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Que faire des déchets de coquilles saint-jacques ?
Bretagne - 07 Décembre
À Erquy, les restes de coquilles saint-jacques sont jetés dans des bacs. À Erquy, les restes de coquilles saint-jacques sont jetés dans des bacs. | Ouest-France
Anne KIESEL.
À Erquy, quinze mareyeurs produisent plus de 100 tonnes de déchets de coquilles dans l'année. L'intercommunalité ne veut plus incinérer ces détritus incombustibles. Des solutions existent.
L'initiative
À Erquy, dans les Côtes-d'Armor, des mareyeurs achètent des saint-jacques, prélèvent les noix, et jettent tout le reste dans de grands bacs : les coquilles, les barbes, de l'eau de mer, un mélange qui devient vite malodorant, et gicle sur les personnes chargées du ramassage des ordures. Et ces coquilles, incombustibles, partent, comme les autres déchets, à l'usine d'incinération d'ordures ménagères...
La communauté de communes de la Côte de Penthièvre a décidé de s'attaquer au problème. « Nous avons quinze mareyeurs qui font du décorticage, explique Patricia Lecomte, en charge du programme local de prévention des déchets. Ils paient une redevance pour les bacs. C'est une hérésie de brûler ça, mais pour l'instant nous n'avons pas d'autre solution. »
À l'échelle de la baie
Le taux de matière organique est élevé : 13 %. « On valorise mieux les coquillages qui n'ont presque pas de matière organique, explique Patricia Lecomte. Faut-il des bacs inox ? Étuver les déchets pour les rendre inertes ? Nous avons 115 tonnes de valves de coquilles saint-jacques dans l'année. C'est peu pour mettre en place une filière. Il faudrait réfléchir à l'échelle de la baie de Saint-Brieuc. »
Le pays de Saint-Brieuc (1) a rapproché ce questionnement de deux solutions, validées ou en cours de réflexion.
Dans le Morbihan, une étude a été menée auprès des mytiliculteurs de Pénestin, qui envisagent (depuis des lustres) de déménager à Loscolo. « Sur 4 000 tonnes de moules sorties de l'eau chaque année, explique Michel Guennoc, qui a mené ce travail, 1 600 tonnes sont jetées : elles sont trop petites ou cassées. »
Peut-on valoriser les coquilles (qui ne valent que 50 centimes la tonne) ? Ou la chair, pour l'alimentation animale par exemple (qui vaut 50 centimes le kilo) ? « Il existe des machines qui les séparent, explique le consultant. Mais ça coûte 300 000 €. Ce n'est envisageable qu'au niveau d'une coopérative. »
Pavé drainant
Une autre démarche est, elle, prête à passer à la phase industrielle. C'est le pavé drainant, mis au point à Caen, à l'Esitc, École supérieure d'ingénieurs des travaux de la construction. « Nous avons remplacé les granulats issus de carrières, par des coquilles saint-jacques, broyées, des crépidules ou des pétoncles, » explique Mohamed Boutouil, directeur de recherche.
La faisabilité industrielle a été testée, et on espère le démarrage de la production en janvier 2016. La Normandie produit 10 000 tonnes de coquilles par an. Le pavé drainant avec coquilles ne coûte pas plus cher que le pavé classique. Il est breveté et multinominé. Une belle voie d'avenir.
(1) Il s'est engagé dans une démarche de GIZC, gestion intégrée de la zone côtière.