Description
A la recherche de scénario intéressants.
J'évite comme la peste analphabètes, imbéciles et lourds seulement intéressés par des scénars primaires et sans originalité. Je bloque les pv qui commencent par des mots incomplets, et j'ignore les simples saluts, politesses et banalités. Ma façon de faire le tri.
Avertissement : mes fantasmes ne tiennent pas compte de moralité ou de légalité, car ce ne sont que des fantasmes. Ils dépendent uniquement de mes goûts. Si tu es du genre étroit d'esprit, ne me parle pas, et oublie mon existence car tu ne me changeras pas.
----------------------------------------------------------------
Les gens de Bergelac avaient tous insisté pour que Visla rejoigne l’institut du docteur Jensen. Ce qui était arrivé était terrible, et entre les incursions nocturnes de garous et le fait que Visla n’avait plus personne de sa famille pour la garder, cette solution s’était imposée de loin comme la meilleure pour elle.
Le docteur Jensen était l’une des personnalités les plus appréciées de la région. Il avait tant fait pour tout le Gévolem ! En quelques dix années, pour un étranger en ces terres rudes et forestières, il avait su gagner la confiance et l’appréciation de tous, grâce à ses engagements auprès des malades et des sans-abris. Malheureusement, les événements récents l’avaient forcé à convertir son premier hôpital en orphelinat, mais il avait formé tant de médecins et d’infirmières que le savoir immémorial dont il était le dépositaire avait essaimé à travers tout le Gévolem. Ses élèves et disciples avaient construit ou improvisé bien d’autres hôpitaux et instituts dans tous les principaux villages, et leur réputation s’était si rapidement et si sûrement établie qu’on y venait même des contrées les plus éloignées. Certains membres de la cour royale s’y étaient parfois précipités dans l’espoir de soulager leurs maux les plus graves, pour lesquels même les soigneurs et docteurs les plus qualifiés du royaume s’étaient montrés incompétents.
Aussi, l’institut Jensen était-il l’endroit le plus sûr pour envoyer une belle orpheline adorée de tout le village, pour qu’on y prenne soin d’elle, en ces temps perturbés.
Le docteur Jensen avait un peu vieilli, ce qui l’avait encouragé à prendre les commandes d’un endroit un peu moins fatigant qu’un hôpital de campagne mouvementé, aussi convertir son premier établissement en orphelinat avait été pour lui une solution toute trouvée pour pouvoir continuer à exercer sa bienveillance envers autrui, au moment où la forêt était le théâtre de ces événements tragiques.
Visla était encore bien jeune pour se soucier de tout cela, lorsque le drame était arrivé. D’abord sa mère, dans un accident, au moulin, puis ses grands parents, une semaine plus tard, dont la maison isolée avait brûlé lors d’une attaque. Et enfin son père, seulement quelques jours auparavant, perdu parmi d’autres soldats volontaires dans un combat contre les garous, au cœur de la nuit.
Inutile de préciser qu’elle n’en était pas encore remise, tandis que le chariot qui la conduisait toujours plus profond dans les bois cahotait sur la route de terre. Mais elle était une fille de fort caractère, et l’on avait confiance - avec toutes les qualités dont elle était parée – dans sa capacité à rebondir et à devenir plus forte, avec l’aide du docteur et de son personnel.
Ses yeux n’étaient pas embués de larme. Visla était sans doute trop forte pour cela. Seul son cœur était encore un peu engourdi par la douleur qu’elle avait pu ressentir ces derniers temps. Mais elle n’était pas la seule, et elle le savait bien. Les attaques avaient déjà brisé plusieurs familles, dans des villages alentours, et elle allait sans doute retrouver d’autres victimes, peut-être plus jeunes qu’elle, peut-être plus fragiles qu’elle, et elle voulait demeurer forte. Elle trouverait de toute façon du soutien et sans doute de la fraternité, et cela la rassérénait, dans cette difficile épreuve.
Aussi, après quelques kilomètres de chaos dans son esprit et de route irrégulière, elle oublia un peu ses bleus à l’âme pour se pencher un peu jusqu’à voir par la fenêtre du chariot, le décor de la forêt profonde défiler au long de la route. Elle avait un aspect sombre et inquiétant, ses arbres tordus comme s’ils s’étaient contorsionnés pour se défendre de l’invasion des garous. Mais ce n’était pas à eux que les monstres s’en prenaient. Cette plaie qui s’était abattue depuis quelques années sous le couvert de l’immense forêt était assez ancienne pour que la toute jeune Visla ait largement grandie dans cette terrible ambiance, qui lui était alors familière.
Le voyage prendrait des heures, et elle aurait largement le temps de s’ennuyer, aussi s’absorba-t-elle dans ses pensées tout en laissant son regard glisser sur le paysage qui défilait au rythme des secousses du chariot tiré par les deux chevaux. Visla avait en effet cette force d’imagination qui l’avait déjà tirée de bien des soucis, et qui lui permettrait sans doute, une fois de plus, de s’extraire de cette mésaventure particulièrement difficile, pour ne pas trop en souffrir. Du moins, elle y croyait.
(à suivre)