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A propos de millvisages

Alexander , 41 ans , Homme , Gyor
Etait en ligne il y a plusieurs jours
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Description

Le néon bourdonnait, jetant sa lumière blâfarde, sur les traits taillés à la serpe de l'homme face à moi. Assis sur une chaise inconfortable, ses pieds trempaient dans une large flaque qui nous séparait, alimentée par un goutte à goutte venant du plafond. Le couloir semblait mourir dans l'infini. Il était couleur d'humidité, ce vert mouillé et suintant qui dégouline sur le béton. Derrière nous, des voix étranglées s'égosillaient dans un télévision parasitée. Personne ne la regardait. Qui prenait le temps de regarder la tv dans un lieu pareil. L'homme sortit un paquet déchiré d'un poche et en tira une cigarette qu'il coinça entre ses lèvres. Il chercha encore un moment, gonflant une autre poche avant d'en extraire du feu et l'alluma. "Ouais, finit-il par dire. Ca me rappelle peut-être quelque chose.
- Tu en tirerais combien ? lui fis-je, comprenant à son ton qu'il s'agissait d'achat.
- Rien. Je veux qu'une fois tout ça fait, tu foutes le camps, ok ? Tu refous plus un pied ici, ou sinon, je prendrais mes dispositions pour que ce soit la dernière fois. C'est un deal. Tu sais, tu pars." Je le regardais un instant. Je n'y perdais pas grand chose : je comptais pas vivre ici, non plus. Dès que j'avais mis le pied sur les planches de bois qui assuraient un pont de fortune au-dessus d'un trou béant dans le sol, j'avais été convaincu de ne plus revenir ici même si ma non-vie en dépendait. "Rien de plus ? dis-je tout de même. Bon, ben ok, je viendrais plus m'appesantir dans ton bourbier. T'as ma parole, mec.
- Je me fous de ta parole, répondit-il, de sa voix lente et mesurée. Je ne sais pas ce que tu veux au fond, ni pourquoi tu es là. Je m'en fous. La seule chose que je veux pas, c'est de me retrouver embringuer dans une histoire qui pourrait me dépasser. Donc je veux que tu cesses tout contact avec nous après cette entrevue. Ok ?
- Ok.
- Bon. Je vais tout te dire..."
C'est comme si ce couloir avait toujours existé, toujours été là. Maintenant que je le regarde, je crois voir au fond des mouvements, des gens qui appellent, qui avancent, viennent à nous. Je crois que j'ai peur en cet instant, de ces formes floues et noires qui évoluent comme dans une eau aussi sombre qu'eux, lents et puissants. Le temps semble doucement s'arrêter. Les crissements de la télévision ralentissent, deviennent des suintements de son qui se déverse dans le salon derrière moi, dégouline du poste, roule au sol, gluant, emplissant l'espace. Le temps devient comme tangible, palpable et, dans un grincement, fuit l'avancée des bruits tordus, des silhouettes lointaines.
L'homme face à moi continue de parler, comme s'il n'entendait, son visage bientôt couvert des traits ténébreux venant du fond, dans le silence strident, il meurt sans s'en rendre compte, tué par les choses qui suintent à présent tout autour de nous. Son corps tombe dans un bruit mat au sol, tout raide d'un rigor mortis précoce. Mais je ne suis pas là pour le relever, non, je tente déjà de fuir à mon tour, mais le sol sous mes pieds se fend, se lézarde à mesure que mes pas me dirigent vers cette porte coupe-feu rabattue. Ma course se fait maladroite, bondissante, j'essaye de pas être emporté par le néant sous mes pieds, ce vide profond et sans fin. Tout s'effrite, le mur part en lambeaux, alors que je tente de m'y raccrocher. Les voix, loitaines, des présentateurs se répercutent dans l'echo de la destruction, me narguant dans ma difficile progression. Le sol derrière moi a cédé au noir infini, la porte se dresse devant moi, je m'élance et... bute contre. Je me jette contre une porte adjacente, la coupe-feu sombrant déjà. Dans une pièce plongée dans l'obscurité, j'aperçois une fenêtre. Des cris au loin, au bord de ma perception, mais pas le temps d'y faire attention, tant pis pour eux. Les fenêtres ! Je cours vers elles, aussi vite que je le puis et brise la première d'entre elles, glissant mon corps dans l'ouverture sans perdre une minute, sans même faire attention à ma main meurtrie. Sur l'étroite cornique qui longe la façade, je m'attarde. La ville. Elle m'apparait soudainement, comme une révélation, brutale et inattendue. Une brume épaisse, un animal aux poils noirs mouchetés de lumières soyeuses, ondulant dans un bruit touffu, grognant, son unique oeil braqué sur moi, qui voit et suit ma chute, l'immeuble s'affaissant. Tout est perdu. Je suis englouti.

J'ai fait un drôle de rêve... je ne me savais pas la capacité de rêver encore, cela m'intrigue plus que tout. J'étais quelqu'un d'autre. Je réfléchissais à moi-même. Comme cela peut-être symbolique de mes nuits, vraiment. Songeant à tout cela, je me lève et me dirige vers la fenêtre. Là, sous mon appartement, se dessine un monde à ma mesure, un paysage façonné par mes pensées, par mes idéaux, où le temps se dégrade, où la forme se souligne sous l'ondulation de sphères puissantes et incompréhensible, dans un mélange de couleurs vives et mortes, une danse de formes affolées et de vies brisées. J'hoche la tête et prends la peine de m'habiller, une chemise à lacets, une veste. Mon pantalon bouffant, enfoncé dans mes bottes de cuir souple. Il est temps d'affronter ce monde apparu sous ma fenêtre, cette existence, unique aux yeux de toutes. Voilà ce que je suis, mille existences, pluriel aux yeux de personne. C'est mon cauchemar que j'ai dû voir, une boucle insensée, tournant et retournant, comme le temps, en tout sens, et toujours les même choses qui m'apparaissent. Ce que je vois est changeant, je m'y apparente, je me transforme selon.
Il est pour moi temps de changer encore...

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