vincent20-100 Tu veux le rencontrer ? Tchat avec lui !

Apparence physique

Mode de vie

Pour en savoir plus

Description

Est-ce l'amour qui change ou nos comportements ? On dirait que nos sentiments, nos émotions épousent eux aussi la grande obsession de l'époque qui est de ne pas perdre de temps. Ils s'alignent sur le TGV, le Concorde, comme si la rapidité en l'occurrence était un exploit et qu'il fallait, là aussi, battre un record. On aime aujourd'hui contre la montre. On se voit, on s'embrasse, on se caresse, on se lasse, on se quitte - parfois dans un laps de temps aussi court qu'un Paris - New-York - et on s'aperçoit alors avec stupeur, mais trop tard, qu'on a simplement oublié de se rencontrer. On a mimé des gestes, des étreintes, mais les a-t-on vécus? En voulant gagner du temps, on a perdu l'essentiel: la magie, le sel, l'envoûtement qui naissent de ce moment où un regard croise un autre regard, où un rêve croise un autre rêve, et que va s'élaborer cette longue et mystérieuse alchimie qui donne naissance à l'amour et peu à peu le constitue. Car l'amour n'est pas dans la nature : c'est une construction imaginaire, un produit sophistiqué de la civilisation, de la culture, qui, en dépit des apparences, des coups de foudre, est lent à mûrir. Stendhal a donné à ce processus le joli nom de cristallisation, tiré d'une comparaison avec le fameux rameau de Salzbourg. Ce qui donne son caractère grisant à la première rencontre, c'est le sentiment qu'il s'agit d'un rendez-vous, qui a toutes les apparences d'un tête-à-tête, mais où, en réalité, sont conviés une foule de personnages qui, chacun à sa manière, ont modelé notre idéal amoureux : nos lectures, nos héros favoris, et sans doute aussi quelques fantômes, pour ne pas dire quelques fantasmes, nous accompagnent et nous soufflent notre choix. Ce thème de la rencontre, avec toutes ses portes ouvertes sur l'infini des possibles, les romans, les romanciers ne parlent au fond que de cela: la première fois que Chateaubriand vit Juliette Récamier, le grand amour de sa vie, c'était à un déjeuner sous le Consulat; mais ce n'est que sous la Restauration qu'il deviendra son amant. Même attente pour Flaubert: près de vingt années séparent la première apparition d'Élisa Schlésinger sur une plage de Trouville et le moment où ils s'avoueront leurs sentiments. Et Balzac avec Ève Hanska! Combien d'années sont nécessaires au prince André pour retrouver la capricieuse et coquette Natacha qu'il n'a cessé d'aimer? Et Félix de Vandenesse et Mme de Mortsauf ; et Fabrice Del Dongo et Clélia Conti ! Le vrai cadre de leur amour, c'est la longue durée. Ces hommes et ces femmes nous semblent, au regard de la sensibilité d'aujourd'hui, appartenir à des époques révolues. Tout ce temps passé à imaginer et à savourer le bonheur, l'amour, la volupté, avant d'en cueillir les fruits ! Toute une vie de pensées, de rêves, orientée vers un être qui ne vous concédait, au mieux, qu'un portrait en miniature, un ruban, un mouchoir, et beaucoup d'espoir ! Mais aujourd'hui on n'a plus le temps de languir. L'amoureux a des exigences de consommateur qui veut être servi tout de suite. On imagine ensuite. Mais en brûlant les étapes, on risque finalement de ne rencontrer personne et de ne croiser que des ombres.