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Description

La salle avait l'apparence d'un salon de palais - un plafond en forme de voûte au plâtre travaillé, des tapis de velours ocre finement tissés sur les dalles blanches du sol, des lambris ornés de sculptures recherchées pour les murs - bien qu'étant loin de n'importe quel palais. En vérité, cette salle était loin de quelque endroit que ce soit, de n'importe quelle manière que comprendrait la plupart des humains. En son centre une table incrustée de rubis où étaient échafaudés des dominos d'ivoire en une tour complexe. Et enfin face à cela, derrière la table, un trône d'argent très ornementé de grenats.

Des éclairs noirs enroulèrent leur mèches autour du néant suspendu. Lentement l'ombre en descendit, prenant la forme d'un être, vêtu de noir absolu, et de rouge sang. Pourtant même ce noir n'était pas aussi intense que l'ombre qui s'attachait à lui. Là-haut, prés du sommet de la noirceur se tenait deux yeux de feu qui fixaient dans une expression de rage fulminante. Des flammes bondissaient dans sa bouche quand il parlait, et chaque mot avait un grondement de fournaise. Séant sur le fauteuil des rois, il prit la parole.

« L'oriflamme dynastique de l'Indicible flottait dans le ciel, - pentacle ôcre renfermant la quintessence des flammes sur fond obsidienne - sous la voûte vespérale balafrée par les serres rubicondes du feu et du sang, l'écho inéluctable de la mort résonnait - complaintes futiles - alors que les séides balayaient hardiment les Baatezus trop faibles. Niché dans la bouche des pleutres et des infidèles, le poison de la terreur au goût de fiel les abattait les uns après les autres. Les antagonistes étaient décimés, rongés par les acérées tueuses ils tombèrent. Hélas, il ne restait plus rien, excepté la triomphante coalition qui achevait sa reconquête, et son seigneur, Inome. Mécène des arts anciens, alchimiste de la Sombreflamme, gardien du Grand-Arcane, héraut des armées du chaos. Triomphant champion, il retira son fer de la chair meuble et inanimée du dernier des diables. »

« Tu seras mort dès... » Le Diantefrosse voulut répondre, il éleva la voix mais...

« Quoi ?! Tu n'aimes pas cette histoire ?! Pourtant j'y tiens le beau rôle. Enfin bref... » L'homme de l'ombre n'avait pas élevé le ton, mais il en avait eu nul besoin ; le temps de prononcer ces mots, il avait levé la tête ; ses yeux et sa bouche étaient des trous forés dans une forge où ronflait un feu dévorant, tout flammes et clarté ardente. Il rit et de sa bouche jaillirent des flammes rugissantes.

Puis il leva la main. Et l'archi-diable au sceptre de rubis hurla et se mit à vibrer comme une lime frappée contre une enclume. Il parut devenir de moins en moins compact et son hurlement diminua avec lui. L'hurlant n'était plus qu'un amas de brume à forme humaine, son cri lointain et bientôt la même brume se dissipa, au néant.

« Que c'est lassant, la Guerre Sanglante est terminée, cette position me fâche, attaquer des faibles chiasmes, tuer de pauvres biges enrôlés. Il me faut une certaine puissance pour corrompre ces factions en déclin. Je vais là chercher... et assurer la conquête des mondes inconnus » Dit-il d'une voix chuintante traduisant l'amusement par un son pareil à des choses mortes qui s'écroulent en poussière.

L'instant d'après...

Un mur de pierres mal assemblées, une toiture large, tout ceci indiquait une charpente solide. Une cheminée menaçante la surplombant fumait à grosses nuées, qui rejoignaient le ciel aux auspices de pluie. Un calme évincé par une phénomène surnaturel. Dans la roche de la bâtisse se dessinait en lignes opaques, les traits d'une porte, s'y ajouta enfin la couleur. Elle finit tout de même par s'ouvrir, sur l'homme.

Silhouette svelte, mince et grande, bien que d'une musculature agréable et divine sous une livrée aux plaques d'airain et de cuir tanné et lacé. Elle portait sur ses épaules larges une cape à haut col de velours rouge sang. Celle-ci était agrémentée de filigranes d'or et de boutons d'ivoires, au col et aux manches de la dentelle y était mouchetée. Son visage perclus, demeurait figé dans une même mimique. Il était à demi couvert de faïence blanche. Un puit d'onyx en guise de regard, un abîme partiel et brillant comme du jais pour coin de sourire. Il ne laissait qu'un demi faciès visible, où brillait un oeil d'ambre en fusion, et où se pinçaient deux lèvres fines et cruelles.

Il leva le visage vers l'écriteau. « Le monde des tavernes... Mmh, intéressant. »