Description
"Avez-vous remarqué, cher ami, que les gens ne regardent jamais rien de ce qui est interéssant?"
" La femme et le pantin "
Louys Pierre
*
«Il y a beaucoup de choses que nous aimerions jeter si nous n'avions pas peur que d'autres les ramassent. »
Oscar Wilde
*
Ne demande pas à sortir de ce bois. Tu resteras ici, que tu le veuilles ou non. Je suis un esprit d'un ordre peu commun. Apprends-le, l'été lui-même, là où je m'arrête, reste immobile. Et je t'aime. Viens avec moi ; je te donnerai des fées pour te servir ; et elles t'iront chercher des joyaux au fond de l'abîme, et elles chanteront, tandis que tu dormiras sur les fleurs pressées. Et je te purgerai si bien de ta grossièreté mortelle que tu iras comme un esprit aérien.
William Shakespeare,
Le Songe d'une nuit d'été
*
Une chose en tout cas est certaine : l'étranger, débarquant dans une région qui lui est totalement inconnue et au milieu d'êtres totalement nouveaux pour lui, les perçoit toujours comme beaucoup plus froids et plus horribles qu'ils ne sont en réalité.
"Oui"
Thomas Bernhard
http://www.dailymotion.com/jrg/video/xawga_frederickgoldmanjones-peurs/1
*
Les humains mettent beaucoup de temps avec beaucoup d'intelligence à choisir la mauvaise personne.
*
La fille de joie est belle
Au coin de la rue Labas
Elle a une clientèle
Qui lui remplit son bas
Quand son boulot s'achève
Elle s'en va à son tour
Chercher un peu de rêve
Dans un bal du faubourg
Son homme est un artiste
C'est un drôle de petit gars
Un accordéoniste
Qui sait jouer la java
Elle écoute la java
Mais elle ne la danse pas
Elle ne regarde même pas la piste
Et ses yeux amoureux
Suivent le jeu nerveux
Et les doigts secs et longs de l'artiste
Ça lui rentre dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie de chanter
C'est physique
Tout son être est tendu
Son souffle est suspendu
C'est une vraie tordue de la musique
La fille de joie est triste
Au coin de la rue là-bas
Son accordéoniste
Il est parti soldat
Quand y reviendra de la guerre
Ils prendront une maison
Elle sera la caissière
Et lui, sera le patron
Que la vie sera belle
Ils seront de vrais pachas
Et tous les soirs pour elle
Il jouera la java
Elle écoute la java
Qu'elle fredonne tout bas
Elle revoit son accordéoniste
Et ses yeux amoureux
Suivent le jeu nerveux
Et les doigts secs et longs de l'artiste
Ça lui rentre dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie de pleurer
C'est physique
Tout son être est tendu
Son souffle est suspendu
C'est une vraie tordue de la musique
La fille de joie est seule
Au coin de la rue là-bas
Les filles qui font la gueule
Les hommes n'en veulent pas
Et tant pis si elle crève
Son homme ne reviendra plus
Adieux tous les beaux rêves
Sa vie, elle est foutue
Pourtant ses jambes tristes
L'emmènent au boui-boui
Où y a un autre artiste
Qui joue toute la nuit
Elle écoute la java...
... elle entend la java
... elle a fermé les yeux
... et les doigts secs et nerveux ...
Ça lui rentre dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie de gueuler
C'est physique
Alors pour oublier
Elle s'est mise à danser, à tourner
Au son de la musique...
...
ARRÊTEZ !
Arrêtez la musique ! ...
"L'accordéoniste"
E. Piaf
1942
*
. Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières .
. Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent .
*
Ainsi la nouvelle conscience européenne est de plus en plus sensible à la diversité culturelle sans pareille de l’Europe ; elle comprend que cette diversité constitue son patrimoine ; elle conçoit de mieux en mieux que la culture européenne est une polyculture. Enfin, selon une prise de conscience en boucle, la conscience de la richesse que constitue cette polyculture fait prendre conscience de la menace, et la conscience de la menace fait prendre conscience de cette richesse polyculturelle.
La menace est-elle américaine ? Subissons-nous l’homogénéisation des mœurs et de la standardisation culturelle que répandent irrésistiblement sur l’Europe jeans, shit, westerns, serials, shows, hamburgers, Coca, Pepsi, Pampers, self-services, supermarchés ? En fait l’américanisation est l’aspect le plus imagé et le plus ostensible d’un processus issu de l’Europe même : celui du développent capitaliste qui transforme tout ce qu’il touche en marchandise, celui du développement industriel qui standardise tout ce qu’il intègre ; celui du développement techno-bureaucratique qui anonymise tout ce dont il s’empare, celui de l’urbanisation à outrance qui désintègre les anciennes communautés et atomise les existences dans la « foule solitaire ». Ce processus qui a déjà corrompu et ruiné tant de cultures dans le monde attaque maintenant nos cultures…
« Penser l’Europe »
Edgar Morin
*
J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin
*
Un matin rue Nekrasova, elle dépassa un homme sur le trottoir. Il était grand, plus vieux qu’elle, très maigre. Il portait un chapeau. Au début, elle n’y prêta pas attention, mais après l’avoir doublé elle se dit : soit j’avance plus vite que lui, soit il marche encore plus lentement que moi. Alors, d’instinct, elle se retourna. A cet instant précis, l’homme s’affaissa sur lui-même comme une toile de parachute d’où l’air se serait échappé. Tatiana revint sur ses pas pour l’aider à s’asseoir.
Une fois près de lui, elle souleva le chapeau qui lui était tombé sur les yeux : grands ouverts, sans un cillement, ils la fixaient.
L’homme était mort.
Elle étouffa un cri d’horreur et s’éloigna à reculons. Alors les sirènes se mirent à hurler. Elle s’efforça de courir sans y parvenir, sans trop savoir non plus ce qu’elle fuyait : le mort ou les bombes ? De toute façon, elle était bien décidée à ne plus remettre les pieds dans un abri : si on veut me prendre mon pain, je ne pourrai rien faire, de dit-elle en enfonçant sur sa tête le casque que lui avait donné Alexandre.
Une fois rentrée, elle raconta à sa famille qu’elle venait de voir un homme s’effondrer raide mort en pleine rue. Personne n’eut l’air de trouver cela extraordinaire.
- Vraiment ? fit Marina. Moi j’ai vu un cheval mort sur une place l’autre jour. Une foule de gens le débitaient en quartiers et emportait la viande. Et ce n’est pas le pire… Non, le pire, c’est que j’ai pris mon tour moi aussi…
Le visage de l’homme, sa démarche, son ridicule chapeau, Tatiana les voyait le soir dans son lit. Ce n’était pas la mort qui la tourmentait. La mort, hélas, elle la connaissait déjà : la mort c’était Louga, l’absence de Pasha, son père dans son lit d’hôpital… Non, ce qui la tourmentait, c’était l’allure à laquelle marchait cet homme. Juste avant de mourir, il marchait plus lentement qu’elle – mais pas beaucoup plus…
"Tatiana"
Paullina Simons
*
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s'en va pas
On ne s'en va pas Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.
*
[...] une société s'autoproduit sans cesse parce qu'elle s'autodétruit sans cesse.
' ' ' ' ' ' ' ' ' ' ' '
Croire qu'un homme est une être supranaturel est une erreur qui a conduit à l'idée folle de l'homme maître de la nature, qui allait la conquérir et la maîtriser. Isoler la vie de la matière est une idée folle et qui, aujourd'hui, est prouvée fausse. Il n'y a pas de substance biologique différente des substances physico-chimiques.
E. Morin
*
Tourne-toi
- Non
- Contre moi
- Non, pas comm'ça
- ...Et danse
La décadanse
Bouge tes reins
Lentement
devant les miens
- Reste là
Derrièr' moi
Balance
La décadanse
Que tes mains
Frôlent mes seins
Et mon cœur
Qui est le tien
- Mon amour
De toujours
Patience
La décadanse
Sous mes doigts
T'emmènera
Vers de lointains
Au-delà
- Des eaux troubles
Soudain troublent
Mes sens
La décadanse
M'a perdue
Ah tu me tues
Mon amour
Dis m'aimes-tu ?
- Je t'aimais
Déjà mais
Nuance
La décadanse
Plus encore
Que notre mort
Lie nos âmes
Et nos corps
- Dieux Pardo-
Nnez nos
Offenses
La décadanse
A bercé
Nos corps blasés
Et nos âmes égarées
- Dieux !
Pardonnez nos offenses
La décadanse
A bercé
Nos corps blasés
Et nos âmes égarées
"La décadanse"
Serge Gainsbourg
*
Je me fous, fous de vous.
Vous m'aimez, mais pas moi.
Moi, je voue, vous l'aimez.
Confidence pour confidence,
C'est moi que j'aime à travers vous.
Si vous voulez les caresses,
Restez pas, pas chez moi.
Moi j'aime sans sentiment.
Confidence pour confidence,
C'est moi que j'aime à travers vous.
Mais aimez-moi à genoux, j'en suis fou,
Mais, de vous à moi, je vous avoue
Que je peux vivre sans vous.
Aimez-moi à genoux, j'en suis fou
Et si ça vous fait peur,
Dites-vous que sans moi,
Vous n'êtes rien du tout.
Tout pour rien, rien pour vous.
Vous m'aimez, mais je joue,
J'oublie tout.
Confidence pour confidence
C'est toujours moi que j'aime à travers vous
Vous pleurez, révoltée, taisez-vous.
Vous m'aimez, mais pas moi.
Moi je vous veux pour moi et pas pour vous.
Vous je m'en fous, tant pis pour vous.
Aimez-moi à genoux, j'en suis fou
Et n'oubliez jamais que je joue
Contre vous. Vous pour moi.
Sans vous, vous l'avez voulu, tant pis pour vous,
Aimez-moi.
Confidence pour confidence,
C'est moi que j'aime à travers vous.
Je me fous, fous de vous.
Vous m'aimez, mais pas moi.
Moi, je voue, vous l'aimez.
Confidence pour confidence,
C'est moi que j'aime à travers vous.
Si vous voulez les caresses,
Restez pas, pas chez moi.
Moi j'aime sans sentiment.
Confidence pour confidence,
C'est moi que j'aime à travers vous.
Mais je me fous, fous de vous.
Vous m'aimez, mais pas moi.
Moi, je voue, vous l'aimez...
Jean Schultheis
CONFIDENCE POUR CONFIDENCE
Paroles et musique: Jean Schultheis, 1981
*
Elles sont peut-être les folles de Nevers ou de Séville
Des bracelets qui farandolent, des boucles d’oreilles qui sourient
A une robe de gitane, une gitane que l’on rencontre
Sur une scène à macadam, une histoire que l’on raconte
La musique c’est elle et la fête fait son entrée
Almarita danse, chante pour les gitans
Et que ton cœur vole au vent, ton âme en caravane
Almarita danse, chante pour les gitans
Et que ton cœur vole au vent, ton âme...
...en caravane
Elles chantent pour tous les printemps
Tant de vie et ces gros temps
Mais elles ne peuvent y rester
L’âme gitane ne fait que passer
Elles se suicident cent fois par jour
Pour dire « on n’brade pas l’Algérie ou bien l’amour
Ces choses-là ne repoussent pas »
La musique c’est elle et la fête fait son entrée
Almarita danse, chante pour les gitans
Et que ton cœur vole au vent, ton âme en caravane (x2)
Elles portent des marques du voyage
Et savent très bien nous y faire croire
Rien qu’à les regarder danser
Cherche pas à comprendre, t’as qu’à y aller
Ni femme de marin, ni putain
Je sais qu’elles repartiront
Des joies de gens dans une main
Et une valise pleine de chansons
Où ma musique, c’est elle et la fête fait son entrée
Almarita danse, chante pour les gitans
Et que ton cœur vole au vent, ton âme en caravane (x2)
Il y’en a qui travaillent comme des fous
Pour se payer des clous
A clouer sur leur feuilles de vie
Mais la mort est sans bagages
Moi de tous cela je ne veux rien
Les poches vides et le cœur plein d’amour
Qu’une gitane m’a laissée
La musique c’est elle et la fête fait son entrée
"Almarita"
La Rue Kétanou
*
Sur les murs d’une prison
Où les jours sont gravés
Des photos punaisées
Au miroir ébréché
A la proue de ma vie
Aux tumultes de mes jours
Dans l’écume des tourments
Aux choix de mes envies
Dans le cœur d’une forêt
Très loin abandonné
Quand mes pas sont marqués
Dans la mousse, le gravier
Sur la taie d’oreiller
Au creux des draps froissés
Quand deux corps rencontrés
Se sont enfin trouvés
Toi jamais assouvie
Escapades des heures
Espoir à l’infini
Nous te cherchons à vie
Evasion
Elisabeth G.
*
Sur un champ de bataille, un de ceux dont personne ne se souvient, là-bas, à la page 47 de l’atlas où il y a une grande tache jaunâtre avec quelques noms contenant beaucoup de h, éparpillés çà et là, on a trouvé l’autre jour, lors d’un sondage effectué en vue d’une éventuelle prospection géologique, on a trouvé donc un général.
Il gisait sous une mince couche de sable – probablement apportée par le vent au cours de ces longues années, si nombreuses maintenant - , il gisait comme n’importe quel pauvre malheureux, comme le dernier des fantassins, comme un chameau crevé de soif, comme un gueux maudit, bien qu’il eût été un général. Parce que les dissemblances n’existent que tant que nous vivons, parlons, paradons, chacun récitant son rôle, et puis c’est fini : nous sommes tous égaux dans la position identique de la mort, si simple, si adaptée aux conditions requise par l’éternité.
"Général inconnu"
Dino Buzzati
*
Des cendres renaitra la colombe,
Et de l'acier fleurira l'olivier.
Hélianthèmes recouvrant les tombes,
Témoins silencieux d'un passé égaré.
Extrait de "L'Ombre de la guerre"
***
Les puissants méprisent le sang et la peur,
Les humbles tombent au champ d'horreur.
Extrait de "Tomber au champ d'horreur"
Benjamin Thiers
*
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c`est périssable
Puis les bonbons c`est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Mais je vous ai apporté des bonbons
J`espère qu`on pourra se promener
Que madame votre mère ne dira rien
On ira voir passer les trains
A huit heures je vous ramènerai
Quel beau dimanche pour la saison
Je vous ai apporté des bonbons
Si vous saviez ce que je suis fier
De vous voir pendue à mon bras
Les gens me regardent de travers
Y en a même qui rient derrière moi
Le monde est plein de polissons
Je vous ai apporté des bonbons
Oh oui Germaine est moins bien que vous
Oh oui Germaine elle est moins belle
C`est vrai que Germaine a des cheveux roux
C`est vrai que Germaine elle est cruelle
Ça vous avez mille fois raison
Je vous ai apporté des bonbons
Et nous voilà sur la Grand` Place
Sur le kiosque on joue Mozart
Mais dites-moi que c`est par hasard
Qu`il y a là votre ami Léon
Si vous voulez que je cède ma place
J`avais apporté des bonbons
Mais bonjour mademoiselle Germaine
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c`est périssable
Puis les bonbons c`est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables...
"Les bonbons"
1964
Jacques Brel
*
J'suis qu'un homme ordinaire
Mari fidèle et exemplaire
J'vis en couple depuis 10 ans
Je suis le père de trois enfants
J'ai comme situation financière
Un bon metier un bon salaire
Des opportunités d'evolution
Des possibilités de promotion
J'aime les week-end en famille
Faire du sport avec les amis
Passer le dimanche chez ma mère
Moi j'suis qu'un homme ordinaire
J'dis bonjour au voisin d'à côté
J'demande des nouvelles du p'tit dernier
C'est la moindre des choses vous savez
Quand on habite sur le même palier
J'aide les vieux à traverser
J'en accompagne même au supermarché
J'suis poli et bien élevé
Ca devient rare comme qualités
J'ai mes p'tites faiblesses, mes p'tites lachetés
Apres tout personne n'est parfait
Me jettera la première pierre
Moi j'suis qu'un homme ordinaire
Il m'arrive bien parfois
Mais tout le monde le fait
Alors pourquoi pas moi
Et puis après...
Il m'arrive bien parfois de me garer
Sur les places reservées aux handicapés
Mais apres tout
Les handicapés conduisent très rarement
Et si j'me prend un PV
J'connais le prefet il m'les fait sauter
Et puis la police ferait mieux d's'occuper
De tous les voyous qui trainent dans les quartiers
Parce que j'suis pas raciste mais quand même
Les etrangers profitent du système
Y'en a marre d'assister
Tous ces feignants qui veulent pas bosser
D'ailleurs j'ai mis mes gosses dans l'privé
Parce qu'au moins la bas on les fait trimer
Aujourd'hui faut etre le premier
Y'a pas de place pour les derniers
C'est pas moi qui irait relever
Un homme blessé ou allongé
Je me mele pas de c'qui m'regarde pas
A chacun sa croix et c'est mieu comme ca
Quand dans la rue un homme se fait braquer
Je baisse les yeux pour pas regarder
J'vois pas pourquoi j'irais l'aider
Apres tout p'tetre qu'il l'avait cherché
Moi j'suis qu'un homme ordinaire
On est des milliards comme ca sur Terre
A attendre une guerre, une dictature
Pour reveler au monde notre pourriture
Moi j'suis qu'un homme ordinaire
Rien qu'un salaud exemplaire
Mes lachetés et mon indifférence
Font de moi un bourreau en puissance
Moi j'suis qu'un homme oridnaire
On est des milliards comme ca sur Terre
A attendre une guerre, une dictature
Pour reveler au monde notre pourriture
Moi j'suis qu'un homme ordinaire, ordinaire, ordinaire
Monsieur Roux
"L'homme ordinaire"
*