Visite téléguidée N°2 :
(sur-aquatique)
Bloup !
Eaux poissonneuses et ô combien poisseuses ou vaseuses, boueuses de féminité enfemmenistées, femmenisées, feministées ou défemellisées et remasculinisées.
Étendues marécageuses à peine encore miroiteuses. Ondes et vagues déjà sèchées, asséchées, rivières trompeuses d’algues et de chevelures ondoyeuses, enchanteuses de beautés aveugles et sourdes, menteuses, mirageuses mais non miraculeuses, hélas, plutôt castreuses et arracheuses d’attribut mâles, de bittes mal amarrées, émasculeuses de pauvres pécheurs à la main, sans hameçon aucun que leur vieux sexe pendant tel un leurre à vieilles truites au ventre gonflé, à tanches, un petit insecte en guise d’appât, telle une mouche, une larve, un ver ou un asticot gigotant pour tout épuisette face à leurs gueules grand-béantes, tout ouvertes, déchirant les mailles de nos filets, une à une, de nos casiers à crevettes duveteuses, à langoustines épilées ou poilues, selon, mais autant rugeuses au toucher que pierreuses à caresser, et si rocheuses au baiser, caillouteuses, amoureuses aux sourires de galets, mers mortes, marées poiscailleuses aux rires ensablés, ensablonneuses et noyeuses de chalutiers, couleuses de bottes et de cirés, dégonfleuses de bouées, épuiseuses, pirateuses de barquasses, d’embarquations légères à louer, débarqueuses de godasses et de souliers, voleuses de pieds, preneuses de têtes et de cœurs à aimer, tueuses de métiers, d’artisanat, d’art, détourneuses de gabarres, pagailleuses de pagaies, rameuses d’avirons, godilleuses, tribordeuses et babordeuses, tireuses de saffran à gauche et à droite, louvoyeuses, dévoyeuses de voiliers, tireuses de bords et de bordées au moteur, ameuneuses de foc ou de grand-voiles amateuses, jeteuses d’ancre, empanneuses, sous-marineuses, dériveuses lestées, jeteuses de lests, largeuses de dérives, abandonneuses de pleine mer, naufrageuses de naufragés non-volontaires, sectionneuses de boutes, de cordages, de cables et de filins, délaisseuses de drisses flottant aux vents marins, démâteuses de pieux, de vits et de gourdins, chavireuses à sec, navigueuses de plage, parasoleuses, ensableuses de sentiments, noyeuses de larmes, échoueuses d’amants, laguneuses de vases aux rives ravageuses et dévasteuses, démouleuses de moules avariées, d’huîtres déperlées, d’écrevisses viciées, poissons-chattes et araignées d’eaux stagnées, mauvaises odoreuses, embaumeuses et perdeuses de promeneurs du dimanche ou de saule-pleureurs esseulés, à demi-fondrés, emballadeuses aux berges bétonnées tout du long, isoleuses, fausses soyeuses, déguinguetteuses du sol au plafond, admireuse et mireuses de béton, aux courbes molles, flasques, aux reflets de pétrole, chimiqueuses muqueuses, mares fangeuses et flaques de boues alanguies, canoteuses de canapé, canopeuses de Pangée, de canöé, dégueulasseuses d’amour et d’amoureux transis, travestisseuses polluées d’affiches et de panneaux morts partout, de bout en bout : Attention. Pêche et baignade interdite. Non potable.
Parkings où s’égarer sans fin et longs rayonnages de supermarché, côté surgelés, rayons poissonnerie. Les yeux morts. Le cœur déjà frit. Congelées dans la glace pilée. Le cul découpé en petits-dés à jouer, à en découdre avec le premier poissonnier venu, amateur de poisson. L’abruti du jour en promotion. Poussant son caddie devant lui, comme un con.
Messieurs-Dames, il est l’heure, on ferme. Vous êtes invités à vous diriger vers la caisse ou la sortie...