angellique (clôturé)
il y a 18 ans
--------------------------------------------------------------------------------
Mahomet
Le père de Mahomet est un marchand du nom d'Abdallah. Il meurt en voyage deux mois avant que n'accouche sa femme Amina. Lorsque celle-ci meurt à son tour, Mahomet n'a que six ans.
L'orphelin est élevé par son grand-père, le chef du clan des Bani Hachem (les Hachémites), puis par son grand-oncle, Abou Talib (père de son futur gendre, Ali). Bien que ne sachant ni lire ni écrire, il assure sa fortune en épousant à 25 ans une riche veuve de quinze ans plus âgée que lui. Khadidja - c'est son nom - sera sa première disciple. En 26 ans de vie commune, elle lui donnera quatre filles.
Devenu un notable, Mahomet organise des caravanes vers la Syrie et peut-être s'y rend-il lui-même. Il a de multiples occasions de dialoguer avec les juifs et les chrétiens de passage ou installés à La Mecque, ce qui lui donne une assez bonne connaissance de la Bible.
Vers l'âge de 40 ans, en 610, le futur Prophète prend l'habitude de se retirer dans une grotte du désert, sur le mont Hira, à cinq kilomètres de La Mecque. Pendant une nuit dite «du Destin», à la fin du mois de Ramadan, l'ange Jebrail (Gabriel en arabe) lui souffle à l'oreille : «Récite» !
A son retour à La Mecque, Mahomet commence d'annoncer la parole de Dieu et se présente comme son envoyé. Outre sa femme, les premiers convertis sont son cousin Ali (qui sera le quatrième calife), son serviteur Zeïd, un esclave qu'il a affranchi, et son parent Abou Bekr (qui sera le premier calife).
Mais les commerçants de La Mecque ne tardent pas à persécuter le petit groupe de disciples. Ils craignent pour leurs revenus, liés aux pèlerinages qui guident des Arabes de toute la péninsule vers la pierre noire du sanctuaire de la Kaaba. Ils pourchassent Mahomet, le traitent de fou et battent ses disciples. Quelques-uns se rétractent pour échapper aux violences.
Heureusement, Mahomet bénéficie de la protection indéfectible de son oncle, Abou Talib. Mais quelques dizaines de ses disciples parmi les plus pauvres, lassés des persécutions et des brimades, décident en 615 de s'exiler en Abyssinie, de l'autre côté de la mer Rouge, auprès du Négus, nom que l'on donne au roi de ce pays chrétien (l'Éthiopie actuelle).
Le prophète, quant à lui, dans son désir de se rallier les Mecquois (ou Mekkois) rétifs à sa prédication, lance de l'esplanade de la Kaaba la sourate dite de l'Étoile. Ses deux derniers versets suggèrent un accommodement avec les idolâtres :
«Ce sont les déesses sublimes
Leur intercession est admise.»
Les relations s'apaisent aussitôt entre les clans rivaux et les exilés d'Abyssinie prennent le chemin du retour.
Cependant, chez les disciples de la première heure qui sont restés à La Mecque, c'est la consternation. Ils se demandent à quoi ont rimé leurs souffrances s'ils doivent en définitive revenir à un polythéisme (*) déguisé.
Par chance (et sans doute aussi grâce à l'intervention appuyée de ces disciples), l'ange Gabriel restaure la vraie doctrine en soufflant à Mahomet une sourate dite de Youssouf par laquelle il est dit que les deux versets incriminés ont été inspirés par Satan.
L'affaire est close... Elle refera surface quatorze siècles plus tard avec la publication à Londres d'un épais roman intitulé Les Versets sataniques. Son auteur, Salman Rushdie, sera vilipendé et condamné à mort par l'imam Khomeiny, leader des Iraniens.
Mahomet bénéficie opportunément de la conversion de l'un des hommes les plus puissants de La Mecque, Omar ibn al-Khattab. Celui-ci apporte au prophète son précieux soutien après l'avoir violemment combattu (il sera le deuxième calife).
Mais en 619, l'horizon s'obscurcit avec la mort de l'épouse dévouée, Khadidja, ainsi que du puissant Abou Talib. Se sentant menacé, Mahomet part pour l'oasis de Taïf, à une centaine de kilomètres, mais il en est chassé par les habitants, peu soucieux de se fâcher avec les commerçants mecquois.
De retour à La Mecque, il en profite pour se remarier et met fin à sa monogamie antérieure. Il épouse d'une part une veuve du nom de Saïda, d'autre part la très jeune fille de son disciple Abou Bekr. Elle a nom Aïsha... et guère plus de six ans.
Dans l'une de ses nouvelles visions, Mahomet se voit transporté pendant son sommeil à Jérusalem, puis de là, un cheval ailé, Borak, le hisse jusqu'au ciel avant de le ramener dans son lit. Le récit de ce vol a fait que Jérusalem est devenu la troisième ville sainte de l'islam, après La Mecque et Médine. L'emplacement d'où se serait envolé le prophète est aujourd'hui révéré. Une mosquée somptueuse, le «Dôme du Rocher», le recouvre.
Malgré tout, Mahomet ne se satisfait pas de rester à La Mecque, où il ne peut guère accroître le nombre de ses disciples et doit endurer une opposition persistante de la part des commerçants koraishites. C'est alors que survient un événement décisif...
Le 16 juillet 622 se produit un événement minime quelque part dans la péninsule arabe (*). De cet événement, le départ d'une poignée de fugitifs de l'oasis de La Mecque vers l'oasis voisine, va surgir une religion à vocation universelle, l'islam.
L'exil à Yathrib
Né 52 ans plus tôt dans une famille de marchands arabes de La Mecque, Mahomet a reçu selon ses dires des messages du Dieu unique (Allah en arabe), par l'intermédiaire de l'archange Gabriel. Il s'est entouré de disciples mais ceui ont fait l'objet de violences et de pressions de la part des marchands de La Mecque. Ces derniers craignent en effet pour les revenus tirés des pèlerinages des idolâtres de toute la péninsule au sanctuaire de La Mecque, la Kaaba (*).
Après avoir envisagé de quitter La Mecque pour l'oasis de Taïf, à une centaine de kilomètres au sud, Mahomet est approché par des disciples originaires de Yathrib, une autre ville-oasis située à 400 kilomètres au nord de La Mecque.
Le 23 juin 622, à Aqaba, sur les bords de la mer Rouge, les représentants de Yathrib signent avec le Prophète un pacte d'alliance et acceptent d'accueillir ses disciples mecquois, au total 70 personnes. Peu après, le Prophète lui-même se résout à faire le voyage vers Médine avec une poignée de fidèles. Leur départ de La Mecque se déroule sous le sceau du secret. Il a lieu le 16 juillet 622 selon la tradition fixée bien plus tard par le calife Omar. Il est désigné en arabe par le mot hijra (en français, Hégire) qui signifie émigration.
Suite à l'installation en son sein du Prophète, Yathrib prend le nom de Medinat el-Nabi («la ville du Prophète») - Médine en français -. Mahomet aménage sans attendre en son centre un lieu de prière ou mosquée (en arabe masjid). Il prend soin de rapprocher ses disciples mecquois et médinites dans une même fraternité et leur enseigne les rites de la prière commune.
Depuis une décision du calife Omar, l'année de l'Hégire marque le début officiel de l'islam, la nouvelle religion dont le Prophète a jeté les bases. Son nom et celui de ses fidèles viennent d'une expression arabe qui signifie : «s'en remettre à Dieu».
Le Prophète en armes et le jihad
L'arrivée à Médine de Mahomet et de ses fidèles (environ 200 familles) ne tarde pas à épuiser les ressources de la petite oasis... cependant que, non loin de là, passent les caravanes des riches commerçants mecquois.
En janvier 624, en un lieu appelé Nakhlah, douze disciples de Mahomet attaquent une caravane de La Mecque. Ils tuent un homme d'une flèche et font deux prisonniers. Ils ramènent aussi un butin consistant dont ils remettent un cinquième au Prophète. L'affaire fait grand bruit car elle s'est produite pendant le mois de rajab. Il s'agit d'une période sacrée qui exclut le meurtre, selon le paganisme arabe.
Mahomet désapprouve dans un premier temps ses disciples. Ceui sont consternés... mais une révélation divine vient à point les réconforter (sourate 2, verset 217). Cette sourate précise qu'il est certes répréhensible de combattre pendant les périodes sacrées mais qu'il l'est encore plus de se tenir en-dehors du chemin d'Allah, comme les polythéistes (*) de La Mecque.
En d'autres termes, la guerre sainte en vue d'étendre le domaine de l'islam peut excuser le meurtre dans les périodes sacrées. Cette forme de guerre est l'aspect le plus brutal du jihad. Le jihad recouvre un ensemble de prescriptions qui vont de l'approfondissement spirituel à la guerre sainte contre les infidèles en vue de propager l'islam dans le dar al-harb, ou domaine de la guerre. Le dar al-harb désigne le monde non musulman où il est licite de mener la guerre sainte, par opposition au dar al-islam, ou domaine de l'islam.
Le Prophète autoritaire
A Médine même, Mahomet impose sans ménagement son autorité. Selon les récits de la tradition, Asma, une poétesse ayant attaqué le Prophète dans ses vers, est poignardée dans son sommeil par Omeir, un musulman aveugle. Dès le lendemain celui-ci obtient un non-lieu de Mahomet.
Le même sort attend Afak, un juif centenaire. Kab ibn al-Ashraf, un troisième poète, met en rage les musulmans en adressant des vers d'amour à leurs femmes. Mahomet réclame des sanctions et le soir-même, la tête de l'impudent roule à ses pieds.
Pour pacifier les relations entre les deux clans de l'oasis, l'un autour de la tribu Khazraj, l'autre autour de la tribu Aws, le Prophète édicte une «constitution», la Sahifa. Elle autorise la liberté de culte, y compris des juifs, chrétiens et autres sabéens.
Mais la présence de plus en plus envahissante des musulmans irrite les tribus juives. C'est le début d'un conflit violent entre les deux communautés.
Mahomet s'éteint à Médine le 8 juin 632 (le 13 du mois de Rabi' premier, selon le calendrier arabe) des suites d'une douloureuse fièvre. Il a environ 63 ans (*). Sa tombe est creusée à l'endroit même de sa mort.
A l'instant de mourir, le Prophète a achevé par les armes l'unification de la péninsule arabe. Mais bien qu'il ait eu neuf femmes légitimes, il ne laisse aucun fils survivant susceptible de lui succéder à la tête des croyants.
Mahomet laisse l'image d'un homme énergique mais aussi pénétré de sa mission divine. Il se défend d'être poète et se juge incapable d'inventer par lui-même quoi que ce soit de comparable au Coran. Il se reconnaît faillible et ne se veut en rien différent des autres hommes. C'est un guerrier qui ne rechigne pas à donner la mort. Il aime les femmes et ne s'en cache pas. Il consacre par ailleurs beaucoup de temps à la prière et dédaigne les richesses de ce monde.
Le premier calife
C'est Abou Bekr (ou Abou-Bakr) qui remplace le messager d'Allah au terme d'une brève lutte de succession. Il prend le nom de khalîfa (ou calife), d'un mot arabe qui veut dire lieutenant ou remplaçant. Ce premier calife a 59 ans. Il figure parmi les plus anciens compagnons de Mahomet. Il est aussi le père de Aïcha (ou Aïsha).
Aïcha
Aïcha (ou Aïsha) est la femme préférée du prophète et c'est dans ses bras qu'il est mort. D'après son propre témoignage, Mahomet l'épousa quelques mois avant l'Hégire, alors qu'il avait passé la cinquantaine et qu'elle-même avait 6 ans.
Le prophète attendit toutefois qu'elle ait... 9 ans pour user de ses droits d'époux (en foi de quoi les disciples de l'ayatollah Khomeiny ont abaissé à 9 ans l'âge légal du mariage dans l'Iran moderne !).
Le mariage d'Aïcha est relaté dans l'un des textes officiels de la tradition islamique, le hâdith 67 39.
Abou Bekr n'appartient à aucune des grandes familles de La Mecque, ce qui lui vaut d'être accepté par toutes. Seul Ali, le gendre du prophète, déplore l'élection d'Abou Bekr. Ses ressentiments causeront plus tard la scission entre les musulmans orthodoxes de confession sunnite et ceux de confession chiite.
Avec l'aide de l'énergique Khalid ibn al-Walid, Abou Bekr maintient l'unité de la communauté musulmane, menacée par les rivalités de clans et quelques faux prophètes.
Premières incursions hors d'Arabie
Dès 633, un an après la mort de Mahomet, ses disciples ont déjà conquis et soumis la totalité de la péninsule arabe.
Sous le règne du premier calife, quelques troupes de bédouins pillards entament des incursions hors de la péninsule arabe, en direction des empires perse et byzantin. Elles bénéficient de l'instabilité politique de l'empire perse. Après la mort du roi Chosroès II en 628, pas moins de huit souverains se succèdent en l'espace de trois ans.
La conquête arabe prend tournure lorsqu'une troupe de cavaliers sous le commandement de Khalid ibn al-Walid pénètre en territoire perse et s'empare en 633 de la ville de Hira (Irak actuel). Khalid envoie une énorme quantité de butin au calife, inspirant à ce dernier une exclamation célèbre à défaut d'être attestée : «La matrice est sûrement épuisée. Une femme ne portera plus un Khalid» [en d'autres termes : je n'imagine pas qu'un autre homme puisse renouveler pareil exploit].
Pour la première fois, les musulmans, jusque-là astreints à une relative austérité, entrevoient le profit à gagner des conquêtes lointaines. Le vieil Abou Bekr meurt cependant trop tôt pour en cueillir les fruits. Avant de rendre l'âme en 634, après deux ans de califat, il désigne Omar pour lui succéder
_________
Celte - Internet