Il faut savoir aussi que le taux d'abandon dans ces courses est plus faible qu'attendu.
On a pu mesurer que le taux d'abandon est proportionnel à la distance : on abandonne plus facilement au marathon qu'au semi-marathon, etc..
Mais là, non, le parcours est plus long et plus périlleux, plus exigeant mais il n'y a pas tant d'abandon que ça…Et cela a interrogé les médecins du sport notamment ;
et une des explications possible, c'est qu'on est fait exactement pour ça !!!
Faire ces courses-là, c'est faire exactement la même chose que faisait Neandertal ou Cro-Magon.
Lorsqu'il partait à la chasse, sans grand-chose dans le ventre, pendant plusieurs jours, à marcher, à courir parfois, sans jamais se mettre dans le rouge, et en faisant des gestes qui sont naturels, marcher, courir, utiliser ses mains, ses sens et ses intuitions.
C'est beaucoup moins traumatisant qu'un marathon par exemple, qui fait que les gens sont toujours à la limite, font de l'acide lactique et ont beaucoup de mal à récupérer.
Et puis, courir et utiliser ses jambes et le reste de son corps de cette manière, c'est beaucoup moins traumatisant que des sports comme le tennis ou le football, auxquels l'homme de Cro-Magon ou de Neandertal ne jouait pas, qui exigent des gestes qui ne sont pas naturels, et qui ont des effets désastreux sur les articulations et les ligaments, sans parler du reste, et qui sont beaucoup plus nuisibles, il suffit de voir les statistiques du ministère des sports.
Conclusion, faites de l'ultra trail, et n'oubliez que la smallorexie est plus dangereuse comme maladie mentale que la bigorexie.
Cette 2ème histoire concerne une autre manière d'envisager les limites.
Dans mon adolescence, j'étais déjà fasciné par des gens dont les limites étaient bien au-delà des miennes, comme par exemple les limites physiques pour rester dans le sujet.
Le physique est primordial dans toute tentative de sport d'endurance ou de découverte, quelle qu'elle soit.
Les explorateurs de toutes sortes comme les marins peuvent en témoigner. Les mineurs aussi…Etc...
Par exemple, j'ai été totalement fasciné par l'histoire des deux frères Schmidt, Tony et Franck.
Je me souviens de ce grand-père alsacien de ma cité qui me racontait souvent cette histoire quand j'avais 14 ans environ, celle de ces deux frères qui en 1931 ont pris leur vélo, et qui ont fait le trajet d'une seule traite de Munich jusqu'à Zermatt, avec tout le matériel d'alpinisme sur le dos, ils ont dormi sur le tremplin à skis qui venait de servir aux J.O. de Zermatt, et le lendemain ils ont fait la 1ère de la face nord du Servin.
Et je me demandais comment est-ce qu'on peut faire ça ??? En plus ça ne sert à rien !
Un autre exemple encore plus extraordinaire et qui est bien français, le genre d'exploit dont vous ne risquez pas de prendre connaissance ni à la TV ni dans les journaux.
Certains d'entre vous connaissent peut-être cet homme qui s'appelle Lionel Daudet.
C'est un alpiniste également, et lors de l'ascension de la face nord du Servin, dans des conditions hivernales impitoyables, en solitaire et en directissime, il a été pris durant 9 jours dans la paroi, il a perdu tous ses doigts de pieds et même un peu plus.
C'était il y a très longtemps, mais il a repris l'alpinisme dès qu'il l'a pu.
Et là, il n'y a pas longtemps, il vient de terminer ce qu'on appelle "Le tour de la France exacte" , 6600 kms au mètre près, tout seul et sans moyens mécaniques.
Si vous regardez où passe la frontière française avec l'Espagne, avec l'Italie et avec la Suisse, vous vous rendrez compte que c'est un exploit incroyable ! Surtout quand on n'a pas de doigts de pieds, ça entrave tout de même la foulée, avec des centaines de kms de dénivelé, monter, descendre, et je vous passe le reste des difficultés de toutes sortes comme il y en a sur le parcours, faites-le et vous verrez !
Ça lui a pris un an et demi.
C'est le genre d'exploit qu'on a du mal à comprendre. On ne sait pas où sont les limites parce qu'il est arrivé dans un état de fraîcheur tel qu'il aurait pu faire un deuxième tour.
Si je vous dis que j'ai fait avec lui une partie du trajet entre la frontière Franco-Suisse qui traverse le CERN près de Genève, (je parlerai du LHC plus loin), qui est la partie la plus facile, durant un W.E., vous n'allez pas me croire, donc je la ferme car pour vous je ne serai jamais rien d'autre qu'un vantard. Et c'est tant mieux !
NOUS PLONGEONS ENFIN DANS LES PUITS DE LA SCIENCE !
Et comme par hasard c'était le W.E. où on a appris qu'une autre limite avait été franchie, à savoir que les neutrinos allaient plus vite que la lumière !!!
Énorme émoi dans la communauté scientifique mondiale car il y a là une limite fondamentale qui été dépassée, cela a été un grand épisode de la physique qui a duré six mois où les sites internet consacrés à ce sujet était plus animés qu'un forum des réseaux sociaux, le temps qu'on découvre qu'il y avait eu des erreurs de mesures, un câble trop long et une horloge atomique qui ne battait pas la mesure de la seconde comme il fallait. (j'y reviendrai plus loin plus en détail).
Donc pas de limite franchie cette fois, la vitesse de la lumière n'est pas encore dépassable car aucune autre particule ne peut aller plus vite que le photon. OUF !
Je vous rappelle que l'anagramme de « La vitesse de la lumière » est « Limite les rêves au-delà ».
Et si je vous raconte ça, c'est parce que j'ai fait le parallèle entre ce genre d'exploit et une sorte d'expérience contre-imposée de la physique, je m'explique :
Depuis Galilée, le pari de la physique moderne, c'est une démarche qui essaye d'expliquer le réel par l'impossible.
C'est à dire que vous essayez de comprendre les phénomènes que vous observez autour de vous à partir de lois dont l'énoncé contredit SYSTEMATIQUEMENT l'observation.
Contrairement à ce que l'on croit, on peut dire que d'une certaine façon la physique n'est pas là pour décrire ce qui se passe dans le monde physique mais d'énoncer des lois qui disent le contraire de ce qu'on observe.
Le meilleur exemple est celui de la chute des corps.
Tout le monde sait qu'UN CORPS TOMBE D'AUTANT PLUS VITE QU'IL EST PLUS LOURD.
Aristote a finalisé cette loi, les indiens d'Amazonie connaissent cette loi, les pygmées d'Andalousie aussi, les aborigènes d'Australie, les papous de Nouvelle-Bretagne, et mêmes les dieux qui sont tombés sur la tête au Kalahari la connaissent.
Or, la vraie loi de la chute des corps dit que TOUS LES CORPS TOMBENT A LA MEME VITESSE INDEPENDEMMENT DE LEUR MASSE !
Si vous laissez tomber une boule de pétanque et une balle de ping-pong en même temps et de la même hauteur, la boule de pétanque touchera le sol avant la balle de ping-pong.
Ça, c'est l'observation.
Or, ça, c'est ce qui se passe dans l'air, lorsqu'il y a une atmosphère.
Chaque atome de chaque corps qui tombe est attiré par chaque atome de la terre, et chaque corps lourd tombe plus vite car il est moins freiné que le plus léger qui, lui, subit une résistance de l'air plus grande, d'où son ralentissement.
Nous avons vu l'expérience qui a été faite sur la lune où un astronaute américain a laissé tombé un marteau et une plume (parce que son vaisseau s'appelait "Falcon") et ils ont touché le sol EN MÊME TEMPS !
Et c'est ce qu'on observe partout lorsqu'il y a le vide, la vitesse d'un corps attiré par un champ gravitationnel NE DEPEND PAS DE SA MASSE.
D'où la fameuse expression d'Alexandre Koyré : « Le pari de la physique est d'expliquer le réel par l'impossible »
L'expérience à bord du « sattellite » « Microscope » lancé par l'Europe il y a environ deux ans, et totalement dédiée pour tester cette loi l'a démontré à un niveau de précision jamais égalée.
Ses mesures pourront atteindre une précision 100 fois supérieures à celles réalisées sur Terre. Les scientifiques espèrent ainsi prendre en défaut le principe d'équivalence entre gravitation et accélération inscrit dans la théorie de la relativité générale établie par Einstein.
Mais pour l'instant, tintin, après plus d'un siècle la théorie d'Einstein tient comme de l'acier trempé dans du béton armé.
Et pourquoi je fais le parallèle avec l'expérience de l'ultra trail ?
C'est parce que dans ces situations d'endurances extrêmes, il s'agit de démontrer l’impossibilité de l'impossible par le réel.
Parce que quand on voit cette course, on se dit que c'est impossible.
Et ça nous rappelle la fameuse phrase de Mark Twain « Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait ».
Certes ! On peut se préparer pour une course ou une épreuve d’endurance, personne n'est plus adapté naturellement à ce genre de courses très longues avec la vie que nous menons et avec les transports actuels.
Nos ancêtres l'étaient, mais à notre époque, ce n'est plus du tout la même chose !
Donc, démontrer qu'on peut le faire alors que c'est impossible, c'est démontrer que ça n'est pas impossible.
Et c'est un très bon moyen pour connaître où se situe une limite.
Évidemment cela suppose aimer courir, et surtout aimer la montagne et de s'y sentir bien, car on court le jour et la nuit, et si on n'est pas à l'aise dans ce milieu, on n'ira pas très loin.
Vous suivez toujours ?…
Reprenons la problématique entre l'observation et les lois réelles de la physique.
Parce que ça n'est pas aussi simple qu'il y paraît.
Car que se passe-t-il lorsqu'il y a une contradiction entre la loi et l'observation ?
La question générale est : Que doit-on faire lorsqu'on est physicien lorsqu'il y a une contradiction entre une théorie physique et les observations, les mesures ou les expériences qu'on peut faire à propos de cette théorie ?
Je vais m'appuyer sur une théorie, celle de Newton, qui a fondé les bases de la gravitation, qui est une théorie en laquelle on avait confiance à l'époque. Newton qui était considéré comme un dieu vivant.
Au début du 19ème siècle, on pouvait observer les mouvements des planètes et calculer leurs trajectoires grâce aux équations de Newton sur la gravitation, et les trajectoires étaient exactement celles qui étaient calculées.
Mais quand on prenait une planète qui était très loin du soleil comme Uranus, les observations des astronomes montraient selon les calculs newtonien, que sa trajectoire était bien une ellipse comme prévu, mais que le périhélie d'Uranus, c'est-àire le moment où la planète est au plus près du soleil, avançait rotation après rotation un tout petit peu différemment que ce que prévoyaient les équations.
A partir de 1923, ça commence à jaser comme quoi il y a un petit désaccord entre ce qu'on observe et ce qu'on calcule.
Mais la confiance qu'on avait dans les équations de Newton était telle que la réaction des astronomes a été de dire « il doit exister une planète qu'on n'a pas encore vue et qui par sa influence gravitationnelle sur Uranus expliquerait ce désaccord ».
Trois grands mathématiciens, deux français, Arago et Le Verrier, et un anglais Adams, ont effectués des calculs et les ont envoyés en 1853 à un allemand qui s'appelle Gaal, qui le soir même a pointé son télescope dans la direction indiquée par les calculs et a découvert une planète qui s'est appelée Neptune !
On peut donc dire que Neptune a été la 1ère planète découverte par le calcul avant d'être observée, en faisant confiance à la loi.
Un peu plus tard toujours au 19ème siècle, on refît la même chose avec Mercure, la planète la plus proche du soleil, en utilisant toujours les équations de Newton dans lesquelles on avait encore plus confiance puisqu'elles ont permis de découvrir Neptune, et là aussi on découvrit un petit désaccord.
Le périhélie de Mercure avançait de 43 secondes d'arc par siècle de plus que ce que les équations de Newton permettaient d'anticiper.
Ça correspond à l'épaisseur d'un cheveu vu à une distance d'un mètre !!!!!
Certains ont dit 43 S. d'arc, c'est rien du tout.
Et d'autres ont dit non, c'est 43 S. d'arc, ce n'est pas rien du tout.
On utilisa la même méthode qu'avant, on calcula et on chercha la présence d'une autre planète qu'on appela d'avance Vulcain, on la chercha et on ne la trouva pas.
Certains ont alors dit que ça doit être un nuage de gaz diffus, qui agit par sa masse et exerce un effet gravitationnel sur Mercure sans être visible.
Personne n'arrivait à résoudre le problème, lorsque vint un jeune physicien qui affirma que cette anomalie du périhélie de Mercure, ce n'est pas quelque chose qu'on pourra résoudre en invoquant un nouvel objet, elle montre que les lois de la gravitation de Newton sont fausses !!!
Et ce jeune homme s'appelait Einstein.
Et il va se mettre au travail, et en 1915 il publie une nouvelle théorie de la gravitation qui s'appelle
« La théorie de la relativité générale ».
Et la 1ère chose qu'il fit, c'était de vérifier que sa théorie résolvait bien cette anomalie de Mercure, et que cela correspondait bien à 43 S. d'arc.
Qui, lorsque ses calculs le confirmèrent, lui donna des palpitations cardiaques qui ont failli le tuer.
Il faut bien se rendre compte que dans ce genre de situation, c'est comme toucher le réel du doigt.
Théorie de la relativité générale dont on a fêté les 100 ans en 2015.
Sujet intéressant , je suis tes postes au fur et à mesure mais je sens que je vais finir par atteindre ma limite de compréhension .
Bonjour reveuse,
tu verras, je suis sur que tu vas y arriver. Le niveau est à la portée de tous, il suffit de faire un effort au début si on ne connait pas bien le sujet mais ensuite ça viendra facilement.
Il faut bien sur que le sujet te passionne comme moi, et je suis prêt à transmettre de mon savoir aux djeun's comme toi.
Et puis, il y a les questions pour essayer d'éclaircir.
A ce stade, il faut bien remarquer que dans un cas, c'est une solution « ontologique » qui a expliqué le désaccord comme dans le cas de Neptune en rajoutant quelque chose dans le réel qu'on ne voyait pas ; et dans l'autre cas exactement de même type, c'est une solution « législative » qui a réglé le problème comme dans le cas de Mercure puisqu'il a fallu changer la loi.
Un autre exemple est celui du mouvement inertiel. Sa loi dit « Que tout corps soumis à une force a un mouvement continu et rectiligne ».
Mais qui a jamais vu un mouvement inertiel ?
Tous les mouvements que nous observons s'amortissent !
Une voiture qui n'a plus d'essence ne peut plus avancer.
Pour ceux qui ont été lycéens, ça devrait leur rappeler des souvenirs.
Donc, à travers ces exemples et de bien d'autres, on peut affirmer que les lois de la physique disent exactement le contraire des observations, et parfois même des mesures.
Maintenant il est temps d'aborder la notion d'erreur.
tu verras, je suis sur que tu vas y arriver. Le niveau est à la portée de tous, il suffit de faire un effort au début si on ne connait pas bien le sujet mais ensuite ça viendra facilement.
Il faut bien sur que le sujet te passionne comme moi, et je suis prêt à transmettre de mon savoir aux djeun's comme toi.
Et puis, il y a les questions pour essayer d'éclaircir.
Je ne vais pas dire qu'il me passionne , mais je suis de nature curieuse et l'on apprend à toutes âges ( merci pour le djeun's ça faisait longtemps tiens )
On peut avoir mal et ne plus avoir mal en continuant à faire la chose qui nous fait mal, à savoir continuer de courir
Je reprends ta phrase ci dessus . Tu veux dire qu'il est possible de se persuader que l'on a plus mal ? ou est ce le corps qui agit comme si ?