle devait avoir faim, la pauvre.
C'est honteux d'avoir un chat et de ne pas s'en occuper !

Les gens sont vraiment égoïstes.

Les pompiers avaient enfoncé la porte pour secourir l'infortuné animal.

Ils avait trouvé, effondrée dans un fauteuil en face de l'armoire à glace, une vieille dame qui avait sans doute eu un infarctus.

La mort remontait à deux jours.

La vieille dame, sinon entièrement nue, portait de ravissants dessous de luxe.

Les secouristes en avaient été tous perplexes.
Ils avaient arrêté le bras du phono qui tournait toujours, tandis que le canari sifflait gaiement dans sa cage.

Par un chemin s'en va la mort, couronnée de fleurs d'oranger fanées.
Elle chante et chante une chanson sur sa viole blanche, elle chante, chante, chante.


Participants

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