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Apparence physique

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Description

Je suis de celles qui ne parlent pas, ou peu. Je laisse les autres parler pour moi, s'égosiller à dépeindre qui je suis, à décrire mes formes et à détailler tout ce qui ne va pas chez moi.
C'est toujours moins fatiguant que d'avoir à répéter sans arrêt les mêmes choses, et puis y'a peut être une chance que ça m'fasse rire, quelques fois. De toute façon rien de ce que j'aurais à dire ne pourrait te plaire.
D'ailleurs, qu'est ce que je pourrais dire ? Que je n'ai pas envie de t'entendre prononcer mon prénom, que mon appartement est trop petit pour deux personnes, que oui, j'ai coupé moi même mes cheveux, que non, je n'ai pas envie d'aller diner. Que mon colocataire à été amoureux de moi, un jour, et qu'il a changé d'avis, un autre. Je pourrais rajouter pour me vanter que je suis un bon coup, que j'ai des références, et que j'en ai vu plus que toi, forcément. Je pourrais te parler de tout c'que j'fais toute seule la nuit, avec les mains, avec les yeux et les oreilles, te dire que j'écris pas que pour les autres, et que j'veux pas qu'tu prennes l'habitude d'écouter la même musique que moi. J'pourrais sûrement aussi te dire que oui, je m'habille mal, que non, c'est pas un style, et que j'aimerais qu'tu t'passes de commentaires parce que je sais déjà qu'tu trouves tout ça hyper sexy. J'prendrais des heures à m'détailler de long en larges, et puis j'trouverais ça lourd très rapidement que tu m'regardes de travers. J'aurais sans cesse des mots à dire, à propos de tout ce qui n'a aucune importance, au sujet de tout ce qui ne compte pas. Et puis finalement mon mépris t'éclatera au nez, comme ça, par hasard, parce que c'est inévitable. Alors je te plaquerais contre un mur, foutrais ma main en travers de ta gueule, j'aurais l'audace de t'enfiler un vieux chiffon dans la gorge pour n'pas t'entendre me traiter de ce que je sais déjà. J'pourrais bien te briser les côtes, t'éclater les rotules, te laisser là avachi dans un coin, tremblant comme un gosse couvert de trouille. Et j'te foutrais mes écouteurs dans les oreilles, pour te remplir de ma musique, te vider mon ipod jusque dans les entrailles, et t'asséner quelques coups d'pieds histoire de vérifier que t'es encore en vie. Et puis on ne s'adressera plus la parole, jamais, et tu baissera les yeux sur mon passage, et moi j'aurais la pauvre sensation de t'avoir déjà vu quelque part, mais non, j'aurais déjà tout oublié. Alors faudra qu'tu penses à jamais rien me demander, à n'pas oser passer tes mains sous ma veste, à pas faire mine de sourire à mes mauvaises blagues, et puis surtout faudra que tu apprennes à n'pas regretter que j'dise rien, comme si c'était finalement c'qui pouvait arriver d'mieux.