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A propos de perditi0n

Pepper , 39 ans , Femme , Charleroi
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Description

L’herbe, tâchée de sang et recouverte d’une fine lamelle de sable craquait sous les pas. Sable dont les grains voletaient sous l’influence d’un vent brûlant, parvenant ainsi à se faufiler entre les interstices des vêtements et à se coller à la peau comme des milliers de petites sangsues. La créature dégagea un pan de sa cape pour porter sa main par-dessus son regard, en visière. A perte de vue, le Chaos semblait régner en seul Maître. Le ciel tourmenté d’épais manteaux noirs grondait de colère tandis que des dizaines d’éclairs s’acharnaient de minute en minute sur les ruines de l’ancienne ville maudite. De cette dernière, peu de vestiges restaient debout. Un énorme temple courbait son échine jadis majestueuse face aux éléments déchaînés, son portique béant ressemblant davantage à une énorme bouche prête à avaler le fou qui se serait aventuré jusque là. Tout autour, les auberges, les commerces et les demeures de nobles avaient depuis longtemps oublié leur fière allure d’antan pour revêtir celle, plus sinistre, des bâtisses abandonnées et rongées par la tempête et le temps. Au loin, surplombant Tyro’hss la Maudite se dégageait une colline tapissée de cadavres depuis longtemps décomposés, et dépouillés de la moindre parcelle de chair. Cinquante ans auparavant, les vautours avaient eu droit à un festin comme jamais il n’y en avait eu sur Krynn. Lorsqu’un éclair venait frapper le pied de cet amas de squelettes, certains d’entre eux volaient en éclats et l’autel au sommet semblait émettre un chant dont la mélodie ressemblait de façon horrible aux hurlements de milliers d’hommes et de femmes.
Un rictus aux lèvres, la silhouette posa le pied sur le sentier serpentant au centre de la ville. Celui-ci se prolongeait jusqu’à la colline, et c’était là qu’elle devait se rendre. Hormis le fracas des éclairs et le râle des cieux, aucun son n’était audible. Aucun animal ou être vivant, si petit soit-il n’était visible. Tout n’était que pierres écrasées ou bois brûlés. Ca et là, quelques cadavres où l’on pouvait voir un pieu entre deux côtes, une flèche coincée entre un tibia et un péroné ou encore une hache profondément ancrée dans l’os frontal. Les bâtiments eux-mêmes semblaient être figés dans une grimace d’horreur car, malgré le vent violent, aucune porte ne grinçait, aucune poutre ne gémissait.
Les chausses de cuir souple frôlaient cet endroit avec indifférence. De temps à autre, un doigt fin venait toucher une pierre ou un arbre calciné, et le rictus s’agrandissait. Parvenue aux abords du temple déchu, la créature stoppa son avancée et joignit les mains. Plusieurs anneaux de diverses couleurs scintillèrent, un souffle se fit entendre. Régulier, rauque. Le souffle se transforma en gloussement. Le gloussement en rire. Il grandit, fort. Si témoin il y aurait eu, il aurait constaté avec étonnement et sans doute quelque frayeur que le tonnerre s’était tu. L’élément semblait écouter ce rire qui, de ses touches moqueuses et victorieuses le défiait si ouvertement sur son territoire. Les chausses firent un pas vers la demeure divine, les bras s’écartèrent comme pour accueillir quelque invisibilité. Le rire se tu. Lorsqu’elle retrouva le chemin qui la menait inexorablement vers l’autel de la colline, la silhouette encapuchonnée émit un dernier ricanement. Du temple provenait à présent une plainte stridente, et le sable roulait follement sous ses pas comme si la terre tremblait de mille secousses.
L’auberge Canard Fumé fût la dernière ruine qui délimitait la ville. Son enseigne pourrie pendouillait mollement à une poutre craquelée qui ne résisterait plus bien longtemps aux assauts répétés du vent, bien que ces derniers soient silencieux, comme tout le reste. Ce fût aussi l’entrée du cauchemar. Sur des centaines d’ares, des cadavres, des objets scintillants, des carcasses d’animaux de toutes sortes. Le sol, boueux de sang, avait formé un ruisseau large comme deux mains de troll au milieu d’orbites, de côtes et d’armes. Le chemin qui devait serpenter jusqu’au sommet n’était plus visible et le sable devenait plus mordant au fur et à mesure que l’on pénétrait dans ce cimetière. Bientôt, la créature ne distingua plus les masses allongées, une véritable tempête de sable s’étant levée avec une soudaineté féroce. Il semblait que ce lieu maudit tenait à ce que tout être vivant en reste éloigné. Loin de se décourager, elle enfila un bandeau par-dessus ses yeux de félin et poursuivit son ascension. Si une quelconque magie tenait à lui barrer la route, elle allait bientôt lui montrer que sa magie était encore plus coriace.
Un bref éclair. Différent celui-ci, teinté d’une lueur rougeâtre. L’anneau luisait au majeur de la créature, et celle-ci ne du plus se soucier de regarder où poser les pieds. Elle flottait avec légèreté à quelques centimètres du sol, gagnant du terrain avec une facilité qui enragea le tonnerre, lequel gronda de plus belle.
Le sable se calma, déposant une épaisse couche sur la colline, qui fut presque exempte de toute horreur visible… mais les illusions n’étaient pas permises dans cette vallée, et le vent ne tarderait pas à dégager cette couverture dorée. Les chausses retrouvèrent la terre ferme, et le regard pu contempler l’autel. Il n’était plus qu’à une dizaine de mètres. Mesurant plus de deux mètres de haut, un mètre cinquante de large, il avait presque l’aspect d’un grand cube. Ce n’en était pas un. Sa couleur sombre n’était pas le produit du feu, ou du temps. Il avait été produit de cette façon, et si l’on regardait bien, des gemmes rouges et bleues parsemaient le socle.

[...]

Linaël, Prêtresse du Nexus.

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